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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 19:37

8-Pièces diverses qui les concernent:

 

1-ARRESTATION DE ETIENNE PAGEIX MAIRE DE BEAUMONT

Certificat délivré par NIVAL Concierge de la maison de réclusion de Clermont-Fd (couvent des Ursulines) où l'a conduit DESAINE Garde à cheval.

26 novembre 1793

 

 

Je Certifit que le Citoyens desaine garde national a Cheval a Conduit dans la Maison de Réclusions de la Comune le Citoyens pages maire de Baumons le 6 frimere 1 ans 2 de la République Une Et Indivisible

nival

Consierge

 

 

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2-PETITION ADRESSEE AU COMITE DE SURVEILLANCE DE CLERMONT-FD

par les habitants de Beaumont demandant la mise en liberté de ETIENNE PAGEIX Maire

entre le 26 novembre et le 5 décembre 1793

 

Aux Citoyens Composant

Le Comité de Surveillance du District de clermont-ferrand

 

Citoyens,

Étienne pageix, Cultivateur et Maire de La commune de Beaumont, retenu dans La maison d'arrestation ditte des ursulines attend Sa Liberté de votre justice, de Son Civisme et de La régularité de toute Sa conduite.

un tumulte assez considérable qu'il ne pouvoit prévoir, ni prévenir, que Lui et Ses collègues S'efforcèrent de calmer et qui d'ailleurs n'a eu aucune Suite Sérieuse a donné lieu à Son arrestation.

La Municipalité crut devoir assembler quartidi dernier (jour de Dimanche en vieux Style) La commune pour La Lecture et publication de L'arrêté des Représentans du peuple relatif au Brulement des Statues qui Se trouvoient dans Les Eglises de Beaumont, au rapport de L'argenterie des dittes Eglises au Département et de La vente des ornemens en faveur des pauvres. Le Citoyen goughon, procureur de La commune, fit cette promulgation. il ne L'eut pas plutôt annoncée qu'un murmure de mécontentement S'eleva dans L'assemblée. L'interposition de L'exposant comme fonctionnaire public, et celle de Ses collègues ne purent à La vérité entièrement calmer Le bruit; mais ils y Seroient parvenu Sans une querelle particulière qui S'éleva alors entre deux individus et qui augmenta le trouble.

Le Citoyen goughon vous a rapporté qu'il avoit été apostrophé et directement menacé de la manière La plus vive. L'exposant, Citoyens, ignoroit le fait, et il peut vous attester qu'il n'a point entendu apostropher, ni menacer Le Citoyen goughon; Cependant il ne quitta L'assemblée qu'avec Ses collègues et Le Citoyen goughon et même après avoir calmé Le mouvement, il a oui dire, à La vérité, qu'au Sortir de L'assemblée certains individus qu'il ne connoit pas avoient menacé et poursuivi Le Citoyen Sanitas, notable, parce que, dit-on, il avoit dit que L'église Se vendroit, et qu'il n'y avoit plus ni Dieu, ni Saints.

La grande inculpation qui est faite à L'exposant est de n'avoir pas dressé de procès verbal; mais vous voudrez bien considérer Citoyens, que L'exposant et Ses collègues ne Sont pas des Lettrés. Le Citoyen goughon, procureur de La commune, vous a déclaré en vous portant Sa plainte, et vous voudrez bien vous Le rappeller, il vous a déclaré qu'il est le Seul de toute La Municipalité en état de dresser des procès verbeaux pareils. Sortant du Lieu de cette Séance L'exposant et Ses collègues Se rendirent chez le Citoyen goughon avec Lui; il fut question entre eux de tacher de découvrir les auteurs de ce tumulte afin de les punir. Si Le Citoyen goughon leur eut annoncé Son dessein, ou plutôt, S'il leur eut dit qu'il étoit nécessaire d'en dresser procès verbal L'exposant et Ses collègues y etoient très certainement disposés. Cependant, Citoyens, qu'auroit pu vous apprendre un procès verbal? il n'auroit pu que vous peindre d'une manière vague et générale un tumulte dont Les détails ont échappé à tous ceux qui ne S'occupoient et ne dévoient S'occuper que de le faire cesser: ainsi L'omission d'un pareil procès verbal, n'est, à vrai dire, ni un tort, ni une perte. L'exposant rendu à la liberté fera des efforts (ce qu'il auroit fait S'il n'eut été arrêté) pour découvrir les auteurs principaux du tumulte et vous les faire connoître. il espère que ces considérations vous décideront à Le mettre en Liberté.

pageix maire

Les officiers Municipaux, les Membres du conseil général de La commune et les Citoyens Soussignés attestent La vérité de tout cet exposé et joignent leurs instances à celles du pétitionnaire pour vous prier de lui rendre une liberté dont il a toujours fait un bon usage pour Le maintien de l'ordre et de La tranquillité.

cohendi Maradeix Cousserand

Annet Bayeron faye pageix j

Laverie Verniette dhome

Bayeron pageix Tartarat luquest

Fosson Bouchet herbeaud pageix

Bernard Cousserand

faye faye faye Lucquet

tartarat

jan girard cougourlet

Bernard cohendy ranvier

descitre Bernard Maradeix guybert

Quybert maradex michel vaureix

Cousserand Vaureix perriest

pageix

 

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3-TABLEAU DES RECLUS DANS LE COUVENT DES URSULINES DE CLERMONT-FERRAND

ÉTIENNE PAGEIX Maire de Beaumont 1793

 

NOMS DE TOUS CEUX OU CELLES QUI SONT OU ONT ETE DETENUS DANS LA MAISON DE RECLUSION DES URSULINES DE CLERMONT-FERRAND DEPUIS LE 3 AVRIL 1793.

.................................. 

 

2ème feuille

Entrée N° Nom des reclus Sortie

26 : 9bre : 296 Étienne Pages de Beaumot 5 : Xbre 

 

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4-DENONCIATION DE JACQUES PAGEIX

 

par le Procureur syndic de la municipalité de Beaumont et procès-verbal de son interrogatoire par des membres du Comité de surveillance de Clermont-Ferrand.

4 janvier 1795

 

Je déclare aux Citoyens composant le Comité Révolutionnaire du district de Clermont qu'il m'est survenu que les citoyens Jean Fosson et Jacques Pageix son gendre demeurant ensemble ont fait une liste composée de citoyens des Communes de Beaumont et Ceyrat qui désirent avoir un prêtre pour faire comme Cy devant les offices divins que Jacques Pageix a déclaré à une sceance de la société populaire qu'à la vérité son beau père avait fait la liste dont (il) est question mais qu'il l'avait déchirée et qu'il se forme un parti pour soutenir Fosson et son gendre avec menaces contre la municipalité et la Société populaire. Michel Vaureix dit ferra témoin

 

a Clermont le quinze nivôse l'an trois de la République une et indivisible

 

Goughon

 

Ce jourd'huy quinze nivôse an trois de la rep. française une et indivisible nous Anne pigeon et Gilbert perrin membres du Comité révolutionnaire de Clermont en vertu de la Commission qui nous (a) été donnée par le dit Comité le jour d'hier, nous avons été dans la Commune de Beaumont à l'effet de suivre le fil des instructions cy dessus y arrivé, nous avons fait assembler le Conseil général de la Commune dans la maison occupée par l'instituteur et là en sa présence et sur ses indications nous avons reçu les déclarations suivantes

1er témoin

Michel Vaureix dit Ferras cultivateur de la Commune de Beaumont s'est présenté sur l'invitation qui lui en (a) été faite et a dit être âgé de trente cinq ans.

Déclare que Jacques Pageix a dit en pleine Séance de la Société populaire que Jean Fausson son beau père avoit fait une liste des individus qui veulent réclamer le culte catholique, mais que le dit Jacques Pageix l'avoit fait brûler, lecture a lui faite de sa déclaration y a percisté et a déclaré ne Savoir Signer

 

V(aureix)

Perrin Pigeon

 

 

2me témoin

 

anne Gougeon fille a pierre notaire public demeurant en lad(ite) Commune âgée de Seize ans S est présentée devant nous après y avoir été invité.

Déclare qu'il y a environ cinq ou Six jours qu'elle fut chez Jean Fausson avec une femme dont elle ignore le nom; qu'elle avoit avoit (sic) entendu dire qu on y disoit la messe, mais qu'elle n'y fut pas avec l'intention de l'entendre qu'elle ne vit rien dans cette maison qui pu lui Laisser la moindre idée de Suspicion et n'a cependant pas voulu nous déclarer par quel motif elle S'y étoit portée Lecture a elle faite de Sa déclaration y a percisté et a Signé,

 

anne goughon

Perrin Pigeon

 

 

3me Témoin

Ligier Bernard Cultivateur a idem âgée de dix neuf ans est Venu Sur une Semblable invitation et a déclaré qu'il n a aucune connoiesance de la tenue de la liste dont jean fausson est prévenu être l'auteur, Si ce n'est qu'il 1 a entendu dire par la rumeur publique qui est tout ce qu'il a dit Savoir lecture a lui faite de Sa déclaration y a percisté et a Signé

Bernard

Perrin Pigeon

 

 

4ème témoin

 

Ligier Sanitas Cultivateur à idem âgé de vingt Six ans Déclare qu'il avoit été nommé par le président de la société populaire Commissaire pour observer les allants et venants dans la maison de fausson que Jacques Pageix Son gendre en Sortit le rencontra il lui dit que fais-tu là qu'il lui repondit je fais ma besoigne; qu'il reprit je Sais bien ce que c'est que lui déclarant lui observa si tu Sais ce que c'est va t'en a la Société et tu le sauras mieux qu'alors il lui repondit, je n ose pas y aller; que cependant après plusieurs pourparler il s y rendit mais qu'il n a pas été témoin de ce qui s y est passé qui est tout ce qu'il a dit Savoir Lecture a lui faite de Sa déposition y a percisté et a Signé

Sanitas

Perrin Pigeon

 

 

5me Temoin

marguerite Maradeix femme de Jacques Bernard volontaire âgée de trente ans demeurante a idem

Déclare qu'elle avoit entendu dire par la Cronique qu'il falloit faire revivre la religion qu'elle fut chez fausson pour Se faire inscrire avec La petite gougheon qu'elle y trouva fausson le vieux qui se chauffoit et qui lui dit d'attendre au Landemain qu'il n'avoit pas le temps De L inscrire Et qu'au reste Son fils n y étoit pas qui est tout ce qu'elle a dit Savoir, Lecture a elle faite de Sa déclaration y a percisté et a déclaré ne Savoir signer

Perrin Pigeon

 

 

6me Témoin

Etienne Cousserand officier municipal et Cultivateur a id(em) âgé de Soixante trois ans

Déclare que dans les temps où le bruit Courroit de la Composition de cette liste fausson l'envoya chercher vraisemblablement pour un Compte qu'il avoit à terminer avec Son gendre que sa femme y fut parce qu' il Se trouvoit absent alors que fausson lui repondit que ce n'etoit point à elle à qui on en vouloit mais bien à Son mari que de retour, il apprit la formation de Cette liste et que par cette Seule raison S abstint d y paroître ajoute que Jacques Pageix gendre de fausson a déclaré en pleine Société populaire que La liste en question à existé mais qu il 1 avoit fait brûler qui est tout ce qu'il a dit Savoir lecture a lui faite de Sa Déposition y a percisté et a Signé

Cousserand

Perrin Pigeon

 

 

7me Témoin

antoine faye officier municipal et Cultivateur âgé de quarante trois ans

Déclare que Comme président de la Société populaire il interpella jacque Pageix de dire S'il etoit vrai que fausson Son beau père avoit tenu une liste de tous ceux qui vouloient reclamer les ministres du Culte Catholique il y repondit publiquement que cette liste avoit existée mais (mots rayés: que Son beau père l'àvoit fait Brûler) que lui même l'avoit jettée au feu qui est tout ce qu'il a dit Savoir lecture a lui faite de Sa déclaration y perciste et a Signé la rature approuvée

Perrin Pigeon faye agen national

 

 

Le dit jour nous avons fait appeller Jacques Pageix Lequel s etant présenté nous lui avons posé le(s) questions Suivantes

D. (mots rayés: quel age as tu?) quel est ton nom ta qualité ta demeure et ton âge?

R. Jacques Pageix cultivateur a Beaumont demeurant avec jean fausson mon beau père et je Suis âgé de vingt huit ans

D. est il vrai qu'il s est tenu dans ta maison une liste des individus qui vouloient Reclamer le Culte Catholique?

R. oui

D. qu'elles Sont les personnes qui Se Sont présentées a 1 inscription?

R. beaucoup de femme et point d'hommes

D. quel usage voulois-tu en faire?

R. aucun et je ne 1 ai faite que pour me débarrasser des importunités de ces femmes

D. quel usage ces femmes vouloient faire de cette liste?

R. la porter au représentant du peuple

D. par qu'elle Singularité S'est on plutôt adressé à toi qu'à tout autre?

R. parce que je Savois écrire

D. mais il y a bien d autres maisons ou il Se trouve des Ecrivains pourquoi t'a t-on donné la préférence?

R. je n'en sais rien

D. as-tu garde longtemps cette liste?

R. je l'ai gardé environ une heure et je l'ai jette au feu après

 

Lecture à lui faite de Son interrogatoire y a percisté et a Si gné Les dits jour et an

Perrin Pigeon Pageix

 

 

Le même jour est Comparu Jean fausson qui a été interrogé Comme il Suit

D. quel est ton nom ta qualité, ta Demeure et ton âge?

R. jean fosson cultivateur habitant de Beaumont âgé de Soixante Six ans

D. est il vrai qu'il s est tenu chez-loi une liste ouverte a tous ceux qui voudroient faire renaître le Culte Catholique?

R. oui

D. quel etoit celui qui tenoit cette liste?

R. mon gendre Jacques Pageix

D. quelles Sont les personnes et leur nombre qui ont Souscrit à Cette liste?

R. environ quarante

D. quel etoit leur genre?

R. beaucoup plus de femmes que d'hommes

D.que vouloit-on faire de cette liste?

R.la mettre Sous les yeux du représentant

D.pourquoi n a l'on pas communiqué ce projet a la municipalité ?

R. je n en sais (rien), je ne m'en Suis pas mêlé

D. as tu Signé cette Liste

R. oui

D. pourq(u)oi n'a t'on pas porté cette liste au représentant?

R. on ne S'attendoit pas qu'il parti Si tôt

D. pourquoi as l'on préféré ta maison à celle de toute autre?

R. je n en Sais rien C'est mon gendre qui a fait tout ça

D. cette liste à t-elle resté longtemps chez-toi et Combien detemps a t-on employé à la former

R. environ trente heures utiles et les personnes Souscrivantes ne s i portoit que dans les matinées ou les Soirs

D. qu'est elle devenue

R. je n en Sais rien

qui est tout ce qu il a dit Savoir lecture a lui faite de Son interrogatoire y a perciste et a Signé Les d(its) jour et an

Fosson Perrin Pigeon

 

Vu les instructions de l'autre part, ensemble les interrogatoires à la Suite (mots rayés: Le Comité) en exécution de l'article 2 de l'arrêté du représentant du peuple Musset du 24 frimaire dernier (14 décembre 1794)

Le Comité arrête que Jacques Pageix Sera conduit par la force armée dans la maison d'arrêt de Cette Commune pour y rester en arrestation pendant L espace d'une décade; Comme atteint d'avoir ouvert une Liste de Souscription (mots rayés: à tous) pour tous ceux qui voudroient Reclamer le retour des ministres du Culte Catholique en Comité ce Seise nivôse an 3me de la rep(ublique) f(rançaise) un(e) et ind(ivisible) (5 janvier 1795)

Perrin Pigeon Lustrât quainsat

forest quessyol Chabrol fils

Brun

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5-PROCES-VERBAUX RELATIFS AUX TROUBLES SURVENUS À BEAUMONT

le 1er avril 1797 vers 9 heures du soir

dressés par JACQUES PAGEIX Agent Municipal 1er et 2 avril 1797

 

Copie du procès verbal dressé par L'agent municipal de La Section de Beaumont

aujourd huy treze germinal an 5 de La Republique une Et Indivisible heure de neuf du Soir nous jacque pageix agent municipal de La Commune de Beaumont faisant En Cette partie Les fonctions d'officiers de police, Sur L'avis qui m'a Eté donné Et d'après Les hurlements Et Cris affreux que j'ai Entendu de La maison ou j'Etois, Revêtu de mon Echarpe je Crus devoir me Rendre dans La Rue d'ou partoit Les Cris Et m'Etant Conduit Ches Le Citoyen faye président de L'administration, j'apperçu au devant de Sa maison une très grande quantité d'hommes attroupés Les uns Criants a bas Les Chouants Et vive La République, Et Les autres Criants a bas Les terroristes a bas Les jacobins Et vive La Republique que dans Cette Instant Les nommés Jean gasne, guillaume Cohendy tous deux volontaires, Liger Sanitas, pierre Bertrandon fils à jean, pierre vaureix dit ferras, fiacre tartarat Et d'autres particuliers que je ne pu Reconnoitre dans Le moment, m'ayant apperçus me Crièrent a bas L'Echarpe, Et Leur ayant voulu dire, au nom de La Loi, qu'ils Eussent à Se Retirer, L'un d'eux me Répondit ferme toi Bougre, toi Et ta Lumière, il faut que nous t'Eventrions Sur Le Champ. j'Entrai dans La maison du dit faye président ou me Suivirent plusieurs femmes qui Etoient accourus au Bruit, Les Citoyens Liger Bernard, marien Cohendy, jacque Bertrandon, mathieu montel Bony, amable Cohendy, amable Cohendy, pierre Cohendy, Et autres particuliers faisant partie de La garde que La municipalité avoit Crus faire monter à Raison de L'Effervescence qui Regnoit depuis dans Le jour, afin de pouvoir maintenir La tranquilité et L'ordre public, mais à quoi ils ne purent parvenir, aussitôt Entré il partit de La part des dits jean gasne, guillaume Cohendy, Liger Sanitas, pierre Bertrandon Et autres de Leur Compagnie, Cinq ou Six Coups de pistolets ou de fusils dans La maison du dit faye desquels, marien Cohendy Et Sa femme furent atteint qu' En même temps il y eut plusieurs Coups de pierres de jettes à La fenêtre du premier Etage de La maison duquel Les vitres furent Brisées, que tout Ceci a Eté accompagné de Cris et d'hurlements abominables qui annoncoit de La part des assassins un acharnement Et une fureur dont il n'y a pas d'Exemple, Et que La garde quoique nombreuse ne put Elle même Contenir. Cet Excès passé L'attroupement Se divisa Et Se Retira, de manière que n'ayant plus Entendu de Bruit je me Retirai Ches moi. Environ une heure après Survint une femme qui frappa à La porte de ma maison, mais ne Croyant pas prudent de Retourner dans Les rues Et Craignant d'ailleur que Ce ne fut quelque Ruse pour m'Engager à Sortir ou à ouvrir ma porte je ne Lui Repondit Rien de tout quoi j'ai dressé Le présent procès verbal

à La minute est la signature de pageix agent.

autre procès verbal du 14 germinal.

aujourd huy quatorze germinal an 5 de La République française jacque pageix agent municipal de La Commune de Beaumont ayant apris que Le nommé pierre vaureix dit ferrât venoit de mourir des Suites des mauvais traitements Exercés sur  sa personne dans la nuit dernière j'ai Crus En donner avis  Sur Le Champ au Citoten Lomboy juge de paix de Ce Canton, Et dordonner En même temps Le transport de deux officiers de Santé à L'Effet de venir visiter Et faire ouverture du Cadavre du dit vaureix pour Sur Le tout ainsi que Sur Le Contenu du procès verbal du jour d'hier poursuivre Les auteurs Conformément à La Loi

fait Le dit jour Et an que dessus

à la minutie est La Signature de pageix agent.

Collationné par nous président de l'administration municipale du Canton de Beaumont.

faye p(rési)d(ent)

 

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6-ARRESTATION DE FRANÇOIS PEGHOUX

par JACQUES PAGEIX Agent municipal de Beaumont 6 novembre 1797

 

" A Beaumont

23 pluviôse an VI (11 février 1798).

FRANÇOIS PEGHOUX, jardinier à Clermont, âgé de 26 ans, Est prévenu d'avoir, par ses discours, provoqué le rétablissement de la Royauté, la dissolution de la représentation nationale et le massacre des républicains.

Voilà une formidable accusation pour quelques divagations d'un pochard.

François Peghoux avait commencé sa journée, le 16 brumaire an VI, à cinq heures du matin, en allant absorber pour cinq sous d'eau-de-vie dans un cabaret près de la Fontaine de la Pucelle, à Clermont. Il avait ensuite avalé deux litres de vin, avait fait demander 6 francs à sa mère par un camarade, et s'était rendu à Beaumont en faisant de fréquentes stations dans les guinguettes sur la route.

A huit heures du matin, nous le retrouvons attablé dans l'auberge de Jean Daureyre, pérorant à tort et à travers et racontant toutes les insanités qui troublent, parfois, les cerveaux trop échauffés.

Il arrivait, disait-il d'un air de mystère, de Paris et de Lyon, où il avait bu avec les émigrés: dix mille de ceux-ci marchaient sur la capitale; six départements s'étaient soulevés pour les soutenir; on organisait une nouvelle Vendée; l'insurrection deviendrait générale, la Convention allait sauter; il y aurait bientôt un Roi qui ferait sa résidence à Lyon. Les nobles l'avaient chargé de relever, dans le Puy-de-Dôme, la liste des patriotes dont on devait se défaire; l'agent municipal de Beaumont lui avait remis une liste de quarante noms, et, maintenant, il allait continuer ses recherches à Romagnat, Aubière, Chanonat, etc.

Prévenu et effarouché du rôle qu'on lui prêtait, l'agent municipal, Jacques Pageix, qui travaillait dans sa cave, accourut, se saisit de l'ivrogne et l'amena incontinent devant le juge de paix de Beaumont, le citoyen Marc-Antoine Fouquet-Lomboy, qui ne put obtenir de son prisonnier une réponse à peu près sérieuse que le lendemain.

Il n'y avait dans toutes ces histoires rien de vrai, et la conspiration devait se dissiper avec les fumées du vin; néanmoins, on traita le pauvre diable en grand criminel. François Cothon décerna contre lui un mandat d'arrêt; le jury spécial fut convoqué et tout ce qu'il consentit à faire, le 23 pluviôse, en faveur de l'accusé, fut de lui accorder des circonstances atténuantes.

En conséquence, François Peghoux fut condamné à la déportation.

(Défenseur officieux: Huguet, homme de loi à Clermont)

Siégeaient: PREVOST,président ; CHAPSAL, MANDET, G. ROUGIER et ASTIER, juges.

(Dossier n°1,329) "

Extrait de: "Le Tribunal criminel du Puy-de-Dôme, 1791 à 1800" par Marc de Vissac, Riom, chez Ulysse Jouvet, Imprimeur-Editeur, Rue de l'Hôtel-de-Ville, 8. 19897. (Pages 326 et 327). 

 

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7-DÉNONCIATION DE JACQUES PAGEIX AGENT MUNICIPAL DE BEAUMONT

au Commissaire du Directoire exécutif près l'Administration départementale du Puy-de-Dôme novembre 1797

 

 

Renvoyé au renseignements donnés au commissaire du Directoire Bureau de police ex(écut)if du Département du puy de dôme, sur la

B conduite du nommé Jacques Pageix agent M(unicip)al de Beaumont.

 

 

Jacques Pageix a montré contre la Rép(ubli)que, depuis le commencement de la Révolution, des Sentiments de haine implacable, c'est une vérité établie par les faits ci après

Savoir

en 1790 (vs) (vieux style) lors de l'organisation de la garde nationale les habitans de Beaumont qui ne connoissoient point l'incivisme de Pageix le nomerent Capitaine, mais il refusa ce poste honnorable, ses prétextes quoique déviés mirent au jour son opinion, et le rendirent dès ce moment suspect aux Républicains.

Pendant les années 1791 Et 1792 (vs) il a tenu caché son Ressentiment, mais en l'an 2 au mois de frimaire ne craignant plus alors de se montrer Royaliste il fréquenta les prêtres réfractaires, protégea leur Retraite et s'entendit avec eux pour ourdir leurs trames contre-révolutionnaires.

Les amis du gouvernement ne voient dans cette conduite fanatique et Scandaleuse qu'un traître a la patrie... le comité de Surveillance de Clermont en fut instruit, ce ne fut pas sur des Renseignements vagues, mais bien précis, que pageix fut dévoilé, il fut arretté Et conduit a la maison de Clermont dans le mois de Pluviôse. (Note dans la marge:) R(éféren)ce la Cause de la detemption de pageix fut d avoir été saisi d une Liste d une Grande quantité d habitans des Cantons environant celuy de beaumont Et de Celuy de beaumont qui avoient Jure le mintien dans leur Communés Re(s)pectives Et que le Rassemblement Se faisait Ches luy ou 1 inscription Se faisait cette arrestation tellement Juste n'a pas produit l'effet qu'en espérait les patriotes. Pageix Sorti, revint à Beaumont se livra plus que jamais a son opinion Royaliste, aveugla et grossit son parti, qui le gratiffia Spontanément de la place d'agent M(unicip)al cet homme cruel et dangereux s'est attaché pendant son Règne d exercer des vengeances, a fermé aux républicains L'entrée de la maison Commune. Se croyant fort de sa lâcheté et de sa Bassesse la Royauté lui paraissant établie, il a Poursuivi les patriotes opprimés Jusque dans leur retraite. Le 13 germinal an 5 heure de huit du Soir ayant une chandelle a la main, suivi d'assomeurs Et d'assassins il a commandé le feu et a fait tirer sur les patriotes qui se retiroient chez eux au Sortir d'un goûté comme cela se pratiquent les jours de fêtes dans les villages. Ses complices et lui étoient rassemblés en attroupement ches Faye président son collègue, enfin il n'y a pas d'entreprise qu il n aie pu mettre en œuvre pour ébranler la République. Herbaud son digne collègue, neveu d'un prêtre Refractaire a employé les mêmes moyens, il Sortit de la place d'adjoint par la voie du Sort, mais de Suite il fut Renommé, a la Satisfaction des Chouans qui firent Retentir leurs cris d'allégresse, qui se félicitèrent publiquement d'avoir assassiné le patriote pierre Vaureix (il ne s'agit pas de l'instituteur - Le nom de Vaureix est écrit en surcharge sur celui d pageix) le dit jour 13 germinal. La Sainte Relligion leur avoit Commandé une si grande œuvre, La République était f....(outue) et le Roy assis sur son trône devoit provoquer la terreur des Jacobins, Ces Sales rats impies. tels Sont les faits qui caractérisent 1 ad(ministrati)on M(unicip)ale de Beaumont, Et qui doivent être Connus des autorités constituées.

Le Respect du aux propriétés et aux personnes a dirigée cette déclaration, puisse 1 attachement pour la Republique, en la Consolidant, écarter de 1 ad(ministrati)on M(unicip)ale de Beaumont des hommes aussi pervers. L'on se tait sur Fraisse C(ommissai)re du D(irectoi)re ex(ecut)if, parce qu il est trop connu Et trop fouillé d'incivisme pour S'occuper de lui, le Soin de le Renvoyer est Réservé à la Justice du Directoire.

 

 

Sanitas Maradeix Tartarat (Lavery) * (Tartarat) *

Gannes Faye Vaureix (Cohendy) *

(Luquet) * (Gras) **: Les signatures entre parenthèses ont été effacées!...

 

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8-REQUISITOIRE DU COMMISSAIRE DU DIRECTOIRE EXECUTIF

pour la suspension des fonctions de JACQUES PAGEIX Agent municipal de Beaumont 12 décembre 1797

 

LIBERTE. EGALITE.

CORRESPONDANCE

du

COMMISSAIRE

du

DIRECTOIRE EXECUTIF

================== CLERMONT-FERRAND, le Vingt deux frimaire an Six --------------- de la République française, une et indivisible.

--------------- LE COMMISSAIRE DU DIRECTOIRE EXECUTIF

Faisant droit au Re- près l'Administration centrale du Département du

q(uê)te arrêté La Puy-de-Dôme,

Suspension provisoire

de L'ag(en)t m(unici)-

pal de Beaumont

24 f(rimai)re an 6

F(ournier) B(audet) D

Considérant que le citoyen Pages agent municipal de la Commune de Beaumont a toléré quatre prêtres refractaires qui, Contre le Vœu de la Loi du 19 Fructidor, ont exercé les fonctions de leur Culte au grand Scandale des Républicains de Beaumont.

Considérant que cet agent a gardé le Silence Sur la résidence de ces Prêtres dans la Commune de Beaumont, et que, bien loin de S'être opposé à leur Contravention à la Loi du 19 Fructidor, il s'est rendu aujourd'hui dans Son Bureau (de lui Commissaire) pour Se plaindre de ce qu'un Détachement de la Colonne mobile de Clermont réuni à un autre Détachement de celle de Beaumont avait Violé la Constitution en arrêtant les prêtres refractaires Boyer, Bernard et le père irlandais nuitamment, tandis quil est de fait que ces Individus ont été Saisis de Six à Sept heures du matin.

Considérant enfin que cet agent Se Conduit d'une manière Indigne de Sa place et qu'il ne Remplit pas Le Vœu du Gouvernement Bien Prononcé Contre les ennemis de la République, dans la Classe desquels on doit ranger les Prêtres refractaires,

Requiert L'administration Centrale de Suspendre de Ses fonctions d'agent municipal de la Commune de Beaumont le citoyen Pages, et que Copie de Son arrêté Soit adressée au Directoire Executif, avec invitation de Prononcer Sa destitution.

Le Commissaire,

Boutarel

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9-ARRETE DE L'ADMINISTRATION CENTRALE DU DEPARTEMENT DU PUY-DE-DOME

portant suspension provisoire des fonctions de JACQUES PAGEIX Agent municipal de Beaumont 16 décembre 1797

 

Canton de Beaumont

Enreg(ist)ré N° 64 DEPARTEMENT DU PUY-DE-DÔME

 

Vu le réquisitoire du Commissaire du Directoire Executif prés l'adm(inistrati)on Centrale du Département du Puy de Dôme en datte du 26 frimaire présent mois, duquel il resulte qu'il est instruit que l'agent Municipal de La Commune de Beaumont a toléré Jusqu'au Jour dans Sa Commune quatre prêtres réfractaires, qui au Mépris de La Loy du 19 fructidor, ont exercé les fonctions de leur Culte.

Que cet agent bien loin de S'opposer à la Contravention de la loy ci-dessus précisée, à gardé le plus profond Silence Sur la résidence de ces prêtres, dont l'un d eux Se trouve avoir pris un ordre de route pour l'étranger depuis Le 29 Vendémiaire dernier, et un autre être Sous Sa Surveillance

Qu'au lieu d'approuver les mesures qui avoient été prises pour l'arrestation de ces Individus, il est Venu au Contraire Se plaindre de ce qu'un détachement de la Colonne Mobile de Clermont, réuni à un autre détachement de celle de Beaumont avoit Violé la Constitution, en arrêtant les prêtres réfractaires Boyer, Bernard, et le père Irlandais Nuitamment, tandis qu'il est de fait Notoire qu'ils ont été arrêtés de Six à Sept heures du Matin

II requiert en Conséquence 1'adœ(inistrati)on Centrale de Suspendre provisoirement De Ses fonctions le Citoyen Pages agent de la Commune de Beaumont, et que Son arrêté Soit envoyé au directoire Executif, avec Invitation de prononcer sa destitution

Les adm(inistrat)eurs du Département du Puy de Dôme oui de Nouveau Le Commis(sai)re du Directoire Executif

Attendu que les faits Enoncés dans le Réquisitoire du Commissaire du Directoire Executif prouvent à l'évidence la Culpabilité de ce fonctionaire, Sur L'Inexécution des Loix des 7 Vendémiaire an 4 et 19 fructidor dernier

Arrêtent Conformément aux dispositions de l'art(icl)e 196 de l'acte Constitutionel que le Citoyen Pages est provisoirement Suspendu de Ses fonctions, qu'il Cessera d'exercer des l'Instant de la Notification du présent arrêté qui luy Sera faille à la diligence du Commissaire du Directoire executif de 1'adm(inistrati)on Municipale du Canton, près laquelle il exerce Ses fonction.

Qu'Expédition du présent arrêté Sera de suite Envoyée au Ministre de l'Intérieur, et de la police générale avec Invitation de faire prononcer par le directoire Executif La Destitution de ce fonctionaire Suspendu.

Fait en Département a Clermont ferrand Le 26 frimaire an6 de La Rep(ublique) fran(çaise) une et Ind(ivisible).

Desribe Baudet fournier

 

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10-SUSPENSION DES FONCTIONS DE JACQUES PAGEIX AGENT MUNICIPAL DE BEAUMONT

lettre adressée à l'Administration centrale du Département du Puy-de-Dôme par le C(ommissai)re du D(irectoi)re É(xécut)if près l'Ad(ministrati)on m(unicipa)le du canton de Beaumont 21 décembre 1797

 

Beaumont le 1er nivôse an 6.

Le Commissaire de Beaumont

a l'administration du dep(artemen)t du puy de Dôme.

Citoyens

J'ai Reçu le 29 frimaire dernier Votre arrêté du 26 qui porte la Suspension provisoire des fonctions du Citoyen pageix agent De la Commune de Beaumont.

Je lui ai notiffié le dit arrêté aujourd hui premier nivôse.

Ce fonctionaire Suspendu est Venu déclarer qu'il S'y Conformait et que des ce moment il Cessait Touttes fonctions; il est Cependant dépositaire des Registres qui Constatent l'Etat Civil des Citoyens; Doit il Continuer Cette opération pendant l'année qu'il a Commancé, ou doit il Remettre les Registres a Celui qui le Remplacera

C'est ce dont Je Vous prie de me faire Savoir afin de me Conformer a Votre Décision.

Salut et fraternité

fraisse

 

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11-SUSPENSION DES FONCTIONS DE JACQUES PAGEIX AGENT MUNICIPAL DE BEAUMONT

Lettre adressée au C(ommissai)re du D(irectoi)re É(xécut)if près l'Administration du canton de Beaumont par l'Administration centrale du Département du Puy-de-Dôme 27 décembre 1797

 

du 7 Nivôse an 6 N° 1056

au Comm(issai)re du D(irectoi)re Executif

près l'adm(inistrati)on M(unici)pale du

Canton de Beaumont

Citoyen

Nous nous Empressons de repondre à Vôtre lettre du 29frim(ai)re dernier par laquelle Vous nous mandés que l'agent M(unici)pal de la Cornmune de Beaumont, en Conformité de Nôtre arrêté du 26 précèdent à cessé toutes fonctions; mais qu'étant dépositaire des registres de l'état Civil des Citoyens, Vous demandés S'il doit Continuer cette opération ou Bien Celuy qui le remplacera.

Nul doute que cette opération qui Emane des fonctions d'agent M(unici)pal, dont Le Citoyen Pages est Suspendu, ne doive cesser au même Instant qu'il cesse de l'être; en Conséquence C'est à celuy qui le remplace, à qui ces mêmes registres doivent être remis comm'ayant qualité pour cella.

au Surplus nous Venons d'être Instruits que ce particulier Vient d'être Nommé Secrétaire de 1'adm(inistrati)on M(unici)pale de Vôtre Canton, Veuilles en Conséquence Citoyen nous repondre Cathegoriquement Si le fait est Vray.

S(alut) et F(raternité)

 

 

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12-ARRETE DU DIRECTOIRE EXECUTIF

portant destitution de JACQUES PAGEIX Agent municipal de Beaumont

7 mars 1798

 

Liberté Egalité

Ministère de l'Intérieur

 

AMPLIATION

 

 

Extrait des Registres du Directoire exécutif,

Du 17e jour du mois Ventôse l'an sixième de la

République française, une et indivisible.

Le Directoire exécutif, vu l'arrêté de L'administration Centrale du Puy-de-Dôme du 26 frimaire an Six portant Suspension de fonctions contre Le Cit(oyen) Pages, Agent Municipal de la Commune chef-lieu du Canton de Beaumont, en exercice après l'exécution de la loi du 19 fructidor; La dite Suspension motivée Sur la protection notoire qu'il donnoit à des prêtres Réfractaires et sur les infractions par lui commises aux lois du 7 Vendémiaire an 4 et 19 fructidor dernier;

Arrête:

L'agent Municipal de la Commune Chef-lieu Suspendu de ses fonctions par l'arrêté précité, est destitué.

Il sera pourvu à son remplacement en vertu de L'art(icle) 188 de la constitution, et selon le mode prescrit par la loi du 25 fructidor an 5.

Le Ministre de L'Intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté qui ne sera pas imprimé.

Pour Expédition Conforme

Le Président du Directoire Exécutif

Signé Merlin.

Par le Directoire Exécutif

Le Secrétaire Général

Signé La Garde

Pour Ampliation

Le Ministre de L'IntérieurNota: à compter de sa radiation en tant qu'Agent Municipal, Jacques Pageix n'en assura pas moins les fonctions de Secrétaire Municipal, et d'officier de l'état civil encontinuant à rédiger les actes.

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14-NOTE SUR LES FÊTES REPUBLICAINES

 

Les fêtes instituées par la République ne rencontrèrent manifestement  qu'un succès limité, qui diminua encore jusqu'à leurs disparitions, à l'avènement de l'Empire. Elles venaient en effet se substituer aux fêtes religieuses et baladoires, bien ancrées dans les moeurs depuis la nuit des temps. Ces fêtes ont été décrites par mon grand oncle Joseph Pageix dans son ouvrage "Beaumont"  où il évoquait les coutumes encore en usage au XIXème siècle. Les célébration qu'il décrivait étaient assurément pratiquées depuis le moyen âge.

Il décrivait ainsi  les processions qui marquaient la vie de nos ancêtres: Les "Rogations", trois jours avant l'Ascension. La procession de "Saint-Verny", patron des vignerons, le dimanche après le 20 mai, la procession des deux dimanches de la "Fête-Dieu", la procession de Saint-Pierre, patron de la paroisse le dimanche après le 29 juin, la procession de "Notre-Dame d'Août", à l'Assomption, celle de "Notre-Dame " de Septembre" le dimanche après le 8, le "Bon Pasteur" le deuxième dimanche après Pâques, la "Chandeleur et le feu nouveau" pendant la neuvaine de la Chandeleur, fête dédiée à Notre-Dame de la Rivière, et j'en oublie certainement...

Procession de la Sain-Verny. Illustration de Marcelle Russias.

 Procession de la Fête-Dieu. M. Russias.

Ces vignettes illustraient le livre de mon grand oncle Joseph Pageix.

Neuvaine de la Chandeleur. Reproduction Jacques Pageix d'un dessin de Margueritte Pageix. 

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13-1 La fête de "la juste punition du dernier roi des français".

 

Ordonnée par la loi du 29 nivôse an 5 (18 janvier 1797), la fête "a été annoncée au son du tambour hier soir le 1er pluviôse (21 janvier 1797) et il est prescrit "à tous les fonctionnaires publics, les pensionnaires et les salariés de s'y trouver". Le citoyen commissaire du directoire exécutif (Fraisse) a observé qu'il fallait de nouveau faire passer le tambour pour prévenir les citoyens que la fête va commencer et se rendre sur la place publique ordinaire pour y prêter le serment prescrit par la loi". "Le cortège s'est trouvé composé des citoyens Faye, président (de l'administration cantonale), Pageix (Pierre, le jeune, élu en 1797) et Herbaud agent et adjoint de la section de Baumont, Astier er Gagnade agent et adjoint de la section de St Genès-Champanelle, Mallet et Vidal agent et adjoint de la section de Ceyrat, Fouquet-Lombois, juge de paix, Coste greffier, Claude d'Home,  Antoine Faye Par Jésus (sic), Paul Maradeix, Jean Astier de Manson, Cassière de Nadaillat, André Chirin de Beaune, Recolène. Tous ces Messieurs (sic), Antoine Astier prêtre assermenté, André Vidal aussi prêtre assermenté, Gronier Fribourg garde commissionnaire, Jean Rochette garde bois, Jean Montel huissier du tribunal et François Fraisse Commissaire du pouvoir exécutif ainsi ue François Poirier de Boisséjour, Militaire blessé et plusieurs citoyens et citoyennes du Canton.

"Le Président a prononcé un discours par lequel il a démontré la servitude et l'avilissement où étaient les français sous la domination des rois; il a également fait un tableau des maux que l'on a souffert et qui ont été causés par l'anarchie qui a désolé la France. Il a fait connaître les avantages qui doivent résulter du nouveau gouvernement Républicain et de la Constitution de l'an trois ; il a prononcé le serment de haine à la Royauté et à l'anarchie, attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l'an 3."Chacun a juré individuellement le même serment.

La cérémonie se termina aux cris de "Vive la République, vive la Constitution de l'an 3!"

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13-2 La "fête de la jeunesse" :

"Aujourd'hui premier décady de germinal de l'an 4 (30 mars 1796), l'administration municipale du canton de Beaumont s'est assemblée pour célébrer la fête de la jeunesse suivant son arrêté du 8 du courant (28 mars).

"L'ouverture de la fête a été annoncée plusieurs fois au bruit du tambour, sans qu'il se soit présenté personne.

Un citoyen a observé que la peuple avait abandonné pendant trois jours consécutifs les travaux de la campagne et que le jour d'aujourd'huy ayant paru favorable pour les reprendre chacun étoit occupé à travailler son champ.

"Il a été arrêté

"Oui le Commissaire du Directoire exécutif que le registre de l'inscription civique des jeunes citoyens resterait continuellement ouvert au secrétariat, et que le citoyen Président à la première fête nationale rappellera à la jeunesse son devoir à la patrie".

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13-3 La "fête de la Victoire" :

Le 10 prairial de l'an 4 (29 mai 1796), "l'administration municipale du canton de Beaumont, assistée du tribunal de paix et de la Garde Nationale s'est rendue sur la place publique où il s'est trouvé un grand nombre de citoyens et de citoyennes pour y célébrer la fête des Victoires.

"Le citoyen Commissaire du Directoire exécutif a prononcé un discours où il a fait connaître tous les avantages de la République, et les nombreuses victoires remportées par nos braves troupes ; il a invité l'assemblée à témoigner une reconnaissance sans borne à nos généreux militaires;

"Le citoyen Commissaire a fait un nouvel appel aux jeunes gens de la réquisition et aux déserteurs, il leur a enjoint au nom de la patrie de rejoindre leurs drapeaux et de voler au secours de leurs frères qui se feront un plaisir de les admettre dans leurs bataillons et de partager avec eux les lauriers dont ils se sont couverts jusqu'à présent.

"Il a également invité tous les citoyens à oublier leurs dissensions particulières et ne former qu'une famille de bons républicains dont la réunion doit faire trembler nos ennemis.

"L'administration a fait de suite distribuer aux parents des défenseurs de la patrie les secours que la loi leur accorde pour le présent trimestre de germinal.

"Les citoyens Marien Verniette et Claude Dome Capitaines Michel Cohendy adjudant et Antoine Faye et Paul Maradeix lieutenants, Michel Faye, Michel Cousserand et Michel Bertrandon sous-lieutenants des trois compagnies de la Garde Nationale se sont présentas pour prêter le serment prescrit par la loi du 28 prairial an 3 (16 juin 1795), "devant le peuple assemblé, de haine à la royauté et à la tyrannie, d'être fidèles au gouvernement républicain et d'exécuter les ordres qui leurs seront donnés par les autorités constituées pour le service, le maintien, et la tranquillité publique".

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13-4 La "fête de l'agriculture":


 

Le 5 messidor an 4 (23 juin 1796), "l'administration s'est occupée des dispositions de la fête de l'agriculture qui doit être célébrée le 10 du courant.

"Il a été arrêté, oui le Commissaire du Directoire exécutif que l'arrêté du Directoire seroit sur le champ proclamé solennellement au son du tambour pour prévenir et inviter les habittans de ce canton a venir au chef-lieu célébrer une fête qui nous représente l'abondance et qui doit servir de récompense au laboureur qui a prodigué ses sueurs pour l'entretien de ses concitoyens. La cérémonie commencera à onze heures du matin . Elle sera annoncée a neuf heure au son du tambour.

"Le cortège se réunira a la Maison commune pour se rendre dans un lieu champêtre où il sera à l'ombre de la verdure dressé un hôtel (sic) avec les emblèmes du labourage qui environneront la statue de la liberté. Il sera attelé un char des deux plus beaux bœufs du canton où l'on y posera une charrue et tout les ustensiles des terres et des vignes ornés de branchages y seront posés et conduits par les plus anciens laboureurs.

"Le char sera accompagné de la Garde Nationale, des autorités constituées et des citoyens et citoyennes du canton. Le cortège arrive au lieu de la célébration le citoyen président prononcera un discours analogue a la feste et invitera les braves campagnards a la réunion et a la fraternité, il sera chanté des hymnes patriotiques et les citoyens seront invités de terminer cette auguste cérémonie par des jeux, des diners et des démonstrations d'amitié.

"Il sera dressé procès-verbal de cette fete dont copie sera envoyée avec la présente délibération a l'administration du département. Ont signés Faye Pageix Herbeau, Mallet, Astier, Fraisse et Matthieu secrétaire".

Hélas, le jour de la fête, les aléas météorologiques vinrent contrarier son bon déroulement:

"Les administrateurs municipaux, la justice de paix, la Garde Nationale, s'étoint assemblés au lieu des séances les tambours annoncent que l'on commencera a célébrer la feste de l'agriculture sur les onses heures ils invitent les Citoyens et citoyennes du Canton à se réunir au lieu désigné, tout le village retentit des cris d'allegresse et l'on attend avec empressement le moment où les authorités constituées sortiront tout était prest, le char attelé lorsqu'une pluye des plus abondantes fait suspendre la feste jusque l'apres midy.

"Les authorités constituées et plusieurs Citoyens se réunissent ensembleà un bosquet préparé exprés (...) On attendit avec impatience la fin de la pluye mais l'attete fut vaine. Elle dura tout le jour ; les jeunes citoyens et citoyennes se réunirent assemblés l'après midy et par des danses champestres prouvèrent le plaisir qu'ils avoient de célébrer une feste qui leur retrassoit l'utilité de leur état et que l'agriculture étoit la Mère Nourice detous les citoyens (...)"

À l'original de ce procès verbal ont signé Pageix, Faye, Coste, Lomboye, Herbeau, Gagnadre, Astier, Mallet, Cohendy, Faye, Faye, Pageix, Tartarat.

Le 10 messidor de l'An 5 (28 juin 1797), on n'eut pas plus de chance, mais pour des raisons différentes:

"Les habitants du canton étoient invités à se rendre sur les dix heures du matin vers le Grand Champ sous le village pour procéder à la célébration de cette feste. L'Administration et ke Tribunal de Paix ayant attendu plus de deux heures dur la place sans qu'il s'y soit rendu aucun citoyen pour participer à la ditte cérémonie, il a été observé par un membre de l'Administration que tous les habitants ayant été obligés de suspendre la moisson des foins à raison du mauvais temps, ils profitoient du jour d'aujourd'huy qui s'annonçait beau pour fanner les foins qui déjas menaçoient de se gater"...

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13-5 La "fête de la Liberté":


 

Le 5 thermidor de l'an 4 (22 juillet 1796), la municipalité ( Faye, Pageix, Herbeau, Mallet, Astier, Gagnadre et Faisse, commissaire et Mathieu, secrétaire) délibère en vue de la fête de la Liberté qui doit se dérouler les 9 et 10 thermidor prochains. Il s'agit de se réunir sur la place publique autour d'un autel de la Liberté.

Encore une fois une pluie indésirable vint contrarier ces réjouissances:

Le 9 thermidor, les tambours annoncèrent la fête, "tout retentissoit des cris d'allégresse, chacun se disoit ô l'heureux jour qui retrace la destruction du trône et de la tyrannie. L'on attendoit que la pluye cessa pour sortir mais l'attente a été vaine, la pluye n'a pas cessée et l'on a été obligé de s'assembler dans différents endroits où par des dances, des repas et des chansons analogues à la célébration de la feste, l'on a témoigné sa joie et sa reconnaisance.

Le lendemain 10 thermidor, le rappel ds tambour pour prolonger cette fête ne recueillit pas un franc succès, car "la crainte de du mauvais temps et la coupe du blé pressant, chacque cultivateur est allé à un travail qui ne peut se retarderet qui les attendait. Et les administrateurs après avoir attendu longtemps ne voyant que pesonne ne venoitse sont assemblés auprès de l'autel de la Liberté. Le président y a fait un discours analogue à l'époque mémorable de la chute du triumvirale (sic!). l'on a chanté des hymnes à la liberté et l'on s'est retiré au son du tambour" .

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13-6 La "fête du 10 août":
 

Le 23 thermidor de l'an 4 (9 août 1796), "les administrateurs de l'administration municipale de Beaumont, le juge de paix, ses assesseurs, le greffier (se sont) tous assemblés au lieu où se tiennent les séances (...) Chaque agent dans son arrondissement avoit fait annoncer au son du tambour que la fête du 10 aoust se celèbreroit cejourdhuy à Beaumont chef lieu du Canton.

"Le matin dès cinq heures les tambours ont invités touts les Citoyens et Citoyennes a s'assembler sur les sept heures du matin sur la place publique (où) un détachement de la Garde nationale a été commandé.

"Toutes les authorités constituées assemblées sont sorties du lieu des séances sur les six heures et demi précédées du tambour et du détachement de la Garde Nationale (et) se sont rendues sur la place publique où étoit dressé un hôtel à la Liberté.

"Les Citoyens et Citoyennes avec leurs enfants étoient assemblés autour, et sembloient marquer par leut allegresse leurs contentement pour un jour si Mémorable.

"Leprésident a fait un discours analogue à un aussy heureux jour, il leur a analysé l'inscription qui étoit attachée à l'arbre de la Liberté en leur faisat entendre

"Honneur honneur aux braves qui renversent le trone,

"Les francais ne reconnaissent plus d'autres maitres que les Lois,

"Il a fin son discours en les exortant à élever leurs enfants dans la haine des rois et de la tyrannie et de montrer par des chants d'alegresse leur contentement de n'etre plus à present gouverné que par des Lois sages et que les tems rendront immortelles (...)"

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13-7 La "fête de la fondation de la République"

Le 1er vendémiaire de l'an 5 (22 septembre 1796), cette fête annoncée au son du tambour a la population qui s'est rassemblée sur la place publique où "a été fait la lecture des Droits et Devoirs de l'homme ainsi que plusieurs articles de l'acte constitutionnel de l'an 3. Tous les membres présents ont sur le champ témoigné leur soumission et leur attachement au gouvernement republicain et à la Constitution de 1795 ou de l'an 3.

"Le Président de l'Administration a invité ses concitoyens à la fraternité et les a conjuré d'oublier leurs torts respectifs et de vivre désormais en bons voisins.

"La cérémonie s'est terminée par des chants patriotiques et des repas fraternels".

Fête à Clermont en 1793 par Louis Tazenat illustrateur de l'ouvrage de Pierre Balme "Clermont révolutionnaire", collection "Le bibliophile en Auvergne", Éditions G. De Bussac, Clermont-Fd, tome 10, 1961.

13-8 Et le bonnet phrygien?

 

Le 5 frimaire de l'an 4, la municipalité fixa par arrêté les modalités d'exposition du bonnet républicain:

"Extrait des Registres de la Commune de Beaumont:"Les administrateurs du Canton de Beaumont,

"Oui le Commissaire du pouvoir exécutif et les remontrances tendantes à l'exposition publique du Bonnet de la Liberté au dessus du clocher de l'église de cette commune,

"Arrêtent

"Que le Bonnet déposé présentement en cette commune sera incessamment mis aux trois couleurs, et qu'ensuite il sera élevé sur le sommet de la Maison commune de ce Canton et exposé à la vue de tous les citoyens pour le signe du vray ralliement envers la Liberté et l'Égalité.

"Ont signé Faye Président (de l'administration cantonale), Pageix A(gent) M(unicipal) et Herbaud".

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14-RECIT DE LA FUITE D'ANTOINE MARADEIX (tiré de l'ouvrage de Victor Schoelcher " Le gouvernement du 2 décembre", 1853):

 

Ce récit se situe après le coup d'état du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon Bonaparte, Président de la IIe république, dont le mandat arrivait à l'échéance de 4 ans ; il souhaitait le le renouveler, mais l'Assemblée législative refusa de modifier la constitution de 1848. Toutefois, comme l'écrivait Jacques Bainville, l'ensemble de la France plébiscita le coup d'état, puisque le 21 décembre, le suffrage universel, rétabli comme l'avait promis le prince-président, lui conféra le pouvoir pur 6 ans. En réalité, "l'Empire était fait" et, le 21 novembre 1852, un nouveau plébiscite approuvait l'avènement de l'Empire.

Cet extrait est un témoignage pour le moins bouleversant des répressions qui suivirent ce coup d'état, et auxquelles Beaumont et Aubière n'échappèrent pas. Après l'écrasement de la résistance armée républicaine à Paris, de nombreux soulèvements eurent lieu en province, surtout dans les départements du sud-est et du centre de la France. Assez peu d'historien (*) se sont penchés sur ces événements tragique, peu connus, et dont Napoléon III, devenu Empereur l'année suivante, portera longtemps le poids: "un jour, l'impératrice Eugénie, le voyant abîmé dans une sombre rêverie et en devinant le motif, s'exclame: "Tu portes le 2 décembre comme une tunique de Nessus". Il reconnut : "j'y pense constamment".

(*): lire toutefois à ce sujet les ouvrages tels que celui de l'historien Philippe Vigier ("La seconde république, Paris, PUF "Que sais-je", 1967. 

  

 

"Nous laissons parler le citoyen Maradeix, ancien maire de ce village, homme plein de courage et de résolution. Son styles n'est pas académique, mais on y sent eu parfum d'honnête énergie qui entraîne la conviction. Et ce que nous cherchons surtout dans cette histoire, si monstrueuse qu'elle puisse être, c'est de bien convaincre le lecteur que nous lui apportons la vérité, rien que la vérité.

"Les populations d'Aubière et de Beaumont sont Républicaines. Le 6 décembre, avant le jour, des détachements composés de cavalerie, gendarmerie, et policiers se transportent dans les deux villages par des chemins détournés, et envahissent les maisons de Cougoul, ancien commandant e la garde nationale dissoute, et de Vergue, membre le plus influent du conseil municipal d'Aubière, et celle de Maradeix, à Beaumont. Ils arrivent pourtant quelques instants trop tard. De fréquentes visites de police avec gendarmes et soldats continuent dans ces localités jusqu'au 20 décembre, toujours sans résultats.

"Le 20 décembre, les deux villages sont sillonnés par de nombreux détachements de cavalerie, et les salles d'élection gardées par deux gendarmes. À Beaumont, Maradeix, qui avait engagé ses concitoyens à protester par leur vote, voulut leur prêcher d'exemple ; il annonça qu'on irait voter. À l'instigation des réactionnaires qui composent le bureau, on exerce la plus grande surveillance. Les gendarmes, sur un avis qu'ils pouvaient le prendre ailleurs, sont attirés dehors. Il entre ; les membres du bureau stupéfaits, inscrivent son nom et le laissent voter sans pousser le mot. Tous les yeux sont baissés ; pas même un regard provocateur ; il sort.

"À dater de ce jour, ce fut à son égard quelque chose  qui n'a pas de nom dans notre langue. Sa maison est à plusieurs reprises envahie par la force armée ; chaque fois des soldats sont postés aux issues, avec cette consigne chaque fois répétée: "Si vous voyez quelqu'un s'enfuir, ne courez pas après, tirez dessus". Tantôt ses effets sont dispersés, jetés çà et là pour chercher d'introuvables papiers. Ses papiers de famille, ses correspondances intimes sont pollués par les policiers, qui se les passent de main en min, et emportent des pièces étrangères à la politique. Tantôt on monte sur son toit, sous prétexte de visiter les cheminées, et on abîme toute la toiture. Tantôt on fouille la terre de sa cave, de son cuvage et de son jardin, pour y trouver des armes ou des munitions. Une aute fois, un officier du 18e de ligne veut faire démolir par des maçons les piliers qui supportent les voûtes, pour y trouver les preuves du complot. On tue ses lapins, que les policiers emportent. Sous prétexte qu'il peut être caché dans l'épaisseur des plafonds, on enlève des planches dans chaque pièce, ou bien les briques de l'intérieur des cheminées. On brise ses bois de lits et d'autres meubles ; enfin,  à chaque visite, c'est un sac nouveau. Un jour, pour empêcher, disent-t-ils, que sa femme ne puisse lui porter des vivres, ils la gardent à vue, et la suivent pas à pas dans la maison, qu'ils occupent militairement. La faim, pensent-t-ils, l'obligera de sortir. La maison est ainsi occupée par des soldats aux fusils chargés, commandés par des policiers ; ils y font leur ménage comme dans une citadelle prise d'assaut.

"Ces visites se renouvelaient trois ou quatre fois par semaine, avec les mêmes mesures et la même consigne.

"Sur le moindre soupçon ou le plus léger renseignement, des expéditions tout-à-fait semblables partaient pour des lieux où on prétendait avoir vu Maradeix. C'est ce qui est arrivé dans les villages de Ceyrat, Romagnat, Cournon, Nohanent, les Martres de Veyre, et un moulin près de Saint-Amand (Tallende). "En janvier, les recherches à Beaumont ne se faisaient plus seulement chez Maradeix, on allait encore chez ses amis, dont on enfonçait les portes si elles ne s'ouvraient pas au premier appel. Deux d'entre eux: Cohendy (François), Lavery (Amable) sont aujourd'hui condamnés à la déportation. Ils sont contumax.

"Toutes ces mesures étant restées infructueuses, on imagina de faire opérer les arrestations par les gardes champêtres, et on promet 300 franc à celui qui prendra ou fera prendre Maradeix. la même somme est promise aux gardes champêtre et cantonniers de plusieurs villages environnants. Six de ces gardes champêtres, dont on verra par la suite que les noms méritent d'être connus ; taillandier et Villevaud, d'Aubière ; Journial et Cenèse, de Romagnat ; Gidon de Beaumont, et un agent vêtu en paysan, se transportèrent, le 19 janvier, chez le nommé Siaume-Dourdouille, à Beaumont. Il était au lit depuis une dizaine de jours ; ce que Gidon n'ignorait pas. Arrivés chez lui, ils l'obligent à se lever. Il pouvait à peine se tenir debout ; ils l'entraînent. Quelques dames, parmi lesquelles madame Luquet, femme du dernier Maire, essayèrent d'engager ces forcenés à ,e pas emmener un homme dans un pareil état. Les noms de ces dames furent pris : nous les retrouverons bientôt sur les bancs de la correctionnelle. Siaume fut entraîné à Clermont. Sa femme crut devoir l'accompagner, vu son état de souffrance. Lorsqu'elle est près de la prison, on s'empare d'elle, et on l'y jette en même temps que son mari, sous le prétexte qu'elle avait insulté les gardes lorsqu'ils étaient chez elle! Le soir, leur jeune enfant cherchait vainement des parents. La femme Siaume dut faire trente-deux jours de prison avant de lui être rendue! Siaume est aujourd'hui à Lambessa!

"Dans la nuit du 15 au 16 février, trois réactionnaires de Beaumont, les nommés Quinsat Annet, Antoine et Pierre Lavery, dit Baron, vont, sur la sollicitation de Bernard-Pagnat et autres, prévenir la police que Maradeix doit être chez Luquet, son ami.  Aussitôt tous les policiers et gendarmes de Clermont, escortés par un bataillon d'infanterie, se transporte à Beaumont, où ils arrivent autour de minuit, et cernent immédiatement le pâté de maisons dans lequel se trouvait celle de Luquet, en ayant  soin de remplir en même temps de soldats les différentes cours qui s'y trouvaient, et qui, dans les villages, restent ordinairement ouvertes pendant la nuit. Les uns frappent aussitôt à la porte de Luquet, en poussant des hurlements pour se faire ouvrir, tandis que d'autres franchissent, au moyen d'échelles, le mur élevé de son jardin et pénètrent dans sa maison par une porte de derrière. Luquet eut à paine le temps de se jeter à demi vêtu dans une ruelle très profonde où il resta jusqu'au jour. Plusieurs coups de fusil furent tirés au hasard dans ce vide. Sa fille aînée s'étant trouvée mal, au point de donner à craindre pour sa vie, messieurs de la police répondirent à sa mère et à sa soeur éplorées, qui voulaient sortir pour appeler un médecin: "On ,e sort pas. Si elle meurt, on l'enterrera bien". " Pendant que cela se passait chez Luquet, Maradeix, qui se trouvait dans sa propre grange laquelle est voisine, s'aperçut que les rues et sa cour étaient remplies de soldats qui pénétraient partout, voulut tenter de trouver une issue en montant sur les toits et allant de l'un à l'autre descendre à une grande distance. A peine sa silhouette fut elle aperçue dans l'obscurité, qu'un des soldats qui était dans sa cour s'écria: "Le voilà sur les toits qui se sauve! Feu dessus!" Aussitôt une vive fusillade le poursuit jusqu'à ce qu'il ait franchi un espace d'environ quatre-vingt mètres qu'avait la seule rangée de toits dans les rues voisines, elles sont pleines de soldats ; il parvient à descendre, de toits en toits, sur des tas de pierres, dans un vacant qui formait l'angle du quartier, mais où il n'y avait pas de soldats, parce que c'étai plein d'eau et de pierres. Arrivé à l'entrée, il reconnaît qu'il n'a de chance qu'en traversant les groupes de soldats qui sont entre lui et la rue voisine, où il peut trouver une issue ; il s'élance vers cette rue à tout événement. Le premier soldat qui l'aperçoit s'écrie: "Feu dans la rue!" Une nombreuse décharge est faite sur lui presque à bout portant. Il échappe. Comme il tournait dans une autre rue, il est assailli par une autre décharge qui lui fait sauter le mortier des murs voisins dans la figure Par un bonheur inespéré, il est encore sain et sauf. Les soldats du 18e de ligne se jettent dans une fabrique d'eau-de-vie qui se trouvait proche, et prennent des torches croyant aller relever un cadavre dans la rue où ils avaient tiré, ils ne trouvent rien. "Est-ce possible, s'écrie l'un d'entre eux, l'oiseau s'est bien sauvé!"

"Au point du jour, tandis que mouchards et gendarmes buvaient son eau-de-vie dans sa maison, Luquet put passer dans sa cave qui avait déjà été fouillée ; mais les agents eurent 'idée de chercher de nouveau dans sa cave, et il eut le pantalon et un sabot percés par un coup de pointe d'épée, tout cela sans être aperçu. Encore une course sans prisonniers.

"Le jeudi suivant, 24 février, avait lieu en correctionnel le jugement de Madame Siaume, détenue avec son mari et Mesdames Luquet, Lavery et Siaume Martin. Sur la déposition des gardes champêtres, elles sont condamnées à dix et huit jour de prison, seize francs d'amende et dépens.

"Encouragés par ce résultat, les mêmes gardes, armés de fusils chargés, rentrent tout à coup, sur le soir, dans Beaumont, et se mettent à la poursuite de Lavery (Amable); il fit une résistance passive, ce qui donna à quelques habitants le temps de se réunir autour. alors, sans que les gardes fussent le moins du monde maltraités, il leur devint impossible d'emmener leur homme qui put se retirer de leur main. Furieux, ils remarquent ceux qui sont présents. En allant faire leur rapport, ils trouvent sur leur chemin une demoiselle de dix-huit à vingt ans, Mariette Veray, et deux garçons de douze à quinze ans , ils les arrêtent et les conduisent en prison, où ils firent une longue prévention avant leur jugement correctionnel.

"Sur le rapport de ces gardes, une expédition d'une nouvelle espèce est projetée pour la nuit suivante, 25 février. Mais ô fatalité! dans les rangs de ceux qu'ils prétendent transformer en bourreaux se trouvent des démocrates sincères. A minuit, par une affreuse tourmente de neige, quoique le sol en fut couvert de vingt centimètres au moins, deux soldats du 18e de ligne -nous espérons bien que leurs noms seront connus un jour ; la démocratie pourra leur tenir compte de leur conduite- deux soldats arrivent à Beaumont, frappent à la porte d'un habitant, et lui disent: "Nous ignorons si vous êtes l'ami ou l'ennemi de M. Maradeix, nous n'avons pas à nous en occuper, nous venons vous dire que le village sera cerné à trois heures du matin ; qu'ainsi il se tienne pour averti lui et les autres. Maintenant, nous vous prévenons que votre vie nous répondra de la commission ; si vous ne la faite pas, songez-y, car nous tiendrons parole." (Ils avaient vu tirer plusieurs fois sur Maradeix et M.Luquet). Ils s'en retournèrent à travers champs avec le même temps. Sans qu'il fût républicain, l'homme auquel il s'étaient adressés était un brave homme ; lui et sa femme firent aussitôt la commission donnée. MAradeix fit prévenir tous ceux qui étaient poursuivis d'abord et aussi tous ceux qui, ayant été trop près des gardes dans la délivrance de Lavery, pourraient avoir été notés.

"Le matin du 26 février, avent le jour, le village entier de Beaumont était cerné par la troupe qui avait ordre de tirer sur toute personne qui tenterait de s'enfuir. Des soldats étaient placés de deux en deux pas dans toutes les rues. On fit publier à son de tambour que tout individu qui sortirait de chez lui, même pour aller chez son voisin, serait arrêté. Le procureur de la République (sic...)  de Clermont, Burin Desroziers, en venant lui-même diriger cette expédition, avait dit à ceux qui l'avaient inutilement précédé: "Je vais vous apprendre comment on déterre le gibier. Vous n'y entendez rien." Textuel. Il fait commencer une fouille générale sur plusieurs points à la fois et sous la direction : ici du maire ; là de l'adjoit ; ailleurs, du garde ou du tambour, et aussitôt qu'il convenait à l'un de ces ordonnateurs d'arrestation de s'assurer de quelqu'un, on l'emmenait à la mairie. Ce scélérat de procureur allait même lui-même fouiller dans le lit des femmes encore couchées. Il osait même leur dire , en présence de leurs maris, et à dessein, qu'il savait bien qu'elles accorderaient là un refuge aux poursuivis. L'une d'entre elles releva hautement et publiquement ces dégoûtantes paroles, malgré toutes les menaces d'arrestation qu'il lui faisait.

"Environ quatre-vingt personnes, des deux sexes et de tout âge, furent envoyées à la mairie. leur crime à toutes, c'est leur opinion républicaine, mais il n'y avait pas un de ceux que l'on voulait. On ne pouvait emmener tout ce monde ; cependant, rentrer en vile, en plein jour et sans capture, serait honteux pour le procureur. On fait donc un triage selon le bon vouloir du maire et de l'adjoint : vingt-cinq personnes sont retenues, parmi lesquelles des membres du conseil dissous, des hommes de soixante et plusieurs années, arrêtées uniquement parce que leur fils étaient absents, et jusqu'à cinq femmes, dont une de soixante-cinq ans. Quel triomphe pour Burin Desroziers!

"Ce Burin Desroziers (*) ne se tint pas pour battu. Sur un renseignement qui lui fut donné, il part, un mois après environ , avec le même appareil, et encore par un temps de neige. Il fait entourer, avant le jour, le hameau de Teix (Theix), à quatorze kilomètres de Clermont. Là aussi, une fouille générale a lieu ; hélas! même déboire. Le procureur entre alors dans une étable où la petite de Maradeix, âgée se cinq ans et demi, se trouvait avec sa nourrice. Entouré de gendarmes, il menace cette enfant de la prendre, si elle ne lui dit pas où est son père? L'enfant, impatientée, lui fait monter le rouge au front par ses réponses. Il change alors de tactique ; il lui montre de l'argent, et ensuite des bonbons qu'il lui donnera, si elle lui dit où est papa. Ne pouvant rien obtenir, il ordonna la retraite. C'est ça un ami de la famille!

"Immédiatement après, eut lieu le procès de ceux qui avaient empêché l'arrestation de Lavery, par suite duquel deux démocrates ont fait six mois de prison chacun. Une femme étrangère à cette affaire, mais qui avait eu dans le temps des contestations avec le tambour, aujourd'hui mouchard, se trouve impliquée dans le procès, et condamnée à trois mois. La petite Mariette Veray, dont le crime était, comme nous l'avons dit, de s'être trouvée sur leur passage, quand ils s'en revenaient sans rien, avait été relâchée. Elle fut reprise le lendemain par la gendarmerie, pour continuer sa prévention jusqu'au procès, et fut condamnée à dix jours, et un des garçons à six jours de la même peine."

(*): Burin Desroziers Marcelin-Laurent-Marie, né à Issoire en 1812 et mort dans cette ville en 1875. Tour à tour substitut et juge d'instruction à Issoire, procureur de la République à Thiers et à Clermont-Ferrand, puis conseiller à la Cour d'appel de Riom.

 

 

15-SOURCES:

-Archives départementales du Puy-de-Dôme;

-Série L (fonds de la période révolutionnaire);

-Série M (police générale, esprit public);

-Série Q (archives communales);

-Série Q (biens des prêtres déportés);

-Série V (V0171, biens ecclésiastiques, fabriques : comptes de 1894 à 1906);

-6F 132 (fonds de l'abbé Adrien curé de Joze);

-Archives communales de Beaumont (registres des délibérations et divers); 

-Archives personnelles;

-"Le tribunal criminel du Puy-de-Dôme 1791-1800", Baron MArc de Vissac, Riom, chez Ulysse Jouvet, 1897, suivi de "La commission militaire de l'an VI, 1912;

-"L'histoire vue de l'Auvergne" par Manry, Sève et Chaulange, tome 2. Publié par le service éducatif des archives départementales, G. de Bussac, Clermont-Fd, 1955;

-"Clermont révolutionnaire, journal d'un bourgeois 1790-1800)"; col. "Le bibliophile en Auvergne", tome X, G. de Bussac. 1961;

-"La Révolution dans le Puy-de-Dôme, sous la direction d' Albert Soboul, Paris, 1972;-"Du volontaire au conscrit" par Bruno Ciotti, presses universitaires Blaise Pascal;

-"Les idées d'un instituteur à l'époque de la Révolution" par Madeleine Schnerb;

-"L'enseignement sous l'Ancien Régime en Auvergne, Bourbonnais, Velay ", collection Documents régionaux, Annales du centre de documentation pédagogique de Clermont-Ferrand;-Revue d'Auvergne : numéros consacrés à Maradeix;

-"Procès des troubles de Clermont-Ferrand et février 1841suite aux émeutes des habitants de Clermont-Ferrand et des environs (surtout Beaumont et Aubière) en septembre 1841 contre les opérations de recensement, Riom, Imprimerie E. Leboyer, vers 1842. Ensemble relié;

-"Le gouvernement du 2 décembre, pour faire suite à l'histoire des crimes du deux décembre" par Victor Schoelcher, 1853; 

- Sur la période de l'occupation allemande, lire l'excellent ouvrage "Journal d'un préfet pendant l'occupation, Corrèze 1944", de Pierre Trouillé, coll. J'ai Lu.     

 

 

 

                                          Jacques Pageix (complété en 2024).

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