Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 17:40

Jean-Baptiste LAMY

 

Archevêque de Santa-Fe

 

au Nouveau Mexique.

 

--o--

Un Archevêque de Santa-Fe: Jean-Baptiste LAMY

La Cathédrale de Santa-Fe bâtie par Jean-Baptiste LAMY, peinte par Edward Hopper (photographie prise lors d'une exposition au Grand Palais).

 

 

Avant-propos

 

Nos ancêtres Pageix, à Beaumont, produisirent une branche qui compte quelques prêtres :

Jacques Pageix (17 -179 ), fils de Pierre (1693-1768) et de ,à la fois prêtre et communaliste de Beaumont, devint confesseur des dames religieuses de l'abbaye de Beaumont, puis chanoine et chantre du Chapitre de Chamalières. Il était tout de même vigneron et avait lancé une pépinière de garance... iI mourut au début de la Révolution, après avoir protesté auprès de "ces Messieurs du Département du Puy-de-Dôme" à propos des pensions des chanoines (et de la sienne), fixées par l'administration, et dont les versements avaient scandaleusement cessés (notre prêtre ne manquait pas d'audace, ou d'inconscience, en ces temps révolutionnaires où les congrégations avaient été supprimées et leurs biens confisqués...

Pierre Pageix (17..-17..), fils d'Étienne (....-.... ) et de (....) prêtre, chanoine de Chamalières, puis curé de Cormède, près de Pont-du-Château. Tandis que son père, Étienne Pageix, Maire de Beaumont, recueillait le serment constitutionnel de la bouche du Sieur Gras, curé du lieu, son fils Pierre, montait en chaire pour le prône dominical et refusait tout net de prêter le serment de fidélité à la Constitution...

Cette branche fit des alliances avec des membres d'une famille de Lempdes: les Lamy, qui comptait des notabilités locales: notaires, prêtres, greffiers de justice, etc.

Aujourd'hui, je n'ai pu établir, compte-tenu des lacunes de l'état-civil, une parenté avec le fameux prêtre originaire de Lempdes, Jean-Baptiste Lamy, qui émigra aux États-Unis et devint le premier archevêque de Santa-Fé où il fit bâtir une cathédrale malheureusement inachevée.

Ces lignes, tout en rendant hommage à sa mémoire, sont destinées à servir de base de départ, certe bien modeste, pour une étude ultérieure plus poussée.

 

Courte biographie:

 

Jean-Baptiste Lamy est né le 11 octobre 1814 à Lempdes, canton de Pont-du-Château, département du Puy-de-Dôme. L'acte de l'état-civil (voir ci-dessous) porte seulement le prénom de Jean (*). En revanche, il enregistre aussi un frère jumeau, Antoine. Les parents des deux nouveaux-nés sont Jean Lamy et Marie Drye. Ces patronymes sont connus à Lempdes au moins depuis le début de l'état-civil (vers 1580).

Un Archevêque de Santa-Fe: Jean-Baptiste LAMY

Acte de naissance de Jean Lamy à Lempdes, le 11 octobre 1814.

 

 

(*) Jean-Baptiste est son prénom d'ecclésiastique)

 

Jean avait 10 frères et sœurs, dont une sœur religieuse de l'ordre de la visitation, cloîtrée au couvent de la Visitation de Clermont, passage Godefroy de Bouillon, avant de rejoindre son frère à Santa Fé.

Il fait ses études au collège de Billom puis au Petit Séminaire de Clermont-Ferrand. Il étudie la théologie au Grand Séminaire de Montferrand, où il est ordonné prêtre le 22 décembre 1838.

Il est nommé vicaire dans la paroisse de Chappes où il rencontre Mgr John Baptist Purcell, évêque de Cincinnati.

En compagnie de Joseph Machebœuf, son amis depuis le grand Séminaire, il s'embarque au Havre le 9 juillet 1839 pour New York.

Il travaille au sein de plusieurs missions des états de l'Ohio et du Kentucky, sous l'autorité de l'évêque, Mgr Purcell.

Entre-temps, le traité de Guadalupe-Hidalgo met fin le 2 février 1848 à la guerre entre le Mexique et les États-Unis. Ces derniers, pour une bouchée de pain, acquièrent le texas et le Taumalipas, qui sera divisé en cinq états: l'Arizona, la californie, le Nevada, le nouveau-Mexique et l'Utah.

Le 19 juillet 1850, Rome, par décret, établit le Vicariat apostolique du nouveau-Mexique et, dès le 23 juillet suivant, alors qu'il est prêtre à Covington (Kentucky), le nomme Évêque du nouveau vicariat ; il est consacré évêque le 24 novembre suivant en la cathédrale Saint-Pierre de Cincinnati.

Après un long périple qui inclut un naufrage au large de l'île de Galveston, il arrive à Santa Fe le 9 août 1851.

Le 12 février 1875, le diocèse de Santa Fe est élevé au rang d'archidiocèse et Jean-Baptiste Lamy en devient le premier archevêque. Il décide d'y construire une cathédrale qui s'élèvera sur le lieu de l'ancienne église cathédrale "la Parroquia", qui sera en pierre, alors que l'ancienne est en construction traditionnelle, en adobe. Il en fixe l'allure générale.

La première pierre de l'édifice est posée le 10 octobre 1869. Le chantier sera long: 4 architectes se succèdèrent...Le dernier fut assasiné le 1er septembre 1879par le jeune Jean-Baptiste Lamy, neveu de l'archevêque! La cathédrale de Santa Fe ne sera consacrée que le 18 octobre 1895, soit 4 année après son décès! De plus, les deux flèches initialement prvues ne seront jamais construites.

À Santa Fe, Jean-Baptiste Lamy aura contribué à la création de paroisses et d'écoles: outre la construction de la Cathédrale Saint François d'Assise à Santa Fé, il fait bâtir des églises, des collèges, des écoles, un hôpital, un orphelinat et un couvent. Il fut également à l'origine de la voie de chemin de Santa Fe à Tucson: la gare ferroviaire de Santa Fe s'appelle d'ailleurs aujourd'hui encoe "Lamy Station"!

Jean-Baptiste Lamy se retire en juillet 1885 dans sa résidence du nord de la ville (la Bishop's Lodge). Il meurt d'une pneumonie le 13 février 1888 à l'âge de 74 ans. Sa dépouille repose aujourd'hui dans la crypte de la basilique-cathédrale  de la capitale du nouveau-Mexique. L'archevêque qui lui succéda, Jean-Baptiste Salpointe, est également un Français originaire de l'Auvergne.

En 2005, le Pape Benoît XVI éleva la cathédrale de Santa Fe au rang de basilique.

Biblioraphie: "La Cathédrale de Santa-Fe: une histoire d' Auvergnats", in Bulletin Historique et Scientifique de l'Auvergne, N° 788-789, janvier-juin 2011, Par Pierrette Dochet-Charles.

 

Généalogie:

 

1-Naissance de Jean Lamy et de son frère jumeau Antoine:

 

Jean et Antoine Lamy, frères jumeaux, sont nés à Lempdes, canton de Pont du Château, département du Puy-de-Dôme, le onze octobre 1814 à cinq heures du matin, naissance déclarée par le père, Jean Lamy âgé de trente deux ans, en présence d'Étienne Lamy, âgé de soixante douze ans, de Pierre Drye, âgé de quarante et un ans, cultivateurs; les parents sont: Jean Lamy et Marie Drye. Le père a signé:

 

 

 

 

2-Jean Lamy et Marie Drye:

 

Le 6 pluviôse an quatre de la République, soit le dimanche 25 janvier 1795, mariage entre:

-Jean Lamy, âgé de 17 ans, fils d'Étienne Lamy (49 ans), et d'Étiennette Sauzet (51 ans),

-Marie Drye fille de Liger Drye et de Marie Vedeux, âgée de 21 ans. Présents Étienne Lamy, frère de Jean.

Jean Lamy fut baptisé le douze avril 1779, parrain Jean Vedeux et marraine Marguerite Sauzet oncle et tante.

 

3-Étienne Lamy et tiennette Sauzet:

 

Mariage le 4 février 1766 entre:

-Étienne Lamy, 19 ans, fils de feu Pierre Lamy et de Marie Beuf, autorisé d'Étienne Got, son curateur,

-Étiennette Sauzet, 27 ans, fils de Jean Sauzet et de Marie Bertet. Les frères d'Étienne Lamy sont Michel, Claude et autre Étienne, tous de l'état de vignerons à Lempdes.

 

4-Pierre Lamy et Marie Beuf:

L'état-civil présentant une lacune pour les années 1745 et 1746, on ne peut donc retrouver l'acte de naissance d'Étienne.

 

5-Des alliances entre les Lamy de Lempdes et...

les Pageix de Beaumont:

 

Étienne Pageix, fils de Pierre et d'Antoinette Maradeix, qui sera élu Maire de Beaumont en 1791, épousa peu avant 1758 Marie Lamy de Lempdes, fille d'Étienne Lamy, greffier de la Châtellenie et de Marie Laurent.

Lors du baptême d'une fille d'Étienne Pageix et de Marie Lamy, Marie Jeanne Thérèse Pageix, le 15 janvier 1758, le parrain fut Barthélémy Lamy, notaire royal et juge de Lempdes et la marraine Dame Marie Jeanne Thérèse de Boussac, Comtesse de Sedière qui signa "deboussac comtes de Sediere marenne tenant pour ma fille l abbe(sse) de boumont". L'abbesse de Beaumont Sœur de Lentilhac était d'ailleurs présente.  

Un Archevêque de Santa-Fe: Jean-Baptiste LAMY

L'une des filles d'Étienne Pageix et de Marie Lamy, née le 12 février 1767 fut affublée d'un drôle de prénom: Dympne!

"L'an mil sept cent soixante sept, le douse du mois de février a été baptisée dympne Pageix née le jour précédent a deux heures apres midy fille légitime a estienne Pageix laboureur habitant de ce lieu et a marie Lamy sa femme parrain Amable Cohendy de ce lieu, Marraine dympne Lamy femme de giraud bonne du lieu de lendes qui ont declaré ne scavoir signer Artaud curé". 

Un Archevêque de Santa-Fe: Jean-Baptiste LAMY

Claude Pageix (*), fils d'Étienne et de Marie Lamy, né le 12 janvier 1766, se maria aussi avec une Lamy de Lempdes, le 7 février 1886. La future était Catherine Lamy, fille de défunt Maître Barthélémy Lamy, notaire royal et juge de Lempdes, et de Antoinette Docher.

Les signatures au bas de l'acte sont: les époux Lamy (Catherine) et Pageix (Claude), puis Pageix (Étienne, le père) - Lamy - Lamy - Docher  veuve  Lamy (mère de l'épouse), Vasson (cousin, de Romagnat) - Beaune - Perrin - Pageix (Pierre, père d'Étienne) - Grassion - Manlhiot - Rongier  et Pageix (Jacques, fils de Pierre et frère d'Étienne), chanoine et chantre de Chamalières.

Chapot curé.

(*): Ce Claude Pageix est évoqué dans l'article "nos parents et le service militaire": il fut choisi pour faire partie d'une députation qui se rendit à Paris pour participer à la Fête de la Fédération. 

Un Archevêque de Santa-Fe: Jean-Baptiste LAMY
Partager cet article
Repost0
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 21:23

 

Jean Bernard, curé de Thuret,

 

natif de Beaumont,

 

martyr de la foi.

 

--o--

 

(Né à Beaumont le 10 avril 1747, fusillé à Lyon le 27 juin 1798)

 

--o--

 

Gravure représentant un curé, tirée d'un livre de J. Barbey d'Aurevilly (Le Chevalier des Touches).

 

Avant-propos:

 

Il y a une quarantaine d'années, je visitais l'église de Thuret, petite localité de la Limagne d'Auvergne. Ce n'était pas par hasard, car je savais qu'un lointain parent, Jean Bernard, originaire de Beaumont, avait desservi cette paroisse sous l'Ancien Régime, avant d'être victime des persécutions révolutionnaires.

Je rencontrais le prêtre de cette paroisse tout occupé à fouiller sous l'autel, maniant pelle et pioche: un curé archéologue, pensais-je in petto! Cela contribua à me rendre ce ministre du culte sympathique et je lui dévoilais le but de ma visite. Il s'enflamma aussitôt en m'assurant qu'il avait entrepris de constituer un dossier sur ce prêtre en vue de sa canonisation!

J'abondais évidemment dans son sens et nous échangeâmes souvenirs et anecdotes sur ce saint homme.

Depuis cette visite, je n'ai jamais eu de nouvelles de ce curé, ni de son projet...

Aujourd'hui, je reprend la plume afin de publier la vie de ce lointain parent, Jean Bernard, auquel l'abbé Adam, auteur de nombreuses biographies religieuses, consacra une notice sous le titre: "Jean Bernard,  martyr  et confesseur de la foi". 

 

 Sa naissance et sa famille:

 

Jean Bernard est né à Beaumont le 10 avril 1747. Son acte de naissance est rédigé par le curé de Beaumont Messire Joseph-Antoine Artaud (les deux paroisses de Saint-Pierre et de Notre-Dame de la Rivière avaient été réunies par l'évêque Massillon en une seule paroisse en 1735):

"L an mil Sept cents quarante Sept, et le onse du mois d'avril a eté baptisé Jean Bernard né le Jour precedent a onse heures du soir fils legitime a Jean Bernard et a Margueritte Bauchet Sa femme parrein Jean Bauchet ayeul maternel marraine Jeanne Barret femme a Jean Bernard Tous vignerons habitans de ce lieu qui ont declaré ne savoir Signer de ce enquis. Artaud curé".

 

 

À noter que Artaud, originaire d'Ambert avait mal orthographié le nom de la mère qui s'appelait Boucher et non Bauchet.

La famille habitait une importante bâtisse dans le bas du bourg, près de l'église de Motre-Dame de la Rivière (aussi appelée l'église basse). Photo

Les parents mariage acte etc

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 11:24

 

 

 

 Le mariage

 

à

 

BEAUMONT

 

 

 

 

 

A propos d'une sentence abbatiale

concernant le droit de noce

(9 mars 1604)

 



 

 

abbesse.jpg

Une abbesse de Beaumont caricaturée par un

entrepreneur dans un devis de réparation :

Marie Gilberte de Chabannes

 



 

Jacques Pageix 2012

 

 

1-Le document (Arch. Dép. du P. de D., Fonds de Beaumont, cote 50H68)

 

Jean Bournet Chastellain de beaulmont (1) / Par Reverand(e) dame Anna Le Groing abbesse et dame de beaulmont / Laschamps et en Partie de Croix (2) Salut. Comme le procureur / d office en la court de seans ayt faict assigner par devant Nous Jehan / Mignot filz a Estienne habitant dudit beaumont pour se voir condempner / a paier a ladite dame abbesse dudit beaulmont Ung pain tel qu on le faict le / Jour que les habitants dudit beaulmont se Marient et font leurs Nopces / Une jambe de pourceau freche, Ung Petit pot d ung denier ou / Une Plaine escuelle de poutaige tel qu on le faict esdites Nopces, que / ledit defenseur luy doibt a cause de sa dignitte Abbatialle, duquel droict / a tousiours Jouy. & ses Predecesseresses sans aulcun contredict par Temps Imemorial/ et Jusques qu il peult avoir deux Mois seulement ou entour que ledit / deffenseur s est Marie et n a paie lesdits droicts combien qu ils sont deubs a ladite dame / Tant par Transaction faicte avec les habitants dudit lieu que jouissan par elle / faicte Immemorialle, et Par deffaut de l avoir faict lors desdites Nopces / qu il sont condempne en L amande de soixante sols tournois et es despans de l instance / et Suivant l assignation donnée les Parties se seroint respectivement / Comparues ou procureur pour Elles, et ledit deffenseur a son procureur auroint conclud / et propozé Comme dessus En Leurs deffenses comparant par maître blardin berny (3) / Son procureur acisté dudit Estienne Mignot pere audit deffandeurA dict qu il / Ne veult desnier que lesdits droictz Ne soict deubs A Madite Dame Lors que / les habitans dudit Lieu se Marient audit beaulmont Mais que ledit / deffendeur s estant Marie a une fille de la ville de clermont a receu le sainct / Sacrement de Mariage en ladite ville qu il Ne doibt lesdits droicts. Toutesfois / qu il s en Remect au Contract faict Entre ladite dame & habitans, & / A droict, Ledit procureur par replicque auroict dict que lesdits droicts son deubs / a ladite dame et bien que ledit deffenseur aye receu le sainct sacrement en ladite ville de clermont / Sca este par permission de son Curé, Mais qu ils sont appres l avoir receu venues / Consommer le Mariage audit lieu de beaulmont faire le festin & seremonies / en tel cas acoustumees& perciste a la condempnation par luy requise, Et pour / Monstrer que lesdits droicts sont legitimement deubs a Justiffie du Contract / de Transaction lequel ayant este leu, et Leu par ledit berny procureur / dudit deffenseur et icelluy, aciste dudit estienne Mignot pere dudit deffensseur, ont / offert paier lesdits droicts en leur donnant temps. Sur quoy Les / Parties ont par Lecture faicte dudit contract et effect faict par ledit / deffendeur, Nous de son consantement, Avons ledit deffendeur / Condempne A paier a ladite dame dans dix jours prochains Lesdits / pain, jambe de pourceau freche pot ou poutaige demandes / et en sus aux despans. Sy Nous mandons au sergent ordinaire de / ladite chastellenye ou autre sergent royal (4) sur ce requis de se Presenter Mectre et / Estre deue sellon leur forme et teneur de ce fere leur donnoint pouvoir / Donné audit beaulmont soubs le scel de la Chastellenie Le neufviesme du mois de Mars mil six cens quatre. Collationnement facte par moy

               Bournet chastellain             Borye commis greffier (5)

 

 

                           noce

 

2-Le droit de noce à Beaumont

 

Tout comme les autres droits seigneuriaux en vigueur à Beaumont (6), le droit de noce fut âprement contesté par les habitants. Il leur apparaissait en effet comme une survivance de l'ancien pouvoir féodal, et ils devaient donc moins bien le tolérer.

 

Dans une seigneurie laïque, ce droit consistait pour le seigneur à participer à la noce lors du mariage de ses sujets. On sait que cette obligation pour les sujet d'inviter leur seigneur a été longtemps l'objet de railleries et l'on a parlé un peu abusivement d'un « droit de cuissage ». Il semble qu'il ait eu pour but principal de permettre au seigneur de contrôler les alliances qui s’établissaient au sein de ses sujets, notamment lorsque l’origine de l’un des époux était extérieure à la localité.

 

A Beaumont, seigneurie ecclésiastique, la règle monastique s’opposait évidemment à ce que l’abbesse fut présente aux festivités. Dans ce cas, il incombait aux mariés d’apporter à l’abbesse une part du repas nuptial (7).

 

Les nouveaux mariés devaient donc se rendre eux-mêmes au parloir de l'abbaye où ils lui remettaient quelques reliefs du repas nuptial. La nature des aliments était apparemment codifiée, si l'on en juge par la sentence de 1604 (à noter qu'on était à l'époque de la poule au pot du bon roi Henri...) : un pain de noce, une jambe de pourceau fraîche et une écuelle de potage.

 

Comme nous l'avons évoqué plus haut, à Beaumont, au fil des siècles, les élus, puis les consuls, intentèrent de nombreux procès à l'abbaye pour contester les droits seigneuriaux. Ainsi, en 1490, les élus et les habitants contestèrent à l’abbesse Marie de la Forest le droit de proclamer le jour du commencement des vendanges, ou ban des vendanges: ils prétendaient que ce droit leur revenait de toute ancienneté, alors que l’abbesse affirmait qu’il lui appartenait en tant que seigneur justicier du lieu, au même titre que les autres droits dont elle jouissait: droit de fournage, régissant l’utilisation du four banal, droit de chevrotage, droit de courtage, droit de pacage, corvées et...ce fameux droit de noce.

 

Les élus et les habitants firent appel, et la sénéchaussée donna finalement raison à l’abbaye, en confirmant ses droits et privilèges par une sentence datée du 4 Avril 1495.

 

Cette sentence rappelait dans ses attendus que “ les religieuses sont dames en toute justice haulte, moyenne, et basse du dit lieu de beaumont, et est la dite abbaye de beaumont une belle ancienne et notable abbaye de fondation royale, en laquelle y a costidiennement grand nombre de notables Religieuses faisans et continuans nuyt et jour divin service, pour la sustentation desquelles et support des charges de la dite abbaye il y a bien petite fondation et encore tendent les dits habitans appellans, qui sont leurs subjects, par force de contradiction formelle et voyes indirectes, mectre du tout a mendicité les dictes poures Religieuses et leur faire perdre les droitz de leur dite abbaye dont elles ont accoutume journellement avoir et tirer leur poure vie ”. Un peu plus loin, le même document exprime la crainte de voir les religieuses “ destituées de tous leurs droitz et en voye de mendicité et de mourir de faim ”!...

 

Cette sentence s’appuyait essentiellement sur une enquête diligentée par la sénéchaussée, qui dépêcha des commissaires à Beaumont, au cours du mois de Mars 1494, pour y recueillir les déclarations d’une dizaine d’habitants jugés suffisamment sages, “ aigés et de bonne mémoire ” afin d’établir l’ancienneté de ces privilèges et de confirmer qui devait en bénéficier.

 

L’un de ces témoins avait alors 80 ans, ce qui devait probablement constituer une exception à cette époque où l'on atteignait difficilement la quarantaine, pourvu que l'on ait échappé à la mortalité infantile et aux épidémies: la peste, que l'on trouve bien présente notamment autour de 1500 et qui apparaît de manière récurrente dans les archives, décimait les populations. Dans leurs dépositions, faites sous serment, ces témoins évoquent leurs propres souvenirs, qui remontaient parfois au début du XV e siècle: ces dépositions ne sont pas seulement émouvantes, à lire les témoignages de ces vieux beaumontois nés à l'époque des chevauchées de Jeanne d'Arc ! elles sont aussi très instructives, car elles passent en revue, dans le moindre détail, les différents droits seigneuriaux alors en vigueur à Beaumont et évoque notamment ce droit de noce (8).

 

Les témoins confirmèrent tous cette vieille obligation à l'égard de leur abbesse qui était très pointilleuse à cet égard et qui spécifiait que les mariés devaient une jambe de pourceau fraîche, un pain tel qu’on le faisait pour les noces, et une pleine écuelle de potage. Autrefois, déclare un témoins, il fallait même ajouter une “ espaule de moston pourrie  ”! (il voulait probablement dire fumée)... En échange, l’abbesse remettait à l’époux quelques menues monnaies, sans que ce fut pour elle une obligation.

 

Georges Faure, âgé de 55 ans, déclare d’ailleurs que lorsqu’il est allé lui-même acquitter sa redevance, il a bien vu chez l’abbesse vingt à vingt-cinq jambes de pourceaux qui “ estoient sallées et qui estoient provenues des dicts mariages ”!...

 

Hugues Bosse, le notaire du lieu, précise quant à lui qu’il a vu autrefois “ que quant aucuns pauvres gens ne tiennent point de pourceaulx venoient à composer avec la dicte dame abesse a une espaule de moston ou austres chouses qu’ils prenoient ”.

 

Anthoine Delupses, âgé de 40 ans environ, s’est marié deux fois. Lors de ses premières noces, son père Pierre tenait une hostellerie. Lorsqu’il se présenta à l’abbesse, elle lui remit en échange des victuailles un bonnet pour sa femme. Elle eut cette délicate attention pour lui, car Pierre Delupses logeait les frères de Madame lorsqu’ils lui rendait visite à Beaumont. Néanmoins, comme le souligne complaisamment Pierre Delupses à l’enquêteur, elle ne lui donna rien lors de son deuxième mariage.

 

Ce droit était immanquablement appliqué, puisque certains beaumontois, qui se remarièrent jusqu’à trois fois, durent s’en acquitter.

 

Ainsi, Pierre Bresche, âgé de 40 ans, et qui en était à son troisième mariage, accomplit scrupuleusement son devoir envers l’abbesse: il eut plus de chance que Delupses, puisqu’il fut gratifié chaque fois en retour de “ deux ou trois blancs ” (9)...

 

On peut s’étonner de l’excellente mémoire de ces témoins du passé: Gounins Vaures (10), âgé de 80 ans, se souvient parfaitement qu’à son premier mariage, Agnès de Montmorin, alors abbesse, lui donna deux blancs (Vaurès est donc né vers 1414).

 

Jehan Juzilh, âgé de 55 ans, se maria deux fois et se souvient qu’Yzabeau de la Forest, qui succéda à Agnès de Montmorin, lui donna 2 sous et 6 deniers la première fois et 2 sous la deuxième.

 

Apparemment, l’abbesse tenait tout particulièrement à ce que ses prérogatives fussent respectées, comme le prouve le procès présenté ici, qu’elle intenta contre Jehan Mignot, fils d’Etienne. La sentence du châtelain de Beaumont le condamna le 9 mars 1604 à apporter dans les dix jours à l’abbesse sa part du repas de noce. Comme on a pu le lire, Jehan Mignot s’était marié deux mois plus tôt et avait omis de présenter à l’abbesse “ la jambe de pourceau freche, ung petit pot d’ung denier ou une pleine ecscuelle de poutaige tele qu’on le faict esdictes nopces, que le dict deffendeur luy doict a cause de sa dignitté abbatialle, duquel droict elle a tousiours jouy et ses predecesseresses sans aulcun contredict par temps imémorial ”!...

 

Etienne Mignot le père expliquera bien que son fils s’était marié à une fille de Clermont, où le mariage avait été célébré, et qu’il ne devait donc rien à l’abbesse. Mais l’abbesse lui répliqua, par l’intermédiaire de son châtelain, que les jeunes époux étaient venus notoirement consommer leur union à Beaumont, où on les vit “ faire le festin et seremonies en tel cas acoustumées ”.

 

En fouillant un peu plus dans les fonds d 'archives, on parviendrait peut-être à établir si ce droit est resté en vigueur jusqu'à la fin de l'ancien régime, ou au contraire s'il était entre-temps tombé en désuétude.

 

 

3-Quelques cas atypiques à Beaumont

 

Un examen attentif des registres paroissiaux où les curés enregistraient les baptêmes, mariages et décès révèlent parfois des cas pour le moins pittoresques. Je ne peux résister à l'envie d'en présenter quelques uns ici.

 

 

Un marié (très) âgé:

 

mariagediffdage30a-s-copie-2.PNG

 

On a vu qu'au moyen âge, certains beaumontois étaient dotés d'une prodigieuse longévité. Cette qualité, rare pour l' époque, allait de paire avec une vigueur au dessus du commun et il ne faut donc pas s'étonner de les voir mariés jusqu'à trois fois au cours de leur longue vie.

 

D'autres se mariaient tardivement comme Jean Villevaud d'Aubière qui convola à 60 ans avec Anne Brechette de Beaumont, veuve de 30 ans :

 

« Apres avoir publié les bans de mariage Entre Jean Villevauld Laboureur habitant et parroissien d Aubiere aage de 60 ans et Anne Breschete veufve aagée de 30 ans de cette paroisse Les trois dimanches 20 & 27e Janvier et le 3e febvrier sans opposition ny declaration d aulcun empeschement & Lesdits bans aussi publies audit Aubiere sans aulcun empeschement comme apert par Le certificat du Sieur Curé d Aubiere date du 3e febvrier de 1675 Lesdites partyes ont contracté Leurdit mariage par parolles de présent par devant moy Curé Soubssigné et de Gaspard Langhat Rene Babaud & Antoine la Veyrie habitants de ce lieu qui ont signé et de Jacques Breschete pere de ladite anne d antoine Breschete et de plusieurs autre personnes qui n ont seu signe enquis ny aussi lesdites parties. Fait ce 4e febvrier 1675

Signe langhat babaud laveyrie M Gaignere »

 

Le fruit d'un mariage non consommé :

 

 refus.PNG

 

On découvre ici le problème probablement douloureux d'un couple, rapporté par un curé avec une certaine complaisance dans l'acte de baptême d'un enfant dont le père dénie la paternité :

 

« Aujourd huy Vingt troisiesme octobre 1659 a esté baptisé un (fils=mot rayé) garson filz de michelle bosseghay Laquelle a espousé Un Jean barrayre fils a François, Lequel Jean barrayre m a declaré en presence de Notaire & teymoingtz N avoir Jamais heu Copulation Charnelle avec ladite bosseghay sa femme pour raison de la resistance force et Violence qu elle luy en a tousiours faicte, & a desadvoué ledit enfent pour Son filz legitime duquel enfent par Consequent le pere est Incogneu. Son parrin a esté estienne bosseghay pere de ladite michelle, Sa marrine Francoise blaveix femme a andré barrayre L ayné Ledit enfent Nasquist le Vingtuniesme desdits mois & an » (11).

À noter que cet acte faisait du nouveau né un « bâtard » et l'excluait de toute sucession du mari de sa mère. Pour mémoire, ces affaires « sentimentales » au sein du couple se sont probablement arrangées par la suite, puisque le 25 mars 1663, naît un Pierre Barrayre, fils de Jean, et cette fois reconnu...

"Auiourd huy Vingtcinquiesme mars M VIc Soixante trois a esté baptisé Pierre barrayre fils a Jean le jeune dict bauseix (!...), & de Michelle bosseghay f(ille) a claude, Son parrin a esté Pierre Lucquet fils a feuEstienne, Sa marrine anne bony femme a george bosseghay Jalaud."

 

Le même curé doit baptiser la fille d'un confrère !...(un demi-chanoine qui ne fait pas les choses à moitié):

 

Fille-d-un-demi-chanoine--copie-1.PNG      

 

«Aujourd huy Neufviesme febvrier 1660 a esté baptisée une fille bastarde de qui la mere a este Jeanne beaufrere du pont du chasteau et son pere a esté Mre Jean Lafarge prebtre Et demy Chanoine d'aynezat suivant la declaration Que nous a faict Ladite beaufrere ladite fille baptisée a la maison pour le danger qu il y avoit de sa vie laquelle par consequent N eust ni parrin ni marrine et N a Jamais esté presentee a Lesglise dans le lieu de beaumont et fust transportée ailleurs pour la mettre en nourrice » (12).

 

4-Notes

 

(1) : Jean Bournet, Châtelain de Beaumont : les juges châtelain étaient chargés des affaires de justice du ressort de l'abbaye. Ils habitèrent à partir du XVIe siècle dans la demeure du Petit Allagnat que j'ai décrite par ailleurs.

 

(2) : Anna Le Groing, abbesse de 1600 à 1640. Sa nièce, Appoline Le Groing de la Poivière, lui succèda jusqu'à son décès survenu à 79 ans, le 10 Juin 1685. La pierre tombale d'Appoline est visible dans l'église Saint-Pierre de Beaumont.

 

(3) : Maître Blardin Berny : non identifié.

 

(4) : Le sergent Royal : il s'agissait peut-être d'Anthoine Dompme ou son père Jehan ?

 

(5) : Borye : Non identifié.

 

(6) : Tels que le ban des vendanges, le fournage, le courtage, le chevrotage, le droit de tenir du bétail dans les communaux, les manoeuvres, le droit de pacage dans les prés de l’abbaye (cf. Beaumont au XVIe siècle" par Jacques Pageix).

 

(7) : Le droit de noce n’était pas partout acquitté de la même manière. Dans certaines localités, il était converti en une redevance.

Sur le droit de noce, voir notamment dans Rev. d’Auv. mai 1909 “ Cournon et ses chartes de franchises ” par Marcellin Boudet , III, p. 167 : À Cournon, lorsqu’il se mariaient en conservant leur résidence dans la franchise, les époux devaient 2 sous tournois. M. Boudet précise qu’en d’autres communes de la province, cette coutume se manifestait par le privilège du seigneur ou son représentant de participer au repas des noces, ou par l’envoi obligatoire au château d’une part du festin nuptial. Dans certains villages, ce droit de participation se transforma en une redevance pécuniaire si petite qu’elle n’avait plus qu’un caractère honorifique. Elle n’en restait pas moins impopulaire. En certains lieux, il ne resta plus que l’hommage familial de l’invitation. En 1422, à Cournon, il y eut une grève du droit de noce!  Le conflit aboutit au paiement d’une somme forfaitaire qui racheta les habitants une fois pour toutes contre paiement de 70 livres. Dans les attendus, les habitants prétendaient que l’acquittement du droit de noce avait toujours constitué un don gracieux de leurs parts, et non une redevance obligatoire.

Voir également Revue d’Auvergne mars-avril 1907, du même auteur “ Paulhac et Civeyrat, chartes inédites de leurs coutumes ”, p.104 : À Paulhac, les mariés devaient envoyer au château la part du seigneur. Presque partout où il existait encore, on finit par transformer cette redevance en nature en une redevance fixe en argent. À Biozat par exemple, elle s’élevait à 7 sous et 6 deniers.

Voir enfin “ Histoire d’un village de Limagne, Gerzat ” par Elie Jaloustre, M.A.C. 1885, P. 185 : À Gerzat, le seigneur ou ses représentants pouvaient s’asseoir à la table des mariés et partager leur repas.

 

(8) : Fonds de l’abbaye de Beaumont, registre d’enquête, 50H37

 

(9) : Menue monnaie d'argent, valant de 10 à 12 deniers tournois.

 

(10) : Ou Gonyn, ou Guonuyn, selon l’orthographe.

 

(11) : notes de la rédaction de "À moi Auvergne" du CGHAV: Cet acte faisait du nouveau-né un "bâtard" et l'excluait ainsi de toute succession du mari de sa mère. Ces affaires sentimentales ont dû s'arranger par la suite, puisque le 25 mars 1663, naît un Pierre Barrayre, fils de Jean et cette fois reconnu. Ces actes se trouvent aux AD 63, 6E32/4, paroisse de ND de la Rivière.

 

(12) : Un "demi-chanoine" était un chanoine ne recevant qu'une demi-prébende. Le chapitre d'Ennezat fondé en 1060 comportait 12 chanoines. Ce nombre fut probablement trouvé insuffisant et l'on divisa les prébendes.

Jacques Pageix 2012

 



Partager cet article
Repost0
15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 14:49

Un rôle du vingtième pour

 

l' année 1769.

 

 

Gouttières, canton de Saint-Gervais

 

d'Auvergne, Puy de Dôme.

 

ooo

 

 

 

Jacques Pageix 2012

 

​​​​​​​Gouttières, l'église et la maison du Notaire, Me Michel Botte.

​​​​​​​Gouttières, l'église et la maison du Notaire, Me Michel Botte.

Un rôle du vingtième pour l' année 1769.

 

1-Remarques préliminaires :

 

Dans les numéros 79, 80 et 81 de la revue « A moi Auvergne ! », Jean-Noël Mayet présentait un inventaire des rôles de la taille royale, levée dans des collectes de l’Allier du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire et du Cantal, que l’on peut consulter aux archives départementales dans les séries B (cours et juridictions ) et C (Fonds de l’Intendance).

Parmi les archives provenant de la branche des Cromarias du Fraisse, qui s’est « éteinte » avec ma grand-mère du côté paternel, se trouvait un rôle du vingtième perçu en 1769 sur les habitants de Gouttières, paroisse proche de Saint-Gervais d’Auvergne, élection de Gannat.

Des documents de cet ordre, comme le soulignait justement l’auteur, permettent dans certains cas d’avancer dans les recherches généalogiques et fournissent de précieux renseignements sociaux-économiques et démographiques.

C’est pourquoi je ne crois pas inutile de présenter ce document. On peut d’ailleurs souhaiter que cette revue soit le lieu privilégié où les adhérents publient leurs propres archives familiales lorsqu'elles leur paraissent dignes d’intérêt. Une telle démarche, accomplie d’une manière plus systématique, aurait le mérite de tirer de l’ombre des documents voués à terme à une destruction certaine ou tout au moins à l’oubli…

Première page du rôle du vingtième pour l'année 1769. Coll pers.

Première page du rôle du vingtième pour l'année 1769. Coll pers.

 

2-Le Vingtième : historique et définition :

 

Institué en 1751, il s’ajouta aux autres impôts qui ne disparaîtront qu'à la Révolution : la taille royale, créée en 1439 pour financer la guerre de Cent Ans, et la Capitation, créée plus tard, en 1695, pour soutenir les guerres de la Ligue d'Augsbourg et de la Succession d’Espagne. Le Vingtième, ce nouvel impôt, servit finalement, lui aussi, à financer d'autres guerres : celles du XVIIIe siècle.

Faisons un petit retour en arrière : en 1710, les grandes difficultés financières liées à la guerre de Succession d’Espagne obligea le roi à créer un nouvel impôt : le dixième. Le Tiers-Etat dut verser dix pour cent du revenus de ses biens et activités. Le Clergé quant à lui racheta sa contribution en versant un don gratuit, les nobles parvinrent à y échapper.

La paix revenue en 1715 marqua sa suppression pour une courte période, puisqu’il fut rétabli de 1733 à 1737 pour financer la guerre de Succession de Pologne.

De 1741 à 1749, il réapparu pour faire face aux dépenses de la guerre de Succession d’Autriche.

Ensuite, en 1750, en pleine paix (donc avec un caractère définitif), fut créé l'impôt du vingtième ; il se substitua au dixième. C’était un impôt direct voulu par le contrôleur général des finances Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville ; il désirait établir un impôt touchant l'ensemble de la population (tiers-état et nobles). Son montant correspondait à 5% (1/20) des revenus. Le vingtième devait servir à rembourser la dette colossale de l'État. Un premier édit ordonna un emprunt pour l’acquittement des dettes de guerre de 1 800 000 livres de rente à 5 pour 100. Un deuxième édit établit l’impôt du vingtième. Les privilégiés protestèrent contre le procédé mais seul le clergé catholique obtint l'exemption.

En 1756, un second vingtième vit le jour pour financer la guerre de Sept Ans.

Enfin, en 1760, un troisième vingtième fut ajouté puis supprimé en 1763. Il sera rétabli de 1782 à 1785 pour financer la participation française à la guerre d'indépendance américaine.

Le mode de recouvrement du Vingtième était identique à celui des autres impôts : dans les pays d’élection (comme dans le cas présent), l’Intendant de la généralité répartissait la taille entre les paroisses. Au sein de chaque paroisse, un collecteur désigné par le corps commun répartissait à son tour l’impôt sur les foyers fiscaux (les feux).

Le présent rôle, daté de 1769 et signé de la main de Mr de Pont (il signait Deponts), concerne donc les deux vingtièmes prélevés sur la paroisse ou collecte de Gouttières.

(*) : il s’agit ici de celui de la Généralité de Moulins , Monsieur de Pont, Maître des Requêtes, Conseiller honoraire au Parlement de Paris, qui succéda à M. Jacques de Flesselle en 1765, jusqu’en 1777 où il passa à l’Intendance de Rouen puis à celle de Metz en 1778.

 

3-Le rôle

 

L’en-tête et le préambule du registre précise le fondement et le champ d’application de l’impôt :

 

« PREMIER VINGTIEME

Deux sols pour livre du Dixième d'icelui

et SECOND VINGTIEME des revenus des biens-fonds.

Année 1769 GENERALITE DE MOULINS

ELECTION DE GANNAT

PAROISSE DE Gouttière

 

ROLLE fait par NOUS INTENDANT de Justice, Police & Finances en la généralité de Moulins, des sommes qui doivent être levées en exécution de l'Edit du Roy du mois de May 1749, de l'Ordonnance du 5 Juillet suivant, & de la Déclaration du Roy du 7 Juillet 1756, sur tous les Biens-Fonds, Maisons, Seigneuries, Fiefs, Cens, Fermes, Domaines, Terres, Prez, Bois, Vignes, Marais, Pâcages, Usages, Etangs, Rivières, Moulins, Forges, Fourneaux & autres Usines, Cens, Redevances, Dixmes, Champarts, Droits seigneuriaux, Péages, Passages, Droits de Ponts, Bacs & Rivières, & de tous autres droits & Biens situez & possédez dans la Paroisse de Gouttiere Election de Gannat par les nobles, Ecclésiastiques, Officiers, Exempts & Privilégiéz, Bourgeois & Habitans Taillables & non Taillables, pour les premier & second Vingtièmes du Revenu desdits Biens, pour l'Année 1769, & pour les deux sols pour livre du Dixième du premier Vingtième, conformément à l'édit du mois de Décembre 1746, & à la Déclaration du Roy du 7 Juillet 1756, ainsi qu'il ensuit.

 

PREMIEREMENT.

 

CHAPITRE des Nobles & Privilégiés qui payeront directement au Receveur des Tailles.

ARTICLE PREMIER.

"Le Sieur Curé de Ladite Paroisse, pour les Revenus dépendans de sa cure, ne sera ici employé que pour ......Mémoire"

 

Le registre comporte trois colonnes :

Colonne 1: « Premier et second Vingtièmes en Total dont la moitié pour le premier 20 e. payable à la Caisse des Amortissemens, & l'autre moitié au Trésor Royal pour le second Vingtième ».

Colonne 2: « Deux Sols pour livre du premier, payable à la Caisse des Amortissemens »

Colonne 3: « Totaux ».

 

On s’est limité à indiquer ici pour chaque feu le total du montant, étant noté que pour chacun d’eux, le collecteur indique en marge les montants effectivement versés ; ils le sont d’ailleurs de manière assez irrégulière.

 

 

1--La veuve de Michel Chardonnet.....................................16,1

2--Annet Chabassière....................................................14,17

3--Gervais Bussière...........................................................1,13

4--Les enfants héritiers de jean Thomas................................3, 6

5--Pierre Chaffray............................................................1,13

6--Jean Guyot employé dans la gabelle..................................6,12

7--Gilbert Pouget...............................................................3,6

8--AntoineDupré................................................................0,1

9--Pierre Sagoueix............................................................1,11

10-Pierre Garde et Gilbert Goulaudon.................................1,2

11-Le Sr Etienne Viallette (famille de notaires).......................11

12-Etienne Cartier..........................................................1,13

13-Etienne Desfarges.......................................................5,10

14-Jacques Roche............................................................1,2

15-Pierre Foussat............................................................4,19

16-Pierre Daniel...............................................................4,8

17-Jean Beaufort.............................................................3,6

18-Sébastien Meylot........................................................4,8

19-Gervais Rousset........................................................1,13

20-Michel Fougère..........................................................1,2

21-Pierre Daniel de Nanot...............................................2,4

22-Marien Nohen.............................................................2,15

23-François Dumas.........................................................4,8

24-Pierre Dumas............................................................4,8

25-Le Sr Gervais Morange...............................................13,4

26-La veuve et enfants de Michel Reberat (Reberolle) ............7,14

27-Pierre Dutron..............................................................4,8

28-Annet Bourdeaux........................................................8,16

29-Gervais Chaffray..........................................................4,8

30-Annet Rougier.............................................................1,13

31-Gervais Rougier..........................................................1,13

32-François Rougier..........................................................11

33-Barthélémy Basset et les enfants de François Gory.............2,15

34-Magdeleine Gidel.......................................................3,6

35-Gilbert Chomard.........................................................4,8

36-La veuve et les enfants de Barthélémy Deroffaix..............3,6

37-François Grand, Maréchal............................................7,3

38-Annet Champomier....................................................1,13

39-Les enfants de Charles Alyon......................................1,13

40-Jean Jaladon dit Geraut..............................................11

41-Marie Chaffray.........................................................1,11

42-Antoine Jay............................................................ 1,11

43-Antoine Barthomivat................................................1,13

44-Jean Deneuville............................................................11

45-La Demoiselle Charlotte Levert...................................13,4

46-François Guyot............................................................7,14

47-Gaspard et Michel Grand............................................8,16

48-Blaise Charvillat..........................................................13,4

49-Antoine Giraud.........................................................8,16

50-Gilbert Boudaux (ou Boudaut, ou Boudol)…......................4,8

51-Pierre Prévost............................................................8,16

52-Gervais Raynaud.........................................................1,11

53-Amable Raynaud.........................................................1,11

54-Gilbert Mathieu.............................................................1,2

55-Les mineurs de Jean Cléret.............................................1,2

56-Annet Jame.................................................................3,6

57-Jean Thomas................................................................1,2

58-Georges Goursonnet..................................................1,13

59-Gaspard Chaffraix et Jeanne Goursonnet........................6,12

60-Antoine Jarsaguet........................................................1,2

61-Les enfants héritiers de Pierre Cléret............................1,13

62-Michel Cléret...........................................................1,13

63-Marien Save.............................................................1,13

64-Antoine et Pierre Mazuel.............................................3,6

65-Blaise Boyer.................................................................1,2

66-Les mineurs de Pierre Emelin.........................................2,15

67-Charles Tixier............................................................1,11

68-Jean Tixier.................................................................4,8

69-Marien Pannetier.........................................................1,13

70-Gilbert Pannetier.........................................................1,13

71-Jean Raynaud..........................................................1,13

72-Gilbert Fontangier....................................................0,11

73-La veuve et les enfants d'Antoine Rousselet.......................3,6

74-Michel Botte (famille de notaires).................................17,12

75-Bonnet Amy et Jean Rougier..........................................8,5

76-La veuve et les enfants de de François Foncelle................8,16

77-Marien Des Mathieux..................................................1,2

78-Pierre Goursonnet d'Ayat...............................................1,2

79-Pierre et Blaise Richard..................................................1,2

80-Les mineurs Lesbeaupin................................................1,2

81-Les mineurs de Gabriel Pouget.......................................3,6

82-Jean Pouget..............................................................0,11

83-Pierre Ducros.............................................................1,2

84-Michel Gorry..............................................................5,10

85-Antoine Thevenet.......................................................1,2

86-Les mineurs d'Antoine Delaguet.....................................1,11

87-Jean Guyot.….............................................................1,13

88-Antoine Goursonnet......................................................1,2

89-Gilbert et Michel Dumas.................................................1,2

 90-Bravy Boudot...............................................................1,2 

91-Jean Favier...............................................................1,13

92-Les habitants pour les communaux (**)..............................19,5

4-Commentaires

 

(**) : Ce montant était réparti entre les feux « utilisateurs » des communaux.

Total : 91 feux redevables, soit environ 450 habitants.

La collecte rapportait une somme totale de 366 livres 19 sols.

Histogramme des prélèvements:

Figuration des prélèvements.

Figuration des prélèvements.

 

Sur les 91 feux, 45 payent entre 0 et 2 livres ;

14 entre 2 et 4 £ ;

12 entre 4 et 6 £;

5 entre 6 et 8 £ ;

6 entre 8 et 10 £ ;

3 entre 10 et 12 £ ;

3 entre 12 et 14 £ ;

1 entre 14 et 16 £

et 2 entre 16 et 18 £.

Pour la grande majorité des habitants, le montant est donc inférieur à 6 livres.

La dernière feuille est un véritable mode d’emploi pour collecter l’impôt : elle fixe notamment la rétribution des « Préposés » (4 deniers par livre) et rappelle les contraintes auxquelles il s’exposait en cas de retard ou de défaut de paiement au Receveur des Tailles :

« ….(haut de page manquant) ... pourra le Receveur faire les diligences par la voie de contrainte & de saisie dont les frais demeureront à la charges des dits Redevables en retard de payer, & ce par préférence à tous Créanciers, Douaires & autres dettes privilégiés ou hipothéquaires, de quelque nature qu'elles soient, même aux autres deniers de sa Majesté : sera ledit Préposé tenu de faire le Recouvrement de ladite partie des Taillables à la remise de quatre deniers pour livre, & au surplus d'en payer le montant ès mains du sieur Receveur des Tailles en exercice l'année 1769 à peine d'y être contraint en son propre & privé nom, comme pour les propres deniers & affaires de sa Majesté : & dans le cas où les impositions des Contribuables dénommez au présent Rolle, exèderoient les Cottes qu'ils supportoient en 1763, ne pourront les dits Receveur des Tailles & Préposé, en poursuivre l'exécution que jusqu'à concurrence de la Taxe de ladite année 1763, de l'exèdent de laquelle les Propriétaires obtiendront décharge sur leurs premières représentations. Et sera le présent Rolle remis à la diligence dudit sieur Receveur audit Préposé, lequel sera tenu de le faire publier à la porte de l'Eglise de ladite paroisse, après la Messe du Dimanche ou Fête qui suivra ladite réception, à ce que personne n'en puisse prétendre cause d'ignorance & ait à s'y conformer ; de laquelle publication il fournira audit sieur Receveur un Certificat signé de lui ou de quelques notables ou principaux Habitans. FAIT & arrêté par NOUS INTENDANT susdit, ce vingt novembre mil sept cent soixante huit./.

Depont »

 

 

5-Remarques pour conclure :

 

Comme me l’indiquait Jean-Noël Mayet qui a bien voulu vérifier l’orthographe des noms portés dans ce rôle, on ne retrouve aujourd’hui aucune série complète de documents de ce type ; en particulier, les rôles de l’arrondissement de Riom qui existaient au début du XIXème siècle ont été malencontreusement détruits et les Archives départementales du Puy-de-Dôme n’ont pu récupérer que quelques liasses…Ceci confère donc une certaine valeur à ce vieux registre, que le préposé à la collecte cette année-là aura conservé?

Je me suis également interrogé sur l’absence dans ce rôle de représentant de la famille Cromarias, pourtant établie depuis longtemps au Fraisse (paroisse de Gouttières).

 

ooo

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 23:09
Antoine Eugène Cromarias
Ingénieur de l'école des Mines de Paris
1857-1932

 

 eugenecromarias18ans.jpg

 

Eugène Cromarias à 18 ans.

 

--o--

 

Essai de  Biographie

 

Par son arrière petit-neveu Jacques Pageix 2012... 

 

 

Avant-propos

 

Eugène (mon arrière grand oncle), était l'oncle de ma grand mère Jeanne Eugénie Cromarias, épouse de Pierre Pageix (mon grand père).

On consultera in fine la généalogie simplifiée qui le situe au sein de notre famille (annexe 23).

N'ayant pas connu "l'oncle Eugène", comme l'appelait ma grand mère, j'ai donc entrepris sa biographie en me contentant des quelques documents et des rares photos de famille que j'ai pu identifier.

Malheureusement, j'ai négligé autrefois de solliciter la mémoire de mes parents et grands-parents, afin d'enregistrer leurs souvenirs alors qu'ils étaient toujours vivants ; pour l'essentiel, cette biographie ne pourra donc reposer que sur mes recherches entreprises longtemps après la disparition des derniers témoins de ce passé.

Du coup, elle manquera probablement de ce souffle si particulier qui anime l'évocation de souvenirs recueillis auprès des vivants. 

D'autre part, on pourra regretter le peu d'homogénéité des chapitres qui résulte de cette lacune, le lecteur passant allègrement de tranches de vie détaillées à d'autres, trop étriquées, voire même éludées.

Et je laisse de côté la frustration que le lecteur partagera peut-être avec le l'auteur, face aux nombreuses zones d'ombre qu'il n'aura pu éclairer... 

 

Ses origines

 

Sa région:

 

Antoine Eugène Cromarias est originaire de Gouttières, village du canton de Saint-Gervais  d'Auvergne, en Combraille.

Il appartient à une très ancienne famille, celle de ma grand mère, implantée depuis le moyen âge dans cette région.

La Combraille est un pays d'élevage très vallonné, profondément entaillé d'Est en Ouest par les gorges de la Sioule, que le chemin de fer franchit depuis 1905 grâce au viaduc des Fades.

Dans son sous-sol, un sillon houiller la traverse en écharpe, de St-Éloi-les-Mines à Herment (1). Notons que dès la fin du XVIIIe siècle, plusieurs ancêtres Cromarias s'associèrent pour obtenir des concessions minières. (voir photo-4)

 

Sa famille:

 

Les Cromarias étaient présents dans cette région de l'Auvergne depuis au moins le XVe siècle. La souche de cette famille tirait son nom du village éponyme de Cromaria, près de Marcillat-en-Combraille. Certains érudits ont traduit ce toponyme par « Creux de Marie ».

Au cours des siècles, de nombreux rameaux se fixèrent ensuite ici ou là aux confins de l'Auvergne et du Bourbonnais. Depuis le milieu du XVe siècle, parmi les membres de cette famille, essentiellement agriculteurs, on trouve de nombreux prêtres : l'un d'eux, curé d'Ayat, baptisa le Général des Aix de Veygoux (Desaix). Son neveu, François, l' ami d'enfance du Général, fut « enlevé à ses études de médecine » par la conscription de 1798 et enrôlé dans l'Armée du Rhin. Présent sur de nombreux champs de batailles de l'épopée napoléonienne, au sein du 25e régiment de dragons, il devint chirurgien-major de la Grande Armée et passa sa thèse de médecine à Strasbourg en 1815 ; il la consacra aux fièvres intermittentes dont il avait observé de nombreux cas au cours de la guerre d'Espagne. Sous la Restauration, en 1825, il revint en Espagne avec l'expédition du Duc d'Angoulême qui rétablit le roi Ferdinand VII sur son trône.... Rendu enfin à la vie civile, il s'installa place Dauphine à Paris où il exerça la médecine jusqu'à son décès (voir sa biographie).

Un Cromarias fit carrière dans la magistrature à Riom et fut conseiller général; d'autres se lancèrent dans l'exploitation minière et sollicitèrent des concessions. L'un d'eux enfin se risqua dans l'industrie des pralines, des pâtes de fruits, des confitures et de la bière, ouvrant des succursales jusqu'à Paris, et fournissant la cours d'Angleterre !...(2)

 

Les parents d'Eugène résidaient au domaine du Fraisse, commune de Gouttières ; son père, Jean-Baptiste François Cromarias, né le 14 septembre 1816, était propriétaire de cinq autres domaines agricoles. Sa mère était Françoise Thomas. Le beau-père de Jean-Baptiste, Marien Thomas-Deroffeix, né sous le règne de Louis XVI, figure sur une vieille photographie en costume local, avec son chapeau à larges bords (voir sa photo -2).

1-La naissance et la jeunesse d'Eugène

 

Antoine Eugène Cromarias, qu'on appelait couramment Eugène, naît le 12 septembre 1857 à Gouttières, commune du canton de Saint-Gervais, en Combraille (département du Puy-de-Dôme). (voir acte -1).

 

Son père, Jean-Baptiste, meurt le 14 avril 1859 à Gouttières, âgé seulement de 43 ans. Eugène est donc orphelin avant d’avoir atteint l’âge de 2 ans et n’a donc pas connu son père. Ce dernier avait trois fils: Gilbert, Marien Antoine (dit Antoine) et Antoine Eugène (dit Eugène).

 

Eugène n’a pas connu non plus son frère aîné, Gilbert, né en 1847 et mort à 8 ans en 1855.

 

L'autre frère d’Eugène, Marien Antoine Cromarias, mon arrière-grand-père, naît le 30 août 1849 à Gouttières et meurt lui aussi très jeune, au même âge que son père, 43 ans. Le décès a lieu le 10 janvier 1893 à Aubière, leur résidence d'hiver près de Clermont-Fd (3). Eugène, qui a alors 36 ans, doit donc surmonter un autre deuil familial…

 

Ajoutons encore le décès précoce de son neveu, le petit Eugène, qui disparaît le 3 septembre 1879 alors qu’il n’a pas atteint quatre mois. C’était l’un des trois enfants de mon arrière-grand-père Marien Antoine et de son épouse Marguerite Villevaud; l'enfant était venu entre l’aînée, Françoise Marie Irène, et Jeanne Eugénie, ma grand-mère.

 

Affrontant avec courage tous ces deuils, leurs épouses au caractère manifestement bien trempé leur survivront longtemps; elles assureront vaille que vaille la préservation du patrimoine et l’éducation des enfants.

 

Ainsi, Françoise Thomas, veuve de Jean-Baptiste, survivra longtemps à son époux et à leur propre fils.

 

Ce sera aussi le cas de la veuve de Marien Antoine, Marguerite Villevaud : elle décédera à Aubière le 30 novembre 1944, âgée de 88 ans.

2-Ses études brillantes

 

Certainement marqué par ces événements douloureux, le jeune Eugène Cromarias n’en accomplira pas moins de brillantes études secondaires (dont je n’ai malheureusement pu retrouver la trace) ; elle l'amenèrent au niveau des concours des Grandes Écoles . Très jeune, il manifesta un goût prononcé pour les matières scientifiques et notamment les industries minières. (Photo Eugène vers 18 ans - 3)

 

Est-ce le fait de vivre au sein d’une région, certes essentiellement vouée à l’agriculture et à l’élevage, mais également traversée par d’importants filons miniers, dont l’exploitation est d’ailleurs très ancienne? On peut citer le bassin houiller de Saint-Éloy-les-Mines, celui de Commentry, et le gisement de plomb argentifère de Pontgibaud…

 

De plus, peut-être se souvient-il que Gilbert Cromarias, son grand-père (notre aïeul), s’était associé en 1838 à plusieurs autres membres de sa famille (Jean-François Cromarias, avoué au tribunal de Riom et conseiller général, Blaise et Gilbert Cromarias de Laveix) pour solliciter du Préfet du Puy-de-Dôme une autorisation de concession, afin d’exploiter un gisement de houille dans la région de Gouttières en Combraille, et un peu plus tard une concession d’exploitation de plomb argentifère à Auzat-sur-Allier dans le Lembron…(Photo plan concession -4)

 

Ayant passé avec succès le concours d’admission au cours préparatoire intégré (il s’était classé 8eex- æquo: voir le tableau de ses notes-5), il est reçu à l’ École Nationale des Mines de Paris (cycle de préparation intégré) le 20 août 1877.

 

élèveingdesmines

 

 

Élève Ingénieur de l'École des Mines-Grande tenue.

 

Peu après, la situation d' Eugène au regard du service militaire se simplifie : relevant de la classe de 1877 (numéro d'ordre 977, et numéro de tirage au sort : 53 ), et alors qu'il est « engagé conditionnel d'un an à la mairie de Clermont le 25 octobre 1877 pour le 2e Régiment du Génie », son statut d'étudiant lui permet d'obtenir un sursis d'un an accordé à compter du 18 octobre par « Monsieur le général commandant la subdivision de Riom-Clermont ».

Pour être complet sur l'aspect militaire, précisons qu'il passe dans la disponibilité de l'armée de terre le 8 novembre 1879, noté « Bien », avec le grade de Caporal le 9 novembre 1879 et de Sergent le 16 mai. Il passera dans la réserve de l'armée active le 27 octobre 1882 et accomplira une période d'exercices dans le 4e Régiment du Génie à Grenoble (caserne Dode) du 25 août au 21 septembre 1883, avant son départ évoqué plus loin, le 29 février 1884, pour Aïn Mokra (Région de Constantine).

Avant son départ pour l'Algérie, il demeurait à Paris, 59 rue du Cardinal Lemoine, puis 3 rue des Poitevins.

D'autres périodes d'exercices suivront : une deuxième du 1er au 28 mars 1886, également au 4e Régiment du Génie et une troisième du 27 avril au 11 mai 1889 au 13e Bataillon territorial du génie (également à Grenoble). Enfin, il sera libéré définitivement du service militaire le 25 octobre 1902 (4).

 

grenoble-02.jpg

 

Durant sa scolarité, il loge au 46 rue Gay-Lussac non loin de l’école des Mines qui se situe au 60, Boulevard Saint-Michel, tout près du jardin du Luxembourg (Photo domicile-6). Au cours de plusieurs visites au sein de cet établissement prestigieux, j’ai eu le plaisir d’y retrouver son dossier.

A l’issue de ses trois années de préparation, il est reçu sur concours, le 23 août 1880, comme élève externe. Sur la photo, communiquée par l’école, figure sa promotion ainsi que des professeurs ; les élèves portent l’uniforme avec une casquette ornée de l’emblème de l’Ecole (deux masses entrecroisées). (Photo emblème de l’école-7).

Il y a là plusieurs polytechniciens ayant été admis sur titre à l’école des Mines et de futurs savants comme M. Termier, (caricature photographiée à l'Institut) membre de l’Académie des Sciences, M.M. Nicklès, Pélissot et Luuyt.

La compétition est donc très rude, mais il en sort très honorablement : il est classé 10èmeet le brevet d'Ingénieur des Mines lui est décerné le 6 juin 1883. Au total, ces six années d'études et de stages durent être vraisemblablement assez longues et difficiles pour lui. (Photos Ecole des Mines-8)

3-Ses stages en France et à l’étranger

 

Au cours des trois années de formation au métier d’ingénieur, les élèves accomplissaient plusieurs voyages, qui duraient plus d’un mois, et qui pouvaient les conduire sur des sites industriels aussi bien en France qu’à l’étranger (Allemagne, Pologne, Espagne, etc.). Au retour, ils devaient fournir un compte rendu de voyage qui était noté.

 

Ainsi, Eugène réalise en deuxième année (1881) un voyage dans le Gard et l’Aveyron.

Dans le Gard, il visite près d’Alès les sites houillers de Bessèges (près de La Voulte, Gard) et de Rochebelle, ainsi que l’usine de Tamaris.

En Aveyron, il se rend à la mine de Decazeville (mine à ciel ouvert de "La Découverte" à Lavaysse) et à l’usine à zinc de Viviers (5).

En 1882, en troisième année, son journal s’intitule « journal de voyage dans le centre et le midi de la France », il se rend alors aux houillères de Commentry, non loin de sa Combraille natale, puis il pousse jusqu’à Bessèges, comme l’année précédente, aux forges de l’usine. Il fait ensuite un séjour en Espagne, à Bilbao, aux mines de fer de Somorrostro (6), et à l’usine de Baracaldo. Enfin, à son retour en France, passant à nouveau par son berceau familial, il séjourne aux mines de plomb argentifère de Pontgibaud. (voir photo lingot plomb argentifère - 9)

 

Si l’on en juge par la note excellente obtenue en dictée lors de son entrée à l’école, on peut présumer qu’Eugène maniait la langue française avec une certaine aisance. Ceci est confirmé par la lecture de ses rapports de voyage que j’ai pu consulter à l’École des Mines : le style est limpide et le contenu dénote une solide culture générale.

 

Voici la transcription, comme exemple, du début de la deuxième partie de son rapport consacré à son séjour en Espagne :

(Photo rapport et carte Bilbao-10)

 

« Cette deuxième partie comprend un rapport sur la région ferrifère de Bilbao (Espagne) comme exploitation de mines.

 

« J’ai subdivisé en 6 chapitres comme suit :

 

-1° Situation des mines au point de vue de la vente des minerais.

-2° Géologie de la région.

-3° Concessions diverses.

-4° Transports dont l’importance est très considérable à Bilbao car l’exploitation est très facile et les mines sont en montagne assez éloignées des points d’embarquement.

-5° Installations extérieures comprenant les embarcadères.

-6° Ouvriers et généralité sur l’avenir de la mine.

« La partie métallurgique comprend l’usine de fer de Baracaldo à El Desierto, près des mines de Sommorostro dont elle tire ses matières premières et l’usine à plomb de Pontgibaud.

 

« Mines de fer de Bilbao (Espagne).

 

1-Situation des mines.

« L’exploitation des mines de fer de Bilbao remonte à la plus haute antiquité. Pline parle déjà de ces minerais. Germond de Lavigne (7) dans son itinéraire du Portugal et de l’Espagne s’exprime ainsi : - La mine de Sommorostro est d’une merveilleuse puissance. Elle semble inépuisable, et tout le monde l’exploite au hasard, à sa fantaisie, creusant des puits comme bon lui semble, ouvrant des galeries dans toutes les directions. Ce mode d’exploitation barbare a des inconvénients graves, surtout pour l’avenir de ce magnifique gisement et il en résulte souvent des accidents déplorables.

« Il serait facile de faire ressortir les graves inconvénients de cette exploitation faite au hasard pendant de longues années. On trouve maintenant, dans l’exploitation régulière de ces gîtes, à chaque pas des galeries souvent de petites dimensions qui s’élargissent subitement et donnent lieu à des éboulements parfois très graves. Il est fort heureux que la situation exceptionnelle de ce gîte sur le haut des montagnes n’ait pas permis à l’eau ou au mauvais air de s’entasser dans les vieux travaux d’où il est toujours difficile, quand il y en a, de les chasser.

« Nous verrons plus tard les causes de cette exploitation irrégulière d’une partie du gîte en plein massif ferrifère en parlant des différentes sortes de minerais qui ont été plus ou moins appréciés à certains moments par suites des modifications des traitements métallurgiques.

« Élisée Reclus (8) dans sa géographie universelle consacre aux mines de Bilbao le passage suivant qui en démontre l’importance: "Des montagnes entières sont tellement remplies de lits ferrugineux, que des compagnies minières les achètent en bloc, non dans l'espoir de les exploiter en entier, mais afin de priver de l'excellent minerai  les compagnies rivales. Le champ minier sinon le plus vaste du moins le plus connu et le plus activement exploité de ces contrées est celui de Sommorostro, à l'ouest de la rade de Bilbao. Ce gîte d'une superficie de plus de 20 kilomètres carrés est composé de masses ferrugineuses intercalées dans une couche de sable micacé; elles sont très faciles à fondre et donnent un métal d'une malléabilité exceptionnelle.

"Quand l'exploitation n'est pas arrêtée par la guerre civile, le pays tout entier est d'une couleur de rouille, les champs, les chemins, les maisons et jusqu'à la peau des gens. La poussière du minerai a tout recouvert d'une teinte rougeâtre uniforme, sur laquelle tranche le vert éclatant des maïs et des grands châtaigniers ».

Eugène poursuit en critiquant ce passage qui ne correspond pas, selon lui, à la réalité:

"Tout ceci n'est pas exact et au point de vue de l'achat des mines, il ne saurait se faire par la compagnie car presque tout le bassin est concédé depuis de longues années déjà. Les concessions en Espagne s'obtiennent avec la plus grande facilité et on a qu'à payer une faible redevance annuelle. Aussi les compagnies qui exploitent n'ont-elles à faire qu'avec le concessionnaire qui leur transmet son droit moyennant une somme fixe par tonne...etc"

 

La fin de ce rapport est consacrée aux mines de Pontgibaud :

 

« Pontgibaud.

 

1-Situation : la compagnie de Pontgibaud possède la concession de mines de galène argentifère de la région en même temps que l’usine, que je vais décrire seule en laissant la mine de côté, où l’on traite les minerais de plomb. Cette usine est bâtie sur la rive droite de la Sioule tout près de la ville de Pontgibaud. « Cette usine fut commencée en 1789, abandonnée jusqu’en 1828 époque où elle commença à fonctionner.

« On a utilisé sa situation au bord d’une rivière assez importante pour ne jamais manquer d’eau, pour se procurer la force motrice nécessaire à l’usine au moyen d’un barrage de la rivière.

« La chute d’environ 4 mètres et des roues font marcher la soufflerie, les ventilateurs, etc.

« Cette circonstance était d’autant plus précieuse jadis que l’usine est éloignée de tout centre industriel et ne se procurait la houille et autres matières premières nécessaires qu’à grand frais de transport dans un pays de montagnes et sans chemin de fer.

« Depuis deux ans, le chemin de fer de Clermont à Tulle passe à Pontgibaud et a remédié à cet état de choses.

Ce chemin de fer passe à Bourg-Lastic d’où vient une partie de la houille employée. L’autre partie venait de St Eloi et grâce à un second chemin de fer projeté de St Éloi au col de Vauriat (près de Pontgibaud), il mettra Pontgibaud en communication rapide avec le bassin houiller du bourbonnais dans peu de temps, du moins on l’espère.

« Au point de vue de l’aménagement de l’usine en voici un petit plan qui fera voir rapidement ce dont elle se compose: »

(Photo et plan mine de Pontgibaud et dessins-11)

Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines
Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines

 

Photo de l'usine de Pontgibaud en 1895

(il ne subsiste aujourd'hui que la cheminée).

 

et

 

PLAN DE L'USINE DE PONTGIBAUD

(je l'ai établi à partir d'un dessin d' Eugène Cromarias fait en 1882

(Archives de l'École des Mines de Paris)

 

Légende:

 

-ACMP = Ateliers de Construction et Magasin à Plomb

-ch = cheminée de l'usine

-fdg = fours de grillage minerais broyés

-b = bascule

-tg = tas de grillage

-Hang = hangar au niveau des gueulards où se font les lits de fusion

-charb. = charbon

-fer,sc = ferrailles, scories de forge, etc.

-m. à eau = machine à eau 2 roues

-rés.d'eau alim. par barrage = reservoir d'eau alimenté par barrage

-conc; = concierge

-Admin. = administration

 

Lingot de plomb argentifère provenant des mines de Pontgibaud, offert par Eugène à mon grand père Pierre Pageix-Cromarias (coll. pers.)

 

--o--

 

 

Dans un livre intitulé « Autour des Puys », d'Édouard D-Labesse et H. Pierret (Paris, lib. Ducrocq), qui est la relation de voyage de touristes éclairés dans le Massif Central à la fin du XIXe siècle, on relève ce paragraphe consacré aux mines de Pontgibaud et notamment celles de Parnal où l'on exploite le plomb argentifère : « Les filons de galène argentifère traversent des schistes extrêmement anciens : outre le plomb sulfuré, ils renferment de la cérusite et de la barytine. Munis de l'autorisation de M. Boutmy, directeur des fonderies, nous passons une heure à visiter l'usine, puis nous pénétrons dans les mines où nous avons soin de prendre des échantillons. Les machines d'extraction et celles d'épuisement attirent tour à tour notre attention, ainsi que le système d'aérage d'autant plus énergique qu'il faut chasser une prodigieuse quantité d'acide carbonique qui s'accumule dans les galeries... »

 

En parcourant le dossier scolaire d'Eugène, on note la qualité des dessins, ce qui ne surprend pas car le programme incluait des cours de dessin industriel et de géométrie descriptive. (Photo dessin-12).

On note aussi qu’Eugène avait opté pour l’allemand comme langue étrangère.

(voir les 2 cartes de la Combraille au début du XXème siècle : communications, filons miniers-13)

Les documents qui le concernent m’ont été communiqués par l’Ecole des Mines de Paris où j’ai été accueilli en 2006 par M. Robert Mahl, professeur, et par Mme Marie-Noelle Maisonneuve, responsable du fonds ancien à la Bibliothèque de l’Ecole. Il m’ont précisé que dans le cas des ingénieurs civils qui partaient dans le privé à la sortie de l’Ecole, celle-ci ne disposait d’aucun suivi de leur carrière et l’on ne pouvait retrouver que leur dossier de scolarité. Dans les différents actes d’état civil consultés, il est qualifié d’Ingénieur civil. Effectivement, on ne trouve trace d’Eugène Cromarias que dans les annuaires des anciens élèves conservés par l’Ecole ou il est qualifié de membre fondateur de l’association des anciens élèves. Dans ces conditions, il n'est pas aisé de reconstituer sa carrière d'ingénieur.

Le dossier d'Eugène (matricule 746) est archivé à l'École des Mines de Paris, sous la cote CR 1881 (305) pour ce qui concerne le compte rendu de voyage dans le Gard et l'Aveyron et JV 1882-1883 (690) pour le journal relatant les stages d'observation à Commentry, Bessèges et Bilbao.

 

Après sa sortie de l'École des Mines, et de 1883 à 1885, on le trouve en Algérie, où il exerce ses fonctions d'Ingénieur aux mines de fer de Moktar el Hadid, près du port de Bône (actuelle Annaba). Sa résidence est alors à Aïn Mokra.

 

Aïn Mokra-Algérie (extrait carte Michelin)

4-Son mariage

 

De 1886 à 1907, il demeure à Saint Gervais d’Auvergne, Puy de Dôme. En fait, il vit avec sa mère, Françoise Thomas, au domaine familial du Fraisse, commune de Gouttières. Au cours de cette période, le 7 novembre 1892, il épouse, à 35 ans, Anaïs Eugénie Labourier, de Pontgibaud âgée de 26 ans.

 

 

Costume de femme de « Pondjebo » (Pontgibaud).

Carte postale de Geo Fourrier (coll. pers).

 

Le mariage est célébré à Pontgibaud. Rappelons qu’il avait fait dix ans plus tôt, un séjour aux fonderies en 1882 alors qu’il était à l’Ecole des Mines. C’est peut-être au cours de ce court séjour qu’il avait fait la connaissance de son épouse ? 

 

14son épouseAnaïsEugénielLabourier

 

Anaïs Eugénie Labourier.

Admirez la finesse de sa taille...

 

L’acte de l’Etat-Civil de la Mairie de Pontgibaud indique l’identité des mariés et des témoins :

 

Antoine Eugène Cromarias, Ingénieur civil, domicilié avec sa mère à Gouttières, né le 12 septembre 1857 à Gouttières, fils majeur de feu François Jean Baptiste Cromarias, décédé le 14 août 1859 à Gouttières, et de Françoise Thomas;

Anaïs Eugénie Labourier, née le 15 novembre 1866 à Pontgibaud, fille de François Labourier et de Anne Gilberte Coulon, négociants ;

Les témoins sont:
1. Louis Labourier, 57 ans, négociant à Clermont-Ferrand, oncle de la future ;
2. Michel Coulon, 69 ans, sans profession, de Clermont-Ferrand, oncle de la future;
3. Pierre Emmanuel Maugue, 54 ans, receveur de l’enregistrement à St Gervais ;
4. Gabriel Constantin, 35 ans, agrégé de l'université de Clermont-Ferrand (il s'agit probablement d'un ancien condisciple d'Eugène).

L’acte de naissance d’Eugénie précise que son père, François Labourier, exercait à Pontgibaud la profession de boulanger. (Voir acte de mariage - 15)

5-Son aventure minière au Maghreb

 

Dès le 7 décembre 1889, puis en 1890, Antoine-Eugène CROMARIAS, propriétaire, ingénieur civil, domicilié au Fraisse, commune de Gouttières, canton de Saint-Gervais d'Auvergne, sollicite la concession d'une mine d'antimoine, mercure et métaux connexes sise à Djebel-Taya, commune de l'oued-Cherf, département de Constantine. Le préfet de Constantine, Mengarduque, prit un arrêté "publié dans les communes de l'Oued-Cherf, à Guelma, Jemmapes, Philippeville et Constantine, devant la porte des maisons communes et des églises, à la diligence des maires, à l'issue de l'office, un jour de dimanche, et à la porte des mosquées, en langue arabe, un jour de vendredi au moins une fois par mois pendant la durée des affiches"... (voir annexe 25)

Quelques années plus tard, le journal "La Gazette Algérienne" du 8 mars 1899 se faisait encore l'écho de cette concession faite à Eugène Cromarias (voir annexe 26).

Elle informait ses lecteurs que par décret du Président de la République du 12 juin 1891, les gîtes du Taya (département de Constantine) ont été concédés à M. E. Crosmarias (sic), Ingénieur civil, demeurant à St-Gervais-d’Auvergne, département du Puy-de-Dôme. A titre d’indemnité, précise le journal, M. Cromarias a payé à la société Cassar, Médeville et Xiberras, la somme de dix mille francs pour « l’invention de la partie des gîtes concédés, que leurs travaux avaient fait connaître », disposition stipulée à l’article 5 du décret de concession. La mine « d’antimoine, mercure et autres métaux connexes » est située à 1200 mètres d’altitude, sur une ligne Bône - Kroubs, à 124 km de Bône, et à huit km au NE de la gare du Taya. Un sentier muletier conduit de la gare à la mine !...

 

Une dizaine d’excavations ont été ouvertes sur les versants nord et ouest du Djebel-Taya, et l’exploitation peut commencer en 1895, le creusement de galeries étant alors projeté. Le transport du minerai se fait à dos de mulet de la mine à la gare du Taya où il est acheminé vers le port de Bône. Le journal indique toutefois que « l’avilissement des cours des métaux a été cause de la faible extension donnée, ces temps derniers , aux travaux de la mine du Taya » et que « les exploitants actuels comptent sur le prochain relèvement des cours pour organiser leurs chantiers et doubler leur production, actuellement de 25 à 30 tonnes par mois »… Ceci me rappelle les propos de ma grand-mère Jeanne Eugénie Cromarias qui évoquait les mauvaises fortunes de son oncle à propos de ses investissements dans les mines d’Algérie…

6-Ses enfants et sa descendance

 

Le couple eut deux enfants, Germaine et Antoine: 

 

Germaine et Antoine vers 1905. (coll.pers)

 

1-Germaine Cromarias, (Germaine, Marie, Eugénie) naît à Chamalières le 19 novembre 1893 (acte en annexe 16), épouse Charles Bureau le 21 avril 1917 à Ronchamp (Hte-Saône) et décède le 1er mars 1953 (annexe 18).

L'acte de mariage (voir annexe 17) indique que Charles Auguste Bureau, domicilié à Ronchamp, est né à Bruay, Pas-de-Calais, le 26 septembre 1891, et qu'il est "étudiant actuellement sous-lieutenant au 140e Régiment d'Infanterie". Son père est Achille Marie Joseph Bureau, Ingénieur, domicilié à Ronchamp, et sa mère, Augustine Claudine Adeline Hardorff, est décédée. Étaient présents Élie Minier, ingénieur civile des mines, domicilié à Paris, cousin de l'époux, André Hardorff, propriétaire à Pulligny-Montrachet (Côte d'Or), oncle de l'époux, Jeanne Chirin, cousine de l'épouse, domiciliée à Paris, Léon Poussigue, directeur de la Société des Houillières de Ronchamp, chevalier de la Légion d'Honneur, domicilié à Champagney (10).

L'évocation de ces Hardorff, propriétaires à Puligny-Montrachet, ne manque pas de nous mettre le vin à la bouche...

Ces Hardorff, viticulteurs, étaient installés à Puligny-Montrachet (Côte-d'Or). On les touve cités dans les recensements pour cette localité de 1911 à 1931. En 1911, un Hermann Hardorff, né à Hambourg en 1829, naturalisé français, était installé à Puligny avec son épouse Adeline, née en 1838 à Saint-Étienne...

La jeunesse de Charles se passa dans le Gard, alors que son père était affecté comme ingénieur des mines aux charbonnières de Saint-Martin de Valgalgues, canton d'Alès Est. C'est ce que m'a révélé sa fiche matricule militaire consultée sur le site internet des archives départementales.  

On le devine bien ici: le fait qu'Eugène et son entourage familial aient vécu dans le monde de l'industrie minière a probablement déterminé les fréquentations et les affinités qui on pu naître. En effet, le père de Charles, Achille Bureau, lui-même Ingénieur des Mines, était alors Sous-Directeur des Houillères de Ronchamp, et l'adjoint de Mr Léon Poussigue, Directeur. Ceci explique sans doute que Germaine, fille d'un Ingénieur des Mines, ait rencontré et épousé le fils d'un autre ingénieur. Charles était lui-même élève ingénieur de l'école supérieure d'électricité de Grenoble et avait pu obtenir à ce titre un sursis jusqu'à sa mobilisation le 12 août 1914. Comme il est qualifié par la suite d'ingénieur, je pense qu'il termina ses études et n'obtint son diplôme qu' après la fin de la guerre, en 1919. 

La vie de ce couple constitue une véritable saga. Charles, qui commença la guerre avec le simple grade de caporal, passa très vite sous-lieutenant, à l'issue d'un stage d'élève aspirant officier à Joinville. Il termina la guerre avec le grade de lieutenant, décoré de la Légion d'Honneur et de la Croix de Guerre pour ses actions d'éclat. On peut dire qu'il avait la baraka: il fut quatre fois blessé à la même jambe, au cours d'attaques brillamment menées, qui lui valurent de belles citations (cf en annexe). Il mena plusieurs reconnaissances derrière les lignes ennemies, et rapporta chaque fois de précieux renseignements sur les points occupés par les allemands et sur leurs défenses! Rendu à la vie civile, ses qualités lui permirent d'obtenir un poste d'Ingénieur adjoint au sein de la SALEC à Metz (Société Alsacienne et Lorraine d'Électricité), au Département Forces Électriques, et ceci au moins jusqu'en 1928.

Comme l'écrivait en 1927 le Commandant Lhéritier, chargé à Metz d'établir un rapport sur la situation d'invalidité du Lieutenant Bureau, "Le Lieutenant Bureau est diplômé ingénieur électricien de l'école de Grenoble: depuis la guerre, il a toujours été spécialisé dans cette branche et il est actuellement ingénieur dans une grande entreprise électrique de la région" (11).

Le Commandant Lhéritier observait, afin probablement de souligner que le sujet examiné ne cherchait pas à tirer parti de son infirmité pour améliorer sa situation, que "les états de service du lieutenant de réserve Bureau (citations, décorations, blessures) montrent suffisamment que cet officier a fait largement son devoir pendant la guerre et a été animé du meilleur esprit etc..."

Charles Bureau dût finalement quitter cet emploi en 1937 pour être affecté au C.M.I. 66 à Metz (Centre Mobilisateur de l'Infanterie). 

 

Signature de Charles Bureau - 11 mars 1927. (Arch. de la Défense)

 

J'ai découvert au hasard de mes recherches sur internet que Germaine exerce en 1929 le métier de Tailleur Plisseur à Metz, dans un local situé 19 rue des Clercs, loué à un certain Nosal...Ceci au moins jusqu'au décès de son père, Eugène, survenu en 1932, avec qui elle était manifestement associée dans cette affaire...(Voir annexe 28).

La fiche matricule évoquée plus haut comporte les adresses successives du couple (noter les fréquents déménagements):

8 mai 1925: 2 rue Bergnier, Nancy;

16 mai 1927: 33 rue de Pont à Mousson, Montigny les Metz;

5 janvier 1932: 1 rue Pasteur, Metz;

22 février 1936: 5 rue Sébastien Leclerc:

8 avril 1936: 1 rue Pasteur:

9 avril 1938: Saint-Gervais d'Auvergne. 

Germaine décéde encore jeune, à l'âge de 59 ans, en 1953. La mention marginale de son acte de naissance, consulté en ligne aux Archives départementales du Puy-de-Dôme, n'était pas très lisible pour moi, et, de plus, le document présenté est tronqué. Je lisais Mazaye (localité près de Pontgibaud). La mairie de cette localité, contactée par écrit, ne retrouvait pas cet acte. Et pour cause, la mairie de Chamalières, à qui j'ai aussitôt téléphoné, m'a aimablement communiqué ce qui manquait: "Décédée le 1er mars 1953 a Mazagan, Casablanca, Maroc"!  

Le mystère s'épaississait donc pour le pauvre biographe que je suis...

Mazagan est l'ancien nom de l'actuelle El Jadida, cité balnéaire et port sur l'Atlantique, proche de Casablanca. Peu avant le décès de Germaine, des émeutes éclatèrent à Casablanca du 6 au 9 décembre 1952, faisant environ 40 morts; émeutes annonciatrices de l'indépendance du Maroc, reconnue en mars 1956 par la France, marquant ainsi la fin du protectorat. J'ai reçu des services de l'état-civil du ministère des Affaires Étrangères une copie de l'acte de décès de Germaine, survenu à Mazagan.

Germaine, sans profession, est décédée à 59 ans le 1er mars 1953, rue Louis Pasteur à Mazagan. L'acte a été dressé le 3 mars sur la déclaration de Charles Bureau, "Chevalier de la Légion d'Honneur, décoré de la Croix de Guerre, âgé de soixante deux ans, maraîcher, domicilié Ferme Santa Maria, kilomètre quatre, route de Mazagan, époux de la défunte".

Ainsi, le mari de Germaine dut adapter ses talents d'ingénieur à la profession nouvelle pour lui de maraîcher au Maroc où le couple résidait vraisemblablement  depuis la défaite de 1940.

En effet, Charles avait été rappelé le 4 septembre 1939 pour être affecté au 132e Régiment de réserve. L'appréciation portée en 1939 sur cet officier était élogieuse: "Officier intelligent et instruit. S'est occupé avec zèle de ses fonctions de Chef de section. A assisté avec beaucoup de bonne volonté le commandant du point sensible des Ancizes". Il s'agissait de l'aciérie Aubert et Duval, qu'il était chargé de surveiller, étant noté que ce site est proche de Saint-Gervais d'Auvergne. (On y traitait à la veille de la guerre la surface des cylindres des avions de l'Armée de l'Air selon un procédé de nitruration afin d'en accroître la dureté). À l'époque, le couple devait probablement habiter à Saint-Gervais d'Auvergne. 

Il fut démobilisé et "renvoyé dans ses foyers" le 25 juillet 1940. C'est donc peut-être à ce moment-là qu'il se replia au Maroc, comme le fit mon père avec son groupe de chasse en juin 1940 (voir biographie de Paul Pageix).  Je pense à une éventuelle rencontre avec mes parents qui résidèrent à Rabat de 1940 à 1944, et qu'on voit photographiés avec un couple non identifié, installés au milieu d'une palmeraie... À noter que Germaine n'est pas décédée à son domicile, à la ferme Santa Maria, mais en ville, à Mazagan, rue Pasteur, où se trouvait l'hôpital de Mazagan, probablement des suites d'une maladie?

Elle fut inhumée dans le cimetière marin de Mazagan-El Djedida, où sa tombe est manifestement entretenue.

 

 

Tombe de " Germaine Bureau née Cromarias, 1893-1953" dans le cimetière marin de Mazagan-El Jadida. Christine Bureau 1952-1960 est l'une des filles de Claude Bureau. 

Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines

Mazagan, la cité fortifiée édifiée par les portugais au début du XVIe siècle.

Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines

Mazagan, "route de Casablanca".

 

 

Enfin, l'acte de naissance de Charles Bureau, consulté en ligne aux Archives départementales du Pas-de-Calais, m'a réservé aussi une surprise: Charles Bureau, décédé à Paris (9e) le 21 mars 1962, s'était remarié peu avant, le 15 décembre 1960, à Saint-Germain-en-Laye, avec une certaine Claudine Boulot...

Son acte de décès, obtenu auprès de la Mairie du 9e arrondissement, a été dressé le 22 mars sur la déclaration de Jean Herpe, employé, 106 rue Blomet: Charles, Chevalier de la légion d'Honneur, sans profession, est alors domicilié à Saint-Germain en Laye, 3 bis rue Saint-Léger; il est décédé le 21, au N° 34 de la rue de Clichy. Veuf en premières noces de Germaine Cromarias, époux en secondes noces de Claudine Boulot. L'acte de ce second mariage obtenu auprès de la mairie de Saint-Germain-en-Laye, nous révèle que Charles Bureau, à son retour du Maroc, demeura à Saint-Gervais d'Auvergne, puis s'établit à Saint-Germain-en-Laye chez Claudine Boulot sa deuxième épouse. Celle-ci, née le 7 février 1893, à Grury, Saône-et-Loire, retraitée, était la fille de Joseph Boulot et de marie Milleret, époux décédés, divorcée de Roger Couanne...À noter que deux témoins sont des Couanne: un chauffeur-livreur à Saint-Germain-en-Laye et un militaire à Asnières...

 

.......

 

Charles et Germaine Bureau eurent-ils des enfants?

 

La réponse m'a été fournie par l'avis de décès d'Eugénie Labourier publié par le journal "l'Est Républicain" du 19 janvier 1936, aimablement communiqué par la Bibliothèque de Nancy, j'ai pu retrouver la trace de leurs enfants: Georges et Claude, cités comme étant les petits-enfants d'Eugénie dans ce faire-part de décès (voir plus loin).

Les services de la Mairie de Nancy, interrogé via internet, m'ont adressé la copie de l'acte de naissance de Claude, Marie, Antoine Bureau: celui-ci, le cadet des deux enfants, est bien né le 23 juin 1925 à Nancy alors que le couple y était installé depuis peu (le 8 mai précédent) Il suivit manifestement ses parents au Maroc lorsqu'ils s'installèrent à Mazagan comme maraîcher, puisqu'il se maria à 22 ans à Ksar-el-Souk le 3 février 1947 avec Bent Mohamed (prénom) Fatma (nom), 16 ans, "née en 1931 à Tarhrout", au sud-est de Fez, dans la "tribu des Beni-Yazrha" (12) Après une vie passée au Maroc, Claude mourut le 28 juin 2001 à Haouzia. D'après son acte de décès, il était en effet domicilié Douar Laghnadra et l'acte cite son épouse Fatma Bent Mohamed, ce qui m'avait fait supposer dans un premier temps qu'elle était vivante. De plus, il est fait mention d'un Jean-Marie Bureau venu déposer des pièces nécessaires auprès du Consul Général de France. 

Haouzia est située à une dizaine de kilomètres au nord-est de Mazagan (actuelle El Jadida où demeuraient les Bureau), sur le littoral (plage, camping, café, etc); Ksar-es-Souk (actuelle Er Rachidiya ou Errachidia, ville royale) est située près de la frontière algérienne. En 1947, Claude Bureau avait 22 ans, et accomplissait peut-être ses obligations militaires qui l'amenèrent ainsi à tenir garnison en plein cœur du pays marocain?

Je fis paraître en novembre 2017 sur le site internet de mon ami Thierry Sabot "histoire-généalogie" un article intitulé "À propos d'une enquête familiale, genèse d'une biographie" dans lequel j'expliquais toutes les étapes de mon enquête pour réaliser la biographie du couple Cromarias et rechercher sa descendance à travers les Bureau.

Un lecteur me répondit et me mit sur la voie d'un écrivain marocain, historien et auteur de nombreux livres sur sa ville d'El Jadida-Mazagan et la région du Doukkala: il l'avait connu lors de son service militaire au Maroc et il avait gardé avec lui des relations amicales.

Il s'agit de Monsieur Mustapha Jmahri, qui me contacta et m'apprit que Claude et Fatma Bureau étaient agriculteurs et "cultivaient entre-autres dans leur ferme des artichauts et des tomates côtelées d'hiver, qu'ils exportaient vers la France". Claude, "qui se déplaçait avec sa motocyclette bleue", venait déposer son courrier à la poste où l'écrivain le rencontrait.

Mr Mustapha Jmahri me révéla le destin tragique de Claude et de Fatma, qui furent assassinés le 28 juin 2001, dans leur ferme, par trois voleur du voisinage. Ceux-ci en voulaient à leur argent; persuadés que le couple venait de vendre leur ferme, ils avaient supposé qu'ils détenaient le prix de la vente chez eux; ils n'hésitèrent pas à tuer parce qu'ils avaient été reconnus par leurs victimes. Les meurtriers furent arrêtés et jugés en septembre 2002. La presse locale se fit l'écho de ces tristes événements.  

Claude avait eu dix enfants, dont Jean-Marie qui réside aujourd'hui en France. Il déclara les décès au consulat de Casablanca après avoir assisté aux funérailles dans le cimetière chrétien d'El Jadida-Mazagan, l'un des plus anciens cimetières marins du Maroc.

Ce cimetière est soigneusement entretenu par une association présidée par Mr Jean-Louis Jacquety; Jean-Marie Bureau s'attache à la faire entretenir et s'y rend régulièrement On y trouve trois tombes Bureau: "celle de Claude, celle des parents de Claude, et celle d'un frère", m'assura Mr Jmahri.

 

 

Plaque funéraire de Claude bureau au cimetière marin de Mazagan-El Jadida:

"Claude Marie Antoine BUREAU né le 23 Juin 1925 décédé le 28 Juin 2001

                 Tes enfants qui t'aiment" 

 

Germaine fut elle aussi inhumée lors de son décès en 1953 à Mazagan dans ce cimetière (son mari, Charles, qui continua à vivre trois années au Maroc pour ne rentrer en France qu'au moment de l'indépendance en mars 1956, n'avait aucune raison majeure de rapatrier le corps de son épouse, d'autant que son fils Claude, marié à une marocaine, résidait toujours au Maroc.

Enfin, il est possible aussi que selon ses vœux testamentaires, on ait procédé lors de son propre décès au transfert de la dépouille de Charles au cimetière de Mazagan où il reposerait donc aujourd'hui auprès de sa femme et de l'un de ses fils.

 

Dans son livre, Mustapha évoque Claude Bureau , Agriculteur à Haouzia:

 

"Ce couple de septuagénaires vivait sur cette terre de Haouzia depuis plus de 60 ans. Claude Bureau est arrivé au Maroc comme coopérant agronome en 1945 (Nota: ceci est erroné: Claude est arrivé en même temps que ses parents qui fuyaient la France occupée en 1940). Et à 22 ans, le 3 février 1947, il s'est marié à Ksar es-Souk avec Fatma bent Mohamed de la tribu des Béni Yazrha ; elle était alors agée de 16 ans. Ils eurent 10 enfants: Charles Noël né en 1947, Christian né en 1949, Marina née en 1951 (décédée en 1952), Christine née en 1951 (décédée en 1960), Jean-Marie né en 1953 (décédé en 2020), Danielle née en 1957, Jacqueline née en 1956 (décédée en 1960), Jean-Pierre né en 1961, Michel né en 1964 et Bernadette née en 1967. Les sept enfants survivants du couple, devenus majeurs, ont quitté le domicile familial pour s'établir en France, mais n'ont jamais pu convaincre leurs parents de les rejoindre et de changer de vie, tant était fort leur attachement à la terre". Peu après, il me précisait:

"Bonjour, ce matin de passage au cimetière d'El Jadida j'ai lu le nom de Germaine Bureau née Cromarias".

 

......

 

 

Récemment (septembre 2022), dans notre vieille maison de famille de la Place d'Armes à Beaumont, j'ai retrouvé ces deux photos que je n'avais pas identifiées auparavant. La première est celle d'un enfants habillé en soldat. Grâce à la légende figurant au verso (probablement de la main de Germaine, je sais maintenant qu'il s'agit de Claude Bureau, photographié à Metz en février 1932 à 6 ans et demi, ce qui cadre bien avec sa date de naissance le 23 juin 1925.

 

 

 

Claude Bureau est en uniforme de capitaine d'infanterie. Probablement admiratif du glorieux passé militaire de son père Charles Bureau, le jeune Claude aimait manifestement se déguiser en soldat. C'est probablement sa mère, qui exerça le métier de tailleur-plisseur à Metz, qui lui confectionna cet uniforme.  On le voit plus jeune sur une autre photo prise en 1932 avec sa mère Germaine et sa grand-mère Eugénie, avec un béret de marin (voir plus loin la photo prise à Metz).  

.........

 

J'ai ensuite recherché la trace de Georges...

 

Avant son installation à Nancy en 1925, le couple Bureau demeurait assurément chez les parents de Charles, Achille et Augustine Bureau, à Ronchamp (Haute-Saône). J'ai donc demandé aux services de l'état civil de cette commune de rechercher l'acte de naissance de Georges, l'aîné des enfants, et voici leur réponse: 

Georges, Marie, Charles, l'aîné des deux frères, est bien né à Ronchamp, le 8 avril 1918, alors que son père, Charles, sous-lieutenant au 140e Régiment d'Infanterie, était encore au front. Reste à savoir si ces deux enfants ont eu une descendance...Dans l'affirmative, il seraient aujourd'hui âgés de plus de 70 ans et l'existence de petits enfants n'est donc pas à exclure!

Les mentions marginales indiquent que Georges s'est marié le 23 novembre 1940 à Chamalières avec Simone Suzanne Aline Colas et qu'il est décédé à Saint-Cloud (Hauts de Seine) le 7 juillet 1994. Sur son acte de mariage, qui m'a été transmis par la mairie de Chamalières figure la signature de mon grand père Pierre Pageix qui fut témoin à leur mariage. Georges (22 ans) est qualifié de "médecin auxiliaire", et Simone, (22 ans elle aussi), dont les parents sont commerçants à Paris, est étudiante en pharmacie. L'acte de décès m'a été fourni par la mairie de Saint-Cloud où demeurait Georges: il y est décédé le 7 juillet 1994.

Dans le catalogue des thèses de médecine, consulté sur internet, figure bien Georges Bureau, dont la thèse soutenue en 1939 porte sur un sujet pour le moins curieux: "Les facteurs d'opposition à la stérilisation légale des anormaux", thèse de 32 pages parue à Parie, chez Busson. 

 

La légende de ces deux photos indique "Géo à 4 mois et demi"; il s'agit probablement de Germaine Cromarias-Bureau tenant dans ses bras Georges Bureau, né le 8 avril 1918 (un an après le mariage de ses parents). Photo prise en août 1918. Germaine aurait 25 ans sur la photo. Noter que Georges, futur médecin, est déguisé en infirmier de la croix rouge... 

 

2-Antoine Cromarias (Antoine Jean Alexis), naît à St-Gervais le 3 mars 1899 (acte en annexe 19). Clerc de notaire en 1931. .

Sa fiche matricule (N° 1901, classe 1919) indique son signalement: "cheveux châtains, yeux bleus clair, front large, nez rectiligne, visage ovale, degré d'instruction 4" (donc élevé). Elle précise que sa famille est domiciliée à Chamalières, 37 avenue de Royat. Sa profession est alors "employé aux usines Bergougnan" (fabrique de pneus). Cette indication est surchargée en rouge par la mention "Clerc de notaire".

Il est incorporé, à la fin de la Grande Guerre, le 16 avril 1918, comme soldat de 2ème classe au 172e Régiment d'Infanterie, et renvoyé dans ses foyers le 21 mars 1921.  Entre-temps, il fait campagne "contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie" jusqu'au 23 octobre 1919, et réside en "occupation des pays Rhénans du 24 octobre 1919 au 1er mars 192. Un certificat de bonne conduite lui est accordé.

Rappelé le 4 mai 1921, il passe au 154e RI le 9 mai, puis au 105ème le 1er juillet suivant. Il est renvoyé dans ses foyers le 2 juillet et passe ensuite au 92ème RI, le 1er janvier 1924. Nommé caporal le 21 février 1926, il est affecté au C.M. d'Infanterie N° 132 le 1er mai 1929.

Il est décédé à Saint-Gervais d'Auvergne le 10 octobre 1931 à son domicile. L'acte indique qu'il est sans profession, que son père est retraité, et que ses parents sont domiciliés à Saint-Gervais d'Auvergne. La déclaration du décès fut faite par Michel Maison, pharmacien, voisin du défunt. Antoine n'avait que 32 ans. Il était célibataire (voir acte en annexe 20).

 

 

 

Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines

De gauche à droite: Guy Teilhol, son frère aîné Paul, Germaine Cromarias qui tient dans ses bras ma tante Marguerite Pageix, sœur aînée de mon père Paul Pageix, lors de son baptême en juillet 1906, et son jeune frère Antoine. Photo prise devant l'écurie à la Place d'Armes, Beaumont (coll.pers.)

Descendance d'Eugène Cromarias:

 

Jean-Baptiste François Cromarias (1816-1859) x Françoise Thomas             

_______ I__________________________________________________________

I                                                                                                                 I

Antoine Eugène (dit Eugène) Cromarias   Marien Antoine Cromarias

Ingénieur des mines de Paris (1849-1875)            mon AGP d'où:

o Gouttières le 12.11.1857                                Irène x Alexis Teilhol

+ à Metz le 06.04.1932                     Jeanne x Pierre Pageix (mon GP)

x à Pontgibaud Anaïs Eugénie Labourier

le 07.11.1892 (+ à Chamalières 17.01.1936)

______I___________________________________

I                                                                                  I

Germaine, Marie Eugénie Cromarias   Antoine Jean Alexis Cromarias

o Chamalières 19.11.1893,                                           1899-1931

x Ronchamp (Hte-Saône) 21.04.1917        Célibataire, Clerc de notaire

Charles Auguste Bureau 1891-1962

Ingénieur Électricien (Grenoble)

o Bruay 26.09.1891

+ Paris 21.03.1962. 

______I______________________________________________

I                                                                                            I

Georges, Marie, Charles Bureau        Claude, Marie, Antoine Bureau

o Ronchamp (Hte-Saône) 08.04.1918           o Nancy 23.06.1925

x Chamalières 23.11.1940                              x Maroc 03.02.1947

Simone Suzanne Aline Colas                       Fatma bent Mohamed

+Saint-Cloud 07.07.1994                               + Maroc 28.06.2001

Médecin                          

I                                                                                            I

3 filles        10 enfants: Charles Noël o 1947, Christian o 1949,

                   Marina o 1951 + 1952, Christine o 1951 + 1960

   Jean-Marie o 1953, Danielle o 1957, Jacqueline o 1956 + 1960,

       Jean-Pierre o 1961, Michel o 1964 et Bernadette o 1967.

                          Tous les enfants vivants résident en France.

                                     

 

 

                                              

---o---

 

 

Eugène eut probablement une influence sur ses petits neveux Paul Teilhol et Paul Pageix (mon père) qui firent tous deux, avec plus ou moins de succès, des études scientifiques. Il ne fut probablement pas étranger à la vocation de mon père pour la mécanique, qui le conduira à faire carrière dans l'aviation militaire comme Officier mécanicien du groupe de chasse 1/5 « Champagne », puis dans l'aviation commerciale comme Ingénieur à la Direction du Matériel d'Air France.

Je me souviens que ma mère, en 1970, alors que mon père était en fin de vie, avait contacté un parent du côté Cromarias, chirurgien à Nice et propriétaire d'une clinique, qui était venu le voir. Je suis malheureusement aujourd'hui incapable de l'identifier.

D'autre part, ma grand mère Jeanne Eugénie était très liée à la famille Bureau; avant sa mort, survenu en 1962 à Saint-Gervais d'Auvergne, une amie de ce nom la visitait toujours, ainsi que Joséphine Maison. Les Maison étaient de proches cousins qui tenaient la pharmacie du bourg. En 1896, Eugène assista d'ailleurs à la déclaration en mairie du décès d'un enfant d'Antoine Maison son parent, alors âgé de 45 ans, qui exerçait la profession de pharmacien.

 

(photo Eugène vers 1906-annexe 21)

(Photo de groupe à la Place d’Armes à Beaumont, 1906, baptême de Marguerite Pageix + légende -annexe 22).

Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines

À gauche, Eugénie Labourier (env. 66 ans), épouse d'Eugène Cromarias et sa fille Germaine Cromarias (env. 40 ans), épouse de Charles Bureau, tenant par la main le jeune Claude Bureau (env. 7 ans) coiffé d'une casquette portant l'inscription "HMS LONDON". Photo prise avenue Foch à Metz vers 1932. Le couple habitait alors 1 rue Pasteur (près de la gare).

Le portrait ci-dessous est probablement celui d'Eugénie que l'on voit à gauche sur la photo prise à Metz. Je l'ai retrouvée récemment à la place d'Armes.

 

 

 

Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines

Photo prise à Metz le 5 mars 1935. De gauche à droite, un inconnu, Germaine (env. 43 ans), gantée, qui tient l'étui du kodak (le photographe est peut-être Charles Bureau, donc malheureusement absent sur la photo), Claude Bureau le cadet (10 ans) et Georges Bureau l'aîné (18 ans). 

 

 

7-La fin de sa vie et son décès

 

J'ai longtemps recherché la date, le lieu, et la cause de son décès. De 1908 à 1919, Eugène Cromarias, toujours Ingénieur Civil des Mines, réside à Chamalières au 27 avenue de Royat, à l'angle de l'avenue des Thermes. Les années suivantes, il y réside toujours lors des recensements de 1911, 1926 et 1931. J'ai moi-même habité avenue de Royat à deux pas de chez lui en 1974-1975 !

En 1919, à l'âge de 61 ans, Eugène a peut-être déjà pris sa retraite. A partir de 1934, son nom n'est plus mentionné dans l'annuaire de l'École des Mines et sa famille n'apparaît plus dans le recensement de 1936. Je pouvais donc en conclure que son décès était antérieur à 1934.

La date et le lieu de son décès m'ont finalement été communiquées par la mairie de Metz, puis confirmée par celle de Chamalières : Eugène est mort à Metz (Moselle) le 6 avril 1932 à 20h, 1 rue Pasteur, en face de la célèbre gare de chemin de fer de style prussien.

Il était âgé de 74 ans et demi. La déclaration du décès fut faite le lendemain 7 avril par un certain Eugène Lambert, employé, 27 ans, Habitant Montigny-les-Metz ; l'acte à été retranscrit plus tard, le 25 avril, par le maire de Chamalières, Pierre Chartrousse (acte annexe 24).

Sa présence à Metz était pour moi un mystère car il habitait à Chamalières avec son épouse: le lieu déclaré pour le décès, le N°1 de la rue Pasteur m'interpellait également.

Cette adresse était celle du domicile de Charles et Germaine (de janvier 1932 à avril 1938). À cette époque, le couple habitait aussi à Montigny les Metz, 33 rue de Pont à Mousson, et ceci explique peut-être la présence de cet employé, Léon Abadie, habitant lui aussi Montigny les Metz. 

Et pour ce qui concerne le motif de sa présence à Metz, un document trouvé sur Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale de France, m'a éclairé sur ce point (voir annexe 28):

Il s'agit d'un jugement prononcé le 19 février 1931 par la Cour d'Appel de Colmar, Chambre détachée à Metz. Il révèle qu'Eugène et sa fille, Germaine, épouse Bureau, avait solidairement loué le 21 novembre 1929 à un certain Nosal, propriétaire, un local situé au N° 19, rue des Clercs, précédemment occupé par un certain Devallière qui y pratiquait le métier de Tailleur-plisseur.

Ce dernier avait cédé les locaux et son affaire aux consorts Bureau-Cromarias, et quitté les locaux où Germaine devait exercer ce même métier de tailleur-plisseur.

Le jugement précisait que Germaine était domiciliée à Metz, et Eugène à Nancy.

Le propriétaire des lieux, Nosal, dénonça cette sous-location, et saisit le tribunal de 1ère instance de Metz afin de faire casser le bail qu'il avait consenti à Devallière. Ce dernier fit alors appel: au bout de plus d'un an, la Cour déclara finalement recevable sur la forme l'appel de Devallière tout en le condamnant aux dépens.

En définitive, Nosal autorisa la cession du bail à Bureau-Cromarias, sous réserve de n'exercer dans les lieux loué que le métier de tailleur-plisseur.

On comprend donc mieux ce qui motiva le dernier déplacement d'Eugène à Metz le 6 avril 1932: celui-ci devait faire de fréquentes visites à sa fille.

Eugène n'était certainement pas responsable de cette situation irrégulière créée à son insu, qui entraîna une procédure de plus d'un an entre le propriétaire et le premier locataire. Toutefois, ces complications, qui s'ajoutèrent à la perte de son fis Antoine, décédé l'année précédente à Saint-Gervais d'Auvergne, à 32 ans seulement, contribuèrent certainement à altérer sa santé.

Il est très curieux de constater qu'Eugène, alors retraité, se soit lancé avec sa fille Germaine dans un métier sans rapport avec celui d'ingénieur des mines...

Le métier de tailleur-plisseur est en effet consacré à la confection de costumes sur mesure pour les grands couturiers (voir annexe 29). Ajoutons enfin que l'adresse du 19 rue des clercs est un immeuble cossu, toujours visible aujourd'hui; il donne sur une voie piétonne très commerçante.

Je suis surpris par le fait que Germaine ne soit pas désignée dans l'acte de décès de son père, alors qu'elle demeurait à Metz.

 

Devenue veuve, Anaïs Eugénie ne survivra pas longtemps à Antoine Eugène ; 4 ans plus tard, le 17 janvier 1936, elle mourra à Chamalières à son domicile de l'Avenue Thermale, âgée de 69 ans (acte annexe 25). J'ai pu enfin identifier la photo de la maison de la rue Thermale, N° 25, que l'on avait appelée "Le Taya", je pense en souvenir de la mine du Djebel-Taya en Algérie (près de Bône/Annaba) où Eugène avait obtenu une concession minière en 1891 (cf annexe 27).

Voici la photo de cette maison (alors en travaux) et à l'heure actuelle (photo tirée de l'album familial. Au verso: "Le Taya, Avenue Thermale"). Probablement vers 1930 et photo état actuel (street view):

 

 

J'ai retrouvé grâce à la bibliothèque de Nancy (M. Éric Nunes et Mme Cindy Hopfner) l'avis de son décès dans l'Est Républicain du dimanche 19 janvier 1936:

 

"Mme et M. Charles BUREAU : MM Georges et Claude BUREAU : et toute la famille,

"Ont la douleur de vous faire part de la perte cruelle qu'ils viennent d'éprouver en la personne de

"Madame Eugénie CROMARIAS

"Née LABOURIER "leur mère, belle-mère, grand mère, tante et cousine, décédée à Clermont-Ferrand, le 17 janvier 1936, dans sa 69e année, munie des sacrements de l'Eglise.

"Les obsèques ont eu lieu à Gouttières (Puy-de-Dôme)

"PRIEZ POUR ELLE!

"Metz, 5 rue Sébastien Leclerc".

    

Biographie Eugène Cromarias Ingénieur des Mines

8-Épilogue

 

Le 25 avril 2018, grâce à l'intervention de Mustapha Jmahri, je fus contacté par Jean-Marie Bureau qui habite à Génissac (Gironde): comme tous les ans, il faisait au Maroc un court séjour destiné à l'entretien des tombes de sa famille au cimetière marin de Mazagan; il me confirma que sa grand mère Germaine y reposait...

 

J'ai eu plusieurs contacts téléphonique avec lui, et je ne désespérais pas de le rencontrer. Il est malheureusement décédé en 2020. Je maintiens un lien téléphonique et j'échange des messages avec son épouse Anne-Marie qui a dû affronter elle aussi d'autres deuils. Elle m'a promis qu'elle dénicherait une photo de Charles Bureau dont le portrait est malheureusement absent de cette étude. Je voue en effet une véritable admiration pour cet homme dont la vie courageuse provoque toutefois quelques interrogations, comme cet acharnement pendant la Grande Guerre à combattre l'Allemand au cours d'exploits inouïs à de quoi étonner quand on pense que sa propre mère née Hardorff appartenait à une famille originaire de Hambourg...

 

 

9-Notes

 

(1) : Lire l'excellente description de la Combraille par l'auteur auvergnat Henri Pourrat et l'ouvrage publié sous la direction de de Paul Roux, « Les populations rurales du Puy-de-Dôme », Clermont-Fd, Imp. De Bussac, 1933, chapitre  « Les régions nord-ouest du Puy-de-Dôme, dites Montagne de Riom", par Guy de Guérines.

 

(2) : Voir l'histoire de la confiserie par Hélène Martin, dans son ouvrage « La praline Cromarias-Salneuve », août 2010 .

 

(3): Marien Antoine Cromarias, mon arrière grand père, avait épousé Marguerite Villevaud-Arnaud, d'Aubière, d'une vieille famille d'Aubière près de Clermont-Ferrand, le 26 avril 1875. Sa fille, ma grand-mère Jeanne-Eugénie, évoquait non sans nostalgie sa jeunesse: elle nous confiait qu'il fallait à son arrière-grand-père Gilbert plusieurs jours à cheval pour faire le tour de ses six domaines.

Marien Antoine, son épouse Marguerite et leurs deux filles Irène et Jeanne séjournaient la plus grande partie de l'année à Aubière, et se transportaient l'été venu au Fraisse. Leurs propriétés étaient louées en fermage à des métayers, à l'exception de la "Réserve"...Cette époque, selon les souvenirs de ma grand-mère, était rythmée par les  voyages entre Aubière et Saint-Gervais d'Auvergne: on s'entassait dans le break familial et l'on partait au petit trot...Le train, qui franchissait la Sioule sur le viaduc des Fades, permit ensuite de relier plus commodément Clermont à Saint-Gervais.

Mon grand-père Pierre Pageix, originaire de Beaumont, bourg voisin de d'Aubière, fréquentait beaucoup cette localité, tout comme beaucoup de ses camarades; notamment, saxophoniste au sein de l'harmonie "Les Enfants d'Aubière", il participa à de nombreux concerts donnés sous le kiosque à musique. Il est très probable qu'il y fit connaissance des Cromarias et de sa future épouse. A noter d'ailleurs que l'harmonie se produisit aussi à Saint-Gervais d'Auvergne...(voir "Histoire de la famille Cromarias, Avant-Propos).

 

(4): Archives départementales du P.de D., Fonds du Service historique de l'armée de terre, bureau central d'archives administratives militaires (1R, registres matricules de recrutement, Riom, 1877, R 2900).

 

 

(5): Viviers, aujourd’hui Viviez, localité proche de Decazeville. Avant la création de la fonderie de zinc par Ernest Garnier en 1871, Viviez ressemblait aux communes agricoles : on y cultivait des céréales et de la vigne. Puis elle s’éveilla à l’industrie avec le traitement du minerai des gisements du sud de la France. Sa position géographique, près de la route de Figeac et de la ligne de chemin de fer, y contribua. En 1871, l’usine fut cédée à la société « Vieille-Montagne ». Aujourd’hui, elle fabrique toujours du zinc utilisé dans le bâtiment pour les couvertures et les bardages. Viviez conserve une vocation industrielle, abritant notamment la SAM (aluminium) et la SOPAVE (matériaux composites). Dans le bourg, le château servit de logement aux directeurs de la Vieille-Montagne à partir de 1872 (extrait de « Daniel Crozes vous guide en Aveyron », Ed. du Rouergue, 1994).

 

(6): La fonderie et les mines étaient alors dirigées par la société Franco-Belge.  (Voir la petite carte de la région dressée par Eugène).

 

(7): Alfred-Léopold-Gabriel Germond de Lavigne, 1812-1891, directeur de publication, journaliste, notamment auteur de « l’itinéraire historique et artistique de l’Espagne et du Portugal », 1859.

 

(8): Elisée Reclus, 1830-1905, géographe, auteur de "La nouvelle géographie universelle". Anarchiste, il participa à la commune de Paris.

 

(9): L'historique du 140e Régiment d'Infanterie pendant la Grande Guerre, ainsi que le journal de marche de ce régiment, mentionne effectivement  à plusieurs reprises Charles Bureau, révélant sa conduite héroïque au cours de cette guerre meurtrière pour son régiment dont les pertes furent considérables,  conduite qui lui valut la Croix de guerre avec palme et la Légion d'Honneur.

Appartenant à la classe 1911, après un sursis obtenu en 1912, probablement pour terminer ses études d'ingénieur à l'école supérieure d'électricité de Grenoble ("Supélec"), le jeune Bureau est mobilisé et arrive au corps le 12 août 1914 comme simple 2e classe. Il est caporal le 12 octobre suivant, puis sergent le 24 avril 1915 et accède au grade de sous-lieutenant le 9 avril 1917. À l'automne 1917, il est lieutenant à la 6e compagnie du 2e bataillon. L'historique (p. 81) précise:

"Au cours de l'attaque du 23 octobre 1917, la progression de nos troupes fut facilitée par l'action de la section de flanquement commandée par le lieutenant Bureau qui "a foncé par la gauche sur Saint-Guillain d'où elle a débusqué un fort parti ennemi".

Plus loin, on lit que le 3 novembre, lors de l' attaque de la Forêt de Pinon, le Capitaine Rondot, commandant la 6e compagnie, est tué, et le Lieutenant Bureau est blessé; la compagnie n'a plus d'officier.

Son dossier de la Légion d'Honneur (base en ligne Leonor) permet de relever le détail de ses blessures et les motifs de ses citations et décorations:

 

Blessé quatre fois, une fois au genou gauche (30 mai 1915), deux fois à la cuisse gauche (les 10 juin 1915 et 3 novembre 1917), et une fois au pied...gauche (15 juillet 1918), il n'en continue pas moins de se distinguer, en première ligne, lors des attaques:

 

Citation à l'ordre du régiment du 11 novembre 1916:

"Gradé plein d'allant et de courage, volontaire pour toutes les patrouilles, A rapporté de plusieurs reconnaissances effectives au contact de l'ennemi de précieux renseignements sur les points occupés par lui et ses défenses ennemies".

 

Citation à l'ordre de l'armée du 19 février 1918:

"A fait preuve de la plus belle énergie en entraînant brillamment sa section à l'attaque de la ferme St-Guillain où il a rapidement débusqué l'ennemi facilitant ainsi la progression du bataillon".

La citation liée à l'obtention de la Légion d'Honneur est particulièrement élogieuse:

"Officier d'une bravoure exceptionnelle. S'est tout particulièrement distingué à la bataille de la Malmaison le 23 octobre 1917. A été grièvement blessé le 3/11 suivant au  cours d'une reconnaissance offensive où il a montré les plus belles qualités d'allant et de sang froid.

A été blessé de nouveau à la bataille de Champagne le 15 juillet 1918 en portant sa section en avant".

2 blessures antérieures, 2 citations.

On pourra m'objecter que je me suis un peu trop attardé sur la personne de Charles Bureau qui n'est certes pas notre parent par le sang; toutefois, la bravoure qu'il manifesta au cours de ces campagnes meurtrières et sa baraka m'ont paru mériter ce long développement. De plus, Charles Bureau est aussi pour moi l'une des clés pour tenter de dissiper le mystère qui entoure le destin de Germaine Cromarias...     

 

Le dossier militaire de Charles Bureau se trouve aux archives de la Défense sous la cote GR 8 YE 8363. Je l'ai consulté et il m'a permis de compléter les informations nécessaires à sa biographie. Toutefois, je n'y ai pas trouvé de photos et, notamment, je n'y ai pas trouvé son livret militaire qui, en principe, contient une photo de l'intéressé. De plus, j'ai pu consulter sa fiche matricule aux archives en ligne du Gard (N° matricule 779): en effet, lorsque cette fiche fut établie, il demeurait avec ses parents à St-Martin de Valgalgues, canton d'Alès Est, car son père dirigeait alors les houillères locales.

 

(10): Léon Poussigue (1859-1941, ingénieur des mines de Saint-Étienne, directeur des houillères de Ronchamp à partir de 1891.

 

(11): Après le retour à la France de l'Alsace-Lorraine en 1919, l'intégration des société de statut anciennement allemand dans un vaste ensemble interconnecté fut confiée à la SALEC et sa branche Mosellane "Forces électrique lorraines". Elle disposait en 1922 de 2 centrales thermiques et de 4 petites centrales hydro-électriques. Elle assura l'électrification des campagnes mosellanes jusqu'à la veille de la deuxième guerre mondiale.             L'administrateur était un nommé Roger Coureau, directeur des Mines de la Houve.

 

(12): Au Maroc, les Beni Yazrha occupent la région de Fès-Bolmane, province de Sefrou, commune de El Menzel.

--o--

 

9-Annexes (documents et photos)

 

1) Acte de naissance d'Eugène Cromarias à Gouttières (Archives départementales du Puy-de-Dôme) :

 

« Acte de naissance d'Eugène CROMARIAS

N°12

« 12 Septembre 1857

« Cromarias Antoine Eugène

Sexe masculin

« L'an mil huit cent cinquante sept le treize septembre à huit heures du matin par devant nous Boudaud Bénigne Joseph maire officier de l'état civil de la commune de Gouttières, canton de Saint-Gervais, département du Puy-de-Dôme, est comparu Cromarias François-Jean-Baptiste, âgé de quarante trois ans, propriétaire, demeurant au lieu du Fraisse en cette commune, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né hier, à six heures du soir de lui déclarant en sa maison et de Thomas Françoise, âgée de vingt neuf ans, son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner le nom de Antoine-Eugène. Les dites déclarations et présentation faites en présence de Puandet Jean, âgé de quarante deux ans, sacristain et de Chalus Jacques âgé de vingt un ans, Instituteur public, demeurant tous les deux au chef-lieu de la commune de Gouttières. Le comparant ainsi que les témoins ont signé avec nous le présent acte, après que lecture leur en a été faite.

Chalus Boudaud

Puandet Cromarias  »

 

2) Photo de Marien THOMAS-DESROFFEIX, beau-père de Jean-Baptiste Cromarias (Col. Pers.):

 

Marien, grand père d'Eugène, est mon aïeul (5e génération: voir généalogie). Yeux clairs, cheveux longs à l'ancienne mode (il est né sous Louis XVI...). Relativement âgé lorsque la photo a été prise (vers 1860?), il n'en paraît pas moins un solide et fier gaillard...

 

2marienthomas.JPG

 

3) Photo Eugène vers 18 ans (D°):

 

3eugènecromarias18ans

 

4) Photo plan concession 1838 (Archives départementales du Puy-de-Dôme):

 

4planconcess

 

5) Tableau de ses notes (Col. École des Mines):

 

5tableaudesnotes

 

Extrait du registre matricule de l' École des Mines le 23 août 1877:

 

Notes obtenues par Eugène au concours d'admission au cycle préparatoire intégré à l'École des Mines le 20 août 1877 (à l'issue donc de ses études secondaires): Algèbre 12/20; Physique: 14/20; Géométrie: 14/20; Chimie: 14/20; Dictée: 8/10; Dessin: 5/10; Total: 67/100; classé 8 ex-aequo (le premier totalisait 73 points). 

 

En fin de cycle préparatoire, il est admis sur concours comme élève externe le 23 août 1880 (classé 13), avec les notes suivantes: Analyse et Mécanique: 13/20; Chimie: 15/20; Physique: 7/10; Géométrie descriptive: 6,5/10; Géographie et Cosmographie: 7/10; Épures et Lavis: 5,5/10; Total: 54/80 (le premier totalisait 67 points).

 

Passe en 2e année le 8 juin 1881 (classé 15)

 

Passe en 3e année le 7 juin 1882 (classé 15)

 

Brevet délivré le 6 juin 1883 (classé 10 à la sortie de l'École).

 

On trouve dans son dossier le tableau général des notes (cf ci-dessus), obtenues au cours des trois années de formation pour l'obtention du Brevet d'Ingénieur. On y voit la grande variété des matières étudiées: Exploitation et machines, Métallurgie, Minéralogie, Géologie et Paléontologie (le Muséum n'est pas loin...), la Docimasie (science des proportions des métaux utilisables dans les minerais), Constructions, chemins de Fer, Législation des Mines, Agriculture, Fortifications Militaires, Dessin, Lever de Plans. Une place est laissée à la pratique d'une langue étrangère: Allemand ou Anglais. Il avait manifestement opté pour l'Allemand. Enfin, les Mémoires et Journaux de Voyage réalisés chaque année sont également notés. 

 

6) Photo de son domicile parisien pendant ses études à l'École des Mines:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7) Photo de l'emblème de l'École:

 

7emblemeecoledesmines-copie-1.jpg

 

8) Photo de groupe de la promo d'Eugène à l'École des Mines (Col. Ecole des Mines):

 

8groupeélèves ecoledesmines

 

Toute la promotion 1880. Assis de droite à gauche: Eugène (le barbu...), Coste, David, Termier Ingénieur (*) futur membre de l'Académie des sciences, Leclère, de Pélissot. 2e rang de DàG: Salles, Gerbault, Nentien Ingénieur, Léorat, Pernin, Prévost, Charrier. 3e rang de DàG: Ancelle, Philippe, Bloch, Beaugey Ingénieur, Mongin, Nicklès, Davines. Derrière le mur de DàG: Boynet, Luuyt Ingénieur, Laveissière. 
(*): Lors d'une visite de l'Institut avec mon groupe des  "Amis des Archives de France", on nous fit voir le registre des séances. Sur l'un d'eux, le secrétaire avait "croqué" les membres présents, et ce savant n'échappa point à son coup de crayon ma fois très habile...

Termier Ingénieur
9) Lingot plomb argentifère de Pontgibaud (Col. Pers.):

 

 

10) Photo rapport et carte Bilbao (Col. École des Mines):

 

 

10-1rapportbilbaoDSC03104

 

 

10bilbao.JPG

 

 11) Photo plan mine de Pontgibaud et dessins (D°):

 

11minespontgibaudDSC03114.JPG

 

12) Photo dessin (D°):

 

12dessin.JPG

 

 

 

13) Cartes de la Combraille au début du XXème siècle :

Communications, filons miniers (extrait de l'ouvrage sous la direction de de Paul Roux, « Les populations rurales du Puy-de-Dôme »,Clermont-Fd, Imp. De Bussac, 1933, chapitre  « Les régions nord-ouest du Puy-de-Dôme, dites Montagnede Riom, par Guy de Guérines.

 

13-2carteCombraille

 

 

13carteCombraille.jpg

 

14) Photo de son épouse vers 1906:

 

pldar.jpg

 

15) Acte de mariage le 7 novembre 1892 à Pontgibaud (Archives départementales du Puy-de-Dôme):

 

« Acte de mariage d'Eugène Cromarias

N°7

7 novembre 1892

« Antoine Eugène Cromarias garçon et Anaïs Eugénie Labourier fille.

« L'an mil huit cent quatre vingt douze le sept novembre à cinq heures du soir, par devant nous Guillaume Boutarel, Maire officier de l'état civil de la ville de Pontgibaud, chef lieu de canton, arrondissement de Riom, département du Puy de Dôme, sont comparus publiquement en notre maison commune, Mr Antoine-Eugène Cromarias âgé de trente cinq ans né à Gouttières canton de Saint Gervais le douze septembre mil huit cent cinquante sept suivant l'acte de naissance produit, fils majeur de défunt François-Jean-Baptiste Cromarias, décédé à Gouttières le quatorze avril mil huit cent cinquante neuf comme le constate l'acte de décès produit et de Françoise Thomas consentante ainsi qu'il résulte de sa procuration passée devant Me Forestier notaire à Saint-Gervais en date du vingt quatre septembre dernier, ingénieur civil domicilié avec sa mère à Saint-Gervais d'une part. Et Delle Anaïs-Eugénie Labourier âgée de vingt six ans, née en cette ville le quinze novembre mil huit cent soixante six suivant son acte de naissance inscrit au registre, sans profession, fille majeure de François Labourier et d'Anne-Gilberte Coulon, négociants, tous deux ci-présents et consentants, demeurant ensemble à Pontgibaud, d'autre part. Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites devant la principale porte d'entrée de notre maison commune savoir : la première le dimanche onze septembre dernier à six heures du matin et la seconde le dimanche dix huit du même mois et à dix heures du matin que pareilles publications ont été faites dans les mêmes formes à la Mairie de Gouttières canton de St. Gervais les mêmes jours mois et heures suivant le certificat produit aucune opposition au dit mariage ne nous ayant été signifiée,faisant droit à leur réquisition après avoir donné lecture de toutes les pièces ci dessus mentionnées et annoncées et du chapitre VI du titre V du code civil intitulé du mariage ; nous avons interpellé les futurs époux ainsi que les père et mère de la future qui autorisent le mariage d avoir à déclarer s'il a été passé un contrat de mariage, lesquels nous ont répondu négativement ; nous avons ensuite demandé au futur époux et à la future épouse s'ils voulaient se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement déclarons au nom de la loi que Antoine Eugène Cromarias et Anaïs-Eugénie Labourier sont unis par le mariage de quoi nous avons dressé acte en présence de Labourier Louis négociant âgé de cinquante sept ans, de Michel Coulon sans profession âgé de soixante neuf ans, tous deux oncles à la future demeurant à Clermont-Ferrand ; de Maugue Pierre-Emmanuel âgé de cinquante quatre ans Receveur de l'Enregistrement à St-Gervais et de Constantin Gabriel âgé de trente cinq ans agrégé de l'Université à Clermont-Ferrand, lesquels ont signé avec nous ainsi que las parties contractantes, après lecture faite.

Labourier Boutarel Eugénie Labourier

Maugue E Cromarias Labourier

Coulon Constantin Labourier »

 

16) Acte de naissance de Germaine le 19 novembre 1893 à Chamalières  (Archives départementales du Puy-de-Dôme):

« N° 34

« Cromarias Germaine, Marie, Eugénie, enfant légitime, a contracté mariage à Ronchamp (Hte-Marne) le 2 avril 1917 avec Charles Bureau, décédée le 1-3-1953 à Mazagan, Casablanca, Maroc (à 59 ans). 

« L'an mil huit cent quatre vingt treize le dix neuf du mois de novembre à onze heures du matin par devant nous Poisson Pierre maire, officier de l'état civil de la commune de Chamalières, canton nord de Clermont Ferran , est comparu Cromarias Antoine Eugène âgé de trente six ans ingénieur civil , lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin né ce matin à une heure de lui déclarant en sa maison d'habitation sise avenue de Royat, numéro vingt et un, et de dame Labourier Anaïs Eugénie âgée de vingt sept ans, sans état son épouse et auquel enfant il a déclaré vouloir donner les prénoms de Germaine Marie Eugénie ; lesdites déclaration et présentation faites en présence de Dargent Georges âgé de quarante ans infirmier demeurant à Chamalières, Labourier Louis, âgé de cinquante neuf ans négociant domicilié à Clermont Ferrand, et ont le père et les témoins signé avec nous le présent acte de naissance après que lecture leur en a été faite.

Le Maire

E Cromarias Dargent L Labourier »

 

17) Acte de mariage de Germaine le 2 avril 1917 (Mairie de Ronchamp):

 

Le vingt un avril mil neuf cent dix sept, à dix heures et demie du matin, devant nous Octave Beuret, maire de Ronchamp, ont comparu publiquement en la maison commune Charles Auguste BUREAU, étudiant actuellement sous-lieutenant au 140e Régiment d'Infanterie, domicilié à Ronchamp, né à Bruay (Pas-de-Calais) le vingt six septembre mil huit cent quatre vingt onze, fils majeur de Achille Marie Joseph BUREAU, ingénieur, domicilié à Ronchamp, présent et consentant, et de Augustine Claudine Adeline HARDORFF, sans profession, son épouse décédée, d'une part. Et Germaine Marie Eugénie CROMARIAS, sans profession, domiciliée à Chamalières (Puy-de-Dôme) où elle est née le dix neuf novembre mil huit cent quatre vingt treize, fille majeure de Antoine Eugène CROMARIAS, ingénieur, et de Anaïs Eugénie LABOURIER, sans profession, son épouse, domiciliée à Chamalières, présents et consentants d'autre part. Les futurs époux ainsi que leurs pères et mère déclarent qu'ils n'a pas été fait de contrat de mariage.  Aucune oppositon n'ayant été faite, les contractants ont déclaré l'un après l'autre vouloir se prendre pour époux et nous avons prononcé au nom de la loi que Charles Auguste BUREAU et Germaine Marie Eugénie CROMARIAS sont unis par le mariage. Dont acte en présence de Élie Minier, ingénieur civil des mines, domicilié à Paris, cousin de l'époux, André Hardorff, propriétaire, domicilié à Pulligny-Montrachet (Côte d'Or), oncle de l'époux,  Jeanne Chirin, cousine de l'épouse, domiciliée à Paris, Léon Poussigue, directeur de la Société des Houillères de Ronchamp, chevalier de la Légion d'Honneur, domicilié à Champagney. Lecture faite, les époux, leurs pères et mère et les témoins ont signé avec nous.

 

18) Acte de décès de Germaine le 1er mars 1953 à Mazagan (Maroc):

 

"N° 34 acte de décès de Germaine, Marie, Eugénie CROMARIAS, épouse Bureau."Le premier Mars mil neuf cent cinquante trois, zéro heure quinze, est décédée Rue Louis Pasteur à Mazagan: Germaine, Marie, Eugénie CROMARIAS, française, sans profession, née le dix neuf Novembre mil huit cent quatre vingt treize à Chamalières (Puy-de-Dôme), domiciliée Ferme Santa Maria, kilomètre quatre, route de Mazagan, fille de Antoine, Eugène CROMARIAS, et de Anaïs, Eugénie LABOURIER, son épouse, tous deux français, décédés, épouse de Charles Auguste BUREAU.

"Dressé le trois Mars mil neuf cent cinquante trois, quinze heures, sur la déclaration de Charles, Auguste BUREAU, français, Chevalier de la Légion d'Honneur, décoré de la Croix de guerre, âgé de soixante deux anx, maraîcher, domicilié Ferme Santa Maria, kilomètre quatre route de Mazagan, époux de la défunte, qui lecture faite, a signé avec nous Paul de Gaillande, Adjoint au Chef des Services Municipauxde mazagan, officier de l'État-Civil délégué.

"Bureau       de Gaillande"

 

19) Acte de naissance de Antoine le 3 mars 1899 à St-Gervais:

 

"N°13

"3 Mars 1899

"Cromarias Antoine, Jean Alexis

"Masculin

"Légitime

"L'an mil huit cent quatre vingt dix neuf le quatre Mars à dix heures du matin, Par devant nous Maison Etienne, maire officier de l'état civil de la commune de Saint-Gervais, chef lieu de canton, arrondissement de Riom département du Puy de Dôme, est comparu Cromarias, Antoine, Eugène, âgé de quarante un ans, Ingénieur à Saint-Gervais lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né le trois Mars à dix heures du soir de lui déclarant en son domicile , et de Labourier, Anaïs, Marie, Eugénie âgée de trente deux ans, son épouse sans profession demeurant avec lui, et auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Antoine, Jean, Alexis les dites déclaration et présentation faites en présence de Maugue Emmanuel, Receveur des Contributions âgé de soixante un an de Maison Antoine âgé de quarante six ans Pharmacien tous deux demeurant à Saint Gervais amis du déclarant et ont le père et les témoins signés avec nous le présent acte de naissance après qu'il leur en a été fait lecture.

    Maison (Antoine)  Maugue (Emmanuel) ECromarias E Maison" 

 

20) Acte de décès d'Antoine le 10 octobre 1932 à St-Gervais:

 

"N° 29 / 10 octobre 1923 / Cromarias Antoine Jean Alexis 32 ans, célibataire.

"Le dix octobre mil neuf cent trente et un, à dix heures trente est décédé en son domicile à Saint-Gervais d'Auvergne Antoine Jean Alexis Cromarias, né à Saint-Gervais d'Auvergne le trois mars mil huit cent quatre vingt dix neuf, sans profession, fils de Antoine Eugène Cromarias, Ingénieur en retraite, et de Anaïs Marie Eugénie Labourier, sans profession son épouse, domiciliés à Saint-Gervais d'Auvergne, célibataire.

"Dressé le onze octobre mil neuf cent trente et un, à huit heure sur la déclaration de Michel Maison, cinquante-cinq ans, pharmacien, voisin du défunt, domicilié en cette commune, qui, lecture faite,  a signé avec Nous, Michel Sauret, Maire de Saint-Gervais d'Auvergne.

Maison M    M Sauret"

 

21) Photo Eugène vers 1906 (Col. Pers.):

 

16eugènevers1906
      

 

 

 

 

 

22) Photo de groupe à la Place d’Armes à Beaumont, 1906:

 

 pldarm2-copie-1.jpg

 

Baptême de Marguerite Pageix :

En haut, de gauche à droite, debout :

 

Bonnette Bardin, épouse Jean-Baptiste Pageix (mes arrières grands parents Pageix) ; Marguerite Villevaud (Aubière), veuve d’Antoine Cromarias (mes arrières grands parents Cromarias), X, Antony Pageix, époux Marie-Louise Gay ; Irène Cromarias, sœur de Jeanne Eugénie, épouse Alexis Teilhol (Aubière); X ; X ; Eugène Cromarias, Ingénieur des Mines, frère d’Antoine ; Anaïs Labourier, épouse d’Eugène Cromarias, Joseph Pageix (en uniforme), frère de Pierre mon grand père et d’Antony Pageix ; X ; Jean-Baptiste Pageix, mon arrière grand père ; X; X.

 

Assis au premier rang :

 

Guy Teilhol, fils d’Alexis et d’Irène ; Antoine Cromarias, fils d’ Eugène et d’Anaïs, ma grand-mère Jeanne Eugénie Cromarias, épouse de Pierre Pageix (mes grands parents Pageix), tenant dans ses bras ma tante Marguerite Pageix ; Paul Teilhol ; Germaine Cromarias (qui fait la grimace…)

 

La photo a été prise par mon grand père Pierre Pageix (absent sur le cliché), devant les granges de la maison Pageix à la Place d’Armes, à Beaumont.

 

23) Généalogie sommaire d' Eugène Cromarias :

 

1-Pierre Cromarias de Laveix, paroisse de St-Julien la Geneste + après 1602

 

2-Claude Cromarias de Laveix x Blaisie Laussedat (+ 1601) puis Marguerite Aymard d'où :

 

3-Gilbert Cromarias de Laveix  o vers 1610, x Gilberte Laussedat, +vers 1680

 

4-Blaise Cromarias de Laveix  o vers 1640, + après 1710 x Gervaise Nohen

 

5-Pierre Cromarias de Laveix o vers 1670 + vers 1712 x Jeanne Aubignat, parents de :

 

6.1-Blaise Cromarias de St-Julien la Geneste o en 1702 + 1761 x Françoise Vialette, parents de :

-Gilbert Cromarias o 1730 +15.07.1797 x 31. 01.1769 Catherine Cromarias

 

6.2-Gilbert Cromarias s'installe au Fraisse paroisse de Gouttières o ca 1705 + 1771 ép. Alexie Favier, parents de :

-Catherine Cromarias o 23.11.1744 + 12.08.1802 x Gilbert Cromarias

 

D'où la branche du Fraisse, fruit du mariage de Gilbert et Catherine, cousins germains, qui marqua la réconciliation des deux « frères ennemis », Blaise et Gilbert, jusque-là en désaccord sur l'héritage de leur père :

 

7-Gilbert Cromarias Le Fraisse o 7.02.1776 + 19.05.1853 x Marie Auray

 

8-Jean Baptiste François Cromarias Le Fraisse o 14.09.1816 + 14.04.1859 x 04.06.1844 Françoise Thomas fille de Marien Thomas Desroffeix (photo2) 3 enfants*:

 

*9.1-Gilbert Cromarias o 24.05.1847 + 24.09.1855, décédé à 8 ans.

 

*9.2-Marien Antoine Cromarias (Mon arrière grand-père) Le Fraisse o 30.08.1849 + 10.01.1893 x 26.04.1875 Marguerite Villevaud, 3 enfants :

 

10.1-Françoise Marie Irène (dite Irène) Cromarias o 03.02.1876 + 16.04.1952 x Benoit François Alexis (dit Alexis) Teilhol ( parents de Paul, Guy et Pierrette)

10.2-Eugène Cromarias o 02.09.1879 + 03.09.1879

10.3-Jeanne Eugénie Cromarias o 02.09.1881 + 01.10.1962 x 21.06.1904 Pierre Pageix (mes grands parents), parents de Marguerite et de Paul, mon père. 

 

*9.3-Antoine Eugène Cromarias Ingénieur des Mines o 12.09.1857 + 06.04.1932 x 7.11.1892 Anaïs-Eugénie Labourier 2 enfants**:

*10.3.1-Germaine Marie Eugénie Cromarias, o 19.11.1893 à Chamalières x 21.04.1917 avec Charles Auguste Bureau + 01.02.1953 à Mazagan, Maroc. Deux enfants:

*11.3.1 -Georges Marie Charles Bureau,  o 08.04.1918 à Ronchamp, x 23.11.1940 à Chamalières avec Simone Suzanne Alice Colas, + à Saint-Cloud 07.07.1994.

*11.3.2 -Claude Marie Antoine Bureau, o 23.06.1925 à Nancy, x 03.02.1947 à Ksar es Souk (Maroc) avec Fatma bent Mohamed , + à Haouzia (Maroc) le 19.07.2001.

*10.3.2-Antoine Jean Alexis Cromarias o 3.03.1899, +10.10.1932 à Saint-Gervais d'Auvergne sans postérité.

nota: o = naissance; x = mariage; + = décès.

 

 24) Acte de décès d'Eugène le 6 avril 1932 à Metz :

 

Etat Civil de Chamalières : N° 41 25 aavril 1932. Cromarias Eugène Antoine. Epoux 75 ans décédé le 6 avril 1932.

Le six avril mil neuf cent trente-deux, à vingt heures est décédé , 1 rue Pasteur, Eugène Antoine Cromarias, Ingénieur civil des Mines, domicilié à Chamalières (Puy-de-Dôme) avenue de Royat, né à Gouttières (Puy-de-Dôme), le douze septembre mil huit cent cinquante sept, fils de Antoine Cromarias et de Françoise Thomas, époux décédés, époux de Eugénie Labourier.

Dressé le sept avril mil neuf cent trente deux, à quinze heures sur la déclaration de Léon Abadie, employé vingt sept ans, à Montigny-les-Metz qui, lecture faite, a signé avec Nous Eugène Lambert conseiller Municipal officier de l'état civil par délégation.

Le présent acte a été transcrit par Nous Pierre Chartrousse, chevalier de la Légion d'Honneur, Maire de Chamalières le vingt cinq avril mil neuf cent trente deux conformément à l'article 80 du code civil. P. Chartrousse »

 

25) Acte de décès d'Anaïs Eugénie Labourier le 17 janvier 1936 à Chamalières :

 

N° 8/17 Janvier 1936/ Labourier Anaïs Eugénie Veuve : 69 ans.

Le dix-sept Janvier mil-neuf-cent-trente-six, à douze heures est décédée en son domicile, avenue Thermale :

Anaïs Eugénie Labourier, née à Pontgibaud (Puy-de-Dôme) le quinze novembre mil-huit-cent -soixante-six sans profession fille de François Labourier et de Gilberte Coulon, dédédés, Veuve de Antoine Eugène Cromarias.

Dressé le jour susdit, mil-neuf-cent-trente-six, à seize heures, sur déclaration de Jean Limousin, soixante six ans, sans profession rue André Moinier 8 à Clermont-Fd qui lecture faite a signé avec nous, Pierre Chartrousse, Chevalier de la Légion d'Honneur, Maire de Chamalières.

J. Limousin P Chartrousse

 

26) Demande de concession minière en Algérie d'Eugène:

Demande de concession minière en Algérie des 7 décembre 1889 et 7 février 1890. Journal officiel du 29 mai 1890.

Demande de concession minière en Algérie des 7 décembre 1889 et 7 février 1890. Journal officiel du 29 mai 1890.

Demande de concession, suite.

Demande de concession, suite.

Décret du 12 juin 1891 du Président de la République portant concession de mine au profit d'Eugène Cromarias.

Décret du 12 juin 1891 du Président de la République portant concession de mine au profit d'Eugène Cromarias.

27) Extrait de la Gazette Algérienne du mercredi 8 mars 1899:

 

LA GAZETTE ALGERIENNE,

mercredi 8 mars 1899,

15e année, N° 19.

Organe républicain indépendant paraissant les mercredi et samedi.

 

Rapport sur la mine de Taya

 

Historique: Les gîtes d'antimoine et de mercure du Djebel-Taya ont été signalés, pour la première fois, en 1845, par M. Fournel, Ingénieur en Chef des Mines.

Ces gîtes ont été étudiés de 1845 à 1850 par M. Briquelar, Négociant à Marseille.

De 1850 à 1853, M. Dervieu, de Marseille, fut autorisé à explorer lesdits gîtes.

Vers 1853, les travaux de recherche ayant dégénérés en travaux d'exploitation, ceux-ci furent arrêtés par ordre de l'Administration.

De 1881 à 1883, les recherches furent reprises et continuées par MM. Médevielle, Cassar et Xiberras.

Leurs travaux firent déclarer les gîtes du Taya concessibles.

Pour des raisons que nous ignorons, la demande de concession formulée par ces explorateurs fut rejetée.

Par décret en date du 12 juin 1891, les gîtes du Taya ont été concédés à M. E. Crosmarias, Ingénieur civil, demeurant à St-Gervais-d'Auvergne, département du Puy-de-Dôme.

A titre d'indemnité, M . Crosmarias a payé à la Société Cassar, Médevielle & Xiberras, la somme de dix mille francs pour l'invention de la partie des gîtes concédés, que leurs travaux ont fait connaître.

L'aticle 5 du décret de concession fait mention de cette indemnité.

 

Position géographique: La mine du Taya est située sur une ligne de Bône au Kroubs, à huit kilomètres environ au nord-est de la gare du Taya (à 1200 mètres d'altitude), celle-ci se trouve à 124 kilomètre de Bône.

Un sentier muletier conduit de la gare à la mine.

 

Position géologique: D'après M. l'Ingénieur des Mines Tissot, les gîtes du Taya sont compris entre les calcaires et marnes (sénoniens), et les calcaires classés par cet ingénieur dans la partie supérieure de l'étage néocomien.

Le terrain sénonien (marnes shisteuses avec bancs de calsaires), forme une ceinture au pied du massif calcaire à l'ouest, au nord et à l'est, dans presque toute la partie où se trouve les gîtes minéraux, ce terrain disparaît sous les marnes schisteuses de la formation numulitique.

 

Gîtes: Les gîtes du Taya se divisent en deux catégories bien distinctes :

1° -Les gîtes encaissés dans la masse calcaire qui forme la montagne du Taya ;

2° -Les gîtes qui se trouvent au contact du calcaire néocomien et des marnes sénoniennes.

Les gîtes de la première catégorie se rencontrent à différents niveaux dans les grands joints de stratification du massif calcaire et dans les fissures plus ou moins verticales qui les recoupent.

L'existence du minerai a été signalé dans le massif calcaire, sur une hauteur de plus de 200 mètres.

 

   

28) Jugement de la Cour d'Appel de Colmar, Chambre détachée à Metz, 19 février 1931.

Concernant la famille Cromarias-Bureau (Résumé).

 

Un certain Nosal, propriétaire d'un immeuble à Metz, 19 rue des Clercs, avait loué le 18 novembre 1929 à un certain Devallière des locaux dans cet immeuble pour y pratiquer le métier de tailleur-plisseur pour trois ans à dater du 1er janvier 1930, moyennant un loyer annuel de 2500 francs.

Le bail stipulait que le locataire ne pourrait céder son droit au bail ni sous-louer sans l'autorisation du bailleur.

Le 4 décembre 1929, Devallière avisa Nosal qu'il avait cédé par acte du 21 novembre 1929 (trois jours seulement près avoir lui-même contracté ce bail !) son affaire de plissage à la dame Bureau à Metz (née Germaine Cromarias) et au sieur Cromarias à Nancy (père de germaine). Le 12 décembre suivant, le journal "Le Lorrain" publia une annonce de vente du fonds de commerce Devallière aux Cromarias-Bureau et du matérie associé.

Le Tribunal de 1ère Instance de Metz fut saisi par Nosal d'une demande de résiliation du bail et par Devallière d'une demande de ratification par la justicie de la cession conclue entre lui-même et les consorts Bureau-Cromarias, avançant qu'il détenait ne autorisation de cession de la part de Nosal.

Finalement, la "dame Nosal"  autorisa la cession à bureau-Cromarias du bail signé le 18 novembre 1929 avec Devallière sous réserve de n'exercer dans les lieux loués que le métier de tailleur-plisseur.

En conclusion, le Tribunal de Metz déclara recevable en la forme l'appel de Devallière, mais le condamna aux dépens.

 

29) Le métier de tailleur-plisseur

Le/la plisseur(euse) est une des petites mains essentielles à la haute-couture. Il/elle réalise un relief sur les pièces des grands couturiers.

Dans la mode, le plisseur possède un savoir-faire rare. Couturier dans l'âme, il s'applique à plier le tissu pour lui donner un relief particulier conférant ainsi à la pièce un aspect d'œuvre textile. Cet artisan peut donner au vêtement de multiples formes à condition de respecter quelques règles essentielles.

 

Un artisan minutieux :

Il effectue d’abord un travail préparatoire : il réalise son motif sur papier et effectue le traçage du tissu. Ce dernier est entreposé entre un « métier » (moule en carton à deux faces) qui est ensuite placé dans une étuve entre 85 et 100° pendant 2 à 5 heures. Le tissu doit ensuite reposer plusieurs heures afin d’épouser entièrement sa forme finale. La confection d’une pièce peut ainsi prendre une journée entière de travail.

 

Compétences nécessaires :

 

-Sens artistique développé

-Capacité de dessin, de création en relief

-Excellente connaissance des matières textiles

-Maîtrise des règles mathématiques et géométriques

-Organisation, rigueur, concentration.

 

 

 

 

Cette biographie devra être complétée, notamment pour ce qui concerne :

 

-la scolarité d'Eugène avant l'entrée à l'École des Mines ;

-ses activités en France, lorsqu'il était domicilié à St-Gervais d'Auvergne et à Chamalières ;

-la confirmation d'un deuxième séjour en Algérie, à partir de 1891, date de sa prise de concession des mines de Taya;

 

En l'état, elle doit beaucoup à Mme Maisonneuve et Mr Mahl, qui m'ont si bien accueilli à l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris et pour la riche documentation qu'ils ont mise à ma disposition (en particulier le dossier de la scolarité d'Eugène Cromarias). Mes remerciements vont aussi à Mme Dessens et à Mme Weber pour leur accueil lors d'une visite faite en janvier 2017 à l'ENSMP où j'ai pu prendre d'autres clichés.

Ma reconnaissance va aussi à Madame Cindy Hopfner et à Monsieur Éric Nunes de la Bibliothèque de Nancy, pour leurs recherches dans la presse locale ("l'Est Républicain", etc), ainsi qu'aux Mairies de Nancy, Metz, Ronchamp et Chamalières et aux servicex de Nantes pour la communication rapide (et en ligne) des actes d'état civil du Maroc qui m'ont permis de préciser la descendance d'Eugène et d'Eugénie).

Mes remerciements vont également à Jean-Noël Mayet, confrère du Cercle Généalogique et Historique de l'Auvergne et du Velay, qui est l'auteur d'une étude en voie d'achèvement, entièrement consacrée aux Cromarias.

Ils s'adresse aussi à Mustapha Jmahri, écrivain marocain, avec qui je suis entré en relation en fin d'année 2017, et qui m'a apporté beaucoup de renseignements sur la vie des colons au Maroc dans la région du Doukkala-Mazagan, et notamment sur Claude Bureau. 

Malheureusement, comme beaucoup d'autres, cette biographie ne connaîtra pas son parfait achèvement, faute d'avoir su autrefois recueillir de la bouche de mes grands parents Pageix-Cromarias, ou de mon père Paul Pageix, tout ce qu'ils savaient à propos de ces personnages: cela m'aurait évité de devoir me contenter aujourd'hui, pour les faire revivre, de mes archives photographiques et de mes papiers de famille; ces froids témoignages ne suffiront jamais à retracer fidèlement leurs vies riches et actives et à mieux faire apparaître au fil de ces lignes leur âme et leur personnalité... 

 

Jacques Pageix, novembre 2011-août 2015 et 2016-2017...

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 22:31

 

 

 

François Cromarias

 

Chirurgien major – Médecin

 

(1778-1851)

 

ooo

 

cromarias 031

 

 

Biographie

 

Jacques Pageix (en cours de rédaction)

 

ooo

 

François CROMARIAS

 

Chirurgien de la Grande Armée

 

ooo

 

1-Avant-propos

 

En 1962, lors du décès de ma grand mère Jeanne Eugénie Cromarias, épouse de Pierre Pageix, mon grand père, j'accompagnai mes parents à Saint-Gervais d'Auvergne, où elle avait passé ses deux dernières années dans une maison tenue par des religieuses.

Elle avait vécu là en compagnie de sa cousine Joséphine Maison, d'une vieille famille de pharmaciens de Saint-Gervais.

 

 

Ma grand-mère Jeanne Eugénie Cromarias vers 1885, née à Aubière le 2 novembre 1881, décédée à Saint-Gervais d'Auvergne le 1er octobre 1962 ; elle épousa le 21 juin 1904 à Gouttière mon grand-père Pierre Pageix et lui apporta en dot le domaine du Fraisse.

 

Les Cromarias! j'ai été très tôt fasciné par cette famille qu'Ambroise Tardieu, dans son "Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne qualifiait ainsi: "L'une des plus anciennes et des plus estimables de la région".

Je me souviens parfaitement que le Maire de cette localité de la Combraille nous reçut avec bienveillance en nous rappelant au passage les bienfaits, qu'au fil des siècles, la famille Cromarias prodiguait dans le canton. Il souligna que les Cromarias, autrefois, pourvoyaient aux besoins des indigents et des malades; il ajouta non sans une pointe d'humour que leur rôle confinait parfois à celui de notre sécurité sociale actuelle, même si ce fut un peu au détriment de leur propre fortune...

Il nous remit une vieille édition brochée du livre relatant l'histoire de Saint-Gervais d'Auvergne, qu'Ambroise Tardieu, historiographe du Puy-de-Dôme, avait publié en 1892 avec Augustin Madebène, un historien local. Parmi les membres de cette famille évoqués dans cet ouvrage, se trouvait un certain François Cromarias, chirurgien major sous le 1er Empire et la Restauration...

 

 

"Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne"

de Tardieu et Madebène.

 

L'évocation des campagnes et des batailles auxquelles participa ce personnage ne manquèrent pas de me faire rêver, et ceci d'autant plus que l'absence de détails ne pouvait qu'aiguiser ma curiosité. De plus, cet homme, resté célibataire, m'apparut attachant: ne témoigna-t-il pas d'une grande générosité à la fin de sa vie, restant en cela fidèle à la tradition familiale, en distribuant une partie de sa fortune à ses anciens serviteurs et aux pauvres? Son testament évoqué plus loin comporte en effet de nombreux dons. 

Voici les passages du livre de Tardieu consacrés à notre chirurgien, passages qui contiennent comme on le verra de surprenantes erreurs:

 

-Page 133: "Légion d'Honneur. Cromarias François, né au Vernadel, en 1778. Fils d'Annet et de Marie Bathiat, docteur-médecin, puis chirurgien-major au 2ème régiment d'artillerie, Campagne de Russie (faux) et celle d'Espagne (vrai). Chevalier de l'Ordre de la Réunion et de Charles III d'Espagne (vrai). Membre de la société des sciences physiques, chimiques de France (vrai). Mort le 31 août 1851. Décoré de la Légion d'Honneur par le Baron Larrey à Iéna au nom de l'Empereur". 

Page 220: " Famille Cromarias : Très ancienne et bien estimable famille, qui a fourni des prêtres (voir Ayat), un officier (voir légion d’honneur), un conseiller général (voir conseillers généraux). A cette famille: François Cromarias, docteur en médecine ; il devint chirurgien-major du 2ème régiment d’artillerie. Il avait fait la campagne d’Egypte avec l’illustre général Desaix, son ami d’enfance (ceci est inexact), et la mort de ce dernier (en 1800) le laissa inconsolable. Ce fut lui, avec son parent par alliance, le docteur Martin, qui eut, le premier, l’idée de faire revivre la mémoire de Desaix, à Ayat (voir carte postale du monument qu'ils érigèrent). Blessé à Wagram, il affronta la mort à Waterloo, à la suite de l’artillerie de la garde impériale (François Cromarias ne participa certainement pas à cette fameuse bataille, livré le 18 juin 1815). Il mourut en 1851".

 

Beaucoup plus tard, à partir des années 1995, j'entrepris de reconstituer sa carrière, en m'inspirant de nombreux documents recueillis de plusieurs manières:

D'abord, à la Bibliothèque Nationale, où j'ai pu accéder au dossier de sa succession. Ensuite, sur le site Gallica, où se trouve l'historique de son régiment de Dragons (le 25e) rédigé par le Capitaine Marie-Victor Clément de Bourqueney,  ouvrage qui m'a permis de suivre les étapes parcourues et les batailles au cours desquelles il dut exercer ses talents de chirurgien en "soignant les blessés sur le champ de bataille", comme le précisent les appréciations consignées par ses supérieurs dans son dossier militaire, tel le colonel d'Ornano, cousin de Bonaparte, qu'il côtoya en Espagne. 

Ensuite, aux archives militaires de Vincennes où se trouvent ses dossiers militaires.

Enfin, la consultation d'archives privées telles que celles de M. Bernard Faure, qui a racheté la maison familiale du Vernadel où François Cromarias vit le jour et passa son enfance, m'ont fourni de précieux renseignements.

De même, j'ai pu accéder aux archives privées détenues par Monsieur Montpied à Montcel, où se trouve le cimetière où repose François Cromarias ; ces archives concernent la maison du Montcel, propriété du frère de François, Jean, curé de Montcel, qui repose avec lui dans le même tombeau du cimetière de Montcel. Cette maison n'était rien d'autre que le presbytère où vivait le curé. François venait s'y reposer entre deux campagnes. L'écurie du presbytère abritait le cheval que François utilisait pour ses randonnées équestres.

Dès les premières investigations au sein des Services Historiques des Armées à Vincennes où je pus consulter ses deux dossiers (carrière et pension), je constatai que plusieurs affirmations de Tardieu étaient manifestement fausses:

En effet, incorporé le 17 novembre 1798 suite à la Loi Jourdan, François ne pouvait avoir participé à la campagne d'Égypte qui fut entreprise dès le 19 mai précédent, date de l'embarquement du général Bonaparte et de son armée à Toulon. Il n'en fit pas moins dès son incorporation les campagnes de l'Armée du Rhin et du Danube entre 1798 et 1804. Elles furent suivies des campagnes d'Espagne et du Portugal, et enfin des campagnes d'Allemagne et de France jusqu'à la première abdication de Napoléon 1er le 4 avril 1814 à Fontainebleau où l'Empereur fit ses adieux à sa vieille Garde.

Il n'aura certainement pas participé non plus à la célèbre bataille de Waterloo, le 18 juin 1815. En effet, dès le 22 juin, soit au tout début de la deuxième Restauration, il fut proposé pour la Légion d'Honneur, ordre que la Monarchie n'avait pas supprimé. En fait, il ne semble pas que François Cromarias ait suivi l'Empereur lors des Cent-Jours, et qu'il soit plutôt resté fidèle à la monarchie dès la première Restauration en avril 1814, période au cours de laquelle il passa sa thèse de médecine à Strasbourg, le 1er novembre de cette année-là (Strasbourg était la garnison de dépôt du 25e Régiment de Dragons). C'est sans doute pourquoi il ne se trouva placé qu'en demi-solde -et non révoqué- au moment de la réinstallation des Bourbon en juin 1815. Reprenant peu après du service actif, il suivra d'ailleurs le Duc d'Angoulême en Espagne quelques années plus tard, en 1823, lors de cette campagne décidée par Louis XVIII pour rétablir la roi Ferdinand VII sur son trône.

On trouve sur le site de la Bibliothèque Nationale de France "Gallica" un article à son sujet dans un numéro de 1902 de la revue "La France médicale", revue d'Études d'Histoire de la Médecine dont le rédacteur en chef était le Docteur Albert Prieur. Il s'agit d'une biographie de deux médecins militaires des armées de la Révolution et de l'Empire : François Cromarias, et Jean-Baptiste Vergne. L'auteur était Émile Tartière, Docteur Médecin Major de 1ère classe, médecin-chef de la gendarmerie.

Contrairement à celui de Tardieu, le récit de Tartière est plus proche de la réalité.

Malheureusement, si l'auteur évoque en détail la formation scolaire à Clermont-Fd du médecin Vergne, il ne précise rien quant aux études (*) faites par François Cromarias, se contentant d'écrire "qu'il entra au service comme soldat au 25e dragons le 27 brumaire an VII" (17 novembre 1798). En revanche, sa narration, au demeurant très courte, est exacte et il semble bien que Tartière ait pu consulter les dossiers militaires des intéressés.

(*) : Il est possible que François Cromarias fit ses études secondaires, comme beaucoup d'autres comme Croizier, chez les oratoriens de Riom. En outre, il y avait une école de chirurgie à Clermont depuis 1767.

Cette narration constitue un excellent résumé de sa vie ; aussi, je ne puis m'empêcher d'en  reproduire ici quelques passages :

"Il fut nommé chirurgien sous-aide le 24 germinal an XII (14 avril 1804) ; chirurgien aide-major le 22 mars 1807 puis chirurgien-major le 13 octobre 1810" (...) "Il fit les campagnes des années 1807, 1808 et 1809 aux armées du Danube et du Rhin ; celles de 1805, 1806 et 1807 en Prusse et en Pologne (*)  ; de 1808 et 1813 en Espagne et en Portugal, de 1813 en Allemagne et de 1814 en France ; de 1815 à l'armée du Rhin ; de 1823 et 1824 en Espagne.

(*): Notons que, curieusement, cette liste fournie par Tartière exclut les années 1799 à 1804: si elle furent, à l'exception de l'année 1800, des années de paix relatives, elles n'en sont pas moins évoquées dans l'historique du 25e Dragon

"Il fut blessé à la poitrine en marchant à l'ennemi le 25 septembre 1811, au passage de la Guida (*). 

"Il y a lieu de remarquer qu'il ne fut promu chevalier de la Légion d'honneur que le 27 avril 1821.

(*): La Gueda: En fait, l'Agueda (orthographe correcte) est un affluent du Douro, qui passe à Ciudad Rodrigo, ville assiégée par nos armées, et qui forme la frontière entre le Portugal et l'Espagne.

"En Espagne, il fut fait chevalier de Charles III d'Espagne le 18 novembre 1823.

"Il avait été reçu docteur en médecine de la Faculté de Strasbourg le 1er octobre 1814.

"Dès qu'il eut pris sa retraite, il passait l'hiver à Paris, et dès le mois de mai, il venait se reposer dans sa maison de Vernadel, près de St-Priest-des-Champs. Ce pays de montagnes l'attirait chaque année et son souvenir vit encore parmi les paysans de la contrée, avec lesquels il aimait à s'entretenir et à parler de ses campagnes".

......

 

Ainsi, un faisceau de légende s'est tissé autour de François Cromarias, et je me demande bien pourquoi, puisque la réalité, à la fois exceptionnelle et captivante, se suffit largement à elle-même : c'est celle d'une carrière hors du commun, au sein des armées de la République, du Consulat, de l'Empire et enfin de la Restauration, carrière au cours de laquelle François Cromarias manifesta de grandes qualités d'endurance et de courage comme en témoignent les appréciations de ses chefs de corps et ses décorations (ordre de la Réunion, Légion d'Honneur et ordre de Charles III d'Espagne). Sa carrière civile de médecin parisien, installé place Dauphine, suscite également l'admiration, car François Cromarias se sera dévoué pour ses malades jusqu'à sa mort survenue à 73 ans, et aura contribué à l'essor de la médecine, au sein de nombreuses académies scientifiques où ses interventions et publications furent très appréciées! (il était membre titulaire de la société des sciences physiques, chimiques et arts agricoles et industriels)Il s'intéressa visiblement à la naissance et aux progrès du chemin de fer puisqu'on  retrouvera dans ses papiers lors de son décès en 1851 à Paris des actions du chemin de fer du Nord et du chemin de fer de Paris à Orléans.

.....

2-Ses origines, sa famille et sa jeunesse

 

François Cromarias naît le 22 février 1778 au Vernadel, en Combraille, berceau de sa famille et de ses ancêtres directs, pour la plupart propriétaires agriculteurs dont les terres produisent des céréales et dont les prairies sont destinées à l'élevage. Les Cromarias sont tous originaires du village éponyme de Cromaria près de Marcillat-en-Combraille, qui signifie "Creux de Marie" ; on y trouvait un Barthélémy Cromarias en 1430 et un prêtre Pierre Cromarias en 1478.

Son père est Annet Antoine Cromarias et sa mère Marie Bathiat, comme le précise son acte de baptême:

 

 

"François Cromarias fils légitime a Annet et a Marie Bathiat (*) du Vernadel est né et a été baptizé le vingt deux février mil sept cent soixante dix huit a été parrain François Cromarias (**) et marraine Margueritte Cromarias n'ont scu signer requis. Boyer vicaire".

(*) : Sa mère, Marie Bathiat, était la fille de François Bathiat, procureur d'office de Chaselle et greffier d'Ayat, et de demoiselle Gilberte Pradon d'Ayat. On notera aussi dans l'acte de mariage de ses parents la présence de plusieurs prêtres, dont Messire Pierre Bathiat, "prêtre demeurant à Riom". Voir l'arbre généalogique simplifié en annexe. Les Bathias, nombreux en Combraille, "cousinaient" avec les Romme, de Riom (on se rappellera du célèbre conventionnel, mathématicien), avec les Croizier. L'un d'eux, François Croizier, fut aide de camp de Bonaparte en Égypte et mourut abandonné au désert comme le raconte René Bouscayrol (L'auvergne littéraire, N° 151, 1984). Enfin, plus récemment, une Bathiat devint actrice et marqua le cinéma sous le pseudonyme d'Arletty

 

(**): Il s'agit de son oncle, qui vécut à Paris sous la Terreur (on possède sa carte délivrée par le comité de salut public de son quartier).

 

Son entourage familial comptait donc, pêle-mêle, comme on l'a vu, des procureurs, des notaires, des prêtres, et ...des chirurgiens ; cela dut probablement contribuer à ouvrir l'esprit du jeune François aux nouvelles disciplines humaines et scientifiques. De plus, la noblesse locale, les Desaix, les De Veygoux et autres, restait à demeure dans ses châteaux où elle vivait modestement, loin des salons Versaillais ; beaucoup avaient très tôt adhéré à l'esprit des lumières, faisant ainsi rayonner sur les campagnes un éclairage nouveau.

On constate aujourd'hui, en lisant les actes de baptême et de mariage, que les seigneurs locaux furent souvent présents comme parrains ou simples témoins aux cérémonies de leurs paroissiens ; c'est bien la preuve qu'une certaine proximité affective régnait alors entre eux et leurs sujets. Rien d'étonnant à ce que leurs châteaux fussent épargnées par la vindicte populaire et exempts de pillages, contrairement à ce qui se passa ailleurs...(*) 

 

 Ici, les Desaix, Beaufranchet et Chauvigny de Blot

voisinent sans façon avec les Bathiat!

(*): Toutefois, Desaix et sa famille n'échappèrent point à des dénonciations calomnieuses. Elles tenaient au fait que beaucoup de membres de sa famille avaient émigré pour rejoindre les armées coalisées des princes.En septembre 1793, sa mère et sa sœur furent emprisonnées et ne retrouvèrent leur liberté qu'en janvier 1795! (raconté par Gonzague Saint Bris dans sa biographie "Desaix le sultan de Bonaparte").  Lui-même, général couvert de gloire à l'armée du Rhin avait été arrêté en septembre 1792 et emprisonné durant un mois et demi ; il enragea, car ce qui lui fit "rater" l'éclatante victoire de Valmy  (20 septembre). Ce fait est rapporté dans le Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne N°703 de 1989 par Gérard Tisserand à partir de document jusque-là inédit des archives départementale des Vosges. Cela me rappelle une correspondance du général Westermann à Couthon pendant la guerre de Vendée, alors qu'il était en but à des dénonciations: "Sois sûr que l'homme (couvert de blessures)qui a eu le courage de marcher long-temps, sans crainte, entre l'échafaud et les combats sanglans, pour sauver son pays, ne crains ni l'intrigue, ni la calomnie ; et éclairé, toi-même tu deviendra son plus chaud défenseur contre les vils intrigans..." (voir mon article sur le service militaire et les guerres).

 

Mariage des parents de François : Annet Cromarias, fils de Jean et de Jeanne Martin, du Vernadel, et Marie Bathiat, fille de Mre François Bathiat procureur d'office de Chaselles et greffier d'Ayat et de Melle Gilberte Pradon, d'Ayat en présence de Mre François Conchonnet prêtre et cousin du futur, de Mre Pierre Bathiat prêtre à Riom et de Pierre Cromarias curé d'Ayat.

 

Mariage de ses grands parents Bathiat:  

"Le Second d'octobre mil sept cent seize apres les fiancailles les trois publications faites / dans les deux églises du broc et d ayat et autres ceremonies de l eglise / canoniques observées sans qu il aye paru empechement /  canonique que le degre de consanguinite entre les parties dont elles ont obtenu dispense de nostre St pere le pape Clement / en date de rome du treize juin dite annee renvoiees a Mr l official / de Clermont qui m a donne dispense dudit degre et en vertu du pouvoir de / nostre St pere le pape le vingt neuviesme septembre dite annee veu le conge /  du Sieur curé du broc ayant pris le sermens des presens  lequel /  nous estoit ordonné  ceremonies de l eglise legitimement observees / le curé Soubsigne a donné la benediction nuptialle a françois bathiat / fils a bravy et a marie clermont d une part et a gilberte pradon /  fille a Marc pradon et a Marguerite gendre de la paroisse du broc  d autre partie present /  audit mariage Sieur bravy bathiat pere de l epoux et francois / bathiat son frere et Marc antoine pradon et gilbert pradon ses / cousins?

Aubignat curé d' Ayat     Pradon     Bathiat   Beaufranchet D'Ayat (*)

de grammont     beaumont  Bathiat

M Pradon     Pradon   Pradon

gendre

Gilberte Pradon, fille de Marc Pradon et de Marguerite Gendre est née au Broc le 19 novembre 1699 ; elle n'avait donc que 17 ans lors de son mariage avec François Bathiat...

Les Pradons étaient implantés au Broc (au sud d'Issoire), depuis des siècles. Cette famille, déclarée bourgeoise dans les actes, comptait des prêtres, un doyen du chapitre du Broc, des notaires, etc.  François Bathiat a donc trouvé son épouse assez loin de la Combraille. On peut s'interroger sur cette si jeune épouse venue de loin... Toutefois, une relation  entre le Broc et la Combraille existait alors, puisqu'un acte du 23 janvier 1693 du Broc mentionne un "Maître Marc Pradon, fils a defunct honnorable homme Jean Pradon, bourgeois de Pionsat"!

(*): on note la présence d'un Beaufranchet d'Ayat à ce mariage. Cette famille est connue pour son alliance avec une maîtresse de Louis XV à qui celui-ci assurait ainsi une situation. En effet, les parents de Louis Charles Antoine Desaix (le général) sont Gilbert Antoine Desaix et Amable de Beaufranchet, dont le frère, le Major Général Jacques de Beaufranchet d'Ayat mourut à Rossbach en 1757. Peu de temps auparavant, en 1755, il dut épouser Marie-Louise O'Murphy, "La belle Morphise", fille d'un maître cordonnier irlandais, et petite pensionnaire du "parc aux cerfs" de Versailles où Louis XV puisait selon ses désirs. On la connaît grâce au célèbre tableau de Boucher. Mariée, elle signa "de Morphy de Boisfailly".

À Ayat, on en trouve mention dans les actes de baptême de cette paroisse en 1767 et les années suivantes d'un chirurgien juré, Jean Bathiat ; peut-être est-ce lui qui donna le goût de la médecine à notre chirurgien militaire? Le curé d'Ayat, Pierre Cromarias, le désigne par "notre chirurgien en ce lieu"...Un Antoine Cromarias, Notaire royal à Pionsat, est également évoqué dans ces actes.

Tardieu évoque son amitié avec Desaix le futur Général Desaix : en effet, né "des Aix de Veygoux chevalier d'Ayat" celui-ci fut baptisé le 17 août 1768 par l'abbé Pierre Cromarias curé d'Ayat . La mort du général à Marengo l'aurait -d'après Tardieu- rendu inconsolable. Leur différence d'âge de dix ans m'incite à la prudence en la matière pour imaginer des gamins jouant ensemble. Il m'est également difficile de croire à une relation qui se serait manifestée plus tard, Desaix demeurant éloigné pour plusieurs années par ses campagnes d'Égypte, puis d'Italie.

 

Sa maison natale au Vernadel (Maison de ses parents).

 

 

L'acte de baptême du futur Général Charles-Antoine Desaix par l'abbé Pierre Cromarias, curé d'Ayat figure in-extenso sur le monument élevé à Ayat.

 

 

Verso de la carte postale adressée à ma grand mère par Eugénie Labourier épouse d'Eugène Cromarias, l'ingénieur des Mines...

 

3-Ses études

 

François Cromarias qui a 20 ans en 1798, il est d'une génération qui a eu ses études profondément perturbées par la Révolution : il avait onze ans en 1789. Où a-t-il pu faire ses études secondaires ? probablement ses deux oncles curés, Antoine Jean Cromarias (1745-1824), maître ès arts de l’Université de Bourges, et Annet Marien Cromarias (1751-1809). On peut ajouter aussi du coté paternel, son oncle François Cromarias (1757-1836), qui vécut à Paris sous la Terreur (on possède sa carte délivrée par le comité de salut public de son quartier). Réduits il est vrai un peu au chômage forcé pendant la Révolution, ils pouvaient donc s'occuper assidûment de leur protégé. Son frère ainé Jean (1764-1842), aussi prêtre, a eu lui aussi du temps à consacrer à l’éducation de François né en 1778, le plus jeune de sa fratrie. Il a pu ensuite aller au collège municipal de Riom, qui avait pris la succession du collège des oratoriens.

Par ailleurs, on peut facilement identifier l’origine de la vocation de François Cromarias : le « docteur » (en fait chirurgien à Ayat) Jean Bathiat (1740-1799), fils de François Bathiat et de Gilberte Pradon, est donc l’oncle de François Cromarias ; veuf de sa première épouse, il a épousé en 1785 à Gimeaux Antoinette Romme (1748-1831), fille de Charles Romme et Marie Desnier, et donc sœur de Gilbert Romme (1750-1795).

Autrement dit : l’oncle de François Cromarias était le beau-frère et ami du conventionnel Gilbert Romme (par ailleurs mathématicien). Celui-ci, ancien élève des Oratoriens de Riom, était un pédagogue très réputé. Il devait garder un certaine influence dans son ancien collège ; il a peut-être donné des conseils à son beau-frère Jean Bathiat pour l’éducation du jeune François? Et Jean Bathiat a du se charger de lui donner la pratique médicale avant son appel sous le drapeaux.

Par les Bathiat, les Cromarias faisaient donc partie du « second cercle » de la famille Romme : cela a dû certainement beaucoup faciliter la vie de la tribu des Cromarias prêtres… ! Et en même temps, influencé les idées politiques du jeune François.

J'ajoute que sa thèse de médecine soutenue à Strasbourg en 1814 (voir plus loin) atteste une connaissance du latin et probablement du grec alors enseigné dans les collèges. Mon grand père Pierre Pageix et ses deux frères, élève de Massillon à Clermont, y avaient acquis dans les années 1890 une solide culture en matière de langues anciennes...

 

4-Le conscrit de la République

 

Comme je l'ai souligné plus haut, on ne trouve rien sur les campagnes d’Égypte et de Russie de François Cromarias évoquées par Tardieu.

Quant à l'Égypte, François Cromarias n'était pas encore tombé sous le coup de la conscription au moment du départ de Toulon le 19 mai 1798, ce qui exclut sa participation pour cette expédition. Quant à la Russie, il se trouvait encore en Espagne au moment de cette désastreuse campagne ; ses états de services ne font d’ailleurs aucunement mention de ces deux campagnes. Il est incorporé comme conscrit de la première classe le 27 brumaire an 7 (17 novembre 1798) à l’âge de 20 ans (il était né le 22 février 1778) au 25erégiment de dragons, « enlevé à ses études par suite de la conscription » (*) précise une mention manuscrite… (Il s’agit de la loi Jourdan qui créa la conscription, le 5 septembre 1798, et qui s’appliqua à tout citoyen ayant 20 ans accomplis). Malgré des sondages dans la série L des archives départementales du Puy-de-Dôme, et particulièrement dans les dossiers consacrés à la conscription, je n'y ai malheureusement pas encore trouvé trace de François Cromarias.

La loi Jourdan créant la conscription, le 05.09.1798, s’appliqua à tout citoyen ayant 20 ans accomplis. Il ne put donc y échapper.

Il est même précisé dans ses états de service qu'il « est entré en qualité d'élève en chirurgie au 25erégiment de Dragons ». Il ne fit probablement que poursuivre ses études entamées avant son incorporation dans l'armée. Il y avait une école de chirurgie à Clermont ouverte en 1764 par Jean Delarbre. Je ne sais s'il y avait l'équivalent à Riom.

 

(*) : Il était donc probablement étudiant en médecine au moment de son incorporation.

C'est donc grâce à la fois à ses dossiers des archives de Vincennes (1) et à l'historique de son régiment rédigé par le colonel Bourqueney que j'ai pu me mettre dans ses pas:

Tout en poursuivant ses études sous l'uniforme, il sert d’abord comme soldat du 25erégiment de dragons aux « armées du Rhin (Gal Bernadotte) et du Danube (Gal Jourdan) », du 27 brumaire an 7 (17 novembre 1798) au 27 brumaire an 12 (19 novembre 1804).

 

 

4-Le chirurgien des armées impériales

 

DEVELOPPER A PARTIR DE L'HISTORIQUE DU REGIMENT.

Le 27.11.1798 :

Lorsque François Cromarias rejoint le Régiment, celui-ci, qui compte trois escadrons est commandé par le chef de brigade Blancheville : il tient garnison à Paris et occupe le quinconce des Invalides. Le régiment  avait été employé dans la répression de troubles au cours desquels un cavalier fut tué lors d'une échauffourée, le 20.08.1798.

Pendant cette période de paix, en garnison à Paris, François Cromarias eut certainement tout loisir pour poursuivre ses études en Chirurgie.

Peut-être rencontra-t-il le Chirurgien en Chef Dominique Larrey qui professait un nouveau mode d’évacuation des blessés sur les champs de bataille afin de leur apporter plus rapidement des soins. Larrey fut l’inventeur des ambulances, telle que celle-ci, dont le modèle sera encore utilisé au cours de la Grande Guerre.

1799 : Les campagnes de la République.

Le 21.01.1799, il quitte Paris pour Strasbourg où il arrive le 18.02.1799 afin d’y rallier l’armée du Rhin. Le régiment reçoit un complément d’effectifs et présente une force de 402 combattants.

 

En août, après une inspection du général Clarke il se rend à Mayence et il assiste aux combats de Neckargemund et de Wisloch près de Heidelberg les 07 et 09.10.1799 avec la division du général Ney.

1800 : Après quelques jours de repos à Strasbourg, l’armée du Rhin commandée par le général Moreau franchit le Rhin à Kehl et prend une part active au combat d’Offembourg . Attaqué le 12.07.1800 entre Offembach et Bergen il repousse l’ennemi. L’armistice de Parsdorf le 18.07.1800 met fin aux combats.

1801-1804 : Le régiment est en garnison à Châlons-sur-Marne. Le 13.03.1802, le régiment est inspecté par le général Ney, et quelques mois après par le général Oudinot. Le chef de brigade Blancheville meurt à Châlons le 22.12.1802 ; il est remplacé par le chef de brigade Rigau.

Le nouvel uniforme est « habit à longues basques vert ; collet, revers et passepoils aurore ; gilet blanc, culotte de peau ; gants à la crispin ; casque de cuivre à peau de tigre et crinière flottante ; l'équipage du cheval vert à galon blanc. La compagnie d'élite porte les épaulettes écarlates et le bonnet à poil ». En 1804, Le régiment va en garnison à Strasbourg en mars puis se rend à Neufbrisach, où il reste du 20.06.1804 au 23.10.1804, puis à Belfort. Le 14.04.1804, à 25 ans, il est nommé chirurgien sous-aide-major.

Le 14 avril 1804, à 25 ans, il est nomé chirurgien sous aide major. En vendémiaire de l’an 14 (septembre/octobre 1805), son état de service le situe à Austerlitz, où il sert dans le même régiment, au sein de la Grande Armée dont il suivra toutes les campagnes jusqu’en 1808.

À la Grande Armée

 

1805. Campagnes d’Allemagne et d’Autriche :

Après la revue de Belfort, le régiment part rallier la Grande Armée, où il est compris dans la réserve de cavalerie commandée par le prince Murat. Il franchit à nouveau le Rhin à Kehl le 25.09.1805 et entre à Stuttgart le 04.10.1805, puis passe le Danube à Guntzbourg . les Dragons se défendent vigoureusement à Ulm contre les hussards autrichiens et sont félicités par le Maréchal Ney. Il participe ensuite aux batailles d’Elchingen et passe sous les ordres du Maréchal Lannes . Le 02.12.1805, rattaché au corps du Maréchal Davoust, son régiment participe à la bataille d’Austerlitz. Le 26.12.1805, la paix est signée à Presbourg. Les troupes quittent l’Autriche.

 

1806. Campagnes de Prusse et de Pologne :

Le 23.02.1806, le régiment passe sous les ordres du Maréchal Bernadotte. Il perd son chirurgien-major Martin arrivé au corps en 1761 ! Le 14.10.1806, il participe à la bataille d’Iéna. Le 17, il est placé sous les ordres de Murat et du général Milhaud (un cantalien !). Par ordre du général Clarke, gouverneur de Berlin, il se rend dans la capitale prussienne pour y être passé en revue par l’Empereur !Le 26.12.1806, il se trouve en Pologne pour participer à la bataille de Pultusk avec la fameux général Lasalle (ce général qui chargeait la pipe aux lèvres, mort à Wagram à 34 ans, avait déclaré « Tout hussard qui n’est pas mort à trente ans est un jean-foutre »… Remarquons au passage que les généraux de l’époque s’exposaient à la tête de leur troupe…

1807 : le 16.01.1807, l’Empereur donne le commandement du 25eDragons à l’un de ses parents, Philippe-Antoine comte d’Ornano. Il marche aussitôt sur Ostrolenka où il livre bataille le 16.02.1807.

 

Le 22 mars 1807, il est nommé chirurgien aide major.

1807 : le 16.01.1807, l’Empereur donne le commandement du 25eDragons à l’un de ses parents, Philippe-Antoine comte d’Ornano. Il marche aussitôt sur Ostrolenka où il livre bataille le 16.02.1807.

Le 22.03.1807, François Cromarias est nommé chirurgien aide-major (le chirurgien major est Millière et les chirurgiens sous-aide majors sont Dubois et Lavaux).

L’armistice de Tilsitt, avec le tsar Alexandre Ier le 07.07.1807, et avec le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III le 9, met fin aux hostilités.

1808 : à la fin de l’année, il suit son régiment en Espagne (où l’armée était présente depuis décembre 1807). Il restera en Espagne, puis au Portugal, jusqu’en 1813, participant à tous les combats contre les anglais, les espagnols et les portuguais, campagnes marquées par autant de victoires que de défaites.

Le 08.07.1808, défaite de Baylen : le général Dupont cède la ville.

1809 : François Cromarias relève alors du 6e corps d’armée du Maréchal Ney. Le 28.11.1809, la victoire d’Alba de Tormès vaut une nouvelle inscription à l’étendard du 25e Dragons qui, avec le colonel d’Ornano, charge et sabre la cavalerie espagnole qui se réfugie au Portugal. Au cours de ce combat, le jeune d’Ornano, frère du colonel, meurt à 17 ans.

1810 : En janvier, le régiment cantonne à Salamanque. En août, l’armée du Portugal est constituée sous le commandement du Maréchal Masséna, prince d’Essling. Le 08.10.1810, les dragons obligent les troupes anglaises de Wellington à se retirer sur la ligne de Torrès-Vedras, entraînant le 19.10.1810, la chute de Ciudad-Rodrigo (une mention de plus à l’étendard) et l’entrée des troupes françaises au Portugal.

A partir de 1809, il suit son régiment en Espagne (où l’armée était présente depuis décembre 1807). Il restera en Espagne, puis au Portugal, jusqu'en 1813. Le 13 octobre 1810, il accède au grade de chirurgien major, il a 32 ans. Le 25 septembre 1811, il est « blessé à la poitrine, à la suite d’une chute de cheval en marchant à l’ennemi en passant la Gueda » (l’Agueda, cours d’eau qui marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal sur 40 km).

 

Ciudad-Rodrigo.

Le 13.10.1810, François Cromarias accède sur recommandation de son colonel, Philippe-Antoine d’Ornano, au grade de chirurgien-major, il a 32 ans : « Cet officier de santé depuis son entrée au régimentn’a cessé de mériter l’estime et la confiance de ses chefs par sa bonne conduite, ses talents et son zèle à remplir ses devoirs »;

1811 : Le 05.05.1811 à Fuentes del Onoro, les charges furieuses des dragons repoussent les troupes anglaises mais l’attermoiement du général Montbrun qui attend de l’artillerie ne permets pas de conforter ce premier succès.

En octobre, après le blocus de Torrès-Vedras, l’armée française se trouve dans une lamentable situation : « Le pain et le maïs formaient l’unique nourriture du soldat ; les médicaments sont épuisés, la toile manque pour les pansements ; le soldat, sous les pluies torrentielles, était sans abris et sans solde depuis plus de huit mois ». Les expéditions risquées pour trouver de la nourriture sont en but aux embuscades meurtrières

Le 25.09.1811, au cours du siège de Ciudad-Rodrigo, François Cromarias est « blessé à la poitrine, à la suite d’une chute de cheval en marchant à l’ennemi en passant la Gueda » (l’Agueda, cours d’eau qui marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal sur 40 km).

 

Uniforme de chirurgiens en Espagne, par Émile Fort. Cartes postales de 1905 et 1908, coll. pers. 

 

Tenue militaire d'un voltigeur en Espagne. Cartes postales de 1908, coll. pers.

On appréciera l'état de délabrement de l'uniforme.

 

1812 : L’armée du Portugal se porte en janvier sur Valladolid. Le général d’Ornano, appelé à la Grande Armée, quitte l’Espagne. Le 12.06.1812, le 25e est engagé dans la bataille des Arapiles et participe au combat de Villadiego le 23 octobre. L’état de l’armée est toujours aussi misérable :« Les régiments s’approvisionnent de draps bruns réquisitionnés dans les couvents dont ils confectionnaient des habits et des manteaux. C’est sous ce pittoresque accoutrement que les débris des dragons d’Espagne parurent, en 1813, en rejoignant les rangs de la Grande-Armée ».

Une Vivandière ; à considérer cette cantinière, et à supposer qu'elles avaient toute cette allure peu amène, on comprendra que notre chirurgien fut resté célibataire. Cartes postales de 1908, coll. pers.

1813 :

le 21juin, la bataille de Vitoria marque pour le 25e la fin des campagnes d’Espagne et du Portugal et le retrait des troupes françaises. À la fin de l’année 1813, il rentre en France et rejoint « l’armée d’Allemagne ». Il est décoré de l’ordre de la Réunion le 04.12.1813 « pour s’être distingué et avoir rendu de grands services aux blessés ».Dans sa proposition à la nomination de chevalier de la Légion d’Honneur le 17.01.1815, il est précisé qu’il « sert avec le plus grand zèle, il s’est constamment distingué et a rendu de grands services aux blessés qu’il a même soigné sur les champs de bataille ».

Au total, on peut être impressionné par les distances respectables, parcourues par notre chirurgien à travers l’Europe, à pied, à cheval ou en voiture attelée ! Il serait bon d’en faire le calcul…

A la fin de l’année 1813, il rentre en France et rejoint « l’armée d’Allemagne ». Il est décoré de l’ordre de la Réunion le 4 décembre 1813 « pour s’être distingué et avoir rendu de grands services aux blessés ».

1813 : Cromarias figure toujours dans l'état-major comme chirurgien-major, assisté de Leclerc aide-major et Lavaud sous-aide-major. Il participe aux campagnes d’Allemagne avec la Grande Armée et aux combats des derniers mois de l’Empire : Seydnitz le 25.08.1813, Wethaules 09 et 10.10.1813, Leipzig le 12.10.1813, la retraite sur le Rhin du 12.10.1813 au 31.12.1813…

1814 : c’est la campagne de France. Le 25e est cantonné à Colmar. François Cromarias participe encore à la bataille de La Rothière le 1er février, au combat de Mormant le 17.02.1814 et à l’attaque de Montereau le 18 puis à la bataille de Saint-Dizier le 26 février.

 

 

Napoléon abdique à Fontainebleau le 04.04.1814. Au 01.04.1814, le 25e est commandé par le colonel d'Hautefeuille. François Cromarias est toujours le chirurgien-major, assisté de 4 chirurgiens : Leclerc, Jacobs, Lavaud et Boucelin.

Le régiment est licencié le 12.05.1814 par ordonnance du roi Louis XVIII et ses éléments sont transférés aux 14edragons à Haguenau et 15e dragons à Arras. François Cromarias sert au sein du 14eDragon, sous les ordres du colonel Mermet qui le parrainera pour sa thèse de médecine.

Dans sa proposition à la nomination de chevalier de la Légion d’Honneur le 17 janvier 1815, il est précisé qu’il « sert avec le plus grand zèle, il s’est constamment distingué et a rendu de grands services aux blessés qu’il a même soigné sur les champs de bataille ».

Au Vernadel, François avait fait construire une belle demeure située non loin de sa maison d'enfance; elle appartient aujourd'hui à l'acteur Claude Giraud récemment décédé (partenaire de de Louis de Funès dans "Rabbi Jacob").

 

 

 

 

Extrait du plan cadastral du Vernadel: en 1, la maison natale de François Cromarias, et en 2 sa demeure photographiée ci-dessus. Je dois tous ces documents à Bernard Faure actuel propriétaire de la maison natale du chirurgien, que je remercie ici. 

 

 

 

P‌récision : la maison du Vernadel, appartenant à François CROMARIAS, a été construite par lui. Ce n'est pas une propriété achetée. Elle n'apparaît pas sur l'ancien cadastre. 

Interrogation : François CROMARIAS a-t-il connu DESAIX ? Pour mémoire DESAIX est né et a été baptisé à Ayat-sur-Sioule le 17/8/1768 par le curé Gilbert CROMARIAS grand-oncle de François.
Il y a 10 ans d'écart entre eux et DESAIX est mort à Marengo en juin 1880 : la rencontre est peu probable, même si François entre en service en novembre 1798.François CROMARIAS fait construire cette propriété qui est exploitée par des métayers. Il est fort probable qu'il y a peu séjourné.
A son décès le 31/8/1851 à Montcel, son neveu Jean Gilbert CROMARIAS, prêtre à La Chapelle Hugon, puis à St Pierre le Chastel devient par testament son légataire universel.
Jean Gilbert est fils d'un de ses frères Jean.
Jean Gilbert vend la propriété le 9/12/1901 au couple Mathieu CHAUSSE-Françoise DUPRAT cultivateurs à Montcel (!!!!) 12000 F : acte passé par Maître Henri PEYROT notaire à Chapdes-Beaufort. Il est fort probable que l'exploitation du domaine continue à être réalisée par des métayers.
La propriété est revendue le 26/3/1911 au couple François VERNERET-Angele MADEBENE  du Vernadel : acte passé par Maître Félix JAMET notaire à St Gervais. Le domaine est exploité par le couple puis par un des enfants (Jean VERNERET). Le prix de vente n'est pas défini clairement. Il est constitué d'une somme d'argent (1000 F) et de corps de bâtiments appartenant au père de Angele à Biollet et cédés par donation.
Au décès du dernier survivant (Angèle) les 5 enfants du couple VERNERET-MADEBENE vendent la propriété en 1973 au couple Claude GIRAUD-Catherine MARQUANT.
Aujourd'hui, les 2 enfants GIRAUD sont propriétaires par succession et pensent garder le bien.

5-Sa soutenance de thèse, en 1814, à Strasbourg

 

La première Restauration s’installe d'Avril 1814 à Mars 1815 . Le 1eroctobre 1814, François Cromarias soutient sa thèse de médecine et obtient le grade de docteur. Le diplôme lui est délivré au nom du roi par Louis de FONTANET, Pair de France, Grand Maître de l’Université, vu le certificat d’aptitude accordé par le doyen et les professeurs de la faculté de médecine de l’académie de Strasbourg. En fait, il s’agit d’une copie datée du 9 novembre 1825 qui porte en en-tête la mention « 17erégiment de chasseurs », l’une de ses affectations ultérieures. Sa thèse porte sur une « dissertation sur les fièvres intermittentes »dont on peut citer quelques extraits (2).

« Occasio praeceps, experimentia fallax, judicium difficile ». HIPPOCRAT. Aphorismes

« Ars longa,
vita brevis,
occasio praeceps,
experimentum periculosum,
iudicium difficile.
 »

« Art long,
vitalité brève,
occasion précipitée,
expérimentation périlleuse,
jugement difficile. »

La traduction française d'Émile Littré de l'aphorisme complet est : « La vie est courte, la science est longue, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Il faut non seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore faire que le malade, les assistants et les choses extérieures y concourent

« Ayant parcouru, avec les armées dont le 25èmerégiment de dragons faisoit partie différentes contrées de l’Espagne, et ayant remarqué que la Basse Estramadure produit fréquemment des fièvres intermittentes, surtout dans les environs de Badajoz, capitale de cette province, je les ai choisies pour sujet de ma dissertation.

 

Sans faire la description topographique de ce pays, je me contenterai seulement de dire qu’il est environné de montagnes très élevées, telles que la Sierra de Bejar, la Sierra de Guadalupe, et des rameaux de la Sierra Constantina, entre lesquelles se trouve une plaine fertile, dont la beauté du climat mérita autrefois l’attention des Romains.

 

Un fleuve appelé Guadiania traverse cette plaine, qui se trouve en outre bordée par une forêt qui, conjointement avec les hauteurs des montagnes, empêchent le cours libre de l’air atmosphérique, et les grandes chaleurs de l’été, venant à retirer les eaux du Guadiana, donnent toute facilité aux rayons brûlans du soleil, de dégager du sein de la terre desséchée les émanations délétères, qui favorisent d’autant plus promptement le développement de la fièvre intermittente, qu’elles y restent comme stationnaires. Aussi ces fièvres y sont-elles ordinairement endémiques dans les mois de Juillet, Août et Septembre.

 

Je ne prétends pas approfondir ce sujet, mais seulement exposer quelques idées pratiques, fruit de plusieurs années d’exercice dans la médecine militaire.

 

En remplissant ainsi l’obligation que la loi impose à tous ceux qui se destinent à l’art de guérir, je m’estimerois heureux, si mes juges daignoient accueillir cet essai favorablement.

 

Je passe de suite à la description de la fièvre intermittente et de son traitement.

 

Les fièvres intermittentes, ou composées de plusieurs accès séparés par des intermissions, sont de toutes les maladies celles auxquelles l’espèce humaine est le plus souvent exposée. Elles ont été jusqu’à présent l’objet d’explications peu satisfaisantes, relativement à leur siège et à leur nature. Plusieurs médecins pensent que ces maladies résident d’une manière particulière dans les organes de la digestion ; d’autres, dans le système lymphatique, dans le système nerveux ; et quelques-uns les attribuent à la lésion des propriétés vitales et de l’ensemble des actions organiques : mais, à cet égard, rien n’est encore décidé.

Au reste, ces fièvres semblent tenir à un état particulier d’excitation, à la foiblesse générale de l’économie, et peut-être à une sorte d’habitude relativement à la reproduction des accès et de leurs intermissions. C’est seulement d’après le lieu ou le mode d’excitation, qu’elles peuvent être bilieuses, pituiteuses, nerveuses, adynamiques. L’intermittence inflammatoire, admise par les auteurs célèbres, est rejetée par d’autres également recommandables.

Les modes de fièvre, prise dans son type, la font distinguer en quotidienne, tierce, quarte, double-tierce, double-quarte. La fièvre quotidienne est celle dont les accès reviennent tous les jours et ordinairement le matin. La tierce revient de deux jours l’un, et les accès se déclarent le plus souvent vers midi. La quarte a lieu tous les trois jours, en laissant le malade deux jours libres. Dans la double-tierce, les accès reviennent tous les jours, mais l’un plus intense que l’autre : le premier répond au troisième et le second au quatrième.

L’intermittente double-quarte reparoît deux jours de suite, laissant un jour d’intervalle ; et ainsi de suite. Les fièvres erratiques sont celles qui n’offrent pas de régularité dans le retour des accès et des intermissions. Il est très rare de trouver des fièvres dont les accès soient séparés par de plus larges intervalles ; cependant on parle de septénaires, de sémestrales, d’annuelles, etc.

 

Symptômes

 

(…) Les malades éprouvent un sentiment de lassitude, de brisement, de contusion dans les membres, ou dans toutes les parties, des douleurs à l’épigastre, à la tête, aux mollets, ou dans les jointures des membres inférieurs.

Il y a ordinairement des alternatives de froid et de chaud, des rougeurs de la peau comme de dilatation du corps, des fois, des éruptions cutanées très variées.

Des horripilations, de tremblements, des spasmes et le claquement des dents sont assez ordinaires.

L’appétit s’abolit, il y a le dégoût pour les substances alimentaires, surtout pour les animales ; la soif est nulle ou intense ; la langue est rouge, blanchâtre ou jaunâtre ; il y a saveur fade, amère ou métallique. Il peut exister des nausées, vomissemens, borborigmes, resserrement du ventre, ou facilité dans les déjections alvines.. Le poul présente de la fréquence, ou de la lenteur. Il peut exister des syncopes, des palpitations, des hémorragies muqueuses, exhalatives.

La respiration peut être trop inégalement altérée pour en indiquer les changements (…)

Pendant la seconde période, le corps semble gonflé, le sang plus ou moins distribué, la peau devient rouge, la chaleur est plus ou moins fortement développée, l’haleine est brûlante, la soif est ardente, le poul est fort, l’urine est rouge et sédimenteuse ; il y a céphalgie, et des fois léthargie ou délire. (…)

 

Traitement

 

La fièvre intermittente étant une maladie qui a ses âges ou périodes, qu’elle parcourt naturellement, si elle est sans entraves ou complications, le traitement médical à lui opposer doit être différent suivant le temps. Prise à son début, elle pourra être anéantie complètement et par l’expulsion de la cause, et par une excitation qui décide une réaction convenable, ou par des sédatifs qui arrêtent l’excitation fébrile. Un simple vomitif, un émeto-cathartique, une potion cordiale, comme le vin chaud, sucré et aromatisé, les potions opiacées, une affection de l’âme agréable, ont fait cesser des fièvres intermittentes commençantes. L’éloignement des effluves marécageuses, l’exercice du cheval, et la satisfaction d’aller habiter une province déjà connue par sa fertilité et sa salubrité, guérirent promptement une soixantaine de dragons du 25 ème régiment, attaqués de fièvres intermittentes, pendant que six autres qui avoient été laissés à l’hôpital, y succombèrent, en raison, sans doute, de l’encombrement. Le déplacement du régiment lui procura donc deux avantages, la guérison des hommes, et la conservation de leurs chevaux. Les régiments de cavalerie seuls, par rapport aux moyens de transport, sont susceptibles de les obtenir.

 

(…) Les boissons seront délayantes et graduellement toniques ; leur quantité sera modérée. Le vin, le café, en petite quantité, seront convenables.

 

L’air doit être renouvelé. Tout ce qui sert au malade doit être en état de propreté (…) L’exercice soit à pied soit à cheval, ou en voiture, est convenable, mais de jour et au soleil dont il faut rechercher l’action fortifiante.

 

Le malade doit se procurer des sensations douces, des occupations qui lui fasse éprouver des affections agréables (…) ».

 

Ce volume contient bien-sûr d'autres thèses contenant des passages dont la lecture est fort intéressante et nous éclaire sur les méthodes chirurgicale de l'époque et des instruments utilisés. Les  épigraphes sont parfois curieuses. On lit par exemple ceci au début de la  thèse d'un certain Lombard:

"Opposer l'art de conserver les hommes à l'art de les détruire, c'est jouir de la plus belle prérogative du monde, c'est remplir le plus respectable et le plus saint de tous les devoirs."...Belle attitude pour un chirurgien militaire...

 

  

6-Les Cent Jours et la Restauration

 

Le 16 novembre 1814, l'affectation de François CROMARIAS est confirmée au 14erégiment de dragon. Le débarquement de Napoléon, le 1er mars 1815, marque le début des Cent-Jours (jusqu'à la deuxième abdication de l'Empereur le 22 juin 1815). Le 31 mai 1815, il est affecté au 19régiment de dragon où il restera jusqu’au 12 novembre suivant (rien ne prouve, comme l’affirme TARDIEU, qu’il ait participé à la célèbre bataille de Waterloo qui eut lieu le 18 juin 1815).

 

Le 22 juin 1815 marque donc la fin des Cent-Jours et le début de la deuxième restauration. Le 9 septembre 1815, le colonel commandant le 14erégiment de dragons, « ci-devant 19e », établit pour « Monsieur CROMARIAS, docteur en médecine, chirurgien major au régiment » un mémoire de proposition pour l’obtention de la légion d’honneur, en remplacement de la décoration de chevalier de l’ordre de la Réunion qui lui avait été décernée le 4 décembre 1813 « en récompense des services signalés qu’il a rendus à son régiment sur le champ de bataille », car il « a rendu de grands services au régiment, il a une conduite exemplaire, une éducation soignée et mérite par son dévouement au Roi la bienveillance de Son Excellence le Ministre de la Guerre ».. Ceci est contre signé par le Lieutenant général commandant la 7edivision de cavalerie qui mentionne que « si la décoration de la Réunion est à retirer à Mr CROMARIAS, il aurait des droits à obtenir en échange celle de la Légion d’Honneur tant par son instruction que par les services qu’il a rendus ». Ceci est certifié véritable par les membres du Conseil d’Administration du 14erégiment de dragons à Strasbourg. Il est mentionné sur un autre registre que cette décoration lui fut attribuée le 25 avril 1821.

 

 

Ordre impérial de la Réunion créé par Napoléon le 11 octobre 1811, assorti d'une pension. Cette décoration venait se substituer aux multiples distinctions décernées dans les états annexés par la France. À l'avers: "Napoléon" et "Tout pour l'Empire" et au revers: "Fondateur" et "À jamais".  Décernée le 4 décembre 1813.

 

La Légion d'Honneur dans la version qui dut lui être décernée le 25 avril 1821.

 

Comme suite à la décision du roi du 2 novembre 1815 et malgré un rapport très favorable : « Instruit dans son état, exact à ses devoirs. Conduite excellente. Principes : a manifesté un grand dévouement au Roi pendant les derniers événements. Fortune : 8000 (Livres ?) de fonds. N’est pas marié. Physique : faible complexion (?). Opinion de l’Inspecteur Général : on fait l’éloge des talents de cet officier de santé et de son exactitude à remplir ses devoirs. Il est proposé pour l’activité », il sera licencié par Monsieur l’Inspecteur Général Charles-Claude JACQUINOT (*) à la revue du 11 novembre 1815 (*).

(*): Charles-Claude Jacquinot (1772-1848): Général de division ; fidèle à l'Empereur jusqu'à Waterloo, il fut néanmoins décoré de l'ordre de Saint-Louis et nommé inspecteur de la cavalerie lors de la deuxième restauration.

Du fait qu’il était en activité au 1er mars 1815, il est admis à percevoir une demi-solde à partir du 12 novembre 1815, pour un montant de 1000 francs par an, qui lui «sera payée à compter du jour où vous avez cessé de recevoir votre solde d’activité jusqu’au 1er janvier 1817, époque à laquelle il sera statué définitivement sur votre sort ».

 

Le Docteur CROMARIAS devait toutefois être apprécié : son traitement de demi-solde prend fin à peine 2 mois après, le 3 janvier 1816, avec son affectation au 17erégiment de chasseurs à cheval des Pyrénées. Il écrit alors du Montcel au Ministre de la Guerre en le priant de « donner des ordres pour toucher dans le département du Puy-de-Dôme en attendant ma remise en activité la portion de solde que sa majesté a daigné m’accorder par son ordonnance du 19 décembre dernier ». Le ministre est alors Henri-Jacques-Guillaume Clarke, duc de Feltre,  général qui inspecta en août 1799 le régiment de François Cromarias avent son départ pour la campagne d'Allemagne les années suivantes et les deux hommes devaient donc se connaître...  

 

 

Belle lettre de François Cromarias au Ministre de la Guerre (Henri-Jacques-Guillaume Clarke, duc de Feltre, ministre du 26 septembre 1815 au 12 septembre 1817, ministre auquel le Maréchal Laurent Gouvion, marquis de Saint-Cyr succéda.

 

 

7-L’expédition d’Espagne avec le Duc d'Angoulême

 

Le duc d'Angoulème  (1775-1844) était le fils du comte d'Artois, frère de Louis XVI et de Louis XVIII. Il avait épousé la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse de France, "Madame Royale". En mars-avril 1815, laissant son épouse à Bordeaux où elle le soutiendra activement (*), il fit campagne dans le midi de la France avec les armées restée fidèles à son oncle Louis XVIII pour s'opposer au retour de l'île d'Elbe de Napoléon 1er. Ces combats fratricides furent heureusement de courte durée. Napoléon s'installa aux Tuileries le 20 mars tandis que Louis XVIII se réfugiait à Gand. Le duc se trouva face aux corps de troupe du Général Emmanuel Grouchy restés fidèles à l'Empereur ; il fut contraint de se replier et s'embarqua à Sète pour Barcelone, après avoir signé, lors de sa reddition à Lapalud (Vaucluse) et du licenciement de l'armée royale qu'il commandait, une convention qui lui servit de sauf conduit jusqu'à la frontière espagnole.

(*): Napoléon dira d'elle : "c'est le seul homme de la famille des Bourbons"...

En 1820, le roi d'Espagne Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire conduit par les libéraux. Il se soumet en remettant en vigueur la constitution de 1812 et en confiant le pouvoir à des ministres libéraux. Des élections en 1822 aux Cortès donnent le pouvoir à Rafael del Riego. Le roi se retire à Aranjuez où il se considère comme le prisonnier des Cortès. Ses partisans tentent sans succès un soulèvement. En 1822, le roi s'appuyant sur le congrès de Vienne sollicite l'aide des monarques européens des états constituant la "Sainte Alliance": la France, la Russie, la Prusse et l'Autriche. En France, les "Ultras" pressent Louis XVIII d'intervenir et le ministre de la Guerre le duc de Richelieu tempère en déployant dans un premier temps le long des Pyrénées un "cordon sanitaire" destiné à la fois à se protéger contre la fièvre jaune et...le libéralisme. Avec l'accord de la "Sainte Alliance" lors du congrès de Vérone le 28 janvier 1823, Louis XVIII peut annoncer le 28 janvier que "cent mille français sont prêts à marcher en invoquant le nom de Saint-Louis pour conserver le trône d'Espagne à un petit-fils d'Henry IV" Les Espagnols appelleront l'armée française : los Cien Mil Hijos de San Luis"...Le nouveau Premier Ministre, de Villèle, affiche ses réticences, au vu du coût de l'opération et des difficultés logistiques pour l'approvisionnement d'une armée forte de 95000 hommes, 20000 chevaux et 96 canons, concentrés fin mars dans les Basses-Pyrénées et les Landes ; le recourt aux marchés conclus avec l'Espagne par le munitionnaire Ouvrard au détriment du Trésor public ne le dément pas.

Le duc d'Angoulème est nommé commandant en chef de l'armée des Pyrénées, mais il laisse la direction des opérations à son major général Armand-Charles Guilleminot qui se trouve à la tête de cinq corps d'armée:

 Oudinot

Moncey

Bordesoulle

Molitor

et le prince de Hohenlohe qui commande les deux divisions du 3e corps (16000 hommes) auquel appartient le régiment du 17e chasseur à cheval dont François Cromarias est le chirurgien-major.
Dès le 7 avril 1823, l'armée des Pyrénées pénètre sans bruit en Espagne Les armées constitutionnelles, soutenues surtout par la bourgeoisie et une partie de la population urbaine, se replient. Le gouvernement libéral et les Cortès transfèrent leur siège à Séville, puis, le 14 juin, à Cadix, emmenant avec eux le roi Ferdinand VII. Le 23 mai, les troupes françaises entrent dans Madrid, où le duc d'Angoulême installe une régence sous son protectorat. Jusqu'en novembre, elles livrent à travers toute la péninsule une série de combats aux libéraux.

Au nord, les divisions de Hohenlohe, renforcées en juillet par le 5e corps de Lauriston, obligent le général Pablo Morillo à battre en retraite, puis à se rallier. Elles contrôlent la Navarre, les Asturies, la Galice. Mais faute de matériel de siège, elles ne peuvent que bloquer les villes où les constitutionnels prolongent la résistance durant plusieurs mois. La Corogne ne capitule que le 21 août, Pampelune le 16 septembre, Saint-Sébastien le 27.

À l'est et au sud-est, Molitor

En Catalogne, Moncey

En Andalousie se déroulent les opérations les plus décisives, parce qu'elles visent le principal objectif stratégique de la campagne : Cadix, transformée provisoirement en capitale politique. Une garnison de 14 000 hommes y défend le gouvernement et les Cortès, dont le roi est le prisonnier. Riego, au début, les généraux L'Abisbal, Quiroga et Alava jusqu'à la fin, dirigent son action. Les accès de la place sont protégés par les batteries des forts Sainte-Catherine et Saint-Sébastien à l'ouest, du fort Santi-Pietri à l'est et surtout de la presqu'île fortifiée du Trocadéro, où le colonel Garcès dispose de 1 700 hommes et de 50 bouches à feu.

Sous le commandement du général Bordesoulle, bientôt rejoint par le duc d'Angoulême et Guilleminot, l'infanterie des généraux Bourmont, Obert et Goujeon, la cavalerie de Foissac-Latour, l'artillerie de Tirlet, le génie de Dode de La Brunerie prennent position devant Cadix à partir de mi-juillet. La marine, contrainte d'employer plusieurs divisions navales à la surveillance des côtes et des ports de l'Atlantique et de la Méditerranée où s'accrochent les constitutionnels, n'envoie pour bloquer le port qu'une petite escadre d'à peine dix bâtiments, avec lesquels le contre-amiral Hamelin ne peut assurer sa mission. Le 27 août, il est remplacé par le contre-amiral des Rotours, puis par Duperré, qui n'arrive que le 17 septembre, avec des moyens renforcés. Le 31 août, l'infanterie française donne l'assaut du fort du Trocadéro. Au prix de 35 tués et 110 blessés, elle s'empare de la presqu'île et de ses puissants canons retournés contre la ville de Cadix. Elle inflige à l'ennemi la perte de 150 morts, 300 blessés et 1 100 prisonniers.

Le 20 septembre, le fort Santi-Pietri tombe à son tour devant une action combinée de l'armée et de la marine. Le 23, ses canons, ceux du fort du Trocadero et de la flotte de Duperré bombardent la ville. Le 28, les constitutionnels jugent la partie perdue : les Cortès décident de se dissoudre et de rendre à Ferdinand VII le pouvoir absolu. Le 30, Cadix capitule. Le 3 octobre, plus de 4 600 Français débarquent sur les quais du port.

L'armée du roi de France tire ses derniers coups de fusil au début du mois de novembre. Le 5 novembre, le duc d'Angoulême quitte Madrid. Il rentre en France le 23, laissant derrière lui un corps d'occupation de 45 000 hommes, sous le commandement de Bourmont. L'évacuation progressive de l'Espagne ne s'achève qu'en 1828.

 

En 1823, probablement en avril, il suit avec son régiment, le 17ème régiment de chasseurs des Pyrénées, l’expédition d’Espagne menée par le duc d’Angoulême (aidé par les maréchaux OUDINOT et MONCEY) pour rétablir la monarchie et Ferdinand VII sur le trône (prise de Madrid le 23 mai, du fort du Trocadéro le 31 août et capitulation de Cadix le 30 septembre).Changer

Le 31 août 1823, le fort du Trocadero qui défend le port de Cadix est enlevé à la baïonnette, à marée basse, par les soldats français qui n'ont pas hésité à se jeter à l'eau.

Voici une image d'Épinal extraite de ma collection:

 

Devant Cadix, les français attaque le fort du Trocadéro, défendu par les espagnols, sous le drapeau "La constitution ou la mort". Légende: "S.A.R. le duc d'Angoulème ordonne l'assaut du Trocadero. Des détachements du 3e, 6e et 7e régiments de la garde royale se précipitèrent dans la Cortadura, la traversèrent ayant de l'eau jusqu'aux épaules, et, malgré le feu terrible des ennemis, arrivèrent au pied du fort, et en firent aussitôt l'attaque avec un courage vraiment français." Fabrique de Pellerin, imprimeur-Libraire, à Épinal.

  • 1823 Expédition d'Espagne:
    Pour rétablir le roi d’Espagne Ferdinand III sur son trône, un corps expéditionnaire est placé sous le commandement du duc d’Angoulême. Le 17e chasseurs , avec le 12e chasseurs, est en compte au 3e corps du prince de Hohenlohe. Cette opération qualifiée de "Manœuvre militaire à tir réel" n’engage pas le régiment hormis quelques escarmouches d’avant-garde. En février 1823 le régiment rentre en France .

Il y restera jusqu'en 1825. Cette guerre, à la charge de la France, coûta beaucoup d’argent (207 millions au lieu des 100 prévus). La créance de la France, réclamée à l’Espagne, fut de 80 millions de francs, portant intérêt à 3 p. 100 (voir les « cinq certificats au porteur de 54 francs de rente à 5 p. cent consolidée de la dette publique d’Espagne au capital de 1080 francs délivrée le 10 décembre à Madrid », figurant dans l’inventaire après le décès de François Cromarias en 1851…).

Cette campagne (la dernière) lui valut le 18 novembre 1823 la croix de chevalier de l’ordre de Charles III d’Espagne. Ce fait est mentionné sur un état de services daté de Vitoria le 20 octobre 1824.

 

Ordre de Charles III d'Espagne, créé par ce roi le 19 septembre 1771. La plus haute distinction du royaume. À l'avers figure une vierge et au revers la devise "virtuti et merito". 

 

Il est nommé par brevet chirurgien-major du 2erégiment d’artillerie le 27 octobre 1824, confirmé le 11 décembre 1826, puis le 5 août 1829 (3). Il s'agit-là d'une confirmation de sa nomination à ce grade qui datait du 13 octobre 1810.

 

Chateaubriant qui avait embrassé la cause de cette guerre écrira dans ses "Mémoires d'outre-tombe": "Enjamber d'un pas les Espagnes, réussir sur la même sol où naguère les armées de l'homme fastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu'il n'avait pu faire en sept ans, qui aurait pu prétendre à ce prodige?"

 

8-Le docteur en médecine établi à Paris place Dauphine

Enfin, après 35 années et 5 jours de service militaire et 23 ans, 5 mois et 23 jours dans le grade de chirurgien major, François CROMARIAS est admis le 22 novembre 1833 à faire valoir ses droits à la retraite. Le montant de sa pension est fixé à 2400 francs par décision du 5 avril 1834. Il a 55 ans (4).

 

Son successeur au 2erégiment d’artillerie sera M. Jacques FRÉMANGER, ex-chirurgien major au 40ème de ligne (décision du 17 juillet 1834).

 

Sa retraite définitive est effective le 6 avril 1834 et il est pensionné pour 2400 Francs (5). Il exerce alors comme médecin chirurgien au 22 cour de Harlay à Paris.

 

Chirurgien-major en retraite et docteur en médecine, domicilié 24 place Dauphine à Paris.

 

9-Son décès et sa succession

 

Il décède le 31 août 1851 à 73 ans à Montcel, dans la maison campagnarde qui lui avait été léguée par son frère. VOIR ACTE DE DECES TRANSCRIPTION.

 

Son testament olographe, rédigé le 25 août 1850:

 

 

Recto.

 

Verso.

 

Sa succession est réglée en octobre 1851, avec Jean CROMARIAS, prêtre de la Chapelle Hugon (Cher) et Jacques CROMARIAS, propriétaire au Vernadel (Puy de Dôme) (6).

 

L’inventaire après décès de François CROMARIAS a été réalisé à Paris, par Me TANDEAU de MARSAC, clerc de notaire, 23 place Dauphine, à la requête de M. Jean CROMARIAS prêtre desservant la commune de La Chapelle Hugon, commune de La Guerche, « momentanément à Paris »qui s’est installé chez Madame de SAINT-SAUVEUR, N° 6 place du Palais Bourbon. Son hôtesse se rendit également sur place pour assister à l’inventaire, peut-être était-elle la propriétaire du logement occupé par le défunt, au quatrième étage d’une maison sise N° 24 place Dauphin, car « la présentation a été faite par le concierge », Pierre Auguste PIED, qui les accueille et leur fait visiter l’appartement du défunt.

 

Jean CROMARIAS agissait comme exécuteur testamentaire de tous les biens, actifs et passifs de « son oncle François, docteur en médecine, chirurgien-major en retraite, chevalier de la légion d’honneur ». Il représentait également son frère Pierre (marié à Marie GIRAUD), également présent à l’inventaire, propriétaire cultivateur au village de La Sauvolle (à 2 km à l’ouest du Vernadel), commune de St Priest des Champs, « administrateur légal des biens de son fils Gilbert, son fils mineur, élevé au petit séminaire de Bourges ».

 

François CROMARIAS avait fait le 25 août 1850 à Montcel un testament olographe qu’il avait déposé chez Me PARROT, notaire à Charbonnière les Vieilles. Il donnait « à Gilbert CROMARIAS, son petit-neveu l’universalité de tous ses biens au Vernadel, à Montcel et à Paris »et désignait « Jean CROMARIAS son neveu prêtre comme exécuteur avec la jouissance pendant la durée de sa vie. Gilbert n’entrera en jouissance des biens qu’après sa mort ».

 

Pêle-mêle, l’inventaire signale :

 

Dans la salle à manger éclairée par deux fenêtres donnant sur la place: une table ronde, quatre chaises, trois paires de bottes, une paire de souliers, deux pantalons, un habit, un gilet une vieille cravate, le tout mauvais, un vieux paletot. Dans une armoire : une carafe, deux verres, quatre bouteilles de vin, un paquet de bougies, un sucrier, des tasses et leurs soucoupes, une cloche à fromage, un carton à chapeau en soie noire, de vieux papiers et brochures, un rideau, des serviettes, une taie d’oreiller, des bas, un caleçon de laine, des draps, des chemises.

 

Dans la cuisine : une vieille malle, des bouteilles vides, un garde-manger, des souliers, un balais, deux bouilloires, un chandelier, un moulin à café, douze assiette et ustensiles de cuisine, une petite fontaine en pierre à trois robinets, trente volumes de médecine brochés, une paire de botte, des chiffons.

 

Dans la chambre à coucher : une commode, un secrétaire en acajou (mobilier Directoire ou Empire probablement), une couchette en bois d’acajou (même remarque), un sommier élastique, un matelas, un oreiller, un traversin, trois couvertures de laine, un édredon, trois chaises en merisier foncé couvertes de paille, une autre couverte de damas rouge, une petite glace avec son cadre en bois doré, une table de nuit en acajou.

 

Dans la commode : une boîte de quatre couteaux, une vergette, un pot à eau et une cuvette, un gilet de soie noire, deux paires de gant, une culotte, un pantalon de drap noir, une cravate en soie, un lot de faux-cols.

 

Argenterie et bijoux : six petites cuillères à café en vermeil, cinq pièces de monnaie anciennes, une bague (avec une fausse pierre), une épingle (à cravate probablement), une cuillère à potage et deux couverts en argent.

 

Dans la cave : 150 bouteilles de vin de différentes formes.

 

Dans le secrétaire : une croix de la légion d’honneur et de la Réunion.

 

Deniers comptants : 55 pièces d’or de 40 francs (2200 francs), 40 pièces de 20 francs (800 francs), 40 pièces de 5 francs en argent (200 francs). PHOTO DES pièces de 40, 20 et 5 francs.

 

Les papiers sont divers : deux actions non timbrées du Chemin de Fer du Nord de 500 francs chacune, une action du Chemin de Fer de Paris à Orléans de 500 francs, trois bons du Mont de Piété de Paris, une vente de Jacques CROMARIAS, propriétaire au Vernadel à François son frère d’une terre à Champgrand, une assurance de l’incendie pour la maison de campagne et les bâtiments d’exploitation, 5 certificats au porteur de 54 francs de rente à 5% "consolidée de la dette publique d’Espagne, délivrée à Madrid le 10 décembre 1834", les pièces relatives au loyer de l’appartement, s’élevant annuellement à 400 francs, un avertissement à payer la cote mobilière pour 1851 s’élevant à 9 francs 55 centimes, un registre des sommes que lui devaient M. CHEVALIER, Maire de Combronde (250 francs), Gilbert CHAMPEYROUX de Lavaur, commune du Montcel, (100 francs) Quintien DESNIER du Montcel (143 francs), Me PARROT, notaire (1000 francs), une carte d’électeur du XIearrondissement de Paris, un diplôme de docteur en médecine, les deux derniers certificats d’admission comme membre correspondant et membre titulaire de la société des sciences physiques, chimiques et arts agricoles et industriels, un diplôme de chevalier de Charles III d’Espagne dont était revêtu le défunt, des lettres de nomination au grade de Chevalier de la Réunion et Chevalier de la Légion d’Honneur, adressées au défunt, avec 18 pièces qui sont tous les états de services militaires rendus par le défunt à l’État.

 

Tous les objets sont remis à l’abbé Jean CROMARIAS.

 

L’inventaire des biens a été fait à Paris par Me THIAC les 21 et 22 octobre et à Montcel et Vernadel par Me TALLON, notaire à Riom, les 3, 6, 8, et 9 octobre.

 

Le total des liquidités s’élevait à 3200 francs à Paris, 1548 francs à Montcel et 305 francs au Vernadel (soit un total s’élevant à 5053f.).

 

La valeur des meubles s’élevait à 685 francs à Paris, 1434, 5 francs à Montcel et 1708,48 franc au Vernadel (total 3227,98 francs).

 

Les valeurs en actions s’élevaient à 950 francs de rente à 5% et 250 francs de rente à 4% sur l’État, 5 bons du Mont de Piété de la ville de Paris payables à François CROMARIAS, d’un montant total de 9310 francs, deux actions du Chemin de Fer du Nord de 500 francs, une action du Chemin de Fer de Paris à Orléans de 500 francs, 54 francs de rente à 5% consolidée de la dette publique d’Espagne au capital de 1080 francs délivrée à Madrid le 10 décembre 1834.

 

-Dix billets de loterie, des lingots d’or ( ?).

 

-Des reconnaissances de dettes à son profit (sommes notamment prêtées au Maire de Combronde (M. CHEVALIER) et à un notaire, qui s’élèvent à environ 600 francs. L’abbé pense que la majeure partie est d’un recouvrement douteux.

 

-Tous les ustensiles des maisons d’habitation et des bâtiments d’exploitation, terres et prés à Montcel et au Vernadel.

 

Le passif est minime : avec le reliquat de 200 francs de loyer de l’appartement de Paris, de 22 francs 85 centimes réclamés par la femme de ménage et 190 francs de frais funéraires auxquels s’ajoutent 20francs de complément.

 

Quelques éléments de la personnalité de François CROMARIAS apparaissent ainsi : un vieux monsieur encore actif, qui visite sa clientèle (5 paires de chaussures et bottes !), financièrement très à l’aise (19000 francs de biens !) qui vit pourtant de manière austère et retirée (peu de vaisselle) mais qui a un penchant pour Bacchus (des bouteilles partout). Ce mode de vie est probablement hérité de plus de 35 ans de vie militaire. Pour autant, François CROMARIAS n’est pas le Père Grandet de BALZAC, et son testament olographe déposé par son neveu l’Abbé Jean CROMARIAS le 21 octobre 1851 montre une générosité dans les legs, puisqu’il n’oublie ni les indigents, ni ses anciens domestiques, pour un total de 1700 francs (à peu près le dixième de sa fortune) :

 

Aux indigents de la commune de Montcel, de St Gal, du Vernadel, lieu de sa naissance : respectivement 300 francs pour chaque endroit.

 

Pour Marien CHAFFRAIX son domestique : 100 francs.

 

Pour François ESPAGNOL son domestique : 300 francs.

 

Pour Madeleine PÉRONNY son ancienne servante : 200 francs.

 

Pour Anne BEAUFORT, qui gardait ses vaches pendant l’été au Vernadel : 100 francs.

 

Pour Marie AUBIGNAT sa domestique : 100 francs.

 

Si son petit-neveu est désigné héritier universel, les autres membres de la famille ne sont pour autant pas oubliés.

 

Pour son petit-neveu Gilbert CROMARIAS l’universalité de tous ses biens au Vernadel, à Montcel et Paris. Jean CROMARIAS son neveu prêtre (lui-même l’oncle de Gilbert) est exécuteur avec la jouissance pendant la durée de sa vie. Gilbert en prendra possession lors de la mort de Jean.

 

Aux enfants, et petits enfants de feue sa sœur aînée (Gilberte), femme PAYRARD : 1000 francs.

 

Pour son frère Jacques : 1000 francs.

 

 

Pour feu son frère Jean ( ? probablement pour les héritiers de celui-ci) : 1000 francs.

 

Pour feue sa sœur Françoise, femme FAURE : 1000 francs.

 

Pour feu son frère Marien : 1000 francs.

 

Pour acquitter des messes à l’intention de feu son frère Jean, ex-curé de la commune de Montcel : 1000 francs.

 

Enfin, « pour aider à faire l’éducation d’une jeune fille, descendante de mon frère ou de l’une de mes sœurs et qui aurait la vocation d’entrer dans les ordres religieux » : 1000 francs.

 

 

10-Notes :

 

(1) : Archives de la Défense à Vincennes. 3Yg 228 : dossiers personnels des officiers de santé. 3Yf 40031 : dossiers de pension militaire.

 

(2) : « Dissertation sur les fièvres intermittentes ». Thèses de médecine de la faculté de Strasbourg, 1eroctobre 1814, Bibliothèque Nationale de France, Cote 8 TH Strasbourg, vol. 19, 1814, Notice N° FRBNF 36869871.

 

(3) : Annuaire de l’État Militaire de France pour l’année 1829, publié sur les documents du Ministère de la Guerre, avec autorisation du roi.

 

(4) : Bulletin des Lois, Les Pensionnés du XIXesiècle.

 

(5) : Almanach royal et national pour l’an 1838, éditeurs Guyot et Scribe, 1838, p.971.

 

(6) : Minutier de Paris, cote ET/XCVII/913, Nos 57159 à 70).

 

 

11-Pièces justificatives

 

 -Arbre généalogique simplifié :

 

1-Blaise Cromarias, de Laveix, ép. Gervaise Nohen

 

2.1 François, ép. Marguerite Aubignat (Le Mont), 8 enfants.

2.2 Pierre, ép. Jeanne Aubignat (Laveix) d'où notre branche : St-Julien puis Le Fraisse...

 

3.1 (enfant de 2.1): Jean, ép. Jeanne Martin (Le Vernadel), 7 enfants.

3.2 (d°): Pierre, curé d'Ayat qui baptisa le futur général Desaix.

 

4.1 (enfants de 3.1): Annet Antoine (ou Annet), ép. Marie Bathiat (Le Vernadel).

4.2 (d°): François, célibataire a vécu pendant la Terreur  à Paris, mort à 80 ans à Montcel.

 

5.1 (enfants de 4.1): Jacques (Le Vernadel), Jean (curé de Montcel), Jean (La Sauviolle),

François, Chirurgien major (autres enfants : Gilberte, Marien, Françoise et Marie)

       

                   

                                               

Prendre l'arbre imprimé sur feuille libre, le scanner et le mettre ici. 

Préciser y compris les dates avec l'ouvrage de Jean-Noêl Mayet

 ♥-Acte de naissance :

 

"François cromarias fils legitime a annet et a marie bathias du "vernadel est né et a eté baptizé le vingt deux fevrier mil sept cent "soixante dix huit a eté parrain francois cromarias (*) et marraine "margueritte cromarias (**) qui n'ont seu signer requis. Boyer vic(aire)". 

 

 -Acte de décès :

 

 -Ascendance et alliances du côté maternel (les Bathias).

 12-Sources

-Amboise Tardieu et Augustin Madebène, "Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne", 1892;

-Émile Tartière, Docteur Médecin Major de 1ère classe, médecin-chef de la gendarmerie, article sur François Cromarias dans "La France médicale", 1904, pages 264 et 269: "Deux médecins militaires des armées de la Révolution et de l'Empire";  

-Historique du 25e régiment de Dragons (1665-1890) par  le capitaine de Bourqueney. Tours, imprimerie A. Mame et fils, 1890;

-"Journal du capitaine François dit le dromadaire d'Égypte (1792-1830)" présenté par Jacques Jourquin, Tallandier, 2003;

-"Histoire d'un conscrit de 1813", Erckmann Chatrian, éd. de l'Aube, 2010;

-"Journal du capitaine Coignet" 

-"Journal du sergent Bourgogne"

-"Napoléon devant l'Espagne, ce qu'a vu Goya", J Lucas-Dubreton, lib. Arthème Fayard,  1946;

-"Vie de Napoléon", Stendhal, 

-"La Restauration et la monarchie de Juillet", J. Lucas-Dubreton, L'histoire de France racontée à tous, sous la direction de F. Funck-Brentano, lib. Hachette, 1926;

-"La capitulation de Lapalud - Campagne du duc d'Angoulème dans Vaucluse (mars-avril 1815)", Avignon, Seguin frères, imprimeurs-éditeurs, 1894;

-"Campagne mémorable de S.A.R. le duc d'Angoulème en Espagne pour la délivrance de S.M. le roi Ferdinand", Paris, chez Tiger, imprimeur-libraire, 1824;

-"Histoire de la guerre de la péninsule sous Napoléon" par Robert Southey, traduite par M. Lardiev, Paris, chez Dondey-Dupré, 1828;

-CGHAV (Cercle généalogique et historique de l'Auvergne et du Velay) revue "À moi Auvergne!", N° 78, 4e trimestre 1998, article de Jean-Noël Mayet sur les familles Cromarias, étude reprise plus tard dans une monographie non publiée;

-ARGHA (Association de recherches généalogiques et historiques d'Auvergne), revue "Le Gonfanon", notamment le N° 44 (4e trimestre 1992), article sur les Bathiatn Romme, Arletty, etc par F. Bertelle; 

-Archives communiquées par M. Montpied à Montcel;

-Archives Bernard Faure que je remercie pour sa contribution (testament de François Cromarias, plans et photo de sa maison natale et de sa résidence du Vernadel);

-Ouvrages et articles de Jean-Noël Mayet du CGHAV.

 

 

À COMPLÉTER...

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 17:48
Ma mère Alice Juillard 1916-1989

 

Ma mère Alice Juillard

 

1916-1989

--o--

1-Avant-propos

 

 

2-Sa famille

 

« Mademoiselle Juillard Alice a une bonne instruction et elle est très bien éduquée. Sa conduite est bonne et sa moralité est exempte de reproche. Actuellement elle se trouve à l'École des Sages-Femmes à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

« Mademoiselle Juillard fait partie d'une famille de six enfants dont les parents résident à Lanobre (Cantal) où ils exploitent une propriété agricole assez importante qui leur appartient.

« Le père, Juillard Marcel, Chef d'Escadron en retraite, ancien combattant des guerres de 1914-1918 et 1939-1940, est Officier de la Légion d'Honneur et Président de la Légion des combattants de la commune de Lanobre.

« Tous les membres de cette famille sont avantageusement connus au pays où ils passent pour des travailleurs probes, sobres, économes et animés d'un très bon esprit".

 

Ainsi s'exprimait le maréchal des logis chef Grenouillet, commandant la brigade de gendarmerie de Champs sur Tarentaine en 1942...

3-Sa naissance à Cheylade (Cantal)

 

Cheylade est une commune du Cantal située dans la vallée de ce nom, constituant l'une des ...vallées qui rayonnent autour du Puy Mary. C'est la région d'origine de sa mère Mélanie Serre, qui épousa Michel Marcel Juillard le...

Mélanie était la fille de ... et de ..., propriétaires agriculteurs éleveurs de vaches de Salers (plusieurs centaines), établis dans leur propriété de Chavanon, dont les pâturages s'étendaient sur le flanc ouest de la vallée. Mélanie appartenait à une famille nombreuse, situation fréquente à l'époque. Elle avait ...frères et ...sœurs: xxyy; Louis était médecin de montagne. Mélanie nous racontait qu'au cours des hivers très rudes, où la neige recouvrait toute la vallée, il attelait un traîneau pour faire les visites à ses malades. Un jour, il avait emmené sa petite sœur et l'oublia dans le traîneau où elle faillit geler!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Son acte de naissance (Arch. départ. du Cantal, 5 MI 693/4 - 1907-1932)

"N°9

"Juillard Alice Emilie

"a contracté mariage à la Mairie de Lanobre (Cantal), le quatorze Août mil neuf cent quarante et un avec Paul Alexis Antoine Pageix - Dont mention faite par nous greffier - le 25 auût 1941

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 17:42
Tante Isa et autres histoires.

Isabelle Moulier-Bloch

(1883-1973)

--o--

 

Tante Isa et autres histoires.

 

 

1-Sa famille:

 

Isabelle Moulier naît le 18 juillet 1883 à La Vigerie, canton de Murat (Cantal). Son père, Jean Moulier, 24 ans, est instituteur. Sa mère, Thérèse Juillard, est la sœur de mon arrière grand père Jean-Baptiste Juillard de Moranges (Lanobre). Les Mouliers sont installés dans cette localité depuis très longtemps (DEVELOPPER).

 

Mon grand père Michel Marcel Juillard, que l'on voit sur cette photo de famille (debout, deuxième à partir de la droite, entre ses parents) est donc le cousin germain d'Isabelle (assise, deuxième à partir de la droite).

  

 

Une partie du "clan" Juillard. Photo prise vers 1920 à Moranges.

 

Debout au milieu, Jean-Baptiste Juillard (1857-1921), mon arrière grand père avec ses moustaches en guidon de vélo, ou "à la gauloise", si l'on préfère. Il était très sportif et fit son service militaire au bataillon de Joinville.

Son frère Paul (1859-1918) est absent.

À sa gauche, mon grand père Marcel,

puis mon arrière grand mère Hentiette Raoux (1861-1941), et à la droite de Jean-Baptiste, le couple Anaïs Juillard, sa sœur (1866-1950) et Pierre Tyssandier (1864-1943).

Assise en bas à gauche, son autre sœur, Thérèse Juillard (1861-1944), veuve depuis 1916 de Jean Moulier.

Ces deux couples Tissandier et Moulier émigrèrent à Paris où ils s'installèrent en communauté comme fabricants de meubles et de billards au N° 16 de la rue St-Antoine. Thérèse Juillard et Jean Moulier n'eurent qu'une fille, Isabelle, "tante Isa" (2e assise à partir de la droite, à côté probablement d'une amie), mariée en 1912 à Me Edmond Bloch, brillant avocat au barreau de Paris qui devint bâtonnier de l'ordre des avocats (2e assis à partir de la gauche); le couple habitait 78 rue de Rivoli un appartement luxueux avec salle de billard. Ma mère y fit plusieurs séjour au cours de son enfance. Anecdote: le couple surnommait ma mère "Bobotte"; celle-ci, devenue la mascotte de la clientèle, passait par la salle d'attente et annonçait d'un ton solennel: "tonton, c'est pour un divorcement"... Isa et Edmond n'eurent pas d'enfant. Edmond Bloch fut prisonnier à Drancy avec des "juifs intellectuellement influents" tels que Pierre Masse (on le voit dans un télé-film récemment diffusé et dans le livre de Pierre Lazaref sur la 2e guerre mondiale); contrairement à son ami Pierre Masse, il fut miraculeusement libéré, mais ses deux neveux périrent dans les camps de concentration allemands.  

Assise au milieu, tenant son fils Edmond dans ses bras (né à Toul en 1920), ma grand mère Mélanie Juillard, née Serre.

L'enfant en col marin est l'ainé des enfants, Henri (né en 1914), à côté de ma mère Alice (née en 1916). Il y aura ensuite Michel -le futur vétérinaire- (1924), Pierre-le futur général d'aviation-(1929) et Jean-Claude (1934).

Alphonse Juillard (1888-1967), le frère de mon grand père, est absent sur la photo. Ce dernier eut 4 fils, Jean, médecin, ép. Jeanine, également médecin (ils furent tous les deux médecin des maquis pendant l'occupation) , Charles (commerce des Dames de France à Clermont-Fd, place de la Victoire), Robert (ingénieur et industriel), et Maurice. (Charles et Maurice avaient repris l'affaire des Dames de France, cédée par mon grand père à son frère Alphonse).

Est également absente Clémence Juillard, la sœur de mon grand père, mariée à Alexandre Gauthier de Lanobre. Ce couple eut une fille unique, Suzanne Gauthier, "Zézette", Mariée à Pierre Lafforgue, maître-tailleur réputé à Clermont. Quatre enfants: 1-Bernard, polytechnicien, carrière dans le nucléaire, marié à une polytechnicienne, quatre enfants naturellement brillants: Laurent, lauréat de plusieurs Olympiades de maths, médaille Fields 2002 de mathématiques, professeur à l'IHES, membre de l'Académie des Sciences et j'en passe; Thomas et Vincent, universitaires professeurs et chercheurs, tous issus bien sûr de l'ENS. 2-Gérard, maître tailleur à Clermont comme son père. 3-Jean-Claude, Officier supérieur dans l'Armée de l'Air, décédé. 4-Catherine "Cathy", ISP Paris, chasseur de tête qui a fondé un important cabinet de recrutement de dirigeants.

 

J'ai trouvé une autre photo familiale où l'on reconnaîtra les mêmes personnages:

 

À gauche (à moins que ce soit Jean Moulier le père d'Isa), peut-être Paul Juillard le frère de mon arrière grand père Jean-Baptiste Juillard (au centre avec ses moustaches "à la gauloise", au-dessus de l'enfant en blanc). À sa droite Thérèse Juillard, épouse Jean Moulier ; à sa gauche, Edmond Bloch et son épouse Isabelle Moulier. Je n'ai pu identifier les autres personnages. 

 

 

2-Sa naissance le 18 juillet 1883 à Lavigerie (Cantal):

 

Je ne puis mieux faire que de présenter ici "in extenso" son acte de naissance:

 

"L'an mil huit cent quatre-vingt trois et le dix huit juillet à quatre heures du soir, par devant nous Chibret, Joseph, maire officier de l'état-civil de la commune de Lavigerie, canton et arrondissement de Murat département du Cantal est comparu Moulier Jean, âgé de vingt-quatre ans, instituteur domicilié au chef-lieu de la commune de Lavigerie, lequel nous a déclaré que ce matin à dix heures Thérèse Juillard, âgée de vingt deux ans, son épouse sans profession domiciliée au chef-lieu de la commune de Lavigerie est accouchée d'un enfant du sexe féminin qu'il nous a présenté et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Marie-Louise-Isabelle, les dites déclaration et présentation faites en présence de Coutel Édouard, âgé de trente sept ans garde-champêtre domicilié au lieu de Lagardilhon en cette commune et de Daldrieux Antoine, âgé de quarante six ans, cultivateur domicilié à Labrige en cette commune, lesquels ont signé avec nous le présent acte après lecture faite.

"Moulier  Coutel  Daldrieu  Le Maire Chibret"

 

 

Je n'ai pas de photo d'Isabelle Moulier bébé.

Seule, sa timbale que j'ai conservée

évoque sa petite enfance...

 

3-Sa jeunesse:

 

Isabelle, ses parents Moulier et ses oncle et tante Pierre Tyssandier et Anaïs (née Juillard) quittèrent l'Auvergne très tôt pour s'installer fabriquant de billard au numéro 16 de la rue Saint-Antoine.

(Ses nombreuses cartes adressées à ses amies qui composent un album...) etcPHOTOS

 

Isabelle (à droite) et une amie vers 1900.

 

 

Isabelle jeune fille.

 

4-Son mariage:

 

Isabelle se marie à Paris le 20 juillet 1912 avec Edmond Salomon Bloch. Il habitait alors 10 rue Saint-Antoine, non loin du domicile de la famille d'Isabelle. Leur rencontre ne fut donc pas un pur hasard.

Les époux s'installeront d'ailleurs à partir du 24 Mars 1913 20 rue Saint-Antoine, dans ce même 5e arrondissement; c'était peut-être l'adresse d'Edmond avant son mariage.  Ils y resteront d'ailleurs jusqu'à leur déménagement dans un appartement cossu du 4e arrondissement, au 78 rue de Rivoli. 

 

5-Son époux Edmond Bloch:

 

(développer) PHOTOS 

Bien sûr, la vie d'Isabelle ne peut être dissociée de celle d'Edmond Bloch. Voici donc quelques souvenirs sur ce grand intellectuel:

 

5.1-Sa famille:

 

Un article paru en Avril 1936, alors qu'il se présente à la Mairie du IVe arrondissement de Paris, évoque ses origines:

"Ses grands parents paternels et maternels, de vieille souche alsacienne, les premiers de Guerstheim (Bas-Rhin), les seconds de Benfeld et Haguenau (Bas-Rhin) se fixèrent à Paris vers le milieu du XIXe siècle. Son père vit le jour le 1er février 1858, 7 rue des Lavandières-Sainte-Opportune et sa mère le 3 Août 1862, 10 passage Pecquay.

"Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, ses grands-pères servirent au Bataillon de la Garde Nationale de l'Hôtel de Ville, l'un comme sapeur, l'autre comme garde à la compagnie commandée par le capitaine Louis Méline (Compagnie des bottes vernies).

 

Son frère Lucien, ses neveux morts en camp de concentration (Struthof, Alsace);

 

5.2-Sa naissance:

 

Il naît le 28 Avril 1884 à Saint-Quentin (Aisne), au domicile de ses parents, 123 rue d'Isle:

 

"Le vingt trois Avril mil huit cent quatre vingt quatre à six heures du soir est né rue d'Isle N° 123 Edmond Salomon, du sexe masculin, de Seligmann Bloch, vingt six ans négociant et de Florette Blanche Lévy vingt et un ans, sans profession son épouse. En marge est écrit: Marié le vingt Juillet mil neuf cent douze avec Marie Louise Isabelle Moulier (...)"

 

5.3-Ses études brillantes:

 

Après de solides études au Lycée de Saint-Quentin, il vint à Paris préparer ses diplômes supérieurs; une licence ès-sciences lui fut décernée le 18 juillet 1910, suivie d'une licence en Droit en 1913,  puis il obtint le diplôme de l'École des Sciences Politiques (section diplomatique)!

Dès janvier 1909, et durant ses études universitaires, il fonde et préside l'Association républicaine des étudiants de France qui s'oppose à l'Action française.

 

5.4-Son service militaire:

 

Classe 1904; matricule 1814, caporal en 1905, sergent en 1907, dispensé car étudiant en Sciences.

Tandis qu'il travaillait comme Rédacteur au Ministère des Travaux Publics, il profite de ces trois années (de 1911 à 1913) pour poursuivre des études et obtenir ces trois diplômes! Il emménage le 24 août 1907 dans le quartier Latin, 11 bis rue Lapécède. Il est avocat au Barreau de Paris à partir du 1er décembre 1913.

 

5.5-La Grande Guerre 14-18:

 

Sa bravoure au front fut récompensée par la Médaille Militaire le 2 Avril 1916, assortie de la Croix de Guerre 14-18 avec palme et enfin la Légion d'Honneur (grade de Chevalier) obtenue après la guerre, le 15 Mars 1924: "N'a cessé de servir avec le plus grand dévouement la cause des victimes de la guerre" (il accédera ensuite aux grade d'Officier le 24 janvier 1935 puis Commandeur le 4 Mai 1950).

Mobilisé le 4 août 1914 comme sergent, il combattit du 4 août 1914 au 1er avril 1916; il fut rendu à la vie civile le (...) après avoir été trois fois blessé:

Il fut d'abord blessé le 15 septembre 1914 au combat de Sapigneulle par balle à la jambe gauche. Une citation élogieuse vint ensuite rappeler les circonstances de ses blessures:

"Sous-officier d'une énergie et d'une éclatante bravoure, de dévouement et de mépris du danger. Atteint de 2 blessures au début du combat du 15 septembre 1914 a refusé de quitter son poste et est resté à la tête de ses hommes jusqu'à ce qu'il ait été atteint d'une troisième blessure grave".

Ses blessures le retiennent huit mois à l'hôpital de Hanovre et, après sept mois de camp à Celle, il revient grand blessé, sur des béquilles, en 1916. Il n'a pas la joie de revoir son père décédé quelques jours avant son retour. Son jeune frère Lucien est au front, engagé volontaire dans l'infanterie depuis le 8 août 1914.

Avec une indomptable énergie et un total mépris de la souffrance, il retourne au Palais, s'y fait une place de choix et contribue à la création de la société des anciens combattants et mutilés de guerre.

 

 

 

Du camp de Cellelager ("Baracke" N°28a), province de Hanovre, "Deutschland", où il est prisonnier convalescent, Edmond envoie le 5 août 1915 une carte à sa femme et à sa belle-famille Moulier-Tyssandier, à Paris, 16 rue St Antoine. Il est debout (4e à partir de la droite, mains croisées).

   

Mutilé de guerre avec une invalidité de 40%, on le vit toujours par la suite avec une canne. Il fut élu Président du Groupe de la Seine de l'Association des mutilés de Guerre, fonction qu'il assurera de nombreuses années, comme Délégué de l'Association Générale des Mutilés de Guerre de la confédération Nationale des Anciens Combattants ou Membre de l'Office des Pupilles de la Nation.

 

5.6-L'après guerre: etc

5.7-L'entrée en politique:

 

En Avril 1936, parrainé par Henri Franklin-Bouillon, député de la Seine et Oise, ancien ministre, et Président du Front Républicain, il se porte candidat aux législatives dans le 4e arrondissement; il est battu au second tour par un communiste.

Son hostilité à la politique étrangère d'Aristide Briand.

 

5.8-De la gauche vers la droite:

Son action politique: sa correspondance en 1937-1938 avec Jacques Bardoux sénateur du Puy-de-Dôme (*), son ancien professeur à l'École des Sciences Politiques, où il prédit la montée du nazisme et tout ce qu'il adviendra... (cf. Fonds Bardoux, Arch. du Puy-de-Dôme).

(*): Normalien, élu sénateur radical indépendant du Puy-de-Dôme en 1938,fils d'Agénor Bardoux, le grand père de Giscard d'Estaing, homme politique français né le 25 mai 1874 à Versailles et décédé le 15 août 1959 à Saint-Saturnin (Puy-de-Dôme). Cette correspondance peut être consultée dans le fonds Bardoux des archives du Puy-de-Dôme. Il est un adversaire des communistes, qu'il accuse de vouloir pousser la France à la guerre contre l'Allemagne pour le profit de l'URSS. C'est au cours de ses études de droit à Paris et lors d'un cours passage au barreau de Paris qu'il se lia d'amitié avec Edmond Bloch.

 

Archives du Puy-de-Dôme, fonds Bardoux.

 

5.9-La carrière au sein du barreau parisien:

 

Avocat à la Cour d'Appel, l'appartement au 78 rue de Rivoli (où ma mère et Zézette firent des séjours), les honneurs: bâtonnier de l'ordre des avocats, commandeur de la Légion d'Honneur, Grand Officier Nicham Iftikhar, Officier Ouissam Alaouite, Chevalier de l'Ordre civil de Léopold.

 

Edmond Bloch en robe d'avocat, vers 1920.

 

6-La vie du couple entre les deux guerres:

 

L'achat entre les deux guerres de la maison du Péage, commune de Lanobre, Cantal, acquise en viager de Madeleine Bourguet, qui fut la compagne du Duc de La Force résident au château de Journiac, commune de Beaulieu (cf archives notamment Sicaud-Mariol). Le Duc l'avait meublée (style empire; quelques meubles lit, guéridon etc subsistaient encore en 1973). 

 

 

C'était un ancien relais de poste, installé sur la route de Clermont à Aurillac, autrefois fréquenté par les nombreuses diligences et autres voitures de poste qui assuraient le transport des voyageurs: ils trouvaient au Péage une écurie pour les chevaux, une table pour se restaurer et un lit pour passer la nuit. Si la grande cheminée de la salle commune, où les convives pouvaient s'asseoir sur le "cantou" ou coffre à sel, placé sous le manteau au plus près du foyer, pouvait nous susurrer tous les récits de ses voyageurs et de leurs postillons, quel passionnant recueil de souvenirs pourrions-nous publier!

 

Edmond et Isa venait l'été s'y reposer et on les voit sur de nombreuses photos en compagnie de Madeleine.

 

 

Le Péage vers 1925; de gauche à droite: Tante Isa (Isabelle Mouler épouse Bloch), sa mère Thérèse Juillard épouse Jean Moulier (sœur de Jean-Baptiste Juillard mon arrière grand père), Madeleine Bourguet, alors propriétaire du Péage, Anaïs Juillard épouse Pierre Tyssandier, ma mère Alice Juillard épouse Paul Pageix, et Edmond Bloch. Photo prise devant la maison et son puit avec probablement l'appareil d'Edmond Bloch dont on aperçoit la Torpédo.

 

Madeleine Bourguet était très pieuse; j'ai conservé son beau livre de messe en ivoire...

...où figure sa non moins belle signature en première page.

 

 

À la ville, Edmond et Isa étaient toujours vêtus avec une élégance raffinée...

 

 

 

Le sceau à cacheter d'Edmond Bloch.

 

À Paris, le couple menait grand train; on les voit sur de nombreuses photos sur des bateaux de croisière ou déguisés lors de soirées mondaines. Ma mère se souvenait de leur appartement 78 rue de Rivoli qui comptait entre-autres une salle de billard (noter que la famille d'Isa tenait une fabrique de billard rue Saint-Antoine...). Ma mère y fit de nombreux séjours, étant quasiment adoptée par ce couple sans enfant (ce qui causera probablement leur future séparation). L'oncle la surnommait "bobotte"; il est vrai qu"elle le faisait rire aux éclats lorsqu'elle passait son museau dans l'entre-bâillement de la porte pour annoncer: "Tonton, c'est pour un divorcement"... 

 

Tante Isa (à gauche) avec deux inconnus (pour moi), au cours d'une croisière...

 

...ou lors d'une soirée déguisée.

 

7-La deuxième guerre mondiale:

 

7.1 Son internement à Drancy avec six autres avocats:

On le voit sur cette photo illustrant la une du Petit Parisien. "En 1941, il a 57 ans et pose appuyé sur une canne, indispensable depuis que deux éclats d'obus lui ont emporté une partie de la jambe, en septembre 1914, lors de l'offensive dans l'Aisne".   

De gauche à droite, Weill, Valensi, Azoulay, Ulmo, Crémieux, Edmond Bloch et Pierre Masse, internés à Drancy comme "juifs intellectuellement influents" (sic), arrêtés par représailles contre des attentats dont étaient victimes des allemands. Remarquez les prisonniers qui se pressent aux fenêtres. 

 

 

Son dossier pour l'obtention du grade de Commandeur dans l'ordre de la Légion d'Honneur en date du 10 janvier 1950 évoque cette période:

" Persécuté et poursuivi durant l'occupation allemande, arrêté en 1941 par la Gestapo, relâché le 17 Novembre 1942, à nouveau interné par la Gestapo de l'Avenue Foch, soumis au régime des travaux forcés en camp de travail de la Gare d'Austerlitz, libéré le 18 Août 1944; action morale et patriotique très méritoire à l'intérieur du camp".

 

Il fut reçu dans l'Ordre par Étienne Carpentier, ancien Bâtonnier de l'Ordre des Avocats à la Cour de Paris, Grand Officier de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, médaillé de la Résistance. Edmond Bloch était alors Président de l'Union Combattante France Belgique.

 

 

7.2 L'occupation allemande et le départ d'Isa pour l'Auvergne en 1941:

 

"Tonton Edmond" resta à Paris, tandis que "Tante Isa" après leur séparation, quitta Edmond Bloch et descendit au Péage. Ce fut une aventure qu'elle nous raconta: transportée dans un camion de la résistance, passage épique de la ligne de démarcation, etc.

Edmond Bloch habita dans ses vieux jours un appartement dans l'Île Saint-Louis avec Renée son ancienne secrétaire où nous lui rendîmes visite ma mère et moi. 

 

8-Mes propres souvenirs de tante Isa et d'Edmond Bloc.

 

Lorsque nous passions nos vacances d'été à Montauriel, nous allions mon frère et moi pêcher à la Jarrige dans la retenue du barrage de Bort-les-Orgues. Cela représentait quelques kilomètres à pied et le dernier tronçon du périple était assez escarpé. Au retour, un peu fatigué, j'aimais m'arrêter chez elle où elle m'offrait invariablement un sirop de grenadine et me racontait une histoire de plus (elle était intarissable...).

Nous rapportions en général à Montauriel de bonnes friture de vairons, goujons, carpes et carpillons dont mon grand père Marcel Juillard était très friand. Nous avions parfois la chance de remonter aussi quelques  écrevisses dans nos balances que l'on trempait dans le ruisseau de Grange après y avoir ficelé en guise d'appât de petit morceaux de viandes arrosés d'essence de térébenthine. 

Elle venait tous les ans en fin d'année chez mes parents à Athis-Mons, d'où elle visitait ses amis (de Saint-Quentin ou Compiègne je ne sais plus). Parmi ceux-ci, se trouvait le couple Jean et "Mimi" Chamant; Jean Chamant était issu du barreau parisien tout comme Edmond Bloch, avec qui il avait fait ses études de droit. Il fut mon Ministre des transports sous Pompidou et il se soucia spontanément de moi auprès de ma mère, après le décès de mon père survenu en 1970, notamment en 1973 pour faciliter mon changement d'affectation de Paris vers l'Auvergne.  

 

 

Cette photo a été prise à Athis-Mons; en 1965, lors d'un séjour hivernal de tante Isa. Ma mère avec son inévitable cigarette (je n'ai aucun grief à cet égard, car je l'imitais notablement) et Jacques Pageix, un polycopié en main, en pleine révision de concours... Derrière moi, l'une des nombreuses bibliothèques de mon père Paul Pageix, lecteur assidu et bibliophile averti (les livres brochés sont les mémoires-journaux de Pierre de L'Estoile).

Tante Isa passait des heures dans ma chambre à me raconter des histoires à dormir debout dont je n'ai malheureusement pas retenu le détail; il s'agissait pèle-mêle de messes noires, d'initiations à la franc-maçonnerie, de séjours dans des couvents où, lors des promenades méditatives dans le cloître, l'on n'ouvrait la bouche que pour se dire: -"Frère, il faut mourir"...etc.

Elle me faisait souvent des cadeaux, tels ce "ducat", cette médaille de Saint-Georges, patron des cavaliers, qui avait appartenu à son oncle Pierre Tyssandier, et cette belle bourse.

 

 la bourse

 

 

  "Ducat" de 1644 de Ferdinand III, empereur des Romains, roi de Hongrie, et de bohème, Archiduc d'Autriche, Duc de bourgogne, Styrie, etc. (1608-1657).

 

 

 

Cette médaille de Saint Georges terrassant le dragon (*) et ce vieux navire accompagnait la montre gousset de Pierre Tyssandier.

(*): L'un des chapiteau de l'église de Lanobre figure Saint-Georges terrassant le dragon.

 

Le Péage vers 1962. La Renault "Frégate" de mon père. Assise sur le banc: ma Mère, tante Isa et ma sœur... 

 

...et de dos, les bras croisés, mon père parlant à tante Isa.

Nota: j'ai été parfois "embauché" pour repeindre les portes et les fenêtres avec leur inévitable liseré rouge...

 

8-La fin de sa vie et son décès, épilogue:

 

Après le décès de ma grand mère Mélanie Serre, le 19 février 1960, mon grand père Marcel Juillard vint souvent trouver un réconfort auprès de sa cousine germaine Isabelle.

Le 13 juillet 1972, tante Isa fit un testament en faveur de ma mère Alice Pageix, née Juillard pour lui léguer la maison du Péage. Elle m'y désignait comme suppléant, ce qui montre qu'elle m'aimait bien. Un an après, le 9 juin 1973, survint son décès. Nous vînmes cette année-là au Péage, ma mère, oncle Edmond et moi, serrés dans la 2CV de ma mère. Ce fut avec émotion qu'Edmond Bloch revit sa vieille demeure. J'admirais une fois de plus cet homme d'une finesse d'esprit et d'une culture hors du commun qui ne manquait pourtant ni de simplicité ni d'humour. Ne me raconta-t-il pas une fois encore le canular d'Hégésippe Simon le précurseur, né à Poil?...Canular qui remonte à 1913...

Edmond Bloch était un fin lettré ; entre les deux guerres, il s'était abonné auprès de l' éditeur Mornay qui avait lancé la série "Les beaux livres", ouvrages à tirages limités et numérotés, destinés à des bibliophiles avertis ; imprimés sur japon ou sur rives, ils étaient magnifiquement illustrés par des artistes réputés (Touchet, Méheut, etc)... Il me laissa ces livres qui  n'avaient pas totalement échappé à l'humidité et aux rongeurs ; après mes quelques restaurations nécessaires, j'ai pu ainsi sauver une petite trentaine d'exemplaires...    

 

 

 

 

Edmond Bloch mourut à Paris le 25 janvier 1975 à l'Hôtel-Dieu. Compte-tenu de ses qualités, son décès fut communiqué par la Mairie du 4e arrondissement au Préfet de Paris.

etc etc

liens Isa avec Lucienne Boyer, chanteuse d'entre les deux guerres.

Jacques Pageix 2018

 

Partager cet article
Repost0
1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 16:59
Louis Serre à 36 ans (vers1914)

Louis Serre à 36 ans (vers1914)

1-Avant-propos:

 

Je pensais depuis longtemps évoquer la vie de ce médecin, diplômé en 1904, qui exerça au cœur du Cantal, à Cheylade jusqu'à sa mort survenue en 1964, non sans avoir été médecin militaire pendant la Grande Guerre.

 

En remontant très loin dans mes souvenirs, je revois ma grand mère maternelle Mélanie, la plus jeune sœur de Louis, au cours de l'une de ces nombreuses veillées de mon enfance à Montauriel, nous racontant comment on vivait à la fin du 19e siècle dans la vallée de Cheylade, au pied du Puy Mary. 

Sa nombreuse  famille était établie depuis des siècles à Chavanon, une solide bâtisse construite sur le versant Est de la vallée. Elle y possédait de grands espaces d'herbages et plus de 150 têtes de bétail, de cette excellente race de Salers.

Mélanie était la plus jeune de cette prolifique famille. Son père, Antoine Serre, s'était marié deux fois: une première fois à Louise Hélène Rongier, dont il eut un fils, Léon, né en 1865, devenu commerçant à Saint-Quentin, puis il épousa en deuxième noce Marie Gabrielle Sarghat, avec laquelle il eut sept enfants: Antonin (1875), Louis (le médecin, 1878), Marie (1881), Anna (1884), Henri (1886), Émilie (1888), et Mélanie ma bonne grand mère (1892).

Le climat était rude à Chavanon où la montagne demeurait enneigée au cours de longs hivers; il n'était pas rare de recourir au traîneau pour le moindre déplacement. Parfois, le docteur Louis Serre emmenait sa jeune sœur Mélanie ma grand mère pour faire ses visites. Un jour, nous raconta-t-elle, alors qu'il était probablement pressé, l'esprit concentré sur ses malades, il l'oublia dans le traîneau!

Heureusement, la jeune Mélanie, bien emmitouflée dans son manteau, supporta le froid.

On me raconta plus tard l'histoire d'un accident où le cheval, le traîneau et ses occupants versèrent dans la rivière glacée...

2-Sa famille, sa naissance:

 

L'ascendance familiale de Louis Serre est entièrement originaire du Cantal. On y trouve pèle-mêle des Charbonnel, des Sarghat, des Bulit et quelques "quartiers chevaleresques", tels ces  Lemmet d'Auteuil ou ces d'Anglars de Bassignac ou encore des de Ribier et de Roche d'Agoux...

Les Serre se fixèrent au hameau de Chavanon, où se trouvaient la maison et la propriété familiale.

La maison était une solide bâtisse en pierres de taille, au toit recouvert d'épaisses lauzes, percé de trois lucarnes. Au fond de la grande salle commune, chauffée par une imposante cheminée (avec l'inévitable cantou et son coffre à sel), se pressaient en enfilade plusieurs lits clos. Rompant avec le style rustique de ce mobilier typiquement auvergnat, disposé dans la salle à manger, on peut admirer dans le salon de curieuses boiseries avec des croix de Malte et des aigles symbole du premier empire! Cette maison fut d'abord occupée par la famille Charbonnel. Le grand père de Louis, Jacques Serre, épousa Ysabeau Charbonnel et vint s'installer comme gendre dans cette maison. C'est ce que nous rappelle l'inscription figurant sur le linteau de la porte d'entrée: "Jean Charbonnel 1780" (il s'agit du grand père d'Ysabeau).

Propriétaire aisé, Antoine Serre et son épouse Marie Sarghat exploitaient cette propriété grâce à l'aide constante de quatre ou cinq domestiques, et de saisonniers qui venaient l'été. Dans la continuité de leurs aïeux, ils étaient à la fois agriculteurs et marchands de bestiaux".

 

 

La propriété était essentiellement composée d'une "montagne"; qui s'étendait sur le flanc Est de la vallée de Cheylade, au nord du Puy Mary. Elle était importante pour l'époque, avec ses 128 hectares. Propriétaires aisés, Antoine Serre et son épouse Marie Sarghat exploitaient ces grands espaces grâce à l'aide constante de quatre ou cinq domestiques, et à celle de saisonniers qui venaient y passer l'été. Dans la continuité de leurs aïeux, ils étaient à la fois agriculteurs et marchands de bestiaux.

La fortune des parents peut se mesurer à l'aune des dots accordées aux filles: 5000 francs à chacune d'entre-elles; Henri reçut une somme équivalente en marchandises, ce qui lui permit de se lancer dans le commerce en tant que marchand de toile; Quant à Louis, ses études de médecine furent payées par ses parents avec une somme équivalente. " (André Metzger).

L'acte de naissance de Louis est ainsi libellé:

 

"N°20 Serre Antoine Louis de Chavanon

"L'an mil huit cent soixante dix-huit, le trente et un Mai à quatre heures du soir, devant nous Gaspard Eugène Chadefaux, adjoint, remplissant en l'absence de Monsieur le Maire, les fonctions d'officier de l'état civil de la commune de Cheylade, canton et arrondissement de Murat, département du Cantal, a comparu, en la maison commune, Antoine Serre, âgé de trente six ans, cultivateur, domicilié à Chavanon sur cette commune, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né aujourd'hui à midi, en son domicile, de lui déclarant et de marie Sarghat, son épouse, âgée de vingt-huit ans, ménagère, demeurant avec lui, et auquel il a donné les prénoms de Antoine Louis. Lesdites déclaration et présentation ont été faites en présence de Serre Antoine, âgé de quarante-six ans, cultivateur, domicilié à Chavanon, oncle de l'enfant, de Loussert Antoine, âgé de quarante et un ans, instituteur public, domicilié à Cheylade, non parent, tous deux témoins du choix des parties intéressées. Et après lecture aux comparants et témoins, avons signé avec eux le présent acte.

Loussert A Serre L'Adjoint

Serre G Chadefaux"

 

Mentions marginales:

"Par acte en date du vingt six août mil neuf cent cinq inscrit le même jour à la mairie de Apchon (Cantal), Serre Antoine Louis dont la naissance est constatée dans l'acte ci-contre a contracté mariage avec Marie Jeanne Gelly.

"Dont mention faite par nous graffier le 15 9bre 1905"

 

"Décédé le 2 mai 1964 à Cheylade" (archives du Cantal, état-civil de Cheylade)"

    

3-Sa jeunesse studieuse,ses études de médecine à Paris, sa thèse:

 

 Louis Serre accomplit ses études de médecine à Paris. En juin 1902, il résidait 17 rue Crozatier, 12e Arrondissement.

À l'isssue de ses études accomplies de 1898 à 1904, il obtint son diplôme de médecin le 22 décembre 1904. Il fit son externat au sein des Hôpitaux de Paris et son externat à l'Hôpital St-Denis.

Sa vie à Paris en tant qu'étudiant ne fut pas facile pour lui car il avait peu de moyens. 

Il soutint sa thèse le... ; elle portait sur ... Voir BNF

 

Louis Serre eut très tôt une  forte personnalité qui s'alliait à un grand sens des responsabilités. Par exemple, au début de 1905, c'est lui qui prononça un discours pour les obsèques du général Georges Raynal de Tissonnière, un lointain cousin, né à Cheylade  en 1833, décédé à 72 ans le 13 février 1905:

"Discours du Dr Serre, aux obsèques du général de Tissonnière.

"Fallait-il qu'une cruelle maladie abatte celui qui sut rester debout au milieu des balles et des obus. Devrions nous déplorer si tôt la mort de ce brave soldat dont la plume remplaçait encore superbement l'épée. Certes, jamais vie ne fut plus active et plus glorieuse, jamais carrière ne fut mieux parcourue. Cependant bien prématurément la mort vient de ravir le général de Tissonnière à l'affection des siens, à la Patrie, à l'Auvergne.

"À peine sorti de St-Cyr, le jeune sous-lieutenant de Tissonnière court en Crimée, où il se distingue dans de nombreux combats. Lieutenant, puis capitaine, il fait la campagne d'Italie. L'année terrible le retrouve chef de bataillon, il fait partie de l'armée de Metz, et est porté à l'ordre du jour. Nul ne combattait avec plus de courage, ne suivit cette triste invasion avec plus d'intelligence et de discernement. Les écrits qu'il publia à ce sujet servent aujourd'hui à l'instruction de nos jeunes officiers. Dès lors, notre vaillant soldat conquiert rapidement les grades supérieurs. Général de Brigade, il se voit confier les fonctions particulièrement délicates d'adjoint au Commandant de la place de Lyon. Il était divisionnaire depuis 1893 et, parmi les nombreuses décorations qui ornaient sa poitrine, il eut l'insigne honneur de recevoir la cravate de Commandeur. 

"Jamais le général de Tissonnière ne transigeait avec le devoir. Sa taille droite et cambrée, sa physionomie froide et énergique, son air martial reflétaient la loyauté et la justice. Son respect scrupuleux de la discipline l'aurait fait juger sévère, si beaucoup d'entre nous n'avaient eu l'occasion d'apprécier sa grande bonté. Mr l'adjoint au Maire vient de nous dire éloquamment combien il fut bon pour la commune de Cheylade et de notre vallée.

"Personnellement, je me souviens comme d'hier, de sa main chaude et généreuse qu'il me tendit, le soir de l'un de mes premiers et humbles succès.

"Honor et fides in Deo", telle fut la devise du général de Tissonnière. L'honneur certes il l'a poussé jusqu'aux extrêmes limites; il a atteint même la gloire; sa mémoire est immortelle. En même temps, le général de Tissonnière est mort en chrétien, fides in Deo. C'est une forte consolation pour les siens, c'est pour nous un dernier témoignage de sa bravoure.

"Vous avez encore illustré votre nom, mon général, la gloire dont vous vous êtes couvert rejaillit un peu sur nous, habitants de Cheylade, nous sommes orgueilleux de vous, nous saluerons à jamais votre mémoire.

"Reposez en paix, nous ne saurions croire qu'un grand bonheur ne vous soit pas réservé dans l'au delà, pour récompense de vertus si éclatantes".   

4-Son mariage:

 

Huit mois après l'obtention de son diplôme de médecin, Louis Serre épousa Marthe Gelly, d'Apchon:

"N°3, 26 août 1905

"Antoine Louis Serre garçon et

"Gelly Marie Jeanne dite Marthe

"L'An mil neuf cent cinq, le vingt six août à onze heures du matin, devant nous Louis Sidaine, maire et officier de l'état civil de la commune d'Apchon, canton de Riom-ès-Montagne (Cantal) ont comparu en notre maison commune Antoine-Louis Serre, âgé de vingt sept ans, né à Chavanon, commune de Cheylade (Cantal) le trente un mai mil huit cent soixante dix huit, ainsi qu'il résulte de l"extrait de son acte de naissance délivré par M. le Maire de la dite Commune de Cheylade, docteur en médecine, domicilié au chef lieu de la susdite Commune de Cheylade, fils de Antoine Serre âgé de soixante quatre ans et de Marie Sarghat,âgée de cinquante cinq ans, tous deux cultivateurs, domiciliés audit Chavanon ci présents et consentants; Et Gelly Marie-Jeanne dite Marthe, âgée de dix neuf ans née aux Soudeilles, sur cette commune , le trente-un août mil huit cent quatre vingt cinq, ainsi que le constate son acte de naissance inscrit sur nos registres, sans profession, domiciliée au Chef-lieu de cette commune d'Apchon, fille de Antoine Gelly, âgé de cinquante deux ans, et de Mélina Delbos, âgée de quarante sept ans, tous deux négociants, domiciliés en ce bourg d'Apchon ci présents et consentants; lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites devant la principale porte de notre maison commune les dimanches treize et vingt août mil neuf cent cinq, ainsi que le constate notre registre de publications et en ka commune de Cheylade les mêmes dimanches ainsi que le constate le Certificat de publication délivré par M. le Maire de la Commune de Cheylade: Aucune opposition audit mariage ne nous ayant été signifiée, faisant droit à leur réquisition, après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du Chapitre VI du titre V du code civil intitulé du mariage, nous avons interpellé les futurs époux et les personnes autorisant le mariage d'avoir à déclarer s'il a été passé un Contrat de mariage, lesquels nous ont répondu affirmativement et nous ont déclaré que l'acte a été reçu par Me Andrieu, notaire à Apchon, le vingt neuf juillet dernier. Nous avons ensuite demandé au futur époux et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Antoine Louis Serre et Gelly Marie-Jeanne dite Marthe sont unis par le mariage. De quoi nous avons dressé acte en présence de Jacques Delbos, âgé cinquante-quatre ans, voyageur, domicilié en ce bourg, oncle de la future, Justin Magne, âgé de vingt-sept ans, voyageur, domicilié à Anzat-le-Luguet, Puy-de-Dôme,cousin de la future; de Antonin Serre, âgé de vingt-neuf ans, cultivateur, domicilié audit Chavanon, frère du futur et de Léon Serre, âgé de quarante ans, commerçant domicilié à Saint-Quentin (Aisne), frère du futur, lesquels ont signé avec nous et les parties contractantes le présent acte de Mariage après lecture.

"Marie Jeanne Marthe Gelly

"Dr Serre

"Serre

"Gelly Marie Sarghat

"J Magne Melina Gelly

"?? L.Serre (Léon Serre)

"A.Serre J Delbos" (Archives du Cantal, état-civil d'Apchon)

 

Le mariage de sa jeune sœur Mélanie avec mon grand père Marcel Juillard, le 24 juin 1913.

Sa correspondance avec mon grand père Marcel Juillard.

Correspondances de Louis Serre, à propos du mariage de mes grands parents Marcel Juillard et Mélanie Serre:

 

 

Lettre du 8 mai 1913:

 

(adressée à Monsieur Marcel Juillard, Négociant, Boulevard Jules Ferry, Roanne.

 

"Docteur Louis Serre Cheylade (Cantal)

 

"Cher Monsieur Juillard,

"J' arrive de Chavanon où nous nous sommes entretenus de vous. De suite je tiens à vous dire que les Parents sont et ont été toujours résolus à laisser une entière liberté à Mélanie, comme ils ont agi d'ailleurs pour nous tous. Je puis même affirmer qu'ils ont pour vous une haute considération et une grande estime. C'est vous dire que vous serez maintenant le bienvenu à Chavanon et j'ajoute que Mélanie m'a paru toute adonnée à vous.

"Pour ma part, je ressens un vif plaisir. Et si votre sens pratique et votre caractère égalent votre esprit et votre intelligence, je puis vous prédire un heureux avenir.

"À bientôt donc le plaisir de nous revoir et de resserer nos liens d'amitié.

"Bien à vous

Dr L.Serre 8 mai 1913"

Lettre du 28 mai de la même année:

 

(adressée à Monsieur Marcel Juillard, de Lanobre, Cantal. note au crayon: visite de demande en mariage)

 

" Cheylade le 28 mai 1913

 

"Mon cher Juillard

"Ce soir en arrivant d'une course en automobile, le frère Henri a eu un petit accident. Il est rentré péniblement au garage et une pièce cassée doit être envoyée à l'usine. Il ne pourra par conséquent venir vous prendre à Riom samedi.

"Nous avons pensé alors à vous envoyer le beau père Chansel avec sa voiture, mais de crainte que ce soit peu confortable pour vos Parents, nous avons préféré vous en avertir. À Riom vous trouverez des voitures bien plus commodes, et vous serez beaucoup mieux.

"Nous regrettons beaucoup cet accident surtout pour vos Parents, mais nous espérons que favorisés d'un beau temps, l'agrément de contempler la haute vallée de la Rhue vous rendra le voyage agréable.

"Allons à samedi, mon cher Marcel, présentez à vos Parents, avec nos regrets, nos sentiments bien respectueux et pour vous nos sincères amitiés.

"Bien à vous

Dr L.Serre"

 

Lettre du 9 juillet, même année:

 

(Adresssée à Monsieur Marcel Juillard à Morange de Lanobre)

 

"Docteur Louis Serre

"Cheylade (Cantal)

 

"Mon cher Marcel,

"Cette vilaine laryngite de Mélanie persiste bien en effet. Néanmoins il n'y a pas lieu à s'en inquiéter, elle ne peut devenir grave ni chronique. Un peu de révulsion autour du cou, de la chaleur, teinture d'iode, et surtout repos de l'organe c'est à dire silence.

"Bref si cet état persiste à votre retour, je pense pouvoir le transformer.

"Je suis très content de voir que Mélanie ne s'ennuie pas et s'adapte bien à cette nouvelle vie (*); ma joie est d'autant plus vive que grandissante est mon estime pour tous les vôtres.

"Je vous prie, mon cher Marcel, de me rappeler au souvenir de tous et de croire à ma sincère affection .

"Votre frère dévoué

Louis"

(*): Marcel et Mélanie se sont mariés à Cheylade le 24 juin 1913.

 

Louis Serre était très attentif à la santé de son beau frère marcel, alors que celui-ci était au front:

 

« 16 décembre 1914 Mon cher Marcel

 

« J'ai été fort content de recevoir votre lettre et de vous savoir en bonne santé. Depuis quelques temps je n'avais de vos nouvelles que par Cheylade et je me demandais si vous receviez mes lettres. Nous sommes toujours dans la même région de la Woëvre ; nous avançons lentement, vu la boue des tranchées et le mauvais temps. Mais moi, j'ai eu la veine d'être affecté à l'ambulance divisionnaire ; c'est certes moins dur et moins dangereux que dans le régiment, et nous y menons une vie assez agréable, si l'on peut dire ce mot en ce moment. Voici ma nouvelle adresse : ambulance 1, 64e division, 3e Corps d' armée, secteur 120.

« Si votre lettre m'a fait plaisir, mon cher Marcel, de vous savoir en si bonne position, je ne puis m'empêcher de vous recommander la prudence, surtout à l'observatoire ; c'est je crois le plus grand danger pour l'artilleur. Enfin, faites attention et soignez vous bien. Bonne santé et bon courage. La lutte sera longue encore, mais nous triompherons et nous serons heureux de nous revoir tous.

« À bientôt, mon cher Marcel. Chance et amitiés.

« Tout à vous Louis »

 

Médecin-Major à l'Ambulance n°1 / 64e Division, 3e Corps d'Armée, secteur 10.

(Archives Marcel Juillard)

 

  

5-Son service militaire et la guerre:

 

Le service militaire:

La fiche matricule portant le N° 1340 établie à son nom précise qu'il est alors étudiant en médecine et qu'il bénéficie d'une disponibilité (art.23) à compter du 22 septembre 1900. Elle précise qu'il a les cheveux, les sourcils et les yeux noirs, et qu'il mesure 1m 70. Il a tiré le N° 25 du tirage du canton de Murat. Il est incorporé au 16e Régiment d'Artillerie sous le N° matricule 896 à compter du 14 novembre 1899.

Arrivé au Corps comme deuxième canonnier conducteur le même jour. Un certificat de bonne conduite lui est accordé.

Il effectue une première période d'exercices dans le 92e Régiment d'août à septembre 1902 et il passe dans l'armée d'active le 1er novembre 1902.

Il est nommé le 23 octobre 1903 à l'emploi de médecin auxiliaire et est affecté au 139e Régiment d'Infanterie.

Après avoir produit son diplôme de docteur en médecine obtenu le obtenu le 22 décembre 1904, il est nommé médecin aide-major de 2e classe de réserve par décret du 30 juin 1905 et affecté à la 13e Région.

Il accomplit une deuxième période d'exercices dans le 139e Régiment d'Infanterie du 19 août au 15 septembre 1907.

Il passe dans l'armée territoriale le 1er octobre 1912 et accomplit une autre d'instruction au 16e Régiment D'artillerie à Clermont-Ferrand, comme médecin aide major de 2e classe du 27 août au 19 septembre 1912.

 

La guerre:

Campagne contre l'Allemagne du 3 août 1914 au 14 février 1919.

Rappelé à l'activité par Décret du 1er août 1914, arrivé au Corps le 3 août. Aux armées du 3 août 1914 au 1er août 1915.

Affecté à l'hôpital N° 33 à Royat le 14 octobre 1915.

Affecté au Dépôt du 38e Régiment d'Infanterie le 23 Décembre 1915.

Affecté à l'hôpital général de Clermont le 8 Décembre 1916.

Dirigé sur le R.P.S., à St Dizier en exécution de la D.M. du 16 Février 1917.

Affecté au 4e Régiment de marche des Zouaves le 1er avril 1917.

Affecté à l'Ambulance 7/18 par décision du général commandant le 11e Corps d'Armée du 17 août 1917 et détaché au C.I.D./38 depuis ce jour.

Rentré à la 13e Région et affecté au Dépôt des O.P.G. à St Angeaux le 2 Janvier 1919.

Mis en congé illimité de démobilisation le 15 Février 1919 par le Directeur du Service de Santé de la 13e Région (2e échelon).

Passé dans l'Armée terrirtoriale le 1er octobre 1919.

Affecté à l'Hôpital Pensionnat St Eugène à Aurillac la 1er Janvier 1924. Proposé pour maintien dans les cadres et pour pension temporaire d'invalidité évaluée à 15 % pour "Troubles fonctionnels cardiaques. Créthisme", décision de la commission de réforme de Clermont-Fd du 16 avril 1924.

Libéré du service militaire le 1er octobre 1926.

Maintenu dans les cadres et proposé pour une pension temporaire invalidité évaluée à 20 % pour "troubles cardiaques" décision de la commission de réforme de Clermont Fd du 3 février 1928 (sur pièces).

Maintenu dans les cadres par décision du Directeur du Service de Santé du 13e Corps d'Armée du 1er novembre 1927.

Il fut décoré de la Croix de Guerre avec une citation à l'ordre du Régiment (N° 20 du 5 mai 1917):

"A pris au pied levé et en plein combat les fonctions de Médecin Chef de Service au régiment, service qu'il a assuré d'une façon parfaite, malgré les difficultés dûes au bombardement ennemi".

(Archives du Cantal, fiches matricules)

 

 

 

6-La médecine à Cheylade (Cantal):

 

Il fut décoré de la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 4 août 1936, sur le rapport du Ministre de la Guerre en qualité de Médecin Capitaine de la 13e Région. Il avait 40 annuités de service militaire et était titulaire de la Croix de Guerre.

La décoration lui fut remise le 27 septembre 1936 par le Capitaine Marcel Juillard de l'état-major de la 13e Région à Clermont-Fd, choisi par Louis Serre comme parrain.

"En tant que médecin, c'était à Cheylade une personnalité importante. Il a été membre du conseil municipal".

"Si Elisabeth est née à Cheylade, c’est parce que Madou, sa mère, avait une confiance totale en son oncle et qu’elle voulait qu’il soit là pour l’accouchement.  A noter que Louis était secondé, à ce moment en 1952, par son fils Hubert qui reprit pendant quelques années le flambeau de médecin de Cheylade après avoir été guidé sur le terrain par son père" .

"On rencontre encore à Cheylade des personnes qui parlent avec émotion de Louis ou de Hubert. L’an passé, j’ai rencontré l’électricien de Riom qui m’expliquait qu’il était né en 1952, la nuit de la Saint-Sylvestre, qu’un traîneau était allé chercher Hubert aux Mouleyres pour l’amener plus loin dans la ferme isolée de Para. Hubert avait passé la nuit avec tous, réveillonnant avec la famille et surveillant l’accouchement pour partir enfin au petit matin après la délivrance" .

 

7-Ses enfants et sa descendance:

 

Décès le 2 mai 1964 à Cheylade à 86 ans.

 

8-Généalogie ascendante des parents de Louis Serre:

 

Cette généalogie ascendante est due au travail d'André Metzger.

Louis Serre, Médecin-major de la Grande Guerre, "Médecin de montagne" 1878-1964

Comme on le voit, quelques ancêtres qui apparaissent sur cet arbre appartenait à la petite noblesse locale. Il s'agissait probablement pour eux de s'allier à des familles d'éleveurs comme les Charbonnel, susceptibles de leur apporter des dots substantielles... 

 

Ce sont les Lemmet d'Auteuil, d'Anglars de Bassignac, eux-mêmes apparentés aux de Ribier, de Rochedagoux( ou d'Agoux) etc. Voici plus précisément l'ascendance des Serre puis des Charbonnel:

 

SERRE Antoine (mon arrière grand père, père de mon grand oncle Louis), o 1841 Chavanon, + 1927 Cheylade, x 1874 SARGHAT Marie, o 1850 Fouilloux, + 1935 Cheylade;

 

SERRE Jacques, o Codebos Soutro 1797, + 1873 Chavanon, x CHARBONNEL Isabeau, o 1803 Chavanon, + 1863 Chavanon;

 

Parents d'Isabeau CHARBONNEL:

 

CHARBONNEL Pierre, o 1780 Chavanon, + 1834 Chavanon, x LEMMET d'AUTEUIL Jeanne, o 1771 Apchon (Auteuil), + 1815 Chavanon;

 

Parents de Jeanne LEMMET d'AUTEUIL:

 

LEMMET d'AUTEUIL Antoine, o 1734 Auteuil, + 1795 Auteuil, x d'ANGLARS de BASSIGNAC Françoise Rose, o 1733 Auzers, +1798 Auteuil; leurs parents:

 

Parents d'Antoine LEMMET d'AUTEUIL:

 

LEMMET d'AUTEUIL Bernard, + 1750 Auteuil, x COMAOLET Isabeau, o 1702, + 1786;

 

Parents de Françoise Rose d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Bathélémy, o 1694, +avt 1759 Bassignac, x BOYER Jeanne, + avt 1759 Auzers;

 

Parents de Barthélémy d'ANGLARS:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Roger, seigneur de Bassignac, o 1654 Bassignac, + après 1722, x 1679 TISSANDIER Françoise; 

 

Parents de Roger d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC François, seigneur de Bassignac et de la Barandie, o 1612, x 1642 de TAUTAL Gabrielle, + après 1679;

 

Parents de François d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Guy, seigneur de Bassignac, o vers 1578, x 1606 de RIBIER Catherine, + 1658 dans l'église de Bassignac;

 

Dans la petite église romane de Bassignac, on peut admirer un tableau représentant deux personnages représentés à genoux auprès du Christ en croix.

 

 

Il s'agit de deux de nos lointains ancêtres:  Guy d'Anglars de Bassignac...

 

 

et Catherine de Ribier.

 

 

Parents de Guy d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Antoine, o 1536, x 1574 de GOUZEL de SÉGUR Antoinette (*), +1611;

(*): son père était Guynot de GOUZEL de SÉGUR, seigneur de Ségur, fils de Jean et d'Alix de CHALVET de ROCHEMONTEIX, et sa mère Louise de POUZOL, fille de Jourdain de POUZOL et de Jeanne de LA PANOUSE, dame de Loupiac

 

Parents d'Antoine d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Étienne, x 1535 du CHAPITRE du CHATELET Jeanne, + avant 1544;

 

Père d'Antoine d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Bernard, o vers 1504;

 

Parents de Bernard d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Jean, x de BALZAC anne, + avant 1512;

 

Parents de Jean d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Jean, x de BASSIGNAC Françoise, + avant 1481;

 

Parents de Jean d'ANGLARS de BASSIGNAC:

 

d'ANGLARS de BASSIGNAC Astorg, x de ROCHEDAGOUX Marguerite XVe siècle.

 

À propos de Guy d'ANGLARS de BASSIGNAC 

Guy d'Anglars seigneur de Bassignac et son épouse Catherine de Ribier possèdent le château de Bassignac.

Cinq enfants sont nés de leur union dont:

François, qui voit le jour vers 1612. Comme ses aïeux, il fait carrière dans l'armée et entre dans la compagnie des gendarmes du roi. Il est nommé, en 1638, capitaine-lieutenant de 200 hommes d'armes, sous les ordres du comte d'Estaing. Quelques années plus tard, en mai 1642, il prend pour épouse Gabrielle de Tautal, fille du seigneur Jean de Chanterelles dont le fief s'élève dans la vallée du Mars. Elle lui donne trois fils, assurant la continuité du nom. 

Un épisode va marquer l'histoire de François d'Anglars de Bassignac. Depuis la mort de Louis XIII, en 1643, la France est confiée à la régence d'Anne d'Autriche qui, peu habituée des affaires politiques, s'appuie sur le cardinal Mazarin. Le futur Roi Soleil n'est encore qu'un enfant. Parmi les grands du royaume, le prince de Condé, qui déteste le ministre de la reine et le qualifie de "faquin écarlate". La rivalité pousse le prince à la révolte et il sympathise avec un mouvement : la Fronde, qui va rester dans l'Histoire comme l'une des plus grandes révoltes nobiliaires. Arrêté en janvier 1650, le Grand Condé est emprisonné pendant 13 mois. A sa sortie, il prend la tête de la Fronde et part en Auvergne pour recruter des partisans. Le prince et sa troupe se sont déguisés en domestiques du marquis de Levis, seigneur de Charlus.

C'est sous cette livrée qu'ils se présentent, le 27 mars 1652, au château de Chavaniac, près de Sauvat, propriété de Guy de Ribier. Ce dernier les conduit à Bassignac mais François d'Anglars est absent. La mémoire populaire veut que le prince ait attendu son hôte assis sur la pierre du tourne-broche, dans la cheminée de la cuisine. Lorsque François arrive, il n'a aucune idée de l'identité de son visiteur. Il le convie à souper mais, au fur et à mesure des libations, les propos dévient sur la politique et les esprits s'échauffent. Les deux hommes sont au bord d'en venir aux mains quand le Grand Condé se dévoile. D'Anglars, confus, s'agenouille et s'excuse.

Les siècles et la Révolution passent sur Bassignac et les d'Anglars sont toujours là. Camille, né en 1787, porte le titre de comte et devient maire de la commune en 1830. Parmi ses treize enfants, Jean-Pierre Eugène, né en 1813 et devenu vicaire de Notre-Dame-des-Champs à Paris, conserve le domaine. En 1872, il institue Antoinette Borg d'Orschwillers héritière de la propriété, sa propre sœur, Adélaïde-Fernande (épouse Thoury) l'ayant refusée. Treize ans plus tard, Antoinette lègue à son tour à la baronne de Brousse qui vend finalement le château à Antoine Besson, en janvier 1898.

(extrait d'un article de "La Montagne")

 

Partager cet article
Repost0
18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 22:15

 

 

Un soldat de la Grande Guerre:

 

Louis Laumière

 

(1880-1946)

 

                    Jacques Pageix, 2014 (article en cours de rédaction)

Louis Laumière lors de son service en Corse de 1901 à 1904 au 13e bataillon d'artillerie.

Louis Laumière lors de son service en Corse de 1901 à 1904 au 13e bataillon d'artillerie.

Avant-propos

 

Je me fais un devoir d'évoquer dans ce blog la mémoire de Louis Laumière, le grand père de mon épouse, natif d'Onet-le-Château, proche de Rodez, en Aveyron: il nous laisse le souvenir d'une vie exemplaire, que je suis fier de présenter ici. Son esprit de sacrifice et son courage se manifestèrent dès son service militaire en Corse, accompli loin des siens, et s'affirmèrent à l'extrême lors de la Grande Guerre.

 

J'ai été particulièrement ému par deux attitudes de sa part: l'une reflète sa sensibilité lorsqu'il envoyait dès 1914 à son épouse Pauline des cartes postales où il avait planté des fleurs cueillies dans les tranchées de premières lignes. Elles sont restées intactes. L'autre est la fierté qu'il manifesta, lorsqu'il refusa de remplir le formulaire pour obtenir la Légion d'Honneur qu'on lui proposait en vertu de ses actes de courage; elle lui était due, puisqu'il avait été décoré de la Croix de Guerre au fameux Bois Leprêtre où, après avoir été lui-même blessé, il n'en continua pas moins à transporter des camarades "sous un violent bombardement par obus de gros calibres" comme le souligne sa citation.

 

La Naissance, la famille et la jeunesse

 

Antoine Louis Baptiste Laumière, communément appelé Louis, est né le 24 avril 1880 chez ses parents, à la Roquette, commune d'Onet-le-Château, près de Rodez, en Aveyron.

Son père est Julien Laumière, 50 ans, agriculteur à la Roquette.

Sa mère est Marie Rosalie Masson, 36 ans; Julien l'avait épousée en deuxième noce, en 1863, peu après le décès de sa première femme, Marie Julie Salès, décès survenu un an seulement après leur mariage contracté en 1860. 

La légende familiale rapporte qu'après ce premier mariage de raison, il revint à ses premières amours en épousant Marie Rosalie.

Entre-temps, en 1861, une fille de Marie Julie était née, avec un prénom curieux et pour le moins exotique: Palmire!... Le faible écart de temps (une vingtaine de jours) entre l'arrivée de l'enfant et le décès de sa mère nous permet de supposer que cette naissance fut fatale à Marie Julie. 

Le deuxième lit fut assurément plus prolifique, puisqu'il y eut sept enfants (quatre fils et trois filles) ; notre Louis Laumière était l'avant dernier.

 

La famille Laumière au complet, au tout début du XXème siècle.

Assis au premier rang :

 

Au centre, Julien Laumière et Rosalie Masson, les grands parents de Manotte, avec leurs sept enfants mariés ;

A gauche, le couple Auguste Laumière (l’aîné N°1, représentant les machines agricoles Massey-Harris) et Marie Duffieux, née Ortholès, sans enfants ;

A droite, le couple Henri Trémolière et Eulalie Laumière (N°2), 7 enfants : Henri, Angèle, Noëlie, Marius, Berthe, etc. ;

 

Debout au second rang, de gauche à droite:

 

Le couple Julien Laumière (N°3) et Marie Besnel, de Grousset, 2 enfants : Julien sans enfants, et Berthe, mariée à Falgayrat ;

Le couple Antoine-Louis Laumière (N°6) et Pauline Andrieu, les parents de Manotte;

Le couple Etienne Cayla (Maire-Adjoint de Rodez et Président du Tribunal de Commerce, parrain d’Etiennette), et Rose Laumière (N°4), sans enfants;

 

Au troisième rang, de gauche à droite :

 

Le couple Paul Palous (capitaine de gendarmerie) et Philomène Laumière (N°5), 2 enfants : Antoinette et Paul d’Albi;

Le couple Marius Laumière (N°7) et Philippine Ferrand, 2 enfants : Augusta mariée à Ricome et Pierre.

 

 

 

 

Dans un opuscule offert à Marguerite Calmès née Laumière, ma belle-mère, j'ai raconté l'histoire de sa famille et de ses ancêtres. Je ne m'étendrai donc pas ici à ce sujet, en me contentant d'un petit résumé:

Le nom de Laumière est très ancien: son origine se trouve dans un petit village appelé Laumière, situé près de Bozoul (connu par son fameux trou). J'ai pu montrer que cette localité était bien le berceau de cette famille dès le Moyen Âge et tout au long de la Renaissance,: on y trouve des Laumières prêtres, juges, notaires et, bien sûr, agriculteurs. Le plus ancien ancêtre que j'ai pu retrouver à Bozouls (qui s'appelait autrefois "Boazon") est Barthélémy Laumière, né vers 1645, qui épousa Anne Roumieu. Leur fils Raymond, né en 1669, eut pour parrain Raymond Roumieu de Cadayrac. C'est pourquoi le jeune Raymond s'installa et se maria le 12 juillet 1667 avec Catherine Burc à Cadayrac, pays miniers. Son épouse était fille de Jean, Tisserand, et de Jeanne Lapeyre. Les Laumière s'installèrent ensuite durablement à Onet-le-Château où ma belle-mère Marguerite Laumière vit le jour (voir généalogie simplifiée in fine). 

C'est à partir des archives publiques, des papiers de famille, et des récits recueillis auprès de Marguerite, de sa sœur aînée Étiennette et de leur frère Louis,  les trois enfants de Louis Laumière, que j'ai pu publier cette saga familiale... 

 

Je n'ai pu cerner en détails la prime jeunesse de Louis, toutefois, Marguerite se souvient qu'il allait à pied de la Roquette à l'école Victor-Hugo à Rodez, emportant son repas de midi qu'il faisait réchauffer à l'école.

Les documents militaires conservés indique qu'il possédait une bonne instruction générale. Son écriture est fine et soignée. Doué pour les activités physiques, il se classa dans les meilleurs en ce domaine. Il pratiquait la boxe et la lutte. En revanche, il ne savait pas nager!

       

Le service militaire en Corse

 

Jeune appelé de la classe 1900, Louis fut affecté au Groupe de batteries détachées en Corse en septembre 1901;

Son instruction militaire, commencée le 20 novembre 1901, se termina le 4 juillet suivant.

Il excellait aux exercices de tir (il sera chasseur toute sa vie) et obtint de bon classements. 

Il accomplit donc la totalité de son service militaire sur l'île de beauté, successivement à Ajaccio, Bonifacio, puis Aspretto, au 13e bataillon d'artillerie jusqu'en  septembre 1904. 

Ses qualités de "débrouillardise" furent aussitôt appréciées pas ses chefs, comme le montre les certificats de bonne conduite qu'il obtint. Son capitaine le prit avec lui comme ordonnance. Il s'agissait du capitaine Catala, qui commandait la 1ère batterie du 1er bataillon d'Artillerie à Pied.

Il certifia que "le canonnier Laumière Louis qui a été son ordonnance pendant deux ans a été toujours un homme dévoué et qu'il n'a que de bons renseignements à donner sur son compte. Il soigne très bien les chevaux, est très propre de sa personne et très adroit. Il est d'une probité à toute épreuve". Ce certificat lui fut délivré à Bonifacio en fin de service, le 29 août 1904; c'était l'usage, et cela permettait au militaire libéré de revenir à la vie civile avec un bon viatique, en vue d'un futur emploi.

Il fut même cité à l'ordre du groupe: 

"Extrait de l'ordre du groupe N°47:

"Le chef d'escadron Commandant le groupe des batteries détachées en Corse, cite à l'ordre du groupe les Sous-officier, Brigadiers et Canonniers qui quittent le corps sans avoir subi de punitions et ont donné le meilleur exemple à tous points de vue pendant leur séjour sous les drapeaux.

"Le deuxième canonnier servant Laumière a mérité de figurer à l'ordre du groupe.

"Bastia, le (...) septembre 1904. 

 

"Le Chef d'Escadron Commandant supérieur des batteries détachées en corse.                         Nivelle"

         

(Hé oui, il s'agit bien de celui qui devint le peu fameux Général Nivelle qui lança sans aucun discernement ces offensives si meurtrières au cours de la Grande Guerre...)

 

Louis était alors dans la musique du bataillon. On a conservé son cahier de chants illustré qui, s'agissant de la Corse, contient naturellement la fameuse "boudeuse" ( "Donne-moi ta lèvre; ta lèvre rose / Qu'amoureusement la mienne s'y pose, / Et qu'étroitement tous deux enlacés / Nos querelles soient querelles de baisers")

Nonobstant ces distractions, Louis comptait manifestement les jours...

...Car le cahier se termine par ces mots:

"Ce cahier a été fait (terminé) le 2 novembre 1903 à Ajaccio sous les yeux de Bertrand mon copain à 8 heures 32 minutes du soir, en comptant 320 jours à faire à 4 heures de demain au soir, et après la fuite. L.Laumière"

Nota: Bertrand et lui resteront amis par la suite. Après son service, Bertrand entrera au service de la famille Deutsch de la Meurthe (*) comme chauffeur.

(*): Henry Deutsch de la Meurthe (1847-1924) était un industriel et mécène qui soutint les progrès de l'aviation au début du XX ème siècle. Il créa des prix et des coupes décernés aux meilleurs pilotes et constructeurs lors de meetings aériens.  

 

La citation à l'ordre du groupe...

La citation à l'ordre du groupe...

L'appréciation du Capitaine Catala...

L'appréciation du Capitaine Catala...

...et le certificat de bonne conduite.

...et le certificat de bonne conduite.

Le cahier de chants de Louis en Corse.

Le cahier de chants de Louis en Corse.

"Ce cahier a été fait etc."

"Ce cahier a été fait etc."

 

Les débuts de la vie civile, le mariage, l'activité dans l'hôtellerie

 

Rendu à la vie civile en 1904, Louis trouva du travail aux "Quatre Saisons", chez les Andrieu qui tenaient là un hôtel restaurant et qui louaient des voitures. Cet établissement, bien placé aux portes de la ville de Rodez, accueillait une clientèle de passage, nombreuse et variée. D'après Étiennette, "Louis faisait cocher parce qu'il était bel homme"; on faisait beaucoup de noces et Louis promenait les convives dans des voitures attelées que l'on décorait avec des rubans. Il photographiait les clients et leur remettait des clichés-souvenirs. 

 

Il avait très tôt remarqué une jeune fille qui travaillait dans cet établissement: la nièce du patron, Pauline Andrieu.

Rosalie Pauline Andrieu, fille de Louis Andrieu et de Marie Laur, était née le 4 novembre 1882 à Moyrazès.

Le mariage eut lieu aux Quatre-Saisons le 9 août 1905. Peu de temps après, ils achetèrent le "Café des Arts" au Faubourg de Rodez, grâce à l'aide d'un oncle, Auguste, frère de Julien Laumière (voir photo de famille). 

À force de travail, ils purent rembourser l'oncle, puis ouvrir un hôtel aux Quatre-Saisons.

Vint le départ de Louis à la guerre: pendant toute son absence, l'hôtel fut tenu par Pauline, ses parents, la tante Rose, l'oncle Étienne et les employés.

L'alternance entre vie civile et vie militaire était de rigueur pour la plupart des jeunes gens de cette époque; des périodes d'exercices étaient destinées à maintenir un bon niveau d'entraînement chez ces soldats qui allaient affronter les dures épreuves de la guerre. Ainsi, Louis accomplit une première période au 13e bataillon d'artillerie à pied, 4e batterie, du 8 avril au 5 mai 1907, puis dans le 7e régiment d'artillerie à pied , 4e batterie, du 24 mai au 9 juin 1910.

 

 

Louis et Pauline.

Louis et Pauline.

 

 

La Guerre

 

Le jour de la mobilisation générale, Louis fut affecté au 3e Régiment d'artillerie coloniale. 

 

 

Le fascicule de mobilisation de Louis Laumière:

"Ordre pour le cas de la mobilisation. En cas de mobilisation portée à la connaissance des populations par voie d'affiche ou de publication sur la voie publique, le porteur du présent fascicule restera provisoirement dans ses foyers et ne se mettra en route qu'après réception d'un ordre d'appel lui indiquant le corps du service à rejoindre, le lieu de convocation, les jours et heures de présentation.

"À Rodez, le 8 sep 1907, signé le Commandant du Bureau de Recrutement"

 

Pour le suivre dans ses différentes affectations miliaires, on peut consulter son livret militaire et les cartes qu'il envoya à son épouse. J'ai pu obtenir une copie de sa fiche matricule auprès des services d'archives de l'Aveyron:

  

Fiche matricule de louis Laumière, communiquée par les archives départementales de l'Aveyron.

Fiche matricule de louis Laumière, communiquée par les archives départementales de l'Aveyron.

Voici la transcription du début de sa fiche matricule:

"né le 23 Avril 1880 à Onet le Chateau canton de Rodez département de l'Aveyron, profession "cocher" (mot rayé et remplacé par "industriel"), fils de julien et de Masson Rosalie, domiciliés à Onet le Chateau.

"N° 12 du tirage dans le canton; déclaré bon; N° matricule de recrutement: 608.

"Signalement: cheveux et sourcils châtains foncés; yeux châtains; front ordinaire; nez moyen; bouche moyenne; menton rond; visage ovale; taille: 1m.76; degré d'instruction: 3". 

Trois des nombreuses cartes postales militaires envoyée par Louis à son épouse Pauline (les 26 juin, 8 juillet et 12 juillet) .

Trois des nombreuses cartes postales militaires envoyée par Louis à son épouse Pauline (les 26 juin, 8 juillet et 12 juillet) .

L'une d'elles porte un poème de la main de Louis.

L'une d'elles porte un poème de la main de Louis.

"Laumière Louis", canonnier à la 44e Batterie d'Artillerie Coloniale", près de Toul, écrit à Pauline:

"Chère Pauline, tu diras vraiment que je deviens gosse mais étant de garde, ne sachant comment passer le temps, je me suis livré à te faire un bouquet. Toujours bonne santé. Reçois mille baisers, sans oublier nos poupards, sincères amitiés à nos Parents. Ton Louis qui ne t'oublie pas et pense toujours à Toi. L Laumière"

On notera que ces bouquets de petites fleurs, cueillies par Louis sur les remblais des tranchées il y a juste un siècle, sont admirablement conservées...

Sur la carte du 8 juillet 1915, Louis a écrit ce quatrain:

 

"Nous voici au pays des nuits

"Le canon seul a le droit de parler

"Et d'envoyer de la mitraille

"Pour crever aux boches les entrailles"...

 

SUITE DE LA GUERRE: les tranchées souvent en première ligne, l'artillerie de tranchée (les "crapouillots"), le transport des blessés sous la mitraille et les obus, comme au Bois Leprêtre, les blessures et les séjours dans les hôpitaux à l'arrière. La croix de guerre. Son refus de la légion d'honneur...

 

 

Le retour à la vie civile

 

A COMPLETER GRACE AU RECIT DE TATA ALBERT:

 

(Sans reprendre la totalité de l'ouvrage déjà réalisé) 

Les différentes activités menées le plus souvent de front par Louis Laumière:

L'hôtellerie bien sûr, l'industriel (la briquetterie qui fut incendiée), l'entreprise de rouleaux pour goudronner les routes (photos...Sans oublier la construction d'une maison, la chasse, etc

La 2e Guerre mondiale, la fin de vie.

La fin de vie

 

 

Origine et généalogie des Laumière

                                                                                                                                                          Comme je l'ai dit plus haut, mes recherches m'ont permis de fixer avec certitude le berceau des Laumière à Bozouls, cette petite cité perché sur le bord de la rivière du Dourdon, qui creusa à cet endroit un véritable canyon dans la roche calcaire, formant un méandre dont les flans resserrés sont impressionnants: ce fameux "Trou de Bozouls".

Au sud de Bozouls, qui s'appela jusqu'au XVIIe siècle "Boazon", se trouve justement le village éponyme de Laumière...

On trouve à Bozouls et dans les villages proches des Laumière jusqu'au XVIe siècle et probablement jusqu'au Moyen Âge:

Il en est fait mention dans les plus vieilles minutes notariales, qui remontent à 1545 où figure la signature de ce Messire Louys Laulmieyre, prêtre (hé oui, c'est ainsi qu'il s'écrivait: pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué!), ou bien de ce Procureur, Jehan Laulmieyre. On y trouve aussi un Jehan Laulmieyre dans un acte du 14 avril 1586 qui invoque dans son préambule "Henry, par la grâce de Dieu Roy de France et de Polongne"...

Acte de baptême de Raymond Laumière 10 octobre 1669.

Acte de baptême de Raymond Laumière 10 octobre 1669.

8"32 Raymond Laumiere

"Raymond Laumiere filz a Barthlemy Laumiere Et Anne Roumieu mariez habitanz du villa(ge) de Sentelz parroisse de Boazon a Este baptise le dixiesme octobre 1669 nasquist le sisiesme du d(it) moyes et A Esteperrin Raymond Roumieu du lieu de Cadayrac  et parroisse merrinne Marie Guisarde du d(it) villa(ge) de Sentelz Et parroisse de Boazon" 

 

Voici donc l'arbre généalogique dAntoine Laumière:

 

Barthélémy Laumière ép. Anne Roumieu (de Cadayrac) le 12 juillet 1667

(naissance à Bozoul vers 1645-)

                    I

Raymond Laumière ép. Catherine Burc de Cadayrac) (fille de Jean, tisserand, et de Jeanne Lapeyre)  le 21 juin 1701

(naissance à Bozouls 1669-décès avant 1726)

                    I

Jean François Laumière ép. Catherine Bories (de La Roquette) (fille de Jean et de Delphine Bec) le 26 août 1726 

(naissance à Cadayrac vers 1701-décès 1768)

                    I

Jean François Laumière ép. Jeanne Pouget (fille de Joseph et de Marie Latieulle) le 2 juillet 1767

(naissance à La Roquette 1734-décès après 1785)

                     I

Jean-Pierre Laumière

(naissance à La  Roquette 1770 décès 1849)

ép. 

1) 1795: Marie Jeanne Besombes

2) 1828: Marie Julie Agrifoul d'où

                     I

Julien Louis Laumière

(naissance à La Roquette 1829 décèe 1919)

ép.

1) 1860: Marie Julie Salès (fille de François et de Marie Jeanne Pouget)

d'où une fille Palmire née en 1844;

2) 1863: Marie Rosalie Masson (fille de François et de Rose Raynal)

d'où sept enfants:

Auguste, Eulalie, Rose, Julien, Philomène, Antoine Louis (qui suit) et Marius.

                     I

Antoine Louis Baptiste Laumière

(naissance à La Roquette 1880, décès à Rodez 1946)

                      I

Trois enfants:

1-Étiennette Rose Louisa Laumière (1909-2002) ép. Albert Calmels d'où une fille Colette (né 1936) ép. Jubelin;

2-Louis (1912-20??) ép Joséphine (Josette) Fabre, deux enfants: Jean-Claude (1939) et Bernard (1947);

3-Marguerite Paule Antoinette Laumière (née en 1920) ép. Jean Calmès, deux enfants: Jean Louis (1947) et Élisabeth (1950).

 

Jacques Pageix 2012

 

 

 

Partager cet article
Repost0