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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 22:31

 

 

 

François Cromarias

 

Chirurgien major – Médecin

 

(1778-1851)

 

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cromarias 031

 

 

Biographie

 

Jacques Pageix (en cours de rédaction)

 

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François CROMARIAS

 

Chirurgien de la Grande Armée

 

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1-Avant-propos

 

En 1962, lors du décès de ma grand mère Jeanne Eugénie Cromarias, épouse de Pierre Pageix, mon grand père, j'accompagnai mes parents à Saint-Gervais d'Auvergne, où elle avait passé ses deux dernières années dans une maison tenue par des religieuses.

Elle avait vécu là en compagnie de sa cousine Joséphine Maison, d'une vieille famille de pharmaciens de Saint-Gervais.

 

 

Ma grand-mère Jeanne Eugénie Cromarias vers 1885, née à Aubière le 2 novembre 1881, décédée à Saint-Gervais d'Auvergne le 1er octobre 1962 ; elle épousa le 21 juin 1904 à Gouttière mon grand-père Pierre Pageix et lui apporta en dot le domaine du Fraisse.

 

Les Cromarias! j'ai été très tôt fasciné par cette famille qu'Ambroise Tardieu, dans son "Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne qualifiait ainsi: "L'une des plus anciennes et des plus estimables de la région".

Je me souviens parfaitement que le Maire de cette localité de la Combraille nous reçut avec bienveillance en nous rappelant au passage les bienfaits, qu'au fil des siècles, la famille Cromarias prodiguait dans le canton. Il souligna que les Cromarias, autrefois, pourvoyaient aux besoins des indigents et des malades; il ajouta non sans une pointe d'humour que leur rôle confinait parfois à celui de notre sécurité sociale actuelle, même si ce fut un peu au détriment de leur propre fortune...

Il nous remit une vieille édition brochée du livre relatant l'histoire de Saint-Gervais d'Auvergne, qu'Ambroise Tardieu, historiographe du Puy-de-Dôme, avait publié en 1892 avec Augustin Madebène, un historien local. Parmi les membres de cette famille évoqués dans cet ouvrage, se trouvait un certain François Cromarias, chirurgien major sous le 1er Empire et la Restauration...

 

 

"Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne"

de Tardieu et Madebène.

 

L'évocation des campagnes et des batailles auxquelles participa ce personnage ne manquèrent pas de me faire rêver, et ceci d'autant plus que l'absence de détails ne pouvait qu'aiguiser ma curiosité. De plus, cet homme, resté célibataire, m'apparut attachant: ne témoigna-t-il pas d'une grande générosité à la fin de sa vie, restant en cela fidèle à la tradition familiale, en distribuant une partie de sa fortune à ses anciens serviteurs et aux pauvres? Son testament évoqué plus loin comporte en effet de nombreux dons. 

Voici les passages du livre de Tardieu consacrés à notre chirurgien, passages qui contiennent comme on le verra de surprenantes erreurs:

 

-Page 133: "Légion d'Honneur. Cromarias François, né au Vernadel, en 1778. Fils d'Annet et de Marie Bathiat, docteur-médecin, puis chirurgien-major au 2ème régiment d'artillerie, Campagne de Russie (faux) et celle d'Espagne (vrai). Chevalier de l'Ordre de la Réunion et de Charles III d'Espagne (vrai). Membre de la société des sciences physiques, chimiques de France (vrai). Mort le 31 août 1851. Décoré de la Légion d'Honneur par le Baron Larrey à Iéna au nom de l'Empereur". 

Page 220: " Famille Cromarias : Très ancienne et bien estimable famille, qui a fourni des prêtres (voir Ayat), un officier (voir légion d’honneur), un conseiller général (voir conseillers généraux). A cette famille: François Cromarias, docteur en médecine ; il devint chirurgien-major du 2ème régiment d’artillerie. Il avait fait la campagne d’Egypte avec l’illustre général Desaix, son ami d’enfance (ceci est inexact), et la mort de ce dernier (en 1800) le laissa inconsolable. Ce fut lui, avec son parent par alliance, le docteur Martin, qui eut, le premier, l’idée de faire revivre la mémoire de Desaix, à Ayat (voir carte postale du monument qu'ils érigèrent). Blessé à Wagram, il affronta la mort à Waterloo, à la suite de l’artillerie de la garde impériale (François Cromarias ne participa certainement pas à cette fameuse bataille, livré le 18 juin 1815). Il mourut en 1851".

 

Beaucoup plus tard, à partir des années 1995, j'entrepris de reconstituer sa carrière, en m'inspirant de nombreux documents recueillis de plusieurs manières:

D'abord, à la Bibliothèque Nationale, où j'ai pu accéder au dossier de sa succession. Ensuite, sur le site Gallica, où se trouve l'historique de son régiment de Dragons (le 25e) rédigé par le Capitaine Marie-Victor Clément de Bourqueney,  ouvrage qui m'a permis de suivre les étapes parcourues et les batailles au cours desquelles il dut exercer ses talents de chirurgien en "soignant les blessés sur le champ de bataille", comme le précisent les appréciations consignées par ses supérieurs dans son dossier militaire, tel le colonel d'Ornano, cousin de Bonaparte, qu'il côtoya en Espagne. 

Ensuite, aux archives militaires de Vincennes où se trouvent ses dossiers militaires.

Enfin, la consultation d'archives privées telles que celles de M. Bernard Faure, qui a racheté la maison familiale du Vernadel où François Cromarias vit le jour et passa son enfance, m'ont fourni de précieux renseignements.

De même, j'ai pu accéder aux archives privées détenues par Monsieur Montpied à Montcel, où se trouve le cimetière où repose François Cromarias ; ces archives concernent la maison du Montcel, propriété du frère de François, Jean, curé de Montcel, qui repose avec lui dans le même tombeau du cimetière de Montcel. Cette maison n'était rien d'autre que le presbytère où vivait le curé. François venait s'y reposer entre deux campagnes. L'écurie du presbytère abritait le cheval que François utilisait pour ses randonnées équestres.

Dès les premières investigations au sein des Services Historiques des Armées à Vincennes où je pus consulter ses deux dossiers (carrière et pension), je constatai que plusieurs affirmations de Tardieu étaient manifestement fausses:

En effet, incorporé le 17 novembre 1798 suite à la Loi Jourdan, François ne pouvait avoir participé à la campagne d'Égypte qui fut entreprise dès le 19 mai précédent, date de l'embarquement du général Bonaparte et de son armée à Toulon. Il n'en fit pas moins dès son incorporation les campagnes de l'Armée du Rhin et du Danube entre 1798 et 1804. Elles furent suivies des campagnes d'Espagne et du Portugal, et enfin des campagnes d'Allemagne et de France jusqu'à la première abdication de Napoléon 1er le 4 avril 1814 à Fontainebleau où l'Empereur fit ses adieux à sa vieille Garde.

Il n'aura certainement pas participé non plus à la célèbre bataille de Waterloo, le 18 juin 1815. En effet, dès le 22 juin, soit au tout début de la deuxième Restauration, il fut proposé pour la Légion d'Honneur, ordre que la Monarchie n'avait pas supprimé. En fait, il ne semble pas que François Cromarias ait suivi l'Empereur lors des Cent-Jours, et qu'il soit plutôt resté fidèle à la monarchie dès la première Restauration en avril 1814, période au cours de laquelle il passa sa thèse de médecine à Strasbourg, le 1er novembre de cette année-là (Strasbourg était la garnison de dépôt du 25e Régiment de Dragons). C'est sans doute pourquoi il ne se trouva placé qu'en demi-solde -et non révoqué- au moment de la réinstallation des Bourbon en juin 1815. Reprenant peu après du service actif, il suivra d'ailleurs le Duc d'Angoulême en Espagne quelques années plus tard, en 1823, lors de cette campagne décidée par Louis XVIII pour rétablir la roi Ferdinand VII sur son trône.

On trouve sur le site de la Bibliothèque Nationale de France "Gallica" un article à son sujet dans un numéro de 1902 de la revue "La France médicale", revue d'Études d'Histoire de la Médecine dont le rédacteur en chef était le Docteur Albert Prieur. Il s'agit d'une biographie de deux médecins militaires des armées de la Révolution et de l'Empire : François Cromarias, et Jean-Baptiste Vergne. L'auteur était Émile Tartière, Docteur Médecin Major de 1ère classe, médecin-chef de la gendarmerie.

Contrairement à celui de Tardieu, le récit de Tartière est plus proche de la réalité.

Malheureusement, si l'auteur évoque en détail la formation scolaire à Clermont-Fd du médecin Vergne, il ne précise rien quant aux études (*) faites par François Cromarias, se contentant d'écrire "qu'il entra au service comme soldat au 25e dragons le 27 brumaire an VII" (17 novembre 1798). En revanche, sa narration, au demeurant très courte, est exacte et il semble bien que Tartière ait pu consulter les dossiers militaires des intéressés.

(*) : Il est possible que François Cromarias fit ses études secondaires, comme beaucoup d'autres comme Croizier, chez les oratoriens de Riom. En outre, il y avait une école de chirurgie à Clermont depuis 1767.

Cette narration constitue un excellent résumé de sa vie ; aussi, je ne puis m'empêcher d'en  reproduire ici quelques passages :

"Il fut nommé chirurgien sous-aide le 24 germinal an XII (14 avril 1804) ; chirurgien aide-major le 22 mars 1807 puis chirurgien-major le 13 octobre 1810" (...) "Il fit les campagnes des années 1807, 1808 et 1809 aux armées du Danube et du Rhin ; celles de 1805, 1806 et 1807 en Prusse et en Pologne (*)  ; de 1808 et 1813 en Espagne et en Portugal, de 1813 en Allemagne et de 1814 en France ; de 1815 à l'armée du Rhin ; de 1823 et 1824 en Espagne.

(*): Notons que, curieusement, cette liste fournie par Tartière exclut les années 1799 à 1804: si elle furent, à l'exception de l'année 1800, des années de paix relatives, elles n'en sont pas moins évoquées dans l'historique du 25e Dragon

"Il fut blessé à la poitrine en marchant à l'ennemi le 25 septembre 1811, au passage de la Guida (*). 

"Il y a lieu de remarquer qu'il ne fut promu chevalier de la Légion d'honneur que le 27 avril 1821.

(*): La Gueda: En fait, l'Agueda (orthographe correcte) est un affluent du Douro, qui passe à Ciudad Rodrigo, ville assiégée par nos armées, et qui forme la frontière entre le Portugal et l'Espagne.

"En Espagne, il fut fait chevalier de Charles III d'Espagne le 18 novembre 1823.

"Il avait été reçu docteur en médecine de la Faculté de Strasbourg le 1er octobre 1814.

"Dès qu'il eut pris sa retraite, il passait l'hiver à Paris, et dès le mois de mai, il venait se reposer dans sa maison de Vernadel, près de St-Priest-des-Champs. Ce pays de montagnes l'attirait chaque année et son souvenir vit encore parmi les paysans de la contrée, avec lesquels il aimait à s'entretenir et à parler de ses campagnes".

......

 

Ainsi, un faisceau de légende s'est tissé autour de François Cromarias, et je me demande bien pourquoi, puisque la réalité, à la fois exceptionnelle et captivante, se suffit largement à elle-même : c'est celle d'une carrière hors du commun, au sein des armées de la République, du Consulat, de l'Empire et enfin de la Restauration, carrière au cours de laquelle François Cromarias manifesta de grandes qualités d'endurance et de courage comme en témoignent les appréciations de ses chefs de corps et ses décorations (ordre de la Réunion, Légion d'Honneur et ordre de Charles III d'Espagne). Sa carrière civile de médecin parisien, installé place Dauphine, suscite également l'admiration, car François Cromarias se sera dévoué pour ses malades jusqu'à sa mort survenue à 73 ans, et aura contribué à l'essor de la médecine, au sein de nombreuses académies scientifiques où ses interventions et publications furent très appréciées! (il était membre titulaire de la société des sciences physiques, chimiques et arts agricoles et industriels)Il s'intéressa visiblement à la naissance et aux progrès du chemin de fer puisqu'on  retrouvera dans ses papiers lors de son décès en 1851 à Paris des actions du chemin de fer du Nord et du chemin de fer de Paris à Orléans.

.....

2-Ses origines, sa famille et sa jeunesse

 

François Cromarias naît le 22 février 1778 au Vernadel, en Combraille, berceau de sa famille et de ses ancêtres directs, pour la plupart propriétaires agriculteurs dont les terres produisent des céréales et dont les prairies sont destinées à l'élevage. Les Cromarias sont tous originaires du village éponyme de Cromaria près de Marcillat-en-Combraille, qui signifie "Creux de Marie" ; on y trouvait un Barthélémy Cromarias en 1430 et un prêtre Pierre Cromarias en 1478.

Son père est Annet Antoine Cromarias et sa mère Marie Bathiat, comme le précise son acte de baptême:

 

 

"François Cromarias fils légitime a Annet et a Marie Bathiat (*) du Vernadel est né et a été baptizé le vingt deux février mil sept cent soixante dix huit a été parrain François Cromarias (**) et marraine Margueritte Cromarias n'ont scu signer requis. Boyer vicaire".

(*) : Sa mère, Marie Bathiat, était la fille de François Bathiat, procureur d'office de Chaselle et greffier d'Ayat, et de demoiselle Gilberte Pradon d'Ayat. On notera aussi dans l'acte de mariage de ses parents la présence de plusieurs prêtres, dont Messire Pierre Bathiat, "prêtre demeurant à Riom". Voir l'arbre généalogique simplifié en annexe. Les Bathias, nombreux en Combraille, "cousinaient" avec les Romme, de Riom (on se rappellera du célèbre conventionnel, mathématicien), avec les Croizier. L'un d'eux, François Croizier, fut aide de camp de Bonaparte en Égypte et mourut abandonné au désert comme le raconte René Bouscayrol (L'auvergne littéraire, N° 151, 1984). Enfin, plus récemment, une Bathiat devint actrice et marqua le cinéma sous le pseudonyme d'Arletty

 

(**): Il s'agit de son oncle, qui vécut à Paris sous la Terreur (on possède sa carte délivrée par le comité de salut public de son quartier).

 

Son entourage familial comptait donc, pêle-mêle, comme on l'a vu, des procureurs, des notaires, des prêtres, et ...des chirurgiens ; cela dut probablement contribuer à ouvrir l'esprit du jeune François aux nouvelles disciplines humaines et scientifiques. De plus, la noblesse locale, les Desaix, les De Veygoux et autres, restait à demeure dans ses châteaux où elle vivait modestement, loin des salons Versaillais ; beaucoup avaient très tôt adhéré à l'esprit des lumières, faisant ainsi rayonner sur les campagnes un éclairage nouveau.

On constate aujourd'hui, en lisant les actes de baptême et de mariage, que les seigneurs locaux furent souvent présents comme parrains ou simples témoins aux cérémonies de leurs paroissiens ; c'est bien la preuve qu'une certaine proximité affective régnait alors entre eux et leurs sujets. Rien d'étonnant à ce que leurs châteaux fussent épargnées par la vindicte populaire et exempts de pillages, contrairement à ce qui se passa ailleurs...(*) 

 

 Ici, les Desaix, Beaufranchet et Chauvigny de Blot

voisinent sans façon avec les Bathiat!

(*): Toutefois, Desaix et sa famille n'échappèrent point à des dénonciations calomnieuses. Elles tenaient au fait que beaucoup de membres de sa famille avaient émigré pour rejoindre les armées coalisées des princes.En septembre 1793, sa mère et sa sœur furent emprisonnées et ne retrouvèrent leur liberté qu'en janvier 1795! (raconté par Gonzague Saint Bris dans sa biographie "Desaix le sultan de Bonaparte").  Lui-même, général couvert de gloire à l'armée du Rhin avait été arrêté en septembre 1792 et emprisonné durant un mois et demi ; il enragea, car ce qui lui fit "rater" l'éclatante victoire de Valmy  (20 septembre). Ce fait est rapporté dans le Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne N°703 de 1989 par Gérard Tisserand à partir de document jusque-là inédit des archives départementale des Vosges. Cela me rappelle une correspondance du général Westermann à Couthon pendant la guerre de Vendée, alors qu'il était en but à des dénonciations: "Sois sûr que l'homme (couvert de blessures)qui a eu le courage de marcher long-temps, sans crainte, entre l'échafaud et les combats sanglans, pour sauver son pays, ne crains ni l'intrigue, ni la calomnie ; et éclairé, toi-même tu deviendra son plus chaud défenseur contre les vils intrigans..." (voir mon article sur le service militaire et les guerres).

 

Mariage des parents de François : Annet Cromarias, fils de Jean et de Jeanne Martin, du Vernadel, et Marie Bathiat, fille de Mre François Bathiat procureur d'office de Chaselles et greffier d'Ayat et de Melle Gilberte Pradon, d'Ayat en présence de Mre François Conchonnet prêtre et cousin du futur, de Mre Pierre Bathiat prêtre à Riom et de Pierre Cromarias curé d'Ayat.

 

Mariage de ses grands parents Bathiat:  

"Le Second d'octobre mil sept cent seize apres les fiancailles les trois publications faites / dans les deux églises du broc et d ayat et autres ceremonies de l eglise / canoniques observées sans qu il aye paru empechement /  canonique que le degre de consanguinite entre les parties dont elles ont obtenu dispense de nostre St pere le pape Clement / en date de rome du treize juin dite annee renvoiees a Mr l official / de Clermont qui m a donne dispense dudit degre et en vertu du pouvoir de / nostre St pere le pape le vingt neuviesme septembre dite annee veu le conge /  du Sieur curé du broc ayant pris le sermens des presens  lequel /  nous estoit ordonné  ceremonies de l eglise legitimement observees / le curé Soubsigne a donné la benediction nuptialle a françois bathiat / fils a bravy et a marie clermont d une part et a gilberte pradon /  fille a Marc pradon et a Marguerite gendre de la paroisse du broc  d autre partie present /  audit mariage Sieur bravy bathiat pere de l epoux et francois / bathiat son frere et Marc antoine pradon et gilbert pradon ses / cousins?

Aubignat curé d' Ayat     Pradon     Bathiat   Beaufranchet D'Ayat (*)

de grammont     beaumont  Bathiat

M Pradon     Pradon   Pradon

gendre

Gilberte Pradon, fille de Marc Pradon et de Marguerite Gendre est née au Broc le 19 novembre 1699 ; elle n'avait donc que 17 ans lors de son mariage avec François Bathiat...

Les Pradons étaient implantés au Broc (au sud d'Issoire), depuis des siècles. Cette famille, déclarée bourgeoise dans les actes, comptait des prêtres, un doyen du chapitre du Broc, des notaires, etc.  François Bathiat a donc trouvé son épouse assez loin de la Combraille. On peut s'interroger sur cette si jeune épouse venue de loin... Toutefois, une relation  entre le Broc et la Combraille existait alors, puisqu'un acte du 23 janvier 1693 du Broc mentionne un "Maître Marc Pradon, fils a defunct honnorable homme Jean Pradon, bourgeois de Pionsat"!

(*): on note la présence d'un Beaufranchet d'Ayat à ce mariage. Cette famille est connue pour son alliance avec une maîtresse de Louis XV à qui celui-ci assurait ainsi une situation. En effet, les parents de Louis Charles Antoine Desaix (le général) sont Gilbert Antoine Desaix et Amable de Beaufranchet, dont le frère, le Major Général Jacques de Beaufranchet d'Ayat mourut à Rossbach en 1757. Peu de temps auparavant, en 1755, il dut épouser Marie-Louise O'Murphy, "La belle Morphise", fille d'un maître cordonnier irlandais, et petite pensionnaire du "parc aux cerfs" de Versailles où Louis XV puisait selon ses désirs. On la connaît grâce au célèbre tableau de Boucher. Mariée, elle signa "de Morphy de Boisfailly".

À Ayat, on en trouve mention dans les actes de baptême de cette paroisse en 1767 et les années suivantes d'un chirurgien juré, Jean Bathiat ; peut-être est-ce lui qui donna le goût de la médecine à notre chirurgien militaire? Le curé d'Ayat, Pierre Cromarias, le désigne par "notre chirurgien en ce lieu"...Un Antoine Cromarias, Notaire royal à Pionsat, est également évoqué dans ces actes.

Tardieu évoque son amitié avec Desaix le futur Général Desaix : en effet, né "des Aix de Veygoux chevalier d'Ayat" celui-ci fut baptisé le 17 août 1768 par l'abbé Pierre Cromarias curé d'Ayat . La mort du général à Marengo l'aurait -d'après Tardieu- rendu inconsolable. Leur différence d'âge de dix ans m'incite à la prudence en la matière pour imaginer des gamins jouant ensemble. Il m'est également difficile de croire à une relation qui se serait manifestée plus tard, Desaix demeurant éloigné pour plusieurs années par ses campagnes d'Égypte, puis d'Italie.

 

Sa maison natale au Vernadel (Maison de ses parents).

 

 

L'acte de baptême du futur Général Charles-Antoine Desaix par l'abbé Pierre Cromarias, curé d'Ayat figure in-extenso sur le monument élevé à Ayat.

 

 

Verso de la carte postale adressée à ma grand mère par Eugénie Labourier épouse d'Eugène Cromarias, l'ingénieur des Mines...

 

3-Ses études

 

François Cromarias qui a 20 ans en 1798, il est d'une génération qui a eu ses études profondément perturbées par la Révolution : il avait onze ans en 1789. Où a-t-il pu faire ses études secondaires ? probablement ses deux oncles curés, Antoine Jean Cromarias (1745-1824), maître ès arts de l’Université de Bourges, et Annet Marien Cromarias (1751-1809). On peut ajouter aussi du coté paternel, son oncle François Cromarias (1757-1836), qui vécut à Paris sous la Terreur (on possède sa carte délivrée par le comité de salut public de son quartier). Réduits il est vrai un peu au chômage forcé pendant la Révolution, ils pouvaient donc s'occuper assidûment de leur protégé. Son frère ainé Jean (1764-1842), aussi prêtre, a eu lui aussi du temps à consacrer à l’éducation de François né en 1778, le plus jeune de sa fratrie. Il a pu ensuite aller au collège municipal de Riom, qui avait pris la succession du collège des oratoriens.

Par ailleurs, on peut facilement identifier l’origine de la vocation de François Cromarias : le « docteur » (en fait chirurgien à Ayat) Jean Bathiat (1740-1799), fils de François Bathiat et de Gilberte Pradon, est donc l’oncle de François Cromarias ; veuf de sa première épouse, il a épousé en 1785 à Gimeaux Antoinette Romme (1748-1831), fille de Charles Romme et Marie Desnier, et donc sœur de Gilbert Romme (1750-1795).

Autrement dit : l’oncle de François Cromarias était le beau-frère et ami du conventionnel Gilbert Romme (par ailleurs mathématicien). Celui-ci, ancien élève des Oratoriens de Riom, était un pédagogue très réputé. Il devait garder un certaine influence dans son ancien collège ; il a peut-être donné des conseils à son beau-frère Jean Bathiat pour l’éducation du jeune François? Et Jean Bathiat a du se charger de lui donner la pratique médicale avant son appel sous le drapeaux.

Par les Bathiat, les Cromarias faisaient donc partie du « second cercle » de la famille Romme : cela a dû certainement beaucoup faciliter la vie de la tribu des Cromarias prêtres… ! Et en même temps, influencé les idées politiques du jeune François.

J'ajoute que sa thèse de médecine soutenue à Strasbourg en 1814 (voir plus loin) atteste une connaissance du latin et probablement du grec alors enseigné dans les collèges. Mon grand père Pierre Pageix et ses deux frères, élève de Massillon à Clermont, y avaient acquis dans les années 1890 une solide culture en matière de langues anciennes...

 

4-Le conscrit de la République

 

Comme je l'ai souligné plus haut, on ne trouve rien sur les campagnes d’Égypte et de Russie de François Cromarias évoquées par Tardieu.

Quant à l'Égypte, François Cromarias n'était pas encore tombé sous le coup de la conscription au moment du départ de Toulon le 19 mai 1798, ce qui exclut sa participation pour cette expédition. Quant à la Russie, il se trouvait encore en Espagne au moment de cette désastreuse campagne ; ses états de services ne font d’ailleurs aucunement mention de ces deux campagnes. Il est incorporé comme conscrit de la première classe le 27 brumaire an 7 (17 novembre 1798) à l’âge de 20 ans (il était né le 22 février 1778) au 25erégiment de dragons, « enlevé à ses études par suite de la conscription » (*) précise une mention manuscrite… (Il s’agit de la loi Jourdan qui créa la conscription, le 5 septembre 1798, et qui s’appliqua à tout citoyen ayant 20 ans accomplis). Malgré des sondages dans la série L des archives départementales du Puy-de-Dôme, et particulièrement dans les dossiers consacrés à la conscription, je n'y ai malheureusement pas encore trouvé trace de François Cromarias.

La loi Jourdan créant la conscription, le 05.09.1798, s’appliqua à tout citoyen ayant 20 ans accomplis. Il ne put donc y échapper.

Il est même précisé dans ses états de service qu'il « est entré en qualité d'élève en chirurgie au 25erégiment de Dragons ». Il ne fit probablement que poursuivre ses études entamées avant son incorporation dans l'armée. Il y avait une école de chirurgie à Clermont ouverte en 1764 par Jean Delarbre. Je ne sais s'il y avait l'équivalent à Riom.

 

(*) : Il était donc probablement étudiant en médecine au moment de son incorporation.

C'est donc grâce à la fois à ses dossiers des archives de Vincennes (1) et à l'historique de son régiment rédigé par le colonel Bourqueney que j'ai pu me mettre dans ses pas:

Tout en poursuivant ses études sous l'uniforme, il sert d’abord comme soldat du 25erégiment de dragons aux « armées du Rhin (Gal Bernadotte) et du Danube (Gal Jourdan) », du 27 brumaire an 7 (17 novembre 1798) au 27 brumaire an 12 (19 novembre 1804).

 

 

4-Le chirurgien des armées impériales

 

DEVELOPPER A PARTIR DE L'HISTORIQUE DU REGIMENT.

Le 27.11.1798 :

Lorsque François Cromarias rejoint le Régiment, celui-ci, qui compte trois escadrons est commandé par le chef de brigade Blancheville : il tient garnison à Paris et occupe le quinconce des Invalides. Le régiment  avait été employé dans la répression de troubles au cours desquels un cavalier fut tué lors d'une échauffourée, le 20.08.1798.

Pendant cette période de paix, en garnison à Paris, François Cromarias eut certainement tout loisir pour poursuivre ses études en Chirurgie.

Peut-être rencontra-t-il le Chirurgien en Chef Dominique Larrey qui professait un nouveau mode d’évacuation des blessés sur les champs de bataille afin de leur apporter plus rapidement des soins. Larrey fut l’inventeur des ambulances, telle que celle-ci, dont le modèle sera encore utilisé au cours de la Grande Guerre.

1799 : Les campagnes de la République.

Le 21.01.1799, il quitte Paris pour Strasbourg où il arrive le 18.02.1799 afin d’y rallier l’armée du Rhin. Le régiment reçoit un complément d’effectifs et présente une force de 402 combattants.

 

En août, après une inspection du général Clarke il se rend à Mayence et il assiste aux combats de Neckargemund et de Wisloch près de Heidelberg les 07 et 09.10.1799 avec la division du général Ney.

1800 : Après quelques jours de repos à Strasbourg, l’armée du Rhin commandée par le général Moreau franchit le Rhin à Kehl et prend une part active au combat d’Offembourg . Attaqué le 12.07.1800 entre Offembach et Bergen il repousse l’ennemi. L’armistice de Parsdorf le 18.07.1800 met fin aux combats.

1801-1804 : Le régiment est en garnison à Châlons-sur-Marne. Le 13.03.1802, le régiment est inspecté par le général Ney, et quelques mois après par le général Oudinot. Le chef de brigade Blancheville meurt à Châlons le 22.12.1802 ; il est remplacé par le chef de brigade Rigau.

Le nouvel uniforme est « habit à longues basques vert ; collet, revers et passepoils aurore ; gilet blanc, culotte de peau ; gants à la crispin ; casque de cuivre à peau de tigre et crinière flottante ; l'équipage du cheval vert à galon blanc. La compagnie d'élite porte les épaulettes écarlates et le bonnet à poil ». En 1804, Le régiment va en garnison à Strasbourg en mars puis se rend à Neufbrisach, où il reste du 20.06.1804 au 23.10.1804, puis à Belfort. Le 14.04.1804, à 25 ans, il est nommé chirurgien sous-aide-major.

Le 14 avril 1804, à 25 ans, il est nomé chirurgien sous aide major. En vendémiaire de l’an 14 (septembre/octobre 1805), son état de service le situe à Austerlitz, où il sert dans le même régiment, au sein de la Grande Armée dont il suivra toutes les campagnes jusqu’en 1808.

À la Grande Armée

 

1805. Campagnes d’Allemagne et d’Autriche :

Après la revue de Belfort, le régiment part rallier la Grande Armée, où il est compris dans la réserve de cavalerie commandée par le prince Murat. Il franchit à nouveau le Rhin à Kehl le 25.09.1805 et entre à Stuttgart le 04.10.1805, puis passe le Danube à Guntzbourg . les Dragons se défendent vigoureusement à Ulm contre les hussards autrichiens et sont félicités par le Maréchal Ney. Il participe ensuite aux batailles d’Elchingen et passe sous les ordres du Maréchal Lannes . Le 02.12.1805, rattaché au corps du Maréchal Davoust, son régiment participe à la bataille d’Austerlitz. Le 26.12.1805, la paix est signée à Presbourg. Les troupes quittent l’Autriche.

 

1806. Campagnes de Prusse et de Pologne :

Le 23.02.1806, le régiment passe sous les ordres du Maréchal Bernadotte. Il perd son chirurgien-major Martin arrivé au corps en 1761 ! Le 14.10.1806, il participe à la bataille d’Iéna. Le 17, il est placé sous les ordres de Murat et du général Milhaud (un cantalien !). Par ordre du général Clarke, gouverneur de Berlin, il se rend dans la capitale prussienne pour y être passé en revue par l’Empereur !Le 26.12.1806, il se trouve en Pologne pour participer à la bataille de Pultusk avec la fameux général Lasalle (ce général qui chargeait la pipe aux lèvres, mort à Wagram à 34 ans, avait déclaré « Tout hussard qui n’est pas mort à trente ans est un jean-foutre »… Remarquons au passage que les généraux de l’époque s’exposaient à la tête de leur troupe…

1807 : le 16.01.1807, l’Empereur donne le commandement du 25eDragons à l’un de ses parents, Philippe-Antoine comte d’Ornano. Il marche aussitôt sur Ostrolenka où il livre bataille le 16.02.1807.

 

Le 22 mars 1807, il est nommé chirurgien aide major.

1807 : le 16.01.1807, l’Empereur donne le commandement du 25eDragons à l’un de ses parents, Philippe-Antoine comte d’Ornano. Il marche aussitôt sur Ostrolenka où il livre bataille le 16.02.1807.

Le 22.03.1807, François Cromarias est nommé chirurgien aide-major (le chirurgien major est Millière et les chirurgiens sous-aide majors sont Dubois et Lavaux).

L’armistice de Tilsitt, avec le tsar Alexandre Ier le 07.07.1807, et avec le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III le 9, met fin aux hostilités.

1808 : à la fin de l’année, il suit son régiment en Espagne (où l’armée était présente depuis décembre 1807). Il restera en Espagne, puis au Portugal, jusqu’en 1813, participant à tous les combats contre les anglais, les espagnols et les portuguais, campagnes marquées par autant de victoires que de défaites.

Le 08.07.1808, défaite de Baylen : le général Dupont cède la ville.

1809 : François Cromarias relève alors du 6e corps d’armée du Maréchal Ney. Le 28.11.1809, la victoire d’Alba de Tormès vaut une nouvelle inscription à l’étendard du 25e Dragons qui, avec le colonel d’Ornano, charge et sabre la cavalerie espagnole qui se réfugie au Portugal. Au cours de ce combat, le jeune d’Ornano, frère du colonel, meurt à 17 ans.

1810 : En janvier, le régiment cantonne à Salamanque. En août, l’armée du Portugal est constituée sous le commandement du Maréchal Masséna, prince d’Essling. Le 08.10.1810, les dragons obligent les troupes anglaises de Wellington à se retirer sur la ligne de Torrès-Vedras, entraînant le 19.10.1810, la chute de Ciudad-Rodrigo (une mention de plus à l’étendard) et l’entrée des troupes françaises au Portugal.

A partir de 1809, il suit son régiment en Espagne (où l’armée était présente depuis décembre 1807). Il restera en Espagne, puis au Portugal, jusqu'en 1813. Le 13 octobre 1810, il accède au grade de chirurgien major, il a 32 ans. Le 25 septembre 1811, il est « blessé à la poitrine, à la suite d’une chute de cheval en marchant à l’ennemi en passant la Gueda » (l’Agueda, cours d’eau qui marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal sur 40 km).

 

Ciudad-Rodrigo.

Le 13.10.1810, François Cromarias accède sur recommandation de son colonel, Philippe-Antoine d’Ornano, au grade de chirurgien-major, il a 32 ans : « Cet officier de santé depuis son entrée au régimentn’a cessé de mériter l’estime et la confiance de ses chefs par sa bonne conduite, ses talents et son zèle à remplir ses devoirs »;

1811 : Le 05.05.1811 à Fuentes del Onoro, les charges furieuses des dragons repoussent les troupes anglaises mais l’attermoiement du général Montbrun qui attend de l’artillerie ne permets pas de conforter ce premier succès.

En octobre, après le blocus de Torrès-Vedras, l’armée française se trouve dans une lamentable situation : « Le pain et le maïs formaient l’unique nourriture du soldat ; les médicaments sont épuisés, la toile manque pour les pansements ; le soldat, sous les pluies torrentielles, était sans abris et sans solde depuis plus de huit mois ». Les expéditions risquées pour trouver de la nourriture sont en but aux embuscades meurtrières

Le 25.09.1811, au cours du siège de Ciudad-Rodrigo, François Cromarias est « blessé à la poitrine, à la suite d’une chute de cheval en marchant à l’ennemi en passant la Gueda » (l’Agueda, cours d’eau qui marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal sur 40 km).

 

Uniforme de chirurgiens en Espagne, par Émile Fort. Cartes postales de 1905 et 1908, coll. pers. 

 

Tenue militaire d'un voltigeur en Espagne. Cartes postales de 1908, coll. pers.

On appréciera l'état de délabrement de l'uniforme.

 

1812 : L’armée du Portugal se porte en janvier sur Valladolid. Le général d’Ornano, appelé à la Grande Armée, quitte l’Espagne. Le 12.06.1812, le 25e est engagé dans la bataille des Arapiles et participe au combat de Villadiego le 23 octobre. L’état de l’armée est toujours aussi misérable :« Les régiments s’approvisionnent de draps bruns réquisitionnés dans les couvents dont ils confectionnaient des habits et des manteaux. C’est sous ce pittoresque accoutrement que les débris des dragons d’Espagne parurent, en 1813, en rejoignant les rangs de la Grande-Armée ».

Une Vivandière ; à considérer cette cantinière, et à supposer qu'elles avaient toute cette allure peu amène, on comprendra que notre chirurgien fut resté célibataire. Cartes postales de 1908, coll. pers.

1813 :

le 21juin, la bataille de Vitoria marque pour le 25e la fin des campagnes d’Espagne et du Portugal et le retrait des troupes françaises. À la fin de l’année 1813, il rentre en France et rejoint « l’armée d’Allemagne ». Il est décoré de l’ordre de la Réunion le 04.12.1813 « pour s’être distingué et avoir rendu de grands services aux blessés ».Dans sa proposition à la nomination de chevalier de la Légion d’Honneur le 17.01.1815, il est précisé qu’il « sert avec le plus grand zèle, il s’est constamment distingué et a rendu de grands services aux blessés qu’il a même soigné sur les champs de bataille ».

Au total, on peut être impressionné par les distances respectables, parcourues par notre chirurgien à travers l’Europe, à pied, à cheval ou en voiture attelée ! Il serait bon d’en faire le calcul…

A la fin de l’année 1813, il rentre en France et rejoint « l’armée d’Allemagne ». Il est décoré de l’ordre de la Réunion le 4 décembre 1813 « pour s’être distingué et avoir rendu de grands services aux blessés ».

1813 : Cromarias figure toujours dans l'état-major comme chirurgien-major, assisté de Leclerc aide-major et Lavaud sous-aide-major. Il participe aux campagnes d’Allemagne avec la Grande Armée et aux combats des derniers mois de l’Empire : Seydnitz le 25.08.1813, Wethaules 09 et 10.10.1813, Leipzig le 12.10.1813, la retraite sur le Rhin du 12.10.1813 au 31.12.1813…

1814 : c’est la campagne de France. Le 25e est cantonné à Colmar. François Cromarias participe encore à la bataille de La Rothière le 1er février, au combat de Mormant le 17.02.1814 et à l’attaque de Montereau le 18 puis à la bataille de Saint-Dizier le 26 février.

 

 

Napoléon abdique à Fontainebleau le 04.04.1814. Au 01.04.1814, le 25e est commandé par le colonel d'Hautefeuille. François Cromarias est toujours le chirurgien-major, assisté de 4 chirurgiens : Leclerc, Jacobs, Lavaud et Boucelin.

Le régiment est licencié le 12.05.1814 par ordonnance du roi Louis XVIII et ses éléments sont transférés aux 14edragons à Haguenau et 15e dragons à Arras. François Cromarias sert au sein du 14eDragon, sous les ordres du colonel Mermet qui le parrainera pour sa thèse de médecine.

Dans sa proposition à la nomination de chevalier de la Légion d’Honneur le 17 janvier 1815, il est précisé qu’il « sert avec le plus grand zèle, il s’est constamment distingué et a rendu de grands services aux blessés qu’il a même soigné sur les champs de bataille ».

Au Vernadel, François avait fait construire une belle demeure située non loin de sa maison d'enfance; elle appartient aujourd'hui à l'acteur Claude Giraud récemment décédé (partenaire de de Louis de Funès dans "Rabbi Jacob").

 

 

 

 

Extrait du plan cadastral du Vernadel: en 1, la maison natale de François Cromarias, et en 2 sa demeure photographiée ci-dessus. Je dois tous ces documents à Bernard Faure actuel propriétaire de la maison natale du chirurgien, que je remercie ici. 

 

 

 

P‌récision : la maison du Vernadel, appartenant à François CROMARIAS, a été construite par lui. Ce n'est pas une propriété achetée. Elle n'apparaît pas sur l'ancien cadastre. 

Interrogation : François CROMARIAS a-t-il connu DESAIX ? Pour mémoire DESAIX est né et a été baptisé à Ayat-sur-Sioule le 17/8/1768 par le curé Gilbert CROMARIAS grand-oncle de François.
Il y a 10 ans d'écart entre eux et DESAIX est mort à Marengo en juin 1880 : la rencontre est peu probable, même si François entre en service en novembre 1798.François CROMARIAS fait construire cette propriété qui est exploitée par des métayers. Il est fort probable qu'il y a peu séjourné.
A son décès le 31/8/1851 à Montcel, son neveu Jean Gilbert CROMARIAS, prêtre à La Chapelle Hugon, puis à St Pierre le Chastel devient par testament son légataire universel.
Jean Gilbert est fils d'un de ses frères Jean.
Jean Gilbert vend la propriété le 9/12/1901 au couple Mathieu CHAUSSE-Françoise DUPRAT cultivateurs à Montcel (!!!!) 12000 F : acte passé par Maître Henri PEYROT notaire à Chapdes-Beaufort. Il est fort probable que l'exploitation du domaine continue à être réalisée par des métayers.
La propriété est revendue le 26/3/1911 au couple François VERNERET-Angele MADEBENE  du Vernadel : acte passé par Maître Félix JAMET notaire à St Gervais. Le domaine est exploité par le couple puis par un des enfants (Jean VERNERET). Le prix de vente n'est pas défini clairement. Il est constitué d'une somme d'argent (1000 F) et de corps de bâtiments appartenant au père de Angele à Biollet et cédés par donation.
Au décès du dernier survivant (Angèle) les 5 enfants du couple VERNERET-MADEBENE vendent la propriété en 1973 au couple Claude GIRAUD-Catherine MARQUANT.
Aujourd'hui, les 2 enfants GIRAUD sont propriétaires par succession et pensent garder le bien.

5-Sa soutenance de thèse, en 1814, à Strasbourg

 

La première Restauration s’installe d'Avril 1814 à Mars 1815 . Le 1eroctobre 1814, François Cromarias soutient sa thèse de médecine et obtient le grade de docteur. Le diplôme lui est délivré au nom du roi par Louis de FONTANET, Pair de France, Grand Maître de l’Université, vu le certificat d’aptitude accordé par le doyen et les professeurs de la faculté de médecine de l’académie de Strasbourg. En fait, il s’agit d’une copie datée du 9 novembre 1825 qui porte en en-tête la mention « 17erégiment de chasseurs », l’une de ses affectations ultérieures. Sa thèse porte sur une « dissertation sur les fièvres intermittentes »dont on peut citer quelques extraits (2).

« Occasio praeceps, experimentia fallax, judicium difficile ». HIPPOCRAT. Aphorismes

« Ars longa,
vita brevis,
occasio praeceps,
experimentum periculosum,
iudicium difficile.
 »

« Art long,
vitalité brève,
occasion précipitée,
expérimentation périlleuse,
jugement difficile. »

La traduction française d'Émile Littré de l'aphorisme complet est : « La vie est courte, la science est longue, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Il faut non seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore faire que le malade, les assistants et les choses extérieures y concourent

« Ayant parcouru, avec les armées dont le 25èmerégiment de dragons faisoit partie différentes contrées de l’Espagne, et ayant remarqué que la Basse Estramadure produit fréquemment des fièvres intermittentes, surtout dans les environs de Badajoz, capitale de cette province, je les ai choisies pour sujet de ma dissertation.

 

Sans faire la description topographique de ce pays, je me contenterai seulement de dire qu’il est environné de montagnes très élevées, telles que la Sierra de Bejar, la Sierra de Guadalupe, et des rameaux de la Sierra Constantina, entre lesquelles se trouve une plaine fertile, dont la beauté du climat mérita autrefois l’attention des Romains.

 

Un fleuve appelé Guadiania traverse cette plaine, qui se trouve en outre bordée par une forêt qui, conjointement avec les hauteurs des montagnes, empêchent le cours libre de l’air atmosphérique, et les grandes chaleurs de l’été, venant à retirer les eaux du Guadiana, donnent toute facilité aux rayons brûlans du soleil, de dégager du sein de la terre desséchée les émanations délétères, qui favorisent d’autant plus promptement le développement de la fièvre intermittente, qu’elles y restent comme stationnaires. Aussi ces fièvres y sont-elles ordinairement endémiques dans les mois de Juillet, Août et Septembre.

 

Je ne prétends pas approfondir ce sujet, mais seulement exposer quelques idées pratiques, fruit de plusieurs années d’exercice dans la médecine militaire.

 

En remplissant ainsi l’obligation que la loi impose à tous ceux qui se destinent à l’art de guérir, je m’estimerois heureux, si mes juges daignoient accueillir cet essai favorablement.

 

Je passe de suite à la description de la fièvre intermittente et de son traitement.

 

Les fièvres intermittentes, ou composées de plusieurs accès séparés par des intermissions, sont de toutes les maladies celles auxquelles l’espèce humaine est le plus souvent exposée. Elles ont été jusqu’à présent l’objet d’explications peu satisfaisantes, relativement à leur siège et à leur nature. Plusieurs médecins pensent que ces maladies résident d’une manière particulière dans les organes de la digestion ; d’autres, dans le système lymphatique, dans le système nerveux ; et quelques-uns les attribuent à la lésion des propriétés vitales et de l’ensemble des actions organiques : mais, à cet égard, rien n’est encore décidé.

Au reste, ces fièvres semblent tenir à un état particulier d’excitation, à la foiblesse générale de l’économie, et peut-être à une sorte d’habitude relativement à la reproduction des accès et de leurs intermissions. C’est seulement d’après le lieu ou le mode d’excitation, qu’elles peuvent être bilieuses, pituiteuses, nerveuses, adynamiques. L’intermittence inflammatoire, admise par les auteurs célèbres, est rejetée par d’autres également recommandables.

Les modes de fièvre, prise dans son type, la font distinguer en quotidienne, tierce, quarte, double-tierce, double-quarte. La fièvre quotidienne est celle dont les accès reviennent tous les jours et ordinairement le matin. La tierce revient de deux jours l’un, et les accès se déclarent le plus souvent vers midi. La quarte a lieu tous les trois jours, en laissant le malade deux jours libres. Dans la double-tierce, les accès reviennent tous les jours, mais l’un plus intense que l’autre : le premier répond au troisième et le second au quatrième.

L’intermittente double-quarte reparoît deux jours de suite, laissant un jour d’intervalle ; et ainsi de suite. Les fièvres erratiques sont celles qui n’offrent pas de régularité dans le retour des accès et des intermissions. Il est très rare de trouver des fièvres dont les accès soient séparés par de plus larges intervalles ; cependant on parle de septénaires, de sémestrales, d’annuelles, etc.

 

Symptômes

 

(…) Les malades éprouvent un sentiment de lassitude, de brisement, de contusion dans les membres, ou dans toutes les parties, des douleurs à l’épigastre, à la tête, aux mollets, ou dans les jointures des membres inférieurs.

Il y a ordinairement des alternatives de froid et de chaud, des rougeurs de la peau comme de dilatation du corps, des fois, des éruptions cutanées très variées.

Des horripilations, de tremblements, des spasmes et le claquement des dents sont assez ordinaires.

L’appétit s’abolit, il y a le dégoût pour les substances alimentaires, surtout pour les animales ; la soif est nulle ou intense ; la langue est rouge, blanchâtre ou jaunâtre ; il y a saveur fade, amère ou métallique. Il peut exister des nausées, vomissemens, borborigmes, resserrement du ventre, ou facilité dans les déjections alvines.. Le poul présente de la fréquence, ou de la lenteur. Il peut exister des syncopes, des palpitations, des hémorragies muqueuses, exhalatives.

La respiration peut être trop inégalement altérée pour en indiquer les changements (…)

Pendant la seconde période, le corps semble gonflé, le sang plus ou moins distribué, la peau devient rouge, la chaleur est plus ou moins fortement développée, l’haleine est brûlante, la soif est ardente, le poul est fort, l’urine est rouge et sédimenteuse ; il y a céphalgie, et des fois léthargie ou délire. (…)

 

Traitement

 

La fièvre intermittente étant une maladie qui a ses âges ou périodes, qu’elle parcourt naturellement, si elle est sans entraves ou complications, le traitement médical à lui opposer doit être différent suivant le temps. Prise à son début, elle pourra être anéantie complètement et par l’expulsion de la cause, et par une excitation qui décide une réaction convenable, ou par des sédatifs qui arrêtent l’excitation fébrile. Un simple vomitif, un émeto-cathartique, une potion cordiale, comme le vin chaud, sucré et aromatisé, les potions opiacées, une affection de l’âme agréable, ont fait cesser des fièvres intermittentes commençantes. L’éloignement des effluves marécageuses, l’exercice du cheval, et la satisfaction d’aller habiter une province déjà connue par sa fertilité et sa salubrité, guérirent promptement une soixantaine de dragons du 25 ème régiment, attaqués de fièvres intermittentes, pendant que six autres qui avoient été laissés à l’hôpital, y succombèrent, en raison, sans doute, de l’encombrement. Le déplacement du régiment lui procura donc deux avantages, la guérison des hommes, et la conservation de leurs chevaux. Les régiments de cavalerie seuls, par rapport aux moyens de transport, sont susceptibles de les obtenir.

 

(…) Les boissons seront délayantes et graduellement toniques ; leur quantité sera modérée. Le vin, le café, en petite quantité, seront convenables.

 

L’air doit être renouvelé. Tout ce qui sert au malade doit être en état de propreté (…) L’exercice soit à pied soit à cheval, ou en voiture, est convenable, mais de jour et au soleil dont il faut rechercher l’action fortifiante.

 

Le malade doit se procurer des sensations douces, des occupations qui lui fasse éprouver des affections agréables (…) ».

 

Ce volume contient bien-sûr d'autres thèses contenant des passages dont la lecture est fort intéressante et nous éclaire sur les méthodes chirurgicale de l'époque et des instruments utilisés. Les  épigraphes sont parfois curieuses. On lit par exemple ceci au début de la  thèse d'un certain Lombard:

"Opposer l'art de conserver les hommes à l'art de les détruire, c'est jouir de la plus belle prérogative du monde, c'est remplir le plus respectable et le plus saint de tous les devoirs."...Belle attitude pour un chirurgien militaire...

 

  

6-Les Cent Jours et la Restauration

 

Le 16 novembre 1814, l'affectation de François CROMARIAS est confirmée au 14erégiment de dragon. Le débarquement de Napoléon, le 1er mars 1815, marque le début des Cent-Jours (jusqu'à la deuxième abdication de l'Empereur le 22 juin 1815). Le 31 mai 1815, il est affecté au 19régiment de dragon où il restera jusqu’au 12 novembre suivant (rien ne prouve, comme l’affirme TARDIEU, qu’il ait participé à la célèbre bataille de Waterloo qui eut lieu le 18 juin 1815).

 

Le 22 juin 1815 marque donc la fin des Cent-Jours et le début de la deuxième restauration. Le 9 septembre 1815, le colonel commandant le 14erégiment de dragons, « ci-devant 19e », établit pour « Monsieur CROMARIAS, docteur en médecine, chirurgien major au régiment » un mémoire de proposition pour l’obtention de la légion d’honneur, en remplacement de la décoration de chevalier de l’ordre de la Réunion qui lui avait été décernée le 4 décembre 1813 « en récompense des services signalés qu’il a rendus à son régiment sur le champ de bataille », car il « a rendu de grands services au régiment, il a une conduite exemplaire, une éducation soignée et mérite par son dévouement au Roi la bienveillance de Son Excellence le Ministre de la Guerre ».. Ceci est contre signé par le Lieutenant général commandant la 7edivision de cavalerie qui mentionne que « si la décoration de la Réunion est à retirer à Mr CROMARIAS, il aurait des droits à obtenir en échange celle de la Légion d’Honneur tant par son instruction que par les services qu’il a rendus ». Ceci est certifié véritable par les membres du Conseil d’Administration du 14erégiment de dragons à Strasbourg. Il est mentionné sur un autre registre que cette décoration lui fut attribuée le 25 avril 1821.

 

 

Ordre impérial de la Réunion créé par Napoléon le 11 octobre 1811, assorti d'une pension. Cette décoration venait se substituer aux multiples distinctions décernées dans les états annexés par la France. À l'avers: "Napoléon" et "Tout pour l'Empire" et au revers: "Fondateur" et "À jamais".  Décernée le 4 décembre 1813.

 

La Légion d'Honneur dans la version qui dut lui être décernée le 25 avril 1821.

 

Comme suite à la décision du roi du 2 novembre 1815 et malgré un rapport très favorable : « Instruit dans son état, exact à ses devoirs. Conduite excellente. Principes : a manifesté un grand dévouement au Roi pendant les derniers événements. Fortune : 8000 (Livres ?) de fonds. N’est pas marié. Physique : faible complexion (?). Opinion de l’Inspecteur Général : on fait l’éloge des talents de cet officier de santé et de son exactitude à remplir ses devoirs. Il est proposé pour l’activité », il sera licencié par Monsieur l’Inspecteur Général Charles-Claude JACQUINOT (*) à la revue du 11 novembre 1815 (*).

(*): Charles-Claude Jacquinot (1772-1848): Général de division ; fidèle à l'Empereur jusqu'à Waterloo, il fut néanmoins décoré de l'ordre de Saint-Louis et nommé inspecteur de la cavalerie lors de la deuxième restauration.

Du fait qu’il était en activité au 1er mars 1815, il est admis à percevoir une demi-solde à partir du 12 novembre 1815, pour un montant de 1000 francs par an, qui lui «sera payée à compter du jour où vous avez cessé de recevoir votre solde d’activité jusqu’au 1er janvier 1817, époque à laquelle il sera statué définitivement sur votre sort ».

 

Le Docteur CROMARIAS devait toutefois être apprécié : son traitement de demi-solde prend fin à peine 2 mois après, le 3 janvier 1816, avec son affectation au 17erégiment de chasseurs à cheval des Pyrénées. Il écrit alors du Montcel au Ministre de la Guerre en le priant de « donner des ordres pour toucher dans le département du Puy-de-Dôme en attendant ma remise en activité la portion de solde que sa majesté a daigné m’accorder par son ordonnance du 19 décembre dernier ». Le ministre est alors Henri-Jacques-Guillaume Clarke, duc de Feltre,  général qui inspecta en août 1799 le régiment de François Cromarias avent son départ pour la campagne d'Allemagne les années suivantes et les deux hommes devaient donc se connaître...  

 

 

Belle lettre de François Cromarias au Ministre de la Guerre (Henri-Jacques-Guillaume Clarke, duc de Feltre, ministre du 26 septembre 1815 au 12 septembre 1817, ministre auquel le Maréchal Laurent Gouvion, marquis de Saint-Cyr succéda.

 

 

7-L’expédition d’Espagne avec le Duc d'Angoulême

 

Le duc d'Angoulème  (1775-1844) était le fils du comte d'Artois, frère de Louis XVI et de Louis XVIII. Il avait épousé la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse de France, "Madame Royale". En mars-avril 1815, laissant son épouse à Bordeaux où elle le soutiendra activement (*), il fit campagne dans le midi de la France avec les armées restée fidèles à son oncle Louis XVIII pour s'opposer au retour de l'île d'Elbe de Napoléon 1er. Ces combats fratricides furent heureusement de courte durée. Napoléon s'installa aux Tuileries le 20 mars tandis que Louis XVIII se réfugiait à Gand. Le duc se trouva face aux corps de troupe du Général Emmanuel Grouchy restés fidèles à l'Empereur ; il fut contraint de se replier et s'embarqua à Sète pour Barcelone, après avoir signé, lors de sa reddition à Lapalud (Vaucluse) et du licenciement de l'armée royale qu'il commandait, une convention qui lui servit de sauf conduit jusqu'à la frontière espagnole.

(*): Napoléon dira d'elle : "c'est le seul homme de la famille des Bourbons"...

En 1820, le roi d'Espagne Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire conduit par les libéraux. Il se soumet en remettant en vigueur la constitution de 1812 et en confiant le pouvoir à des ministres libéraux. Des élections en 1822 aux Cortès donnent le pouvoir à Rafael del Riego. Le roi se retire à Aranjuez où il se considère comme le prisonnier des Cortès. Ses partisans tentent sans succès un soulèvement. En 1822, le roi s'appuyant sur le congrès de Vienne sollicite l'aide des monarques européens des états constituant la "Sainte Alliance": la France, la Russie, la Prusse et l'Autriche. En France, les "Ultras" pressent Louis XVIII d'intervenir et le ministre de la Guerre le duc de Richelieu tempère en déployant dans un premier temps le long des Pyrénées un "cordon sanitaire" destiné à la fois à se protéger contre la fièvre jaune et...le libéralisme. Avec l'accord de la "Sainte Alliance" lors du congrès de Vérone le 28 janvier 1823, Louis XVIII peut annoncer le 28 janvier que "cent mille français sont prêts à marcher en invoquant le nom de Saint-Louis pour conserver le trône d'Espagne à un petit-fils d'Henry IV" Les Espagnols appelleront l'armée française : los Cien Mil Hijos de San Luis"...Le nouveau Premier Ministre, de Villèle, affiche ses réticences, au vu du coût de l'opération et des difficultés logistiques pour l'approvisionnement d'une armée forte de 95000 hommes, 20000 chevaux et 96 canons, concentrés fin mars dans les Basses-Pyrénées et les Landes ; le recourt aux marchés conclus avec l'Espagne par le munitionnaire Ouvrard au détriment du Trésor public ne le dément pas.

Le duc d'Angoulème est nommé commandant en chef de l'armée des Pyrénées, mais il laisse la direction des opérations à son major général Armand-Charles Guilleminot qui se trouve à la tête de cinq corps d'armée:

 Oudinot

Moncey

Bordesoulle

Molitor

et le prince de Hohenlohe qui commande les deux divisions du 3e corps (16000 hommes) auquel appartient le régiment du 17e chasseur à cheval dont François Cromarias est le chirurgien-major.
Dès le 7 avril 1823, l'armée des Pyrénées pénètre sans bruit en Espagne Les armées constitutionnelles, soutenues surtout par la bourgeoisie et une partie de la population urbaine, se replient. Le gouvernement libéral et les Cortès transfèrent leur siège à Séville, puis, le 14 juin, à Cadix, emmenant avec eux le roi Ferdinand VII. Le 23 mai, les troupes françaises entrent dans Madrid, où le duc d'Angoulême installe une régence sous son protectorat. Jusqu'en novembre, elles livrent à travers toute la péninsule une série de combats aux libéraux.

Au nord, les divisions de Hohenlohe, renforcées en juillet par le 5e corps de Lauriston, obligent le général Pablo Morillo à battre en retraite, puis à se rallier. Elles contrôlent la Navarre, les Asturies, la Galice. Mais faute de matériel de siège, elles ne peuvent que bloquer les villes où les constitutionnels prolongent la résistance durant plusieurs mois. La Corogne ne capitule que le 21 août, Pampelune le 16 septembre, Saint-Sébastien le 27.

À l'est et au sud-est, Molitor

En Catalogne, Moncey

En Andalousie se déroulent les opérations les plus décisives, parce qu'elles visent le principal objectif stratégique de la campagne : Cadix, transformée provisoirement en capitale politique. Une garnison de 14 000 hommes y défend le gouvernement et les Cortès, dont le roi est le prisonnier. Riego, au début, les généraux L'Abisbal, Quiroga et Alava jusqu'à la fin, dirigent son action. Les accès de la place sont protégés par les batteries des forts Sainte-Catherine et Saint-Sébastien à l'ouest, du fort Santi-Pietri à l'est et surtout de la presqu'île fortifiée du Trocadéro, où le colonel Garcès dispose de 1 700 hommes et de 50 bouches à feu.

Sous le commandement du général Bordesoulle, bientôt rejoint par le duc d'Angoulême et Guilleminot, l'infanterie des généraux Bourmont, Obert et Goujeon, la cavalerie de Foissac-Latour, l'artillerie de Tirlet, le génie de Dode de La Brunerie prennent position devant Cadix à partir de mi-juillet. La marine, contrainte d'employer plusieurs divisions navales à la surveillance des côtes et des ports de l'Atlantique et de la Méditerranée où s'accrochent les constitutionnels, n'envoie pour bloquer le port qu'une petite escadre d'à peine dix bâtiments, avec lesquels le contre-amiral Hamelin ne peut assurer sa mission. Le 27 août, il est remplacé par le contre-amiral des Rotours, puis par Duperré, qui n'arrive que le 17 septembre, avec des moyens renforcés. Le 31 août, l'infanterie française donne l'assaut du fort du Trocadéro. Au prix de 35 tués et 110 blessés, elle s'empare de la presqu'île et de ses puissants canons retournés contre la ville de Cadix. Elle inflige à l'ennemi la perte de 150 morts, 300 blessés et 1 100 prisonniers.

Le 20 septembre, le fort Santi-Pietri tombe à son tour devant une action combinée de l'armée et de la marine. Le 23, ses canons, ceux du fort du Trocadero et de la flotte de Duperré bombardent la ville. Le 28, les constitutionnels jugent la partie perdue : les Cortès décident de se dissoudre et de rendre à Ferdinand VII le pouvoir absolu. Le 30, Cadix capitule. Le 3 octobre, plus de 4 600 Français débarquent sur les quais du port.

L'armée du roi de France tire ses derniers coups de fusil au début du mois de novembre. Le 5 novembre, le duc d'Angoulême quitte Madrid. Il rentre en France le 23, laissant derrière lui un corps d'occupation de 45 000 hommes, sous le commandement de Bourmont. L'évacuation progressive de l'Espagne ne s'achève qu'en 1828.

 

En 1823, probablement en avril, il suit avec son régiment, le 17ème régiment de chasseurs des Pyrénées, l’expédition d’Espagne menée par le duc d’Angoulême (aidé par les maréchaux OUDINOT et MONCEY) pour rétablir la monarchie et Ferdinand VII sur le trône (prise de Madrid le 23 mai, du fort du Trocadéro le 31 août et capitulation de Cadix le 30 septembre).Changer

Le 31 août 1823, le fort du Trocadero qui défend le port de Cadix est enlevé à la baïonnette, à marée basse, par les soldats français qui n'ont pas hésité à se jeter à l'eau.

Voici une image d'Épinal extraite de ma collection:

 

Devant Cadix, les français attaque le fort du Trocadéro, défendu par les espagnols, sous le drapeau "La constitution ou la mort". Légende: "S.A.R. le duc d'Angoulème ordonne l'assaut du Trocadero. Des détachements du 3e, 6e et 7e régiments de la garde royale se précipitèrent dans la Cortadura, la traversèrent ayant de l'eau jusqu'aux épaules, et, malgré le feu terrible des ennemis, arrivèrent au pied du fort, et en firent aussitôt l'attaque avec un courage vraiment français." Fabrique de Pellerin, imprimeur-Libraire, à Épinal.

  • 1823 Expédition d'Espagne:
    Pour rétablir le roi d’Espagne Ferdinand III sur son trône, un corps expéditionnaire est placé sous le commandement du duc d’Angoulême. Le 17e chasseurs , avec le 12e chasseurs, est en compte au 3e corps du prince de Hohenlohe. Cette opération qualifiée de "Manœuvre militaire à tir réel" n’engage pas le régiment hormis quelques escarmouches d’avant-garde. En février 1823 le régiment rentre en France .

Il y restera jusqu'en 1825. Cette guerre, à la charge de la France, coûta beaucoup d’argent (207 millions au lieu des 100 prévus). La créance de la France, réclamée à l’Espagne, fut de 80 millions de francs, portant intérêt à 3 p. 100 (voir les « cinq certificats au porteur de 54 francs de rente à 5 p. cent consolidée de la dette publique d’Espagne au capital de 1080 francs délivrée le 10 décembre à Madrid », figurant dans l’inventaire après le décès de François Cromarias en 1851…).

Cette campagne (la dernière) lui valut le 18 novembre 1823 la croix de chevalier de l’ordre de Charles III d’Espagne. Ce fait est mentionné sur un état de services daté de Vitoria le 20 octobre 1824.

 

Ordre de Charles III d'Espagne, créé par ce roi le 19 septembre 1771. La plus haute distinction du royaume. À l'avers figure une vierge et au revers la devise "virtuti et merito". 

 

Il est nommé par brevet chirurgien-major du 2erégiment d’artillerie le 27 octobre 1824, confirmé le 11 décembre 1826, puis le 5 août 1829 (3). Il s'agit-là d'une confirmation de sa nomination à ce grade qui datait du 13 octobre 1810.

 

Chateaubriant qui avait embrassé la cause de cette guerre écrira dans ses "Mémoires d'outre-tombe": "Enjamber d'un pas les Espagnes, réussir sur la même sol où naguère les armées de l'homme fastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu'il n'avait pu faire en sept ans, qui aurait pu prétendre à ce prodige?"

 

8-Le docteur en médecine établi à Paris place Dauphine

Enfin, après 35 années et 5 jours de service militaire et 23 ans, 5 mois et 23 jours dans le grade de chirurgien major, François CROMARIAS est admis le 22 novembre 1833 à faire valoir ses droits à la retraite. Le montant de sa pension est fixé à 2400 francs par décision du 5 avril 1834. Il a 55 ans (4).

 

Son successeur au 2erégiment d’artillerie sera M. Jacques FRÉMANGER, ex-chirurgien major au 40ème de ligne (décision du 17 juillet 1834).

 

Sa retraite définitive est effective le 6 avril 1834 et il est pensionné pour 2400 Francs (5). Il exerce alors comme médecin chirurgien au 22 cour de Harlay à Paris.

 

Chirurgien-major en retraite et docteur en médecine, domicilié 24 place Dauphine à Paris.

 

9-Son décès et sa succession

 

Il décède le 31 août 1851 à 73 ans à Montcel, dans la maison campagnarde qui lui avait été léguée par son frère. VOIR ACTE DE DECES TRANSCRIPTION.

 

Son testament olographe, rédigé le 25 août 1850:

 

 

Recto.

 

Verso.

 

Sa succession est réglée en octobre 1851, avec Jean CROMARIAS, prêtre de la Chapelle Hugon (Cher) et Jacques CROMARIAS, propriétaire au Vernadel (Puy de Dôme) (6).

 

L’inventaire après décès de François CROMARIAS a été réalisé à Paris, par Me TANDEAU de MARSAC, clerc de notaire, 23 place Dauphine, à la requête de M. Jean CROMARIAS prêtre desservant la commune de La Chapelle Hugon, commune de La Guerche, « momentanément à Paris »qui s’est installé chez Madame de SAINT-SAUVEUR, N° 6 place du Palais Bourbon. Son hôtesse se rendit également sur place pour assister à l’inventaire, peut-être était-elle la propriétaire du logement occupé par le défunt, au quatrième étage d’une maison sise N° 24 place Dauphin, car « la présentation a été faite par le concierge », Pierre Auguste PIED, qui les accueille et leur fait visiter l’appartement du défunt.

 

Jean CROMARIAS agissait comme exécuteur testamentaire de tous les biens, actifs et passifs de « son oncle François, docteur en médecine, chirurgien-major en retraite, chevalier de la légion d’honneur ». Il représentait également son frère Pierre (marié à Marie GIRAUD), également présent à l’inventaire, propriétaire cultivateur au village de La Sauvolle (à 2 km à l’ouest du Vernadel), commune de St Priest des Champs, « administrateur légal des biens de son fils Gilbert, son fils mineur, élevé au petit séminaire de Bourges ».

 

François CROMARIAS avait fait le 25 août 1850 à Montcel un testament olographe qu’il avait déposé chez Me PARROT, notaire à Charbonnière les Vieilles. Il donnait « à Gilbert CROMARIAS, son petit-neveu l’universalité de tous ses biens au Vernadel, à Montcel et à Paris »et désignait « Jean CROMARIAS son neveu prêtre comme exécuteur avec la jouissance pendant la durée de sa vie. Gilbert n’entrera en jouissance des biens qu’après sa mort ».

 

Pêle-mêle, l’inventaire signale :

 

Dans la salle à manger éclairée par deux fenêtres donnant sur la place: une table ronde, quatre chaises, trois paires de bottes, une paire de souliers, deux pantalons, un habit, un gilet une vieille cravate, le tout mauvais, un vieux paletot. Dans une armoire : une carafe, deux verres, quatre bouteilles de vin, un paquet de bougies, un sucrier, des tasses et leurs soucoupes, une cloche à fromage, un carton à chapeau en soie noire, de vieux papiers et brochures, un rideau, des serviettes, une taie d’oreiller, des bas, un caleçon de laine, des draps, des chemises.

 

Dans la cuisine : une vieille malle, des bouteilles vides, un garde-manger, des souliers, un balais, deux bouilloires, un chandelier, un moulin à café, douze assiette et ustensiles de cuisine, une petite fontaine en pierre à trois robinets, trente volumes de médecine brochés, une paire de botte, des chiffons.

 

Dans la chambre à coucher : une commode, un secrétaire en acajou (mobilier Directoire ou Empire probablement), une couchette en bois d’acajou (même remarque), un sommier élastique, un matelas, un oreiller, un traversin, trois couvertures de laine, un édredon, trois chaises en merisier foncé couvertes de paille, une autre couverte de damas rouge, une petite glace avec son cadre en bois doré, une table de nuit en acajou.

 

Dans la commode : une boîte de quatre couteaux, une vergette, un pot à eau et une cuvette, un gilet de soie noire, deux paires de gant, une culotte, un pantalon de drap noir, une cravate en soie, un lot de faux-cols.

 

Argenterie et bijoux : six petites cuillères à café en vermeil, cinq pièces de monnaie anciennes, une bague (avec une fausse pierre), une épingle (à cravate probablement), une cuillère à potage et deux couverts en argent.

 

Dans la cave : 150 bouteilles de vin de différentes formes.

 

Dans le secrétaire : une croix de la légion d’honneur et de la Réunion.

 

Deniers comptants : 55 pièces d’or de 40 francs (2200 francs), 40 pièces de 20 francs (800 francs), 40 pièces de 5 francs en argent (200 francs). PHOTO DES pièces de 40, 20 et 5 francs.

 

Les papiers sont divers : deux actions non timbrées du Chemin de Fer du Nord de 500 francs chacune, une action du Chemin de Fer de Paris à Orléans de 500 francs, trois bons du Mont de Piété de Paris, une vente de Jacques CROMARIAS, propriétaire au Vernadel à François son frère d’une terre à Champgrand, une assurance de l’incendie pour la maison de campagne et les bâtiments d’exploitation, 5 certificats au porteur de 54 francs de rente à 5% "consolidée de la dette publique d’Espagne, délivrée à Madrid le 10 décembre 1834", les pièces relatives au loyer de l’appartement, s’élevant annuellement à 400 francs, un avertissement à payer la cote mobilière pour 1851 s’élevant à 9 francs 55 centimes, un registre des sommes que lui devaient M. CHEVALIER, Maire de Combronde (250 francs), Gilbert CHAMPEYROUX de Lavaur, commune du Montcel, (100 francs) Quintien DESNIER du Montcel (143 francs), Me PARROT, notaire (1000 francs), une carte d’électeur du XIearrondissement de Paris, un diplôme de docteur en médecine, les deux derniers certificats d’admission comme membre correspondant et membre titulaire de la société des sciences physiques, chimiques et arts agricoles et industriels, un diplôme de chevalier de Charles III d’Espagne dont était revêtu le défunt, des lettres de nomination au grade de Chevalier de la Réunion et Chevalier de la Légion d’Honneur, adressées au défunt, avec 18 pièces qui sont tous les états de services militaires rendus par le défunt à l’État.

 

Tous les objets sont remis à l’abbé Jean CROMARIAS.

 

L’inventaire des biens a été fait à Paris par Me THIAC les 21 et 22 octobre et à Montcel et Vernadel par Me TALLON, notaire à Riom, les 3, 6, 8, et 9 octobre.

 

Le total des liquidités s’élevait à 3200 francs à Paris, 1548 francs à Montcel et 305 francs au Vernadel (soit un total s’élevant à 5053f.).

 

La valeur des meubles s’élevait à 685 francs à Paris, 1434, 5 francs à Montcel et 1708,48 franc au Vernadel (total 3227,98 francs).

 

Les valeurs en actions s’élevaient à 950 francs de rente à 5% et 250 francs de rente à 4% sur l’État, 5 bons du Mont de Piété de la ville de Paris payables à François CROMARIAS, d’un montant total de 9310 francs, deux actions du Chemin de Fer du Nord de 500 francs, une action du Chemin de Fer de Paris à Orléans de 500 francs, 54 francs de rente à 5% consolidée de la dette publique d’Espagne au capital de 1080 francs délivrée à Madrid le 10 décembre 1834.

 

-Dix billets de loterie, des lingots d’or ( ?).

 

-Des reconnaissances de dettes à son profit (sommes notamment prêtées au Maire de Combronde (M. CHEVALIER) et à un notaire, qui s’élèvent à environ 600 francs. L’abbé pense que la majeure partie est d’un recouvrement douteux.

 

-Tous les ustensiles des maisons d’habitation et des bâtiments d’exploitation, terres et prés à Montcel et au Vernadel.

 

Le passif est minime : avec le reliquat de 200 francs de loyer de l’appartement de Paris, de 22 francs 85 centimes réclamés par la femme de ménage et 190 francs de frais funéraires auxquels s’ajoutent 20francs de complément.

 

Quelques éléments de la personnalité de François CROMARIAS apparaissent ainsi : un vieux monsieur encore actif, qui visite sa clientèle (5 paires de chaussures et bottes !), financièrement très à l’aise (19000 francs de biens !) qui vit pourtant de manière austère et retirée (peu de vaisselle) mais qui a un penchant pour Bacchus (des bouteilles partout). Ce mode de vie est probablement hérité de plus de 35 ans de vie militaire. Pour autant, François CROMARIAS n’est pas le Père Grandet de BALZAC, et son testament olographe déposé par son neveu l’Abbé Jean CROMARIAS le 21 octobre 1851 montre une générosité dans les legs, puisqu’il n’oublie ni les indigents, ni ses anciens domestiques, pour un total de 1700 francs (à peu près le dixième de sa fortune) :

 

Aux indigents de la commune de Montcel, de St Gal, du Vernadel, lieu de sa naissance : respectivement 300 francs pour chaque endroit.

 

Pour Marien CHAFFRAIX son domestique : 100 francs.

 

Pour François ESPAGNOL son domestique : 300 francs.

 

Pour Madeleine PÉRONNY son ancienne servante : 200 francs.

 

Pour Anne BEAUFORT, qui gardait ses vaches pendant l’été au Vernadel : 100 francs.

 

Pour Marie AUBIGNAT sa domestique : 100 francs.

 

Si son petit-neveu est désigné héritier universel, les autres membres de la famille ne sont pour autant pas oubliés.

 

Pour son petit-neveu Gilbert CROMARIAS l’universalité de tous ses biens au Vernadel, à Montcel et Paris. Jean CROMARIAS son neveu prêtre (lui-même l’oncle de Gilbert) est exécuteur avec la jouissance pendant la durée de sa vie. Gilbert en prendra possession lors de la mort de Jean.

 

Aux enfants, et petits enfants de feue sa sœur aînée (Gilberte), femme PAYRARD : 1000 francs.

 

Pour son frère Jacques : 1000 francs.

 

 

Pour feu son frère Jean ( ? probablement pour les héritiers de celui-ci) : 1000 francs.

 

Pour feue sa sœur Françoise, femme FAURE : 1000 francs.

 

Pour feu son frère Marien : 1000 francs.

 

Pour acquitter des messes à l’intention de feu son frère Jean, ex-curé de la commune de Montcel : 1000 francs.

 

Enfin, « pour aider à faire l’éducation d’une jeune fille, descendante de mon frère ou de l’une de mes sœurs et qui aurait la vocation d’entrer dans les ordres religieux » : 1000 francs.

 

 

10-Notes :

 

(1) : Archives de la Défense à Vincennes. 3Yg 228 : dossiers personnels des officiers de santé. 3Yf 40031 : dossiers de pension militaire.

 

(2) : « Dissertation sur les fièvres intermittentes ». Thèses de médecine de la faculté de Strasbourg, 1eroctobre 1814, Bibliothèque Nationale de France, Cote 8 TH Strasbourg, vol. 19, 1814, Notice N° FRBNF 36869871.

 

(3) : Annuaire de l’État Militaire de France pour l’année 1829, publié sur les documents du Ministère de la Guerre, avec autorisation du roi.

 

(4) : Bulletin des Lois, Les Pensionnés du XIXesiècle.

 

(5) : Almanach royal et national pour l’an 1838, éditeurs Guyot et Scribe, 1838, p.971.

 

(6) : Minutier de Paris, cote ET/XCVII/913, Nos 57159 à 70).

 

 

11-Pièces justificatives

 

 -Arbre généalogique simplifié :

 

1-Blaise Cromarias, de Laveix, ép. Gervaise Nohen

 

2.1 François, ép. Marguerite Aubignat (Le Mont), 8 enfants.

2.2 Pierre, ép. Jeanne Aubignat (Laveix) d'où notre branche : St-Julien puis Le Fraisse...

 

3.1 (enfant de 2.1): Jean, ép. Jeanne Martin (Le Vernadel), 7 enfants.

3.2 (d°): Pierre, curé d'Ayat qui baptisa le futur général Desaix.

 

4.1 (enfants de 3.1): Annet Antoine (ou Annet), ép. Marie Bathiat (Le Vernadel).

4.2 (d°): François, célibataire a vécu pendant la Terreur  à Paris, mort à 80 ans à Montcel.

 

5.1 (enfants de 4.1): Jacques (Le Vernadel), Jean (curé de Montcel), Jean (La Sauviolle),

François, Chirurgien major (autres enfants : Gilberte, Marien, Françoise et Marie)

       

                   

                                               

Prendre l'arbre imprimé sur feuille libre, le scanner et le mettre ici. 

Préciser y compris les dates avec l'ouvrage de Jean-Noêl Mayet

 ♥-Acte de naissance :

 

"François cromarias fils legitime a annet et a marie bathias du "vernadel est né et a eté baptizé le vingt deux fevrier mil sept cent "soixante dix huit a eté parrain francois cromarias (*) et marraine "margueritte cromarias (**) qui n'ont seu signer requis. Boyer vic(aire)". 

 

 -Acte de décès :

 

 -Ascendance et alliances du côté maternel (les Bathias).

 12-Sources

-Amboise Tardieu et Augustin Madebène, "Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne", 1892;

-Émile Tartière, Docteur Médecin Major de 1ère classe, médecin-chef de la gendarmerie, article sur François Cromarias dans "La France médicale", 1904, pages 264 et 269: "Deux médecins militaires des armées de la Révolution et de l'Empire";  

-Historique du 25e régiment de Dragons (1665-1890) par  le capitaine de Bourqueney. Tours, imprimerie A. Mame et fils, 1890;

-"Journal du capitaine François dit le dromadaire d'Égypte (1792-1830)" présenté par Jacques Jourquin, Tallandier, 2003;

-"Histoire d'un conscrit de 1813", Erckmann Chatrian, éd. de l'Aube, 2010;

-"Journal du capitaine Coignet" 

-"Journal du sergent Bourgogne"

-"Napoléon devant l'Espagne, ce qu'a vu Goya", J Lucas-Dubreton, lib. Arthème Fayard,  1946;

-"Vie de Napoléon", Stendhal, 

-"La Restauration et la monarchie de Juillet", J. Lucas-Dubreton, L'histoire de France racontée à tous, sous la direction de F. Funck-Brentano, lib. Hachette, 1926;

-"La capitulation de Lapalud - Campagne du duc d'Angoulème dans Vaucluse (mars-avril 1815)", Avignon, Seguin frères, imprimeurs-éditeurs, 1894;

-"Campagne mémorable de S.A.R. le duc d'Angoulème en Espagne pour la délivrance de S.M. le roi Ferdinand", Paris, chez Tiger, imprimeur-libraire, 1824;

-"Histoire de la guerre de la péninsule sous Napoléon" par Robert Southey, traduite par M. Lardiev, Paris, chez Dondey-Dupré, 1828;

-CGHAV (Cercle généalogique et historique de l'Auvergne et du Velay) revue "À moi Auvergne!", N° 78, 4e trimestre 1998, article de Jean-Noël Mayet sur les familles Cromarias, étude reprise plus tard dans une monographie non publiée;

-ARGHA (Association de recherches généalogiques et historiques d'Auvergne), revue "Le Gonfanon", notamment le N° 44 (4e trimestre 1992), article sur les Bathiatn Romme, Arletty, etc par F. Bertelle; 

-Archives communiquées par M. Montpied à Montcel;

-Archives Bernard Faure que je remercie pour sa contribution (testament de François Cromarias, plans et photo de sa maison natale et de sa résidence du Vernadel);

-Ouvrages et articles de Jean-Noël Mayet du CGHAV.

 

 

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