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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 15:27

 Nos parents,

 

le service militaire

 

et les guerres.

 

 

1917: nos alliés américains débarquent en France.

 

 

En 1918, mes arrières grands parents reçoivent chez eux à Beaumont quatre soldats américains.

 

                            --o--                                     

 

 

 

Affiche d'Eugène Courboin, illustrateur français (1851-1922)

coll. Bibliothèque Municipale de Versailles.

 

 

1-Avant-propos

 

Rappelons brièvement les causes et les circonstances de l'entrée en guerre des États-Unis:

Le torpillage, le 7 mai 1915, du paquebot britannique Lusitania qui assurait la ligne New-York-Liverpool fit 1194 victimes; le fait que parmi elles se trouvaient 128 américains suscita évidemment une très vive émotion aux États-Unis. 

 

 

Le naufrage du Lusitania.

 

Le 1er février 1917, l'Allemagne engagea une guerre sous-marine à outrance pour couler les bateaux qui traversaient l'Atlantique afin d'approvisionner les armées alliées; à leurs bords se trouvèrent à plusieurs reprises des citoyens américains. Au cours du mois de mars, l'Algonquin, l'Illinois et le paquebot Vigilentia furent successivement coulés. 

Entre-temps, l'opinion américaine eut connaissance de la dépêche Zimmermann interceptée et décryptée par les Anglais; adressée à l'ambassadeur allemand Bernstorff à Washington, elle suggérait une manœuvre pour entraîner le Mexique dans une guerre contre les États-Unis.

Le 20 mars 1917, le Président Thomas Woodrow Wilson convoqua le Congrès pour une session extraordinaire qui se tint le 2 avril afin de reconnaître la situation de guerre avec l'Allemagne; le 4 avril, il fut suivi par le Sénat et la Chambre des Représentants qui votèrent massivement la guerre, en soulignant que (*): 

 

 "l'Amérique doit donner son sang pour les principes qui l'ont vu naître"...

 

(*): La guerre, votée par 373 voix contre 50, fut déclarée le 6 avril.

Le Président Wilson avait été auparavant sollicité avec insistance par les alliés Européens: il reçut notamment la visite du Général Joffre qui rencontra le Général Pershing pour organiser  conjointement la venue et le séjour en France du corps expéditionnaire américain.

Le 15 mai 1917, le Général Pétain, succédant au Général Nivelle, déclarait: "J'attends les chars et les américains"... 

 Le 13 juin, le général Pershing, à qui avait été confié le commandement des forces expéditionnaires américaines, débarqua à Boulogne-sur-Mer avec un premiers détachement d'une centaine de personnes. Le 14 juillet, il alla s'incliner devant la tombe de Lafayette au cimetière de parisien de Picpus, lançant le fameux:

"Lafayette, we are still here!" ... ("Lafayette, nous voilà!")

 

 

Le débarquement des soldats américains sur le sol français.

 

 

Juin 1917- Le général Pershing et le contre-amiral Gleaves,

responsable du transport des troupes.

 

Les troupes s'embarquèrent vers l'Europe sur des navires de transport revêtus de leurs peintures de camouflage, et accompagnés tout au long de la traversée par des destroyers des flottes alliées qui assurèrent leur protection.

Aux côtés du Général Pershing, le Contre-Amiral Albert Gleaves, nommé à la tête de l'escadre de destroyers de la flotte de l'Atlantique de 1915 à 1917, dirigea la force navale de croiseurs et de transport chargée d'acheminer les soldats et leur matériel en France.

 

 

Le contre-amiral Gleaves

(portrait au pastel d'Eugène Burnand)

 

Au début de 1918, Clermont-Ferrand et plusieurs localités voisines accueillirent des soldats américains; deux régiments d'artillerie vinrent y séjourner le temps de s'équiper et de s'entraîner avant de partir au front:

 

Le "55th" régiment d'artillerie (*) arriva le 11 avril 1918 et s'installa dans trois villages voisins de Clermont-Ferrand: le 3e bataillon fut logé à Beaumont, le 1er bataillon prit ses quartiers à Cébazat, et le 2e bataillon ainsi que le Quartier Général du régiment furent installés à Aubière.

(*): il relevait de la 26e Division US commandée par le Major Général Edwards et de la 31e Brigade d'Artillerie Lourde.

Le "303rd" régiment d'artillerie (*) s'installa un peu plus tard, le 7 août 1918: le Quartier Général et le "First Battalion" furent cantonnés à Aubière (Batteries A et B), le "2nd Battallion" (Batteries C et D) à Ceyrat et le "3rd Battalion", (Batteries E et F) à Beaumont.

(*): il relevait de la 76e division US commandée par le Major Général Henry F. Hodges et de la 151e Brigade d'Artillerie .

Ces deux régiments demeurèrent pendant l'été de 1918 dans ces localités, où ils partagèrent le quotidien des habitants qui les accueillirent chaleureusement, en leur ouvrant leurs demeures. Je retracerai leur séjour en France dans les lignes qui suivent.

 

Le 55th partit pour le front le 1er août 1918 et le 303rd le 15 octobre 1918.

 

La première grande opération confiée au général Pershing et sa 1ère armée américaine fut l'attaque du 12 septembre 1918 dans la région de Saint-Mihiel, avec le 3e corps Dickmann, le 4e Liggett et le 5e Cameron:

 

"Le corps Cameron enlevait Combres, Sant-Rémy et Dammartin. On avait fait le premier jour 6000 prisonniers" (*)

 

La deuxième,  le 26 septembre, ne fut pas moins glorieuse:

 

 "Crevant les défenses allemandes, les troupes américaines enlevèrent d'un élan magnifique le redoutable piton de Monfaucon. C'était un splendide succès, que 10 000 prisonniers confirmaient"(*)

 

(*): Histoire de France contemporaine, tome 9 "La Grande Guerre", Eugène Lavisse, lib. Hachette, 1922.

 

 

2-Le "303 rd" régiment d'artillerie

 

L'historique de ce régiment, publié en 1919 par l'U.S. Army Military History Institute, sous le titre "THE HISTORY OF THE THREE HUNDRED and THIRD FIELD ARTILLERY" (364 pages), permet de suivre tous ses mouvements: sa formation, son entraînement, sa montée au front et son retour aux États-Unis. Il contient de nombreuses photos et illustrations largement reproduites ici.

Constitué à Boston à partir du 28 août 1917 sous le commandement du Colonel Arthur S. Conklin, le "303 rd Regiment of Field Artillery" était composé d'un état-major et de trois bataillons de deux batteries chacun, soit 6 batteries (A,B,C,D, et F)

 

   

Le 16 juillet, il embarqua sur le H.M.T. "Miltiade" de la Aberdeen Line, revêtu des peintures de camouflage de circonstance. Il fit escale à Halifax (Nouvelle Écosse), accompagné de deux autres navires de transport, un destroyer et deux chasseurs, puis s'élança résolument dans l'Océan Atlantique. Au début, il se trouva au milieu de 22 navires de transport sous la protection d'un seul croiseur britannique, puis fut rejoint le 29 par une flotte de destroyers américains et anglais, ce qui tomba bien, car le convoi subit de violentes attaques de sous-marins allemands. Le 31, le régiment débarqua à Newport et fut acheminé jusqu'au port de South-Hampton.

 

 

 

La traversée de la Manche à bord de l'USS "Yale" fut sans histoire; le régiment débarqua le 4 août dans le port du Havre, accueilli par le maire avec des fleurs, et se mit en route le 6. L'inscription sur les wagons qui les transporta les fit bien rire: "8 Chevaux, 40 Hommes"!

 

 

Après deux "coffee stops" à Mantes et à Montargis, il parvinrent à Clermont-Fd le 7 à 19 heures et furent répartis dans les communes citées plus haut, les Batteries "E" et "F" du 3e Bataillon étant logées à Beaumont.

 

Quatre soldats américains en garnison à Beaumont, furent accueillis chez mon arrière grand père Jean-Baptiste Pageix-Bardin, dans sa maison de la Place d'Armes. Il s'agissait des servants d'une pièce d'artillerie de la Batterie "F" de la troisième compagnie de ce régiment.

 

  

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Voici les quatre soldats américains du 303th régiment d'artillerie en garnison à Beaumont, hébergés par mon arrière-grand père Jean-Baptiste Pageix-Bardin, dans sa maison de la Place d'Armes (été 1918).

 

La photo a été prise par Joseph Pageix, devant la porte de la serre qui abritait le "charnier" (pour conserver les viandes sèches) et le "fruitier"; c'est aussi l'entrée du cuvage où se trouvait l'alambic (*) et l'accès à l'une des trois caves à vin (n'oublions pas que nous sommes chez des vignerons). William Goerg étant arrivé en France peu après son incorporation pour rejoindre son bataillon en juillet 1918, cette photo a donc été prise au cours de l'été de cette année-là (voir sa fiche ci-après qui confirme ce fait).

(*): Voir l'article "Les vendanges à Beaumont".

 

Les trois enfants de Jean-Baptiste: Pierre (mon grand père), Antony et Joseph étaient alors au front. Toutefois, ils rencontrèrent certainement ces américains au cours de leurs permissions passées à Beaumont, puisque Joseph échangea par la suite une correspondance (*) assidue avec William Goerg, 9124, 110 th Street, Richmond Hill, New-York (debout à droite sur la photo), et Leo Connary, 16 Hill Street, Lancaster, New Hampshire (voir l'extrait de son carnet d'adresse).

 

(*): Ces lettres ont été malheureusement perdue. Mon grand oncle Joseph Pageix était très érudit; il correspondait aussi avec d'anciens soldats russes (en cyrillique...) et pratiquait le latin et le grec (parlé et écrit...), ainsi que la langue auvergnate. Il composait des morceaux de musique pour les offices religieux et jouait de l'harmonium. Voir l'article qui lui est consacré et son ouvrage retranscrit par mes soins sur les mœurs et les coutumes anciennes de Beaumont, qui contient de nombreux passage en langue auvergnate.

 

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Afin de se repérer plus facilement dans Beaumont, nos soldats américains du 303 rd ont dessiné un plan sommaire de la ville (*), en rebaptisant les rues et les places au moyen de noms anglo-américains: Park Avenue, Broadway, etc. La place Saint-Pierre devient Piccadilly Square! Ils n'ont pas oublié de mentionner tous les cafés: café Monet, café des "Tilleols" (Tilleuls) et Pacron sur l'avenue du Mont-Dore, café Cellerier. Aux emplacements de la maison Pageix, Place d'Armes et du "Château", résidence des Bertrandon sont désignées les "batteryes" d'artillerie cantonnées dans ces maisons ("Batterye F" chez Pageix et "Batterye E" chez Bertrandon). 

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

(*): Ce plan m'a été aimablement communiqué par Mme Janine Lefauconnier (de Pont-du-Château, Le Serpolet) le 9 mai 1985. Elle y avait inscrit la légende: "Plan de Beaumont. Noms donnés par le 303 FA. Août-Octobre 1918".

 

 

 

Ce dessin de "Broadway" (Rue Nationale)

a été fait par un soldat du 303rd RA

(extrait comme les quatre autres du blog de Mr Eddy Oziol

avec son aimable autorisation:

"1917-1919. Les Américains dans le Puy de Dôme. Une histoire retrouvée")

 

 

Esquisse de Beaumont (en direction de l'est). On distingue tout de même l'église Saint-Pierre (en haut) et l'église Notre-Dame de la Rivière (en bas).

 

 

Le foulage du raisin dans la cuve.

 

 

Montrognon, vu de Ceyrat, magnifique croquis d'un soldat du 303rd RA, Battery C du 2e Bataillon cantonné à Ceyrat.

 

 

Un autre beau dessin: Beaumont et Montrognon

vus à travers un cep de vigne.

 

 

J'ai recherché à retrouver la trace des deux soldats américains dont Joseph Pageix avait noté l'adresse pour correspondre par la suite avec eux:

 

Tout d'abord, William Goerg, demeurant à Richmond Hill, état de New-York:

On peut trouver sa photo sur internet et une fiche le concernant:

 

 

"William-E Goerg, 1892-1975, wold war 1 veteran"; une belle prestance... On notera la ressemblance avec le soldat de la photo (debout à droite).

 

Sa fiche matricule également publiée sur internet (voir ci-après) précise qu'il habitait 59 Bedford Avenue, Richmond Hill, New-York, que son numéro matricule américain était le 3.192.432, qu'il servit en France du 16 juillet 1918 au 26 avril 1919 au sein de la Battery F du 303 FA (Field Artillery) comme 1St Class, et qu'il fut démobilisé le 1er mai 1919. On notera qu'il habitait toujours à Richmond Hill (quartiers situés à l'est de New-York), mais à une autre adresse.

 
4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).
4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Richmond Hill, à l'est de Brooklyn...

 

On peut retrouver aussi la trace du "Corporal" Leo Connary, qui habitait une maison typiquement américaine, 16 Hill Street, Lancaster, New Hampshire.

 

 

 

 

--o--

 

Durant leur présence dans la région de Clermont, les régiments américains participèrent volontiers à des opérations de sauvetage et de lutte contre les incendies, tel que celui de Sarliève survenu le 10 août, qui motiva les félicitations du Général  commandant la 13e Région militaire de Clermont.

Les unités d'artillerie reçurent leurs premiers canons 155 GPF le 25 août.

À tour de rôle, les bataillons allèrent s'entraîner à Randanne; le 30 septembre, ce fut celui du 3e Bataillon logé à Beaumont.

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Les cantonnements des unités américaines, répartis autour de Clermont-Ferrand dans plusieurs localités: Aubière, Beaumont, etc (repérées en noir sur ce plan). On notera les "training aera" délimités par des pointillés.

 

Il y eut des soldats tués accidentellement ou à la suite de maladie: ils furent enterrés au cimetière américain du Brézet Les malades et blessés furent soignés à la "Base Hospital N° 30" de Royat.

Le 1er septembre, le régiment participa à une fête à Ceyrat et je suppose que l'orchestre produisit un "band concert" très apprécié des auvergnats...

 

 

The 303rd Field Artillery Band, camp Devens, Massaschusett USA.

 

Enfin, après un séjour d'un peu plus de deux mois, le régiment quitta l'Auvergne le 15 septembre 1918; le 3e Bataillon fit ses adieux à Beaumont, en exprimant sa gratitude:

 

"It was here where we learned what French hospitality means and they were surely hospitable. Since that time, we have never seen the like"!...

 

Faisant étape à St-Dizier, le régiment rejoignit le front où il s'établit à partir du 4 novembre, rejoignant la IIe Armée à Duny, près de Verdun; le 3e Bataillon fut rattaché quant à lui à la IVe Armée et, comme on le voit sur cette carte, entra en action, au plus près des lignes ennemies, le 9 novembre au bois de Haudreville.

 

 

Le 11 novembre, ce fut l'Armistice qui commença le matin à 11 heures.

Le 28, on fêta le "Thanksgiving Day", et cette fête nationale fut certainement émouvante et empreinte de solennité, avec un service religieux et  un "dinners for all"...

 

Et puis, en décembre, ce fut le retour vers la mère patrie: le 3e bataillon passa par Ambly. Le 28, la lourde colonne du régiment composée de 26 tracteurs Carterpillar et de 24 canons 155 GPF suivit l'itinéraire Troyon-Domgermain, stationna le 8 janvier à Bannecourt, puis le 10 au camp de Souge près de Bordeaux, où il fut inspecté par le Général Pershing en personne, qui déclara que la 151e brigade à laquelle il était rattaché était la plus belle qui lui fut donné d'inspecter.

Le 20 mars, le régiment se transporta à l' "Embarkation Camp" de Pauillac où il embarqua  le 12 avril sur le "Santa Rosa" et parvint enfin à Boston le 25.

 

 

Itinéraire du 303 rd:

 

"The way over":

 

Newport, Winchester, Southampton, Le Havre, Versailles, Melun, Fontainebleau, Montargis, Gien, Nevers, Moulin, Gannat, Clermont-Ferrand.

 

"The way up":

 

Clermont-Ferrand, Gannat, Moulins, Dijon, Châtillon-sur-Seine, St-Dizier, Dugny, Verdun.

 

"The way back":

 

St-Mihiel, Commercy, St-Dizier, Troyes, Auxerres, Clamecy, Bourges, Châteauroux, Limoges, Périgueux, Mussidan, Coutras, Bordeaux.

3-Le "55 th" régiment d'artillerie

 

Il existe également un précieux témoignage sur le séjour de nos amis américains ayant appartenu à ce régiment: les mémoires de l'aumônier du 55 th Artillery stationné à Aubière, Frederick Morse Cutler. La commune d'Aubière a d'ailleurs eu le mérite d'organiser (bien avant 2017) plusieurs manifestations autour de ce souvenir. En particulier, en octobre 2010, Aubière reçut la petite fille d'un soldat américain qui y avait séjourné trois mois en 1918, Ernest Tiller. Celui-ci, en souvenir de son séjour, avait prénommé sa fille "Aubière" et sa petite fille invitée à Aubière portait le même prénom!  

 

Constitué au Massachussett, le 55 th embarqua à Boston le 25 mars 1918 à bord du  paquebot "H.M.S. Mauretania" (le frère jumeau du Lusitania...) qui traversa l'Atlantique revêtu de peintures de camouflage. Il accosta en Angleterre, à Liverpool, le 2 avril suivant, puis le 55th franchit la Manche, le 7 avril 1918 sur un autre bateau, le "H.S.M. Antrim", qui accosta au Havre. Il embarqua alors en chemin de fer et, le 10 avril, fit halte à Versailles pour le déjeuner et à Juvisy pour le dîner...

Le 11 avril, il atteignit sa destination: Clermont-Ferrand, où il fut réparti en plusieurs cantonnement: Cébazat, Aubière et Beaumont.

 

 

Le "Mauretania" (ouvrage Cutler).

 

Les unités d'artillerie lourde américaines furent dotées du canon français, moderne à l'époque: le 155 GPF (GPF = Grande Portée Filloux, du nom de son inventeur Louis Filloux). Ces canons eurent d'ailleurs la vie longue, puisqu'ils étaient encore utilisés en 1939-40 (voir les mémoires de guerre de mon grand père Marcel Juillard qui commandait alors un groupe d'artillerie lourde doté de ce canon). Canon de 14 tonnes, attelé à un tracteur à chenilles, ayant une portée de 18 km.

 

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Le baptême des huit canons de 155 GPF le 22 juillet à Aubière en présence du Maire, Mr Noellet. "The American band" joue la Marseillaise. "Chacune des marraines qui montent sur les canons est équipée d'une bouteille de Champagne" (ouvrage Cutler). 

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).
4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Aubière, les huit marraines des canons devant le perron de la Mairie le 22 juillet 1918. De gauche à droite: Suzanne Bernard, Marie-Antoinette Aubény, Germaine Bourcheix, Marine Cassière, Sylviane Noëllet (fille du Maire, bras croisés au 2e rang), Hélène Planche, Cécile Bayle et Marion Gidon (extrait de l'ouvrage de Cutler)..

 

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).
4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Extrait de l'ouvrage cité ci-dessus: les troupes américaines à Beaumont, "Home of the Third Battalion", offrent un "band-concert" aux habitants devant l'entrée de l'église Saint-Pierre. Photo du milieu: place d'Armes, le "château" de Beaumont, demeure Bertrandon (ouvrage Cutler).

 

--o--

 

À la fin de son séjour en Auvergne, à l'occasion du 14 juillet, le 55 th alla saluer Lafayette, en musique, sur son lieu de naissance à Chavaniac (*).

 

(*): En avril 1916, deux mécènes américains, John Moffat, et Béatrice Chanler, épouse du gouverneur de l'État de New-York, une grande fortune, créèrent une œuvre caritative, le "French Heroes Lafayette Memorial Fund" (FHLMF), destiné à s'impliquer sur le territoire français pour les victimes de la guerre. Cette fondation acheta le château de Lafayette à Chavaniac. Elle y créa en 1917 une école pour les jeunes orphelins français puis, en octobre 1918, un préventorium qui fonctionna pendant plus de 30 ans et accueillit quelques 25.000 enfants et adolescents.

 

Le 55 th partit au front le 1er août et participa aux offensives de l'Oise et de l'Aisne, puis au front de la Meuse et de l'Argonne. Sa conduite valeureuse lui valut dès le 29 août 1918 les félicitations du Général Mangin, commandant la Xe Armée (cf ouvrage Cutler).  

 

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

 

"Epaule contre épaule avec vos camarades français, vous vous êtes jetés dans la bataille de contre-offensive qui a commencé le 18 juillet. 

"Vous y avez couru comme à une fête.

"Votre élan magnifique a bousculé l'ennemi surpris et votre ténacité indomptable a arrêté le retour offensif de ses Divisions fraîches.

"Vous vous êtes montrés les dignes Fils de votre Grand Pays et vous avez fait l'admiration de vos frères d'armes.

"91 canons, 7300 prisonniers, un butin immense, 10 kilomètres de terrain reconquis, voilà votre part dans les trophées de cette victoire.

"En outre, vous avez acquis pleinement le sentiment de votre supériorité sur le barbare, ennemi du genre humain tout entier, contre lequel luttent les Enfants de la Liberté.

"L'attaquer, c'est le vaincre.

"Camarades américains, je vous suis reconnaissant du sang généreusement versé sur le sol de ma Patrie.

"Je suis fier de vous avoir commandé en de telles journées et d'avoir combattu avec vous pour la délivrance du monde.

"Mangin" 

 

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Voici quelques beaux visages de soldats américains (pastels par Eugène Burnand qui firent l'objet d'une exposition au musée de la Légion d'Honneur ) :

 

 

Lieutenant d'Infanterie La Rue (de Los Angeles).

 

 

Sous-officier d'Infanterie Miller (de Saint-Louis)

 

 

Soldat d'Infanterie Will. A. Davis (d'Indianapolis)

 

Enfin et surtout celui d'une infirmière:

 

 

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Les déplacements  du 55 th en France: arrivée au Havre le 7 avril 1918, cantonnement et entraînement près de Clermont-Fd du 11 avril au 31 juillet, combats au front entre le 1er août et le 11 novembre 1918 (Aisne, Marne, Oise, Meuse et Argonne) et embarquement au Havre le 10 janvier 1919 sur le HMS "Cretic" pour le retour aux États-Unis; arrivée à New-York le 21 janvier 1919 (ouvrage Cutler).

 

 

Le HMS "CRETIC"

 

4-Le Y.M.C.A.

 

On ne peut clore ce récit sans évoquer une organisation importante, qui accompagna les soldats américains tout au long de leur séjour en France: le Young Men's Christian Association Y.M.C.A., mouvement de jeunesse d'inspiration protestante fondé en Angleterre en 1844 et qui essaima dans tout le monde anglo-américain. Durant la Grande Guerre, elle s'occupa notamment des loisirs, des besoins matériels et de l'assistance spirituelle et morale des soldats dans les cantonnements à l'arrière, où elle dressa des baraquements. Ses personnels étaient des civils volontaires (source: "Portraits de la Grande Guerre", plaquette de l'exposition de pastels d'Eugène Burnand au musée de la Légion d'Honneur).

 

 

 

 

 

Le Reverend Ch.H. Rose (de Southport, Indiana),

Secrétaire de la Y.M.C.A.

 

 

 

 

5-Sources et remerciements

 

Cet article contient de nombreux documents et clichés empruntés aux publications suivantes:

 

-Frederick Morse Cutler "The 55 th Artillery in the american Expedition Forces", Ed Worcester, Massachusetts Commonwealth Press, 1920, traduit en français par Melle Marthe Phelut et paru dans "Le Moniteur du Puy-de-Dôme" à partir du 20 juin 1920, en plusieurs épisodes que mon grand oncle Joseph Pageix avait découpé et conservé.

 

-U.S. Army Military History Institute, "The G.P.F. Book, Regimental hiqtory of the Three Hundred and Third Field Artillery" by Lieut. Ward E. Duffy, Editor in chief, 1919.

 

-Articles du Cercle Généalogique et Historique d'Aubière consacré au séjour des soldats américains, 2014. Ce cercle et son Président Pierre Bourcheix, a notablement contribué à faire revivre la mémoire de ces soldats américains cantonnés à Aubière, Beaumont, etc. par des publications et des manifestations qui ont permis des jumelages et des retrouvailles; qu'il en soit également remercié.

 

-Mes remerciements vont à Monsieur Batisse de notre Cercle Généalogique et Historique de l'Auvergne et du Velay qui m'a communiqué des renseignements et le lien permettant de consulter l'ouvrage de Cutler.

 

-Je remercie tout particulièrement Monsieur Eddy Oziol, Professeur d'Histoire-Géographie au Lycée Pierre-Joël Bonté de Riom, dont les travaux et les articles consacrés au séjour des soldats américains en Auvergne sont remarquables, et dont le site contient de nombreuses photos sur le 303rd qu'il a bien voulu me laisser utiliser ici.  Il m'a en particulier  communiqué l'historique du 303rd: "The G.P.F. Book, Regimental history of the three hundred and third field artillery" publié par l'U.S. Army Military Institute en 1919.

 

-Enfin, une visite effectuée le 24 janvier 2018 au musée de la Légion d'Honneur avec "Les Amis des Archives de France" m'a permis d'admirer la centaine de portraits au pastel d'Eugène Burnand  et d'acheter l'ouvrage cité plus haut. Je me suis permis d'en reproduire ici quelques-unes.

 

6-Épilogue                                                       

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

Soixante huit ans plus tard: Place d'Armes, à Beaumont: Pierre Pageix junior, mon fils, photographié comme les soldats américains devant la porte de la Serre, et...devant la maison (septembre 1985).

 

                                                                         

4-Nos parents et le service militaire (4ème partie: 1917, nos alliés américains débarquent en France).

                                                                                     Jacques Pageix 2017

 

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16 juillet 2009...Une rencontre sympathique avec des américains, à Châteauroux (ancienne base U.S.): la démo "éclaboussante" d'un Boeing 747 (Société U.S. Evergreen) transformé en bombardier à eau.

 

 

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