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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 23:21

 

 

 

Alexandre Bouchet

 

Général de Division Aérienne

 

1876-1958

 

--o--

 

alexandre

 Général Alexandre Bouchet

en grand uniforme de

général de division aérienne

 

--o--

 

Essai de Biographie

 

 

  Jacques Pageix

 

 

 

1-Avant-propos

 

Mon grand père Pierre Pageix évoquait son cousin Général d'Aviation, Alexandre Bouchet, avec qui il avait gardé depuis leurs jeunesses passées à Beaumont des relations fidèles et amicales tout au long de leur vie. Il conservait du général un beau portrait en grand uniforme, que j'ai fait figurer en tête de cette modeste biographie.

Son petit-fils Antoine *, colonel d'Artillerie en retraite, rencontré au hasard d'une visite de sa part sur ce blog, eut l'obligeance de me communiquer la biographie très complète qu'il avait réalisée au moment de sa retraite. *Soulignons que le père d'Antoine, Alain, lui-même valeureux officier, fut écuyer en chef du Cadre Noir de Saumur. On verra qu'Alexandre l'avait fréquenté comme écuyer

 

Cette biographie d'Alexandre est aujourd'hui visible sur le site consacré aux escadrilles et pilotes de la grande Guerre:

 

http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/As_Alexandre_Bouchet.htm

 

Je m'en inspirerai pour retracer ici la carrière militaire de ce grand français, carrière extraordinaire à double titre:

-Le parcours, probablement unique, de ce jeune dragon, engagé en 1897, et gravissant tous les grades jusqu'à celui de général de Division Aérienne en 1934 (Napoléon disait bien que chaque soldat avait son bâton de maréchal dans sa giberne...);

-La somme des qualités heureusement réunies chez cet homme talentueux: l'intelligence, le travail, le courage (cela jusqu'à la bravoure).

Alexandre avait passé son enfance à Beaumont, au sein de sa famille et de ses amis, tous viticulteurs, comme Jean-Baptiste Émuy qui prononça à Beaumont un discours en leurs noms pour honorer la mémoire de ce camarade, discours que j'ai retrouvé dans les papiers de mon grand père. Je place volontiers ce discours en tête de cette biographie, car il résume bien la carrière d'Alexandre Bouchet. 

 

Discours prononcé en 1958 par l'un de ses amis d'enfance à Beaumont, jean-Baptiste Émuy, devant l"ensemble des anciens camarades d'Alexandre Bouchet (Pierre Pageix, Félix Cohendy, etc).

 

« Le 20 mai dernier, j'apprenais avec une douloureuse émotion le décès d'un ancien camarade d'enfance, le Général de Division Aérienne Alexandre Bouchet, enfant de Beaumont, où il naquit le 5 février 1876.

« Le lendemain, paraissait dans le journal « Liberté », sous la plume de son ancien rédacteur en chef M. Saigne, la nécrologie du regretté disparu.

« J'ai pensé qu'il était de mon devoir d'ami d'évoquer devant vous la mémoire d'un cher camarade, dont le destin hors-série honore grandement notre vieille cité de Beaumont.

« Je viens donc, le plus brièvement possible, retracer devant vous sa vie et ses états de service.

« Comme l'a si bien dit M. Saigne, Alexandre Bouchet avait révélé tout jeune, à ses maîtres de l'école communale, une intelligence très vive, allant de pair avec un penchant extraordinaire pour l'étude, qui devait le conduire aux derniers échelons de la hiérarchie militaire .

« Je me dois maintenant de puiser dans mes souvenirs d'enfance pour rectifier ce que M. Saigne ne pouvait pas savoir :

« Après son certificat d'études, il suivit pendant trois ans les cours de l'Ecole primaire supérieure de Clermont, dont il fut également un brillant élève.

« A la suite d'une crise de formation, et avant la fin de la troisième année, il dut toutefois abandonner ses études.

« Il se consacra alors à la culture ancestrale de la vigne, qui traversait alors la crise phylloxérique ; en quelques années, notre beau vignoble d'Auvergne fut détruit.

« Là également, Alexandre Bouchet donna la mesure de ses qualités de travail et de volonté. Ayant obtenu son diplôme de maître-greffeur, il contribua à renouveler le vignoble beaumontois, qui fut comme vous le savez, reconstitué grâce à l'introduction des cépages américains.

« Ce fut une période bien dure pour ceux de ma génération, et à cette époque de sa vie, notre camarade ne prévoyait certainement pas qu'il finirait ses jours comme général.

« Quand vint l'heure de service militaire, il fut incorporé au 30e dragons à St-Etienne, et tout de suite, il décida de poursuivre sa carrière militaire.

« Parvenu dans les délais les plus courts au grade de sous-officier, il arriva bientôt, grâce à sa remarquable intelligence et à sa ténacité, à se classer comme élève à l'Ecole de Cavalerie de Saumur ;

« Sorti dans les premiers numéros, il fut versé comme sous-lieutenant dans un régiment de chasseurs à cheval.

« Il fut alors un brillant cavalier et l'une des vedettes des Concours Hippiques de jadis.

« Nommé sous-écuyer au Cadre Noir, il passa quelques années comme Instructeur à l'Ecole de Cavalerie.

« Vint la guerre de 1914 : il prit part, comme capitaine de chasseurs à cheval, aux durs combats du début, et au désastre de Charleroi ; il comprit alors que le rôle de la cavalerie était terminé, et il se fit muter dans l'aviation.

« C'était les débuts de l'aviation de bombardement ; en octobre 1914, il effectuait comme commandant de l'escadrille 25 son premier bombardement de nuit.

« Descendu par l'artillerie allemande le 31 décembre 1914, il parvint à atterrir dans nos lignes.

« A la fin de la guerre, il était commandant.

« 5 fois cité à l'Ordre de l'Armée, titulaire de décorations et d'ordres étrangers, Commandeur de la Légion d'Honneur, il totalisait 1400 heures de vols, dont 600 de nuit, et avait effectué 110 missions de reconnaissance et 67 bombardements.

« S'étant fixé à Nancy, où il s'était marié, il commanda le 21e régiment d'aviation de bombardement et fut nommé général de brigade en 1931 (commandant de la XIe brigade aérienne), et divisionnaire en 1934, à la veille de prendre sa retraite.

« Ses obsèques ont été célébrées le 14 mai 1958 à l'église St-Léon IX de Nancy, au milieu d'une assistance considérable, où figuraient les notabilités civiles et militaires de la grande cité lorraine.

« A l'issue du service religieux, sur le parvis de l'église, M. le président Brun prononça une allocution brève mais vibrante, à la mémoire du grand Français que fut le Général Bouchet.

« Qu'il me soit permis, à mon tour, de présenter :

-En mon nom personnel,

-Au nom de mon vieil ami, Pierre Pageix-Cromarias,

-Au nom des anciens combattants de Beaumont,

A Madame la Générale Bouchet

A ses enfants, à sa sœur, Madame Maucourt,

l'hommage de notre profonde et respectueuse sympathie »

(Discours dactylographié-Archives Pageix)

2-Sa famille, son enfance

 

Alexandre Bouchet naît le 5 février 1876 à Beaumont (Puy de Dôme), au sein d'une famille de viticulteurs aisés. J'ai pu établir la généalogie ascendante (cf en annexe) des Bouchet, originaires de Royat et installés à Beaumont depuis 1656 par un mariage avec une beaumontoise.

Les alliances nouées par la suite firent que les familles Bouchet, Pageix, Luquet, Josat, Maradeix, Cohendy de Beaumont et les Arnaud, Roche d'Aubière cousinaient notablement. Mes souvenirs d'enfance, les récits de mes grands parents, et plus tard mes recherches, m'ont montré à quel point ces enfants de Beaumont cultivaient des liens d'amitié sincères et durables (s'agissant d'Alexandre, les lettres échangées au fil du temps et en dépit des distances, les avis de naissances, de mariage et de deuil attestent l'existence de liens indéfectibles qu'une certaine parenté de sang peut nous expliquer). Il suffit pour s'en convaincre de consulter plus loin la généalogie ascendante d'Alexandre Bouchet, où figurent la plupart de ces noms qui composent nos ascendances communes.

À Beaumont, selon mon grand père Pierre Pageix, les jeunes gens se réunissaient chez l'un d'entre-eux pour passer de longs moments conviviaux; on parlait certes de la vigne, des vendanges et de la lutte contre le phylloxéra, mais les discussions pouvaient aborder aussi bien des domaines littéraires que des sujets scientifiques, comme l'astronomie dont ils étaient particulièrement férus (à la Place d'Armes, maison familiale des Pageix, mon arrière grand père avait offert à ses trois fils Pierre, Antony, et Joseph, une longue-vue assez moderne pour l'époque, que je possède toujours...). Évidemment, la musique était particulièrement privilégiée et, pour la plupart, ces jeunes jouaient d'un instrument (*) au sein d'une harmonie (mon grand père faisait partie de l'harmonie "Les enfants d'Aubière").  

(*): Pierre jouait du saxophone alto, Antony du cor et de la flûte et Joseph, compositeur à ses heures, tenait l'harmonium pendant les offices religieux.

Le vin était la ressource principale de ces familles; certes, nos grands parents vivaient dans une certaine aisance, mais c'était au prix d'un travail incessant: comme on le sais, la vigne réclame des soins délicats tout au long de l'année, étant sujette plus qu'une autre culture aux aléas du temps (mes archives personnelles conservent de nombreux procès-verbaux de dégâts causés par la grêle, datant du XVIIIe siècle, où l'Intendant de la Province pourvoyait à l'indemnisation des malheureux vignerons touchés par ce fléau). Plus tard, le phylloxéra survenu vers 1880 engendra un surcroît de travail pour l'arrachage des vignes touchées par ce mal et le remplacement par des plans américains qu'il fallut greffer (voir l'article "Les vendanges à Beaumont du Moyen Âge au XIXe siècle: les photos des séances de greffage en 1900 et le diplôme de greffeur d'Alexandre Bouchet, aimablement communiqué par son petit-fils Antoine que je remercie).

À Beaumont, il y eut sous l'Ancien Régime, depuis le Moyen Âge deux ou trois Notaires qui exerçaient simultanément; l'un d'eux était chargé des affaires de l'abbaye. Si les notaires Goughon et Costes tinrent le haut du pavé au XVIIIe siècle,  on trouve aussi des notaires appartenant aux familles alliées aux Bouchet que j'ai évoquées: les Josat (ou Jozat), notaires au XVIe et XVIIe siècles et les Luquet, notaires au XVIIIe siècle (*). C'est peut-être ce fait qui explique que les Bouchet aient gardé en mémoire le souvenir d'ancêtres ayant exercé le métier de notaire. 

(*): Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que je possède des archives transmises par ces familles, et notamment des Luquet, alliés aux Bouchet et aux...Savaron, famille illustre de la bourgeoisie de Clermont (article en attente).  

3-Sa jeunesse, l'entrée dans la vie militaire

4-Le Cadre Noir de Saumur, un cavalier accompli

5-Le Chasseur à Cheval, les débuts de la Grande Guerre

 

 

Les débuts de la Grande Guerre furent comme on le sait une guerre de mouvement menée aux frontières durant le mois d'août 1914; elle fut suivie d'un vaste mouvement de retraite jusqu'au voisinage de Paris, puis ce fut la contre-offensive dite de la Bataille de la Marne au début de septembre, qui fixa durablement le front, marquant le début de la guerre des tranchées.

Le premier mois de la guerre vit en effet les troupes françaises, dans un bel élan offensif (*), reconquérir -hélas pour peu de temps- des portions de l'Alsace-Lorraine annexée par la Prusse en 1871.

(*): Ce fut le cas par exemple de Sarrebourg, pris le 20 août  par la 16e division d'infanterie du Général de Maud'Huy (voir l'article "Lettre aux parents d'un soldat mort pour la France", Marcel Madeuf. On ne retrouva pas hélas ce bel élan en 1939. Je me suis toujours demandé pourquoi la France, qui avait pourtant comme en 1914 déclaré la guerre à l'Allemagne, cantonna son armée à l'intérieur et au voisinage d'une ligne Maginot inachevée, attendant l'arme au pied que l'ennemi veuille bien l'attaquer!...Et quant je pense que l'on eut le "front" d'appeler cela "la drôle de guerre", on croit rêver!... (voir sur cette guerre -la "drôle'" et la moins drôle- les souvenirs de guerre de Marcel Juillard). 

6-L'aviation

7-L'après-guerre

8-Les grands commandements

9-La retraite

10-Épilogue

11-Annexes

 

 

1-Généalogie ascendante simplifiée et actes d'état-civil

 

Les Bouchet étaient nombreux à Royat au XVIIe siècle et antérieurement, installé dans cette belle cité depuis au moins le Moyen Âge. 

 

?

I

10- Michel Bouchet ? (Royat)

I

9- Anthoine Bouchet o vers 1635 (Royat) x le 28.02.1656 à Jeanne Vignolle (Beaumont) + avant 1687. (*)

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8- Jean Boschet, o 10.05.1667 (parrain Jean Gasne, marraine Françoise Luquet femme de Michel Bouchet) x 21.01.1687 à Catherine Sudre  f. de Michel, + avant 1711.

I

7- Michel Boschet, o 19.06.1690, x 27.01.1711 à Marie Josat , f. de ...et de Jacquette Gasne.

I

6- Antoine Bouchet, o 26.10.1719 (parrain Antoine Jozat, marraine Catherine Sudre), x 04.02.1738 à Marguerite Annet-Bayeron f. de + Michel et de Marguerite Maradeix (mariée en 2e noce à Michel Bouchet), + avant 1771.

I

5- Amable Bouchet, o vers 1750, x 05.02.1771 à Marie Luquet o 20.06.1747, f. d'Amable et d' Antoinette Tartarat , +...

I

4- Étienne Bouchet, o 11/04/1788, x17/02/1813 à Marie Bayeron f. de Michel et de Marie Cohendy , + ….

I

3- Michel Bouchet, o 25/11/1815, x 7/09/1843 à Marie Vignol f. de Jean et Anne Bertrandon +....

I

2- Léger Bouchet, o 16/06/1850, x 14/01/1875 à Louise Roche (Aubière) f. de Jean et de Marie Arnaud , +

I

1- Alexandre Bouchet, o 05/02/1876, x 31.05.1927 à Marie Madeleine Gauthier (Nancy), +11/05/1858 (à Nancy). Général de Division aérienne.

Sa sœur Marie-Louise Bouchet, o 03/01/1879, x 04/08/1927 Antoine Maucourt, + 04/03/1973.

 

(*) Dans l'acte, Anthoine Bouschet est dit « fils de feu (un blanc) du lieu et paroisse de Royat ». Jeanne Vignolle, est dite quant à elle  « fille de feu (un blanc) de ce lieu de Beaumont, paroisse de St Pierre ». Dans cet acte, le curé, qui s'étend copieusement sur les fêtes à célébrer ce jour-là, ne désigne malheureusement pas les parents du couple (voir  ci-après). On pourrait probablement pallier cette lacune en retrouvant le contrat de mariage probablement passé chez un notaire de Royat. Cet acte indique à coup sûr l'identité des parents.

 

Mariage entre Anthoine Bouschet de Royat et Jeanne Vignolle à Beaumont le 22 février 1656:

Après avoir faict les trois annonces de mariage aux prosnes de la messe de parroisse au trois Jours Sousignifiés c est assavoir au 22 feb(vrier) de l année presente 1656 Jour de la feste de la chaise de St Pierre en Antioche qui est de commandement a beaumont par traditine Et coustume locale, Et le 25 du d(it) moys Jour de St Mathias Et le 27 du d(it) moys dimanche de la quinquagesime Et n ayant point este adverti d aucun legitime empeschem(en)t contre la mariage Entre anthoine bouschet fils a feu (un blanc) du lieu Et par(oi)sse de Royat d une part et Jeanne Vignolle fille de feu (un autre blanc), mais probablement feu Jean Vignolle) de ce lieu de beaumont parroisse St Pierre d autre partie le mariage a esté celebré entre eux par paroles en p(résen)ce de moy Michel Gaignere Et de M(essir)e pierre Gaignere curé de Ceyrat Et de M(essir)e Anthoine Luquet chanoine (de: mot rayé) de Paul Babaud Escholier Soubs(ign)e Le vingthuitiesme febvrier mille six Cents cinquante Six.

M. Gaignere Cure de Beaumont A. Luquet P. Gaignere Curé de Ceyrat Babaud

 

12-Sources

 

- "Bon-Papa-Général", Essai sur la vie de mon grand-père Alexandre Bouchet Général de division aérienne, 1876-1958" par son petit-fils Antoine Bouchet, écrit de 2010 à 2014;

- Site internet albindenis.free.frsur lequel on retrouve la biographie d'Alexandre Bouchet;

-Archives familles Pageix et Bouchet;

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